Humeur

Numéro 10

Sah ! (comme disent les jeunes) quel bonheur, quelle joie, quel plaisir !
Le PSG va sans doute être sacré champion de France pour la 10e fois, rattrapant
le meilleur club français de l’histoire (oui, encore), l’A.S Saint-Étienne.

Bon, en fait, c’est notre 11e titre car celui de 93 nous appartient, non officiellement certes, pour l’éternité. Glassmann, Robert, Valenciennes, les pépètes au fond du jardin, Tapie et ses magouilles. Mais revenons à nos moutons. Quel exploit fabuleux, quelle émot… ah non.

Non, non et non. Le titre de cette année est le plus moche, le plus indigent et le plus insensé de notre histoire. Caché derrière ce très moche Hexagoal qui nous sera bientôt tendu se trouve un désastre, une terre brûlée, une plaine encore fumante de l’incendie qui couve depuis plusieurs années et qui ne semble pas près de s’éteindre quand on entend déjà les noms de Pogba ou de Dembélé résonner dans les travées du Parc avec insistance. Des joueurs avec un état d’esprit aussi friable qu’un Roudor trempé dans du lait. Des starlettes sans caractère, sans âme, si loin de ce dont nous avons besoin.

Jamais le PSG n’a été aussi mauvais, aussi déséquilibré, aussi peu collectif que cette année. Jamais la notion d’équipe n’a autant été dévoyée. Jamais le club n’a semblé autant plonger dans ses travers. Bien sûr, le seul talent de nos « stars » (sic) a fait la différence en championnat. Merci surtout et d’abord à Kylian. Le PSG n’est plus, vive le Mbappé-S-G. Merci pour ta saison stratosphérique. Pour ton envie constante. Ton talent insensé. Et merci à la mauvaise saison des quelques rares adversaires qui auraient pu lutter pour le titre.

Quelle ironie d’être titré si tôt alors que cette année, rien ne va. Oui mais on a Messi, Neymar et Mbappé. D’accord, ça déséquilibre tout le reste de l’équipe, ça ne construit quasiment rien collectivement, ça fait déjouer tout l’effectif, ça cache la misère. Oui mais on a Messi, Neymar et Mbappé, on vend des maillots Third et Fourth par containers entiers et on va aller en vendre un peu plus au Japon pendant l’intersaison. Konichiwa. Joie.

On ne peut pas mentir dans le football

Ça fait quelques années que ces titres m’en touchent une sans remuer l’autre, ça fait bien longtemps que les Rouge et Bleu ne suscitent plus qu’une émotion polie au lieu de la folie. Ça fait des années que chaque saison qui passe ne nous fait pas progresser. En tant que club. En tant qu’équipe. En tant qu’institution.

Quand Liverpool ou City procèdent par petites touches comme le peintre qui termine son chef-d’œuvre, quand on voit leur jeu d’une rare intelligence où chaque élément du collectif bénéficie à l’autre, du titulaire au remplaçant, et qu’on fait le parallèle avec ce que nous avons vu cette saison, c’est déprimant.

Il n’y a plus de collectif au PSG, il n’y a plus de jeu, il y a des joueurs sur un terrain qui tentent de passer la balle à d’autres joueurs sur le terrain en espérant d’eux un exploit individuel. Ce n’est pas du foot. Ce n’est pas une équipe. Ce n’est pas la bonne direction et il est parfaitement logique qu’en ne développant rien collectivement depuis des années, on se retrouve dans cette situation. C’est normal que le Real nous ait mis une branlée au retour. C’est normal qu’on soit éliminés sans honneur. On ne peut pas mentir dans le football. On ne peut pas dévoyer le jeu. On ne peut pas se cacher derrière des trophées à deux jambes. Deux jambes qui, parfois, ne font que marcher sur le terrain.

Pourtant, soyons-en assurés, rien ne changera à moins d’une révolution de palais. Non, je ne demande pas à destituer l’Emir dans un coup d’état. Celui qui prendrait sa place aurait les mêmes idées sur le football. Des idées de nouveau riche qui préfère le clinquant au discret, le flamboyant à l’utile, l’individuel au collectif.

En respectant cette ville, son club

Rien ne va au PSG. De la mentalité et la vision du foot de l’actionnaire au président Je Gombrends pas qui ne se remet pas en question, qui est dépassé de toutes parts, à l’institution qui part en vrille du centre de formation jusqu’à l’équipe fanion, au merchandising tout puissant, à la vision à plus long terme que la ligne de chiffres des ventes de maillots et de goodies dans le monde.

Paris ne Mergitur pas encore mais on n’est pas loin de la ligne de flottaison et ce n’est pas en rajoutant la lourdeur de nouveaux noms ronflants qu’on va Fluctuat plus longtemps. Ce club a perdu son âme, son esprit, ses couleurs et aucun signe ne semble démontrer qu’il va y avoir un changement de cap radical.

Mais on a une dixième titre. Joie. Pochettino va partir. Ça va forcément tout résoudre. Comme après Tuchel. Comme après Emery. Ah, non. Rien n’a changé. Alors bien sûr, Allez Paris, allez Paris, où tu es, nous sommes là, tu ne seras jamais seul car nous deux, c’est pour la vie. Comme toujours. Mais si on pouvait récupérer une âme, un état d’esprit, un collectif et des joueurs impliqués, volontaires, hargneux et altruistes, ça pourrait aider aussi à entrevoir l’avenir en rouge et bleu. Pas en rose fuchsia, ni en lie-de-vin, ni en noir, ni en blanc, ni en orange fluo, ni en rose layette ni en Jordan. En respectant cette ville, son club, son histoire et ses seules couleurs.


Safet Sous X
2

Ce qui ne te tue pas te rend plus triste

La douleur, la putain de douleur. Pour rien. Pour ça. Encore une fois.
Encore et encore et encore et encore. Le PSG n’est pas maudit, non, il est lourd, paresseux, décevant, frustrant, peureux, branleur, suicidaire, cannibale, médiocre, jamais au rendez-vous, il fait pleurer les enfants et serrer les poings aux adultes. 

Il ne mérite ni son peuple fidèle ni les louanges qui ont pu, ici ou là, exister les soirs de victoires flamboyantes. Le PSG est une banque que Nantes, Madrid ou Gueugnon peuvent braquer sans rien risquer. Le PSG, n’en déplaise à Zlatan, a cessé d’exister avec l’arrivée du Qatar. Le fric a tout écrasé, le fric a tout galvaudé. Nous pensions mériter le Graal continental simplement parce que nous étions riches. Immensément et éternellement riches. Les ânes, l’arrogance des ânes. Depuis deux ans, j’entends certains Parisiens presque revendiquer la Ligue des Champions. Nous pouvons tout acheter alors, pourquoi pas la victoire finale ? Connards. Tous. Les vannes qui déchirent nos âmes après ce nouvel échec sont méritées. Nous sommes pathétiques, nous n’avons aucune circonstance atténuante. Zéro. 

La talonnade molle de Marquinhos dans la surface, un gardien puceau qui louche et tremble à l’heure de la grande bataille et un autre gardien qu’on a préféré insulter publiquement, des passes dans l’axe, aucun mouvement, des marcheurs, des escargots, des dilettantes qui pensent que le calendrier démarre en février. Ah, la ligue 1, c’est pour les ploucs, ceux d’avant. Pareil pour nos couleurs, notre logo, nos maillots, notre jeunesse, ils ne servent à rien, ils sont des freins à notre expansion inéluctable. J’en rirais si je n’avais pas encore la haine à 13h39 un jeudi d’apocalypse. J’écris “nous” mais aujourd’hui, je mesure à quel point ma passion parisienne n’est plus qu’un souvenir sépia, rangé dans une boîte à chaussures oublié dans un grenier qu’aucun GPS ne saurait situer. À Madrid, c’était une confirmation. Un aboutissement. Une décennie de chèques en blanc, de n’importe quoi, de recrutements plombés. Ça empile, ça empile du nom ronflant, de la réputation qui se conjugue au passé simple ou au conditionnel, jamais au présent, ça affiche chaque année un peu plus son incompétence, cette morgue de nouveaux riches qui s’effondre au premier coup de vent. 

La réalité nous a rattrapés. Impitoyable. Quand j’entends Mauricio se plaindre de l’arbitrage, quand je vois nos onze pirates couler sans relever la tête, je me dis que toute cette mascarade en mondovision n’est que l’expression totale de la justice. Benzemada. Ahahahahahahahah. Paris était en respiration artificielle depuis des années, avec comme seule perfusion, Mbappé. Mbappé qui devrait nous quitter sans attendre. Il aime le foot le Golgoth de Bondy. Et il sait très bien que le foot, il se joue ailleurs, loin de ce carré VIP qui pue la clope froide et la vodka frelatée. Ce match, c’est un crime contre notre humanité. L’ultime affront. On peut bien changer d’entraîneur, brûler des cierges dans toutes les églises de la planète mais c’est le Qatar notre problème. Nous sommes donc baisés. Foutus. Condamnés à nous inventer des légendes, des malédictions qui n’en sont pas. 

À Bernabéu, nous nous faisons seppuku en direct. Un Real moyen aura suffi à nous tordre, à nous annihiler. Car il s’agit bien de ça. Nous n’avons pas perdu qu’une qualification. Nous avons tout piétiné. Des cendres, des ruines oui, un gâchis intersidéral. Tout ça pour ça. Minable(s). Le PSG a confirmé tout le mal qu’on pensait de lui. Un yacht à la dérive. La croisière s’amuse avant de sombrer. Titanic échoué dans le désert qatari. Capitulation. Combien de fois ai-je écrit un texte un lendemain de déroute ? Trop souvent. Je n’attends plus rien de ce club qui est un club riche mais qui ne sera jamais un grand club. Pour respecter l’institution, il faut que cette institution existe. Où est-elle ? Que peut-elle revendiquer cette institution fantoche ? Rien. Ah, si, on va me parler de cette finale et de cette demie ? Sans Navas, elles n’existent pas. Point barre. Il y a un numéro non surtaxé pour arrêter de fumer. Et celui pour décrocher du PSG, quelqu’un le connait ? Certains me traiteront d’ignoble défaitiste. Rien à battre. Souffrir ainsi dans le vide, c’est ridicule. Absolument abject. 

Il va se passer quoi maintenant ? On va insulter la ligue 1 jusqu’au bout, perdre contre Bordeaux dimanche avant d’offrir à l’OM le titre de champion ? Au point où on en est hein… Notre chantier est un bourbier. Nous sommes Aguirre qui s’enfonce avec sa folie dans la forêt pour ne jamais revenir. Nous sommes des clowns tristes. Dans un cirque aux gradins désertés. Parce que nous avions 13 points d’avance en championnat, parce que nous étions qualifiés en huitièmes, personne n’a voulu voir l’évidence : notre jeu n’en était pas un. Jamais. Combien de matches références cette année ? Aucun. Et pas de descentes au Camp des Loges, pas de tifos menaçants, pas de chants ironiques, pas de révolte. Ou alors à la marge. Comme si on craignait de froisser nos starlettes et qu’elles partent prendre du poids ailleurs. Les supporters parisiens sont devenus ces statisticiens aveuglés, ces groupies embourgeoisées. On gagne ? Alors ça va. C’est suffisant. C’est notre style, notre façon de faire. 

Je tangue entre la rage et la honte. La nostalgie et l’envie folle d’effacer mon disque dur interne. Big reset. Depuis mon réveil, j’écoute en boucles les pionniers du punk hardcore : Black Flag, Bad Brains, Negative Approach, Cro-Mags. Les seuls capables d’atténuer, un peu, cette douleur qui n’a pas lieu d’être. La violence par procuration. J’en suis là. On en est tous là. Rejouer ce putain de match. Si je pouvais remonter le temps et prévenir nos joueurs… Ça ne servirait à rien. Nous n’avons pas d’ennemis à Paris. Nous n’avons besoin de personne. ADN sabordage. Nos fondations sont en sable. Nos coeurs en carton. Nos âmes en solde. J’exagère ? Très certainement. C’est la voix de la déception qui s’exprime ici. Probablement. Mais comment ne pas aussi voir dans cette tragédie comique l’exact portrait de notre perdition ? De toutes nos errances coupables. L’image qui me restera de cette soirée cauchemardesque, c’est celle de l’entrée de Draxler. Ultime calembour. Dernier soubresaut avant le néant. J’ai dit à mon fils au moment d’aller le border qu’il pouvait choisir d’arrêter le massacre. Que je l’aimerai évidement toujours autant s’il décidait de se détacher du PSG. “C’est trop tard papa” m’a-t-il répondu. Haine. 

PSG4LIFE


Jérôme Reijasse

C’est pas ma faute à moi
(Le syndrôme Aytekin)

Non, fort heureusement, nous n’allons pas parler de l’interprète
pas vraiment inoubliable du tube « Lolita », la sympathique Alizée,
bien que des vents contraires nous aient menés au naufrage d’hier soir.

Nous allons parler de contrition (et là, je vois les plus jeunes pâlir : merde, va falloir qu’on aille sur Wikipedia). Nous allons parler de la capacité du PSG à se regarder dans les yeux. Nous allons parler de tous ceux et celles qui crient depuis des années que la Remontada d’il y a quatre ans était la faute d’Aytekin. Nous allons parler de ce qui fait mal : le PSG est encore un petit club, sans cap, sans but, sans boussole, sans logique, mené par des gens qui ne connaissent pas le football.

Reprenons. Au départ était le PSG, une équipe qui progressait jusqu’en 2016. Puis est arrivé Neymar, 222 millions, le plus gros transfert de l’histoire. Depuis, nous vivons dans un monde d’illusions. Illusion que le seul talent d’un, deux ou trois joueurs peut être plus fort que le talent d’un collectif rôdé. Illusion de se dire qu’en accumulant les talents, ça fait une équipe. Illusion de croire qu’en arrachant le meilleur joueur du monde du club de son cœur, ça va marcher. Illusion de penser que l’abnégation, la volonté, le courage peuvent s’acheter.

Le premier coupable de cet échec s’appelle l’Émir Tamim Ben Hamad Al-Thani. Cher moustachu, tu es persuadé qu’une Lamborghini roule mieux qu’une Clio. Ben non. Et la Clio peut te mener plus loin car elle consomme moins. Cher moustachu, tu n’es pas là pour le football, j’espère que tout le monde l’a compris désormais. Tu es là pour faire passer ton pays de tortionnaires, de nouveaux riches imbus d’eux-même, d’esclavagistes modernes pour des gens biens. Tu es là pour faire croire à une démocratie là où il n’y a que dictature. Remarque, Videla faisait déjà ça en 78 avec sa Coupe du Monde, t’es pas le premier. Tu ne seras pas le dernier.

Le deuxième coupable s’appelle l’Émir Tamim Ben Hamad Al-Thani aussi. Cher moustachu (bis), tu es tellement habitué à ce que tout le monde te lèche les babouches que tu ne t’entoures que de gens aux langues longues. Comme Nasser El-Khelaifi qui, jamais, ne te dira non. Tant que le président de ton club ne pourra pas te dire non, non à Messi pour 80 millions plutôt que des jeunes, rien ne changera.

Elle est là, maintenant, la cata

Le troisième coupable s’appelle Neymar mais ce n’est pas de sa faute. Il représente pourtant le début du naufrage, celui qui, le premier, a fait un trou dans la coque. Attention, Neymar, le joueur est exceptionnel même si ses meilleures années ne sont plus devant lui. Par contre, la gestion du joueur Neymar a été désastreuse de la part d’un club qui se dit professionnel.

Je suis fidèle au PSG depuis 41 ans. Les meilleurs PSG que j’ai eu la chance de voir étaient des machines collectives. 86, 94, 96, ce ne sont pas seulement les individus talentueux qui ont fait notre histoire, c’est une volonté collective de se mettre minable pour celui à côté. Pour ça, il faut que tout le monde soit à la même enseigne et quand j’ai vu Neymar snober Cavani pendant un an et demi, aller au détriment du jeu lui-même en servant Mbappé, Mbappé, Mbappé, ça commençait déjà à sentir mauvais. Quand il essaye de résoudre les problèmes collectifs tout seul, comme en finale l’année dernière, au point d’en devenir ridicule et inutile sur le terrain, ça pue très fort. Quand, en plus, ce même joueur peut faire exactement ce qu’il veut hors du terrain, se barrer à Milan voir un défilé la veille d’un match, jouer au poker jusqu’à 5 heures du, vivre à 30 dans sa maison de Bougival, là, ça commence à sentir vraiment mauvais. Quand enfin, ce même joueur, exceptionnel, refuse de changer son jeu dans un nouveau championnat, moins porter le ballon, simplifier son dribble etc… et que la cause de ce refus est d’être blessé… à plus de 50 % des matchs depuis son arrivée, là, on sent que la cata n’est pas loin.

Elle est là, maintenant, la cata. On est en plein dedans et ça sent mauvais de partout. Alors que faire ? Comme d’habitude, trouver un bouc émissaire. Pour les incompétents que sont Leonardo et Nasser Al-Je Gombrends Bas, ce n’est toujours pas de notre faute mais celle de ce méchant arbitre qui a osé ne pas siffler sur Donnarumma. Comme c’était la faute d’Aytekin. Comme c’était la faute à pas de chance. Comme toujours au PSG, rien n’avance. Ce club s’est perdu. Perdu dans le soft-power, le merchandising inutile (le fonds souverain du Qatar est de… 320 Milliards !), perdu dans les strass, le bling bling, perdu collectivement car la vérité se rappelle toujours à nous à un moment : quand on ne respecte pas le football, le football n’a aucune raison de te respecter.


Safet Sous X

C’est parti mon Kyky ?

Mon p’tit Kylian. Mon grand Kylian. Mon immense Kylian

Faut qu’on parle tous les deux. Franchement. Non, parce que ça commence à être pesant et puis tu enchaines masterclass sur masterclass alors comment veux-tu qu’on ne pense pas à toi ?

C’est un choix. Cornélien évidemment, puisque nous sommes français. Mais pour toi, ça peut être Cervantesien ou Shakespearien ou Dantesque. Tout le monde t’aime, tout le monde te veux.

Plus qu’un choix de vie, c’est un choix d’amour.

Veux-tu le Grand Amour, l’Amour de toute une vie, l’Amour Infini ou veux-tu l’aventure, les rencontres, l’exotisme ? Les deux sont légitimes. Les deux sont possible. Il y a toujours eu des Roméo & Juliette et des Rocco & Svetlana & Tatiana & Linda & Monica & Frida etc…

Parce que, tu vois, mon Kyky, je ne crois pas qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaise situations. Si on devait résumer notre vie à tous les deux, je dirais que c’est d‘abord une rencontre entre un petit gars de Bondy et Paris. Des gens qui t’ont tendu la main, peut-être à un moment où tu ne pouvais pas, où tu étais seul chez toi, à part Leonardo Jardim mais comme on ne comprend rien à ce qu’il dit, ça ne compte pas.

Et c’est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée… Parce que quand on a le goût de la chose, quand on a le goût de la chose bien faite, le beau geste comme toi, le dribble qui tue, l’accélération qui fait quitter des slips, les frappes lumineuses, parfois on ne trouve pas l’interlocuteur en face je dirais, le miroir qui t’aide à avancer. Mais parfois, si. Et c’est Paris. Et Paris est éternel. Comme toi.

Alors tu peux dire merci à la vie, merci, tu chantes la vie, tu danses la vie… tu n’es qu’amour et du coup, tu resignes pour 15 ans. Le Totti d’ici. Et finalement, quand des gens te diront « Mais comment fais-tu pour avoir cette humanité ? », tu leur répondras très simplement que c’est ce goût de l’amour, ce goût donc qui t’a poussé aujourd’hui à entreprendre une révolution footballistique… mais demain qui sait ? Peut-être simplement te mettre au service de la communauté, à faire le don, le don de toi. À nous, peuple Parisien à tes pieds.


Safet Sous X

Questions pour un champion

Xavi Simons s’avance pour frapper le septième tir au but parisien.
Prêté par le PSG au Gym (une ironie du sort qui n’est que trop familière aux supporters du club de la capitale), Marcin Bulka plonge sur sa droite et sort la frappe du minot, tireur malheureux parce qu’il en fallait bien un, au terme d’un match
d’un ennui mortel qui ne pouvait que se terminer ainsi.

Paris perd sa coupe. Paris prend la lourde. Paris sort la tête basse. Il n’y aura pas de clasico en quart. Et tout de suite, en bon masochiste, ce réflexe débile d’aller zoner sur les sites de foot, histoire d’alimenter un peu plus la douleur, de donner du grain à moudre à sa colère. Les commentaires haineux affluent et les rageux s’en donnent à cœur joie, lâchant la bonde de leur anti-parisianisme primaire. Le nouveau riche a fait des envieux et son élimination réjouit dans les chaumières de province. Planqués derrière leur écran et l’anonymat confortable d’un pseudo, les jaloux déversent leur haine bileuse d’un Paris trop friqué, trop clinquant, trop bling-bling, trop tout. Pocchetino est une brêle. Messi joue en marchant. Icardi traîne son spleen. Paredes et Herrera n’apportent rien. Draxler ne sort pas du néant. Mbappé a des envies d’ailleurs. Avec délice, les vengeurs masqués de la toile se projettent vers la double confrontation contre le Real, censée tourner à la corrida. Ils réclament le massacre, l’humiliation, le sang. Se réjouissent d’avance du spectacle. Plus que jamais, Paris apparaît comme un frêle torero livré aux cornes acérées d’un taureau madrilène lancé à tout berzingue, bave aux lèvres et museau fumant. Engoncé dans son costume étroit, les jambes tremblantes, seul au milieu de l’arène, seul face à ses incertitudes et ses doutes, le PSG attend la sortie de la bête.

Les questions abondent à quelques jours d’affronter le leader de la Liga. L’étudiant qatari n’a rien branlé du semestre et voilà que se profile l’examen décisif. Peut-il réviser en vitesse sur un coin de table et passer ras des fesses ? Qu’il soit permis d’en douter. Force est de constater que le PSG ne progresse pas dans son expression collective et qu’il ne trouve pas de réponses dans le jeu. Au milieu de terrain, le chantier reste immense et, faute de Ndombele ou autre recrue, il faudra faire avec les moyens du bord. Mais quel désert ! Danilo Pereira est lourd, lent, emprunté et d’une faiblesse technique abyssale. Presque meilleur en défense centrale que dans l’entrejeu. Herrera se contente d’expédier les affaires courantes et multiplie les passes latérales, sans jamais apporter la moindre verticalité. Le fantôme Paredes ne doit sa place qu’à son pote Leo. Verratti doit se charger de tout : bosser à la récupération, orienter le jeu, trouver la passe qui créera le déséquilibre, inventer sans cesse, marquer même. Il en faudrait trois comme lui. Où sont les tauliers ? Il manque l’assurance et le calme d’un Thiago Motta, l’abattage et la rage de vaincre d’un Matuidi, le génie intermittent d’un Pastore (tu nous manques Javier). Oui nous sommes nostalgiques de l’époque Laurent Blanc. Mais qui pourrait nous en blâmer quand on voit la bouillie de football qui nous est proposée ?

Que dire de l’animation offensive ? C’est bien simple : il ne se passe strictement rien si Kyky n’endosse pas le costard du sauveur. Contre Nice, il a débuté sur le banc, comme si le PSG devait déjà apprendre à se passer de lui. S’il signe au Real, il va laisser un vide considérable que seule l’arrivée d’un baron de type Haaland pourrait combler. Sans lui, il n’y a pas de mouvement, pas de profondeur, pas d’appels dans le dos de la défense, pas de combinaisons, pas de solutions. Véritable machine à marquer dans ses premiers mois parisiens, Icardi est devenu une ombre et affiche un manque de confiance qui fait peine à voir. En bon attaquant de surface, il n’existe que s’il est servi dans de bonnes conditions dans la zone de vérité. Or sa complicité avec Messi et Mbappé est inexistante et seul le petit génie Marco parvient trop rarement à le trouver. Et Pocchetino n’a rien trouvé de mieux que de nous ressortir un Draxler du placard, lui l’ancien grand espoir du football allemand qui n’a rien prouvé à Paris et n’a pas allumé la moindre mèche face aux Niçois.

L’arrivée de Messi dans la capitale avait suscité les plus fols espoirs. C’étaient des centaines de buts, d’hallucinants slaloms YouTube, des pelletées de dribbles, des montagnes de gestes décisifs, quatre sacres européens et six Ballons d’Or qui débarquaient. Plus qu’une vedette, un joueur immense, une icône, un fantasme de supporter. Avec lui, le PSG allait pouvoir regarder la Champions League dans les yeux et s’asseoir à la table des grands. Composé à grands coups de chèques, le trio rêvé Messi-Neymar-Mbappé devait marcher sur la France et faire trembler l’Europe. Quelques mois après l’atterrissage en fanfare de la star argentine au Bourget, la déception est à la mesure des attentes. Messi n’a marqué qu’un seul but en Ligue 1, terrible constat statistique. Il traverse les matches de manière anonyme et semble écrasé par le poids des attentes, lui qui a laissé derrière lui une vie entière pour venir à Paris. Le coup de rein fatal n’est plus là et il peine à créer les différences. Il décroche beaucoup, déserte les trente mètres comme pour chercher l’inspiration mais la magie n’opère plus. Pourtant on se plaît à y croire. On espère retrouver le grand Leo de Barcelone. On guette le moindre contrôle, le moindre geste, le plus infime frémissement qui reconnecterait ce trentenaire inefficace au génie qui a fait rêver la planète, au divin créateur, au digne héritier de Maradona. Plus longue que prévue, la phase d’adaptation s’éternise en même temps que les rêves disparaissent, laissant place à une amère réalité : le gamin hirsute de Rosario a trente-quatre berges et sa carrière est derrière lui. Match après match, il donne raison à ceux qui avaient dit qu’il était venu toucher un gros salaire et couler une pré-retraite tranquille sur les bords de Seine. Et pendant que le cas Messi fait couler beaucoup d’encre, Neymar soigne sa cheville blessée et prie pour être prêt pour le grand rendez-vous. 

Le PSG un poulet sans tête ? © Manu Wino (Virage)

Objet de toutes les critiques, Pocchetino fait face tant bien que mal et affiche un optimisme qui laisse songeur. Son discours lisse et diplomate apaise les tensions mais ne masque pas la vérité du terrain. Quand un Tuchel mettait les pieds dans le plat, l’ancien défenseur parisien arrondit les angles et s’accroche à quelques motifs de satisfaction. Ses jours sont comptés et il le sait. L’ombre de Zidane plane sur le Parc. Mais Zizou ferait-il mieux ? Relancerait-il Messi ? Ressusciterait-il Icardi ? Convaincrait-il Mbappé que son avenir s’écrit à Paris ? Demanderait-il à la triplette MMN de faire les efforts défensifs ? Trouverait-il des solutions au milieu de terrain pour soulager Verratti ? Une chose est sûre : comme il l’a démontré à Madrid, Zidane sait composer avec un vestiaire de stars, et c’est peut-être ce qu’il manque à Paris : un manager plutôt qu’un tacticien, un meneur d’hommes plutôt qu’un entraîneur. Il faut un ancien grand joueur pour gérer les grands joueurs, exiger d’eux du dévouement, du courage, de la sueur. Demander le respect du collectif et l’amour du maillot. Pochettino n’a pas assez de charisme, pas assez d’autorité sur le groupe. Il n’est pas un grand nom, et c’est bien là son principal défaut.

Dans le grand flou artistique qui règne, sur quoi peut bien s’appuyer le technicien argentin à l’heure de se frotter à Benzema et consorts ? Réponse : sur une indispensable colonne vertébrale Donnarumma/Navas-Marquinhos-Verratti-Mbappé. Autour de ce socle, il faudra bricoler et prier que ça marche. S’il est rétabli, un Sergio Ramos peut faire beaucoup de bien par son expérience, son leadership naturel, sa qualité de relance et sa présence intimidante sur coups de pied arrêtés. Kimpembe se montre trop friable et n’a pas pris ses responsabilités de capitaine lors de la série de tirs aux buts contre Nice, préférant envoyer le jeunot Simons au casse-pipe. Sur les flancs de la défense, Nuno Mendes donne satisfaction, l’expérimenté Bernat postule à nouveau et Hakimi bosse ses coups francs à la CAN. Au milieu, Gueye apparaît comme la meilleure option aux côtés de Verratti. Il faudra ensuite choisir entre Paredes, Herrera et Danilo Pereira. Autant jeter une pièce en l’air. Et devant, viva la MMN et croisons les doigts.

Voilà le PSG à la croisée des chemins. Sorti de la Coupe, il sait qu’il ne gagnera pas tout cette saison, alors que tout gagner était précisément son objectif affiché. Le championnat est un minimum vital pour un groupe aussi pléthorique et de cette qualité, qui n’a pas de rival digne de ce nom sur la scène domestique, et une élimination précoce en Champions League pourrait avoir des conséquences désastreuses. Elle fragiliserait encore un peu plus Pochettino, si besoin était, remettrait en cause les investissements sur Messi et Ramos, conforterait Mbappé dans ses velléités de départ, en bref questionnerait la stratégie et le fonctionnement entiers du club. Elle serait un coup terrible à ses ambitions démesurées et ne ferait que donner raison aux persifleurs qui répètent à l’envi que le pognon n’achète pas les titres, sauf en Ligue 1, où les moyens colossaux du PSG écrasent la concurrence. Taillé pour les joutes européennes, façonné pour tutoyer les sommets, bâti pour les grands rendez-vous, l’effectif parisien ne saurait se contenter du morne quotidien de la Ligue 1. On ne fait pas venir un Messi ou un Sergio Ramos pour battre Reims ou Brest. On ne paye pas un Mbappé vingt barres par an pour planter contre Angers. On ne va pas chercher un Neymar pour s’offrir Troyes. Le PSG est une équipe de stars, parfois jusqu’à la caricature, et les stars ont besoin de gros matches. Son aventure doit s’écrire en grand, rythmée par l’hymne entêtant de la Champions League et des soirées qui comptent. C’est la menace inquiétante du vide qui guette. Et le vide a une sale tronche. S’il ne passe pas l’obstacle madrilène, la fin de saison pourrait s’avérer longue. Très longue.


Denis Ritter

Il était une fois la révolution

Voilà un petit plus d’un an que Mauricio Pochettino est entraineur du PSG.
Certains aveuglés par leur haine de Thomas Tuchel se réjouissaient de ce cadeau
de Noël. L’allemand était devenu l’homme à abattre, celui qui faisait mal jouer son équipe, celui qui ne gagnerait jamais la Ligue des Champions.
Des mois que médias et supporters veulent sa tête.

Au sein même du club on ne supporte plus ses sorties médiatiques sur ce que l’on pourrait résumer poliment « le manque d’organisation du club ». Bref son bordel permanent avec tous les rapaces et autres nuisibles qui gravitent autour du club ou qui en font même partie. Les luttes d’influence, les amis qui vous veulent du bien, les donneurs de leçons et autres parasites.

Il y a quinze jours j’écrivais les lignes suivantes :

En un an l’ancien capitaine est passé de l’affectueux « Pokette » au familier Momo, pour finir par l’insultant « gros nul ». Le PSG joue mal. C’est un constat. Personne ne peut dire l’inverse. Certainement le niveau de jeu le plus faible de l’ère qatari. Avec pourtant « sur le papier » l’effectif le plus brillant. Au niveau des résultats, « pour l’instant tout va bien ». Revenez dans un mois et cela ne sera peut-être déjà plus le cas. En championnat on devrait être à l’abris d’un nouveau Lille (ou Monaco ou Montpellier…) qui nous a pris notre titre l’année dernière. Cette année l’om ou le nouveau riche niçois me semblent encore un peu loin. Oui je sais tout est possible. Tout est d’autant plus possible sur un match de coupe, et la venue des aiglons de Galtier fin janvier pourrait bien être l’occasion de perdre un deuxième trophée sur les quatre à gagner dans la saison. Après le titre de champion pris par les dogues la saison dernière, ils ont récidivé avec le trophée des champions début aout. Alors bien sur ce n’était plus Galtier l’entraineur, mais il faut reconnaitre que ce coach sait particulièrement bien préparer ses équipes face à nous. Donc méfiance.

Visiblement on ne s’est pas assez méfié… Certes j’ai écrit ce texte au lendemain de cette gifle niçoise, mais les gifles ça réveille. Le match contre Nice est pour moi le non-match de trop. L’olive qui fait déborder la salade. Le cauchemar qui fait rêver moins grand. Beaucoup moins.

Comment après cinq mois de compétition peut-on toujours être aussi insipide, indigent, ennuyeux… Et prévisible. Mais tellement prévisible dans notre jeu. Soit nos joueurs ne savent pas jouer au foot, et ne savent faire que des passes latérales, soit ils ont des consignes pour jouer de cette façon, soit ils n’ont que peu d’envie et de motivation. Dans tous les cas le coupable principal, même s’il n’est pas le seul, est celui qui doit être le guide, celui qui décide, celui qui gère, c’est-à-dire l’entraîneur.

Comme disait un aviateur qui aimait bien dessiner des moutons : « Le chef est celui qui prend tout en charge. Il dit : « J’ai été battu ». Il ne dit pas : « Mes soldats ont été battus ». »

Mon réquisitoire contre Momo comprend de lourdes charges. Lourdes et nombreuses.

Commençons par l’extra sportif. Depuis un an il vit toujours à l’hôtel et sa famille vit toujours à Londres. Il ne parle toujours pas français face aux médias. Les rumeurs de départ sont nombreuses depuis des mois. Et n’ont été que très mollement démentis après des semaines de rumeurs. Certes depuis quelques jours il a enfin emménagé avec son fils (préparateur physique, nous y reviendrons) dans le 8ème arrondissement parait-il, mais n’est-ce pas trop tard ?

Il est vrai qu’au PSG le phénomène n’est pas nouveau, mais que de blessés encore cette saison ! Difficile cependant de critiquer le préparateur physique quand il s’agit de son fils. Vous me trouvez perfide ? Peut-être, nous allons bien voir ces prochains mois si nous allons monter en puissance au printemps puis pour le money-time. Parce qu’aujourd’hui physiquement on n’impressionne pas grand monde.

Lorsque notre coach nous explique il y a 6 mois qu’« On ne peut pas juger un coach qui arrive au milieu de saison » j’ai compris que l’on était pas bien embarqué. Soit il ouvre le parapluie, soit il a un projet de jeu très clair et il faut un peu de temps pour le mettre en place. On sait aujourd’hui que nous n’avons aucun projet de jeu.

Le jeu, parlons-en. Le PSG n’a plus aligné un 11 type consécutivement depuis décembre 2019 ! Difficile d’avoir des automatismes, mais d’un autre côté pour pallier ce manque il faudrait pouvoir s’appuyer sur un système de jeu bien défini qui permettrait à chaque joueur de se fondre dans un collectif et de jouer avec plus d’assurance et de confiance.

Problème, comme dit plus haut, nous n’avons pas de jeu. J’aimerai vraiment connaitre les consignes que reçoivent les joueurs. Pourquoi autant de passes latérales ? Pourquoi aussi peu de prises de risque ? Consciemment ou inconsciemment notre plan de jeu ressemble à donnons le ballon à Messi ou à Mbappé et sur un malentendu… On se croirait revenu plus de 10 ans en arrière, quand la tactique c’était on balance sur Hoarau et on verra bien…Si c’est pour en arriver là on pouvait garder Kombouaré ou rappeler Le Guen. Le problème c’est que les effectifs ne sont pas comparables, nos ex-joueurs des années 90 devaient respectivement faire avec les rats de Colony et/ou sauver le club de la descente.

Notre effectif en début de saison faisait peur à l’Europe entière, nous étions « sur le papier » LE favori de la Ligue des Champions. Même pas si six mois plus tard, c’est nous qui avons peur…

Venons-en au cas Messi qui divise au sein même de Virage. Oui Messi est un mariage de raison et non un mariage d’amour. Est-ce pour cela que cela ne fonctionne pas ? Pas uniquement, même si la vie ne vaut d’être vécue sans amour comme dit la chanson, cela n’est pas la seule explication. Messi est seul, isolé dans le jeu. A part avec Verratti (quand il est là) et Mbappé il n’y a personne pour combiner avec lui. A chaque fois il est obligé de tenter l’exploit. Quand t’a joué pendant des années avec Xavi et Iniesta c’est compliqué de passer à Herrera, Paredes ou Danilo… Certes ce ne sont pas de mauvais joueurs dans l’absolu, mais nous on veut un écrasé parmentier moelleux des trésors de la terre avec sa parisienne farandole rosée et pas du jambon purée. Or notre milieu n’est pas au niveau requis pour espérer réaliser nos rêves.

Soyons clairs, sans Mbappé nous ne serions surement pas premiers et nous serions surement en très grosse difficulté. Kyky une lumière dans la grisaille ? Il est notre phare et pourtant il va partir…

Tout comme le jeune Simons, pourtant notre seul milieu qui sait jouer vers l’avant, combiner avec Messi, casser des lignes comme on dit de nos jours, bref un vrai joueur de foot avec la fougue de sa jeunesse. A Paris on aime les titis et personne ne lui en veut pour son tir aux buts contre Nice. Pourtant il ira surement sur le banc ou en tribune dans les semaines qui arrivent. Quelle gestion catastrophique de nos jeunes.

Mais de manière générale ce club est-il géré par quelqu’un ? La gouvernance. Voilà le gros problème de ce club. Un entraineur dépassé, un directeur sportif qui enchaîne les erreurs, un président absent, un propriétaire invisible.

J’appelle à la barre l’accusé suivant. Notre directeur sportif qui perd de plus en plus de sa superbe au fur et à mesure de ses choix douteux. Qui n’a pas su garder Cavani, Thiago Silva et bientôt Mbappé et Simons… Mais surtout, qui a offert une incompréhensible prolongation au boulet d’or Kurzawa. Pareil pour le beau mais trop peu efficace Draxler. Que dire des huit gardiens sous contrat… Bulka en tant qu’ancien (mais toujours sous contrat jusqu’en 2025) nous passe le bonjour. Manquerait plus qu’on paye son salaire…

Bref Leonardo qui a tant souhaité le départ de Tuchel, Léo qui devait remettre de l’ordre dans la maison. Où en est la politique sportive ? Cela fait longtemps qu’on ne l’a pas entendu.

Nouvel accusé le président. Est-ce que quelqu’un a des nouvelles ? Où en est le projet de former le nouveau Messi ? Quel est le projet sportif du club ? Empiler des stars sans savoir les gérer ? Qui tape du poing sur la table ?

Pour finir le propriétaire. Ah ! Dieu l’émir je t’aimais bien. Merci pour tous ces beaux cadeaux, mais nous ce qu’on veut c’est de l’amour. On voudrait un peu plus de présence. Sentir qu’on est important aussi et pas seulement pour te divertir un coup vite fait de temps en temps.

Je ne voudrai pas non plus dans ce papier aux allures de réquisitoire oublier et exonérer les joueurs de leurs responsabilités. Contre Nice il semblerait que la perspective de jouer un quart de finale de coupe de France contre l’OM dans un Parc des Princes plein ne les a pas beaucoup transcendés. Si une telle carotte ne leur donne pas envie de s’arracher, à quoi bon… Nous voulons des joueurs qui ont faim, pas des joueurs repus. 

Le PSG est malade. Dans ses coulisses, dans son vestiaire, sur le terrain, dans son public. Comme le commun des nouveaux riches, nous nous sommes gavés. Pendant 10 ans nous avons fait ripaille, des joueurs fantastiques, du jeu, des grands matchs européens, dix ans d’humiliation pour les gueux marseillais qui crèvent d’envie et de jalousie, des trophées à en devenir la plus belle vitrine du foot français, et même si nous nous sommes invités au banquet final de la Ligue des Champions, et que nous n’avons pu que sentir de près l’enivrant fumet de l’ambroisie sans pouvoir y gouter, nous savions qu’un jour on y aurait droit, nous aussi. 

Ce jour, s’il doit arriver, ne sera visiblement pas encore pour cette année.

Nasser ne « gomprend bas », c’est pourtant simple, Il serait temps de chasser tous les marchands du temple, de faire la révolution, de faire venir au club des gens qui aiment le PSG autant qu’ils aiment l’argent, des gens qui viennent pour servir le PSG et non s’en servir. Et ceci à tous les niveaux.

Un détail qui n’en est pas un. Va-t-ton encore continuer longtemps avec cet affreux maillot noir ? On dirait que nous portons le deuil de notre fond de jeu. Nous avons le plus beau maillot du monde et les apprentis sorciers de chez Nike ne trouvent rien de mieux que de se concurrencer pour le maillot le plus ignoble. Un grand club c’est d’abord respecter ses couleurs. On ne se respecte déjà pas nous mêmes…

Moi je m’en fous de vendre des maillots roses en chine, je veux une équipe sur le terrain, je veux du jeu, je veux du Hechter, je veux des virages qui soutiennent leur équipe au Parc, je veux de la souffrance et de l’amour, je veux du foot… Pas un défilé de mode ou de « l’Entertainment ».

Pour moi le PSG c’est mon club, pour eux c’est leur Entreprise. On parle petit pont, ils parlent rendement, on parle émotion, ils parlent profits, on parle amour du maillot, ils parlent marketing… Quel est l’objectif premier du propriétaire ? Gagner des trophées ou la rentabilité ?

Bien sûr, je ne suis pas qu’un amoureux romantique, j’ai bien conscience des réalités économiques. Mais ne pourrait-on pas trouver un juste milieu ? Un maillot Hechter en chine se vendra aussi bien si ce n’est mieux. Et au moins le club gagnera en notoriété sur la durée et non juste pour un vulgaire coup de com. 

Demain ce sera le choc tant attendu face au « plus grand club du monde » la maison blanche du roi. La future maison de notre Kyky, avec un milieu de terrain Casimero, Kroos, Modric (Ca fait peur un peu non ?). Si les choses venaient à mal tourner, la fin de saison ne serait alors plus qu’une lente et interminable agonie vers la saison prochaine…

Jean Jaurès disait : « Il ne peut y avoir de révolution que là où il y a conscience. »

Il serait bien temps à Doha de prendre conscience de la situation et il sera alors plus que temps de faire la révolution au PSG !


J.J. Buteau

Mon cher Emir

Mon cher Émir. Puis-je me permettre de rappeler à votre altesse sérénissime quelques points importants bien que je suppose que vous ayez
d‘autres humains à fouetter dans la vie.

Rappelez-vous, il y a dix ans votre rachetiez un club, le Paris Saint-Germain, pour à peu près vingt secondes d’éjaculation d’un de vos pipe-lines. Ce club, plus communément appelé le PSG, est un club de football. Je vous dis ça car je pense que vous l’avez confondu avec une agence de Relations Publiques. Ça peut se ressembler, ça peut arriver.

Je sais bien qu’au fond, le foot, vous vous en foutez. Quand on a un fond souverain de plusieurs milliards d’euros, le coût du PSG, c’est peanuts pour vous. Il vous fallait de la belle image pour votre pays. Et c’est réussi. Eut-ce été du curling ou de la GRS avec la même exposition médiatique et vous auriez aussi signé. Mais contrairement aux relations publiques, il ne suffit pas d’inviter des grands noms, de mettre de la lumière et des paillettes pour que ça marche au football. Et c’est ce que vous croyez. Et il n’y a personne autour de vous pour vous dire que c’est faux.

Le Nasser, il est sympa mais il est aux bottes. Il ne vous dira jamais que le clinquant, l’ostentatoire, l’accumulation, c’est pas le football. Peut-être pense-t-il que ça marche. Les Golden Galactiques avec finition platine et diamants, non, ça ne marche pas. Le football se construit peu à peu, c’est un arbre qui pousse, qui se renforce, qui a besoin d’un tronc pour que ses branches aillent chercher les étoiles. Vous, vous arrivez avec un sapin coupé, un beau sapin, un énorme sapin, vous rajoutez des boules, des guirlandes, des décorations. Mais au fur et à mesure, votre sapin, coupé, dépérit. Il perd ses aiguilles, il se dénude, il s’assèche.n

Voilà où on est actuellement au PSG, le club de football que vous avez acheté. Celui où vous pensez qu’en accumulant les grosses boules, les décorations, le sapin ne va pas mourir. Ben si. On n’est pas loin de l’agonie et vous devez encore en être à croire qu’on ne peut pas perdre avec Mbappé, Neymar et Messi. Mais si.

Pendant que Liverpool ajoute bijou sur bijou à un collectif un million de fois plus rôdé que nous, pendant que d’autres clubs construisent patiemment leur effectif, vous pensez qu’il suffit de donner les clés du camion à un joueur génial acheté 222 millions pour que tout se mette en marche. Mais non. C’était il y a quatre ans, quatre ans de lent développement du jeu, d’expression collective perdus. D’entraîneurs de talent hachés menus par tout l’extra-sportif, les Relations Publiques. Vous vous accrochez encore à vos convictions, et dépensez 80 millions pour un joueur qui repartira dans deux ans et qui a laissé la flamme qui l’animait en Catalogne. C’est une bonne idée. Non. Le foot est une science inexacte où 7+4 ou 8+3 ne font pas forcément 11. Où Paris ne sera jamais le Barça. Où les illusions se perdent tellement souvent. Dont celles de Kylian Mbappé qui a compris que ce PSG là n’allait nulle part.

Dans le vrai foot, si un joueur sur onze décide de marcher plutôt que de courir, Messi, pas Messi, il sort immédiatement. Même Sušić courait plus que lui. Quand des joueurs de talent décident de ne pas soutenir leurs partenaires en défendant avec eux, pour eux, c’est dehors. Le plus grand football vient de la plus grande dévotion pour ses partenaires. L’effort supplémentaire. L’espace recherché. La création de solution. L’offrande constante à l’autre.

Cher Émir, cher ami, il n’y a plus rien de tout ça au PSG. Et d’ailleurs, il n’y a même plus de couleurs. Nous jouons chez nous en noir. Un beau noir pétrole. Plus d’idées, plus d’identité, plus de jeu. Comme on dit chez nous : « On est mal, patron, on est mal » mais ça, Nasser ne vous le dira probablement pas. C’est pourquoi j’ai sorti ma plus belle plume pour cette missive désespérée que je vous adresse en guise d’épitaphe : cher Émir, il est temps d’arrêter les conneries.

P.S : Si vous essayez une fois de plus de virer Phil Collins, je viendrai personnellement boucher tous vos pipe-lines avec des housses de couette DJ Snake. Tenez-vous le pour dit.


Safet Sous X

Les démons de l’ennui

Ce matin, les supporters parisiens se réveillent sans gueule de bois.
Perdre en Coupe de France, rien à battre. Ce qui compte, c’est l’Europe.
Notre ADN, ce sont les grandes oreilles. Rien d’autre. Tous nos matches jusqu’au 15 février ne sont là que pour parfaire cette machine de guerre qui va terrasser le Real
et foncer jusqu’à la victoire finale. Cette arrogance de nouveau riche,
ce mépris assumé…

PARIS rêve plus grand en anglais et uniquement les mardis et mercredis soirs. Le championnat, la coupe, ce sont ces voitures de luxe que l’on abandonne en plein désert, sans regret ni remord. Parce qu’on a les poches pleines. Parce qu’on ne respecte rien. Parce que, depuis longtemps, on a piétiné le réel.

Hier soir, notre match a une nouvelle fois étalé à la face du monde toute notre indigence. Équipe de handball qui peut jouer en marchant sans jamais craindre le bras levé de l’arbitre, le PSG a insulté tous les fondamentaux, fait semblant d’être un collectif. 99% de nos centres et de nos coups de pieds arrêtés n’ont trouvé personne, Messi a rendu hommage aux rues de Marseille en multipliant les passes poubelles, les crochets déchets, les inspirations à peine recyclables. À part Verratti, peut-être aussi Donnarumma et Mendès (étrangement sorti par Mauricio), qui sauver ? Même le soldat Ryan a préféré déserter.

Il n’y avait rien, le néant, la honte. Et ce n’est pas comme si c’était la première fois cette année. Depuis août 2021, le PSG (dé)joue à se faire peur. Pas un match référence, aucune montée en puissance, oui, le néant, chaque semaine confirmé. Sans le Golgoth de Bondy, nous serions dans le ventre mou et qualifiés en Europa League. Voilà le constat. Le terrible et risible constat de notre politique sportive. On peut gagner la LDC en ne jouant pas, on peut atteindre les sommets continentaux en méprisant le football chaque week-end. OK. D’accord. Faisons comme ça. Mi autruche mi pachyderme. Aucune finesse, zéro lucidité.

Cette cour de récré chaotique et sauvage

On a du fric, on a des stars. Suffisant pour dominer, pour aller au bout. Le mercato de l’été dernier, qui avait de la gueule, que dit-il aujourd’hui ? Ramos s’apprête à plomber définitivement la sécurité sociale, Wijnaldum est en dépression carabinée (un soldat ne peut pas briller dans une bande de pirates), Messi a le blues éternel catalan. Donnarumma, à la rigueur. Mais on avait déjà Navas. Mbappé va partir. Neymar est ce fantôme qui hante nos espoirs les plus brûlants. Mauricio n’a jamais été vraiment notre coach. Erreur de casting. Mais quel entraîneur pourrait réussir ici ? Comment imposer un rythme, une stratégie, un avenir à cette cour de récré chaotique et sauvage, nombriliste et trop gâtée ?

Zidane ? Peut-être notre ultime péché. De croire que Zizou est le seul capable de remettre de l’ordre dans ce merdier relève de la pensée magique. De l’aveuglement coupable. C’est une naïveté qui n’est pas émouvante. Ridicule plus certainement. Hier, dans ce stade vide, avec ces maillots noirs immondes et qui nous rappellent à chaque nouvelle sortie l’acharnement de nos dirigeants à vouloir effacer notre passé (ne devraient-ils pas plutôt tout faire pour écrire notre avenir ?), j’avais l’impression de voir un autre club, une autre histoire. Je n’étais pas déconnecté mais pas loin non plus. La seule continuité, c’était moi, moi et mon envie de qualification en quarts pour affronter l’om, moi et mon amour de la coupe de France, ce trophée qui a lancé notre aventure, qui m’a fait aimer pour toujours Paris.

Mais dans ma télé, était-ce le PSG ? Cette chose molle et arrogante, ce jeu sans profondeur ni envie, ce onze qui n’est jamais le même, était-ce le club que j’ai choisi de suivre jusqu’à la mort ? J’en suis de moins en moins persuadé. Je m’accroche, bien sûr, je suis du genre opiniâtre. Comme je l’avait écrit il y a longtemps déjà dans mon bouquin, on ne quitte pas sa femme parce qu’on vient de lui diagnostiquer un cancer. C’est inconcevable. J’en suis là. Mon équipe semble en phase terminale. Sans aucun traitement capable de la sauver. À force de tout faire à l’envers, à force de croire que l’argent peut résoudre tous les problèmes, on galvaude une passion, on écrase une foi, on se condamne au pire. À l’oubli ?

Le fric n’est rien sans effort ni vision

Dans cette mascarade qui dure, il y a une certaine morale qui se dégage. Une évidence. Le fric n’est rien sans effort ni vision. L’émir pourra bien encore dégainer le chéquier, acheter Ronaldo, Haaland, Salah et Iron Man, Paris ne décollera pas. Jet privé sans moteur, sans carburant. Coincé sur le tarmac du gâchis et de la suffisance. Tout ça est finalement assez écoeurant. On va tomber sur Pochettino, bien sûr, moi le premier. Fusible. On va lui reprocher ses tactiques qui n’en sont pas, ce refus d’une défense à trois, son entêtement à ne pas donner sa chance à notre jeunesse. Hier, Paredes a encore la marque de l’oreiller de la business class et il joue. Mbappé est préservé. Herrera est là, Danilo aussi. Les gosses, on les envoie au front à la fin, quand ça pue déjà la déroute. Simons rate son péno et s’offre un petit traumatisme. C’est ainsi que l’on grandit, certes mais le timing est plus que douteux. Malheureux.

“J’en ai plein le cul des ces matches qui me font perdre dix ans de vie” me dit mon ami Paco par texto, avant même notre élimination pitoyable. Il n’a pas tort. Perdre, pour un supporter, c’est acceptable. Quand Paris insultait le football comme en 2008 par exemple, pas de problème. Nos cadors se nommaient alors Armand, Rothen. Mais là… Le PSG ressemble de plus en plus à une ex qui aurait pris 30 kilos. Il n’est ni séduisant, ni excitant. Il est lourd, terriblement lourd. Il est à la fois agaçant et frustrant, prévisible dans son illisibilité. Gageure. Et il marche, et il joue la tête baissée, et il trébuche. Parce qu’il se moque de la Coupe de France. Comme il se fout de la Ligue 1. Il est ailleurs, pas là. Il vaut mieux que ça ! Pas de temps à perdre avec ces obligations du quotidien ! Vite, le Real.
Je préfèrerais qu’on se concentre sur le Réel. Pas gagné…


Jérôme Reijasse

Marco Verratti, l’indispensable

Dans un milieu qui peine à se trouver depuis le début de saison, force est de constater, surtout depuis hier soir, que Marco Verratti n’a jamais été aussi indispensable dans l’effectif du Paris Saint-Germain.

Malgré des résultats dans l’ensemble satisfaisants, le jeu du PSG a rarement été aussi critiqué qu’en cette saison 2021-2022. Arrivé il y a plus d’un an sur le banc parisien, Mauricio Pochettino tâtonne et peine à améliorer l’expression collective de son équipe ainsi qu’à trouver un équilibre cohérent face à la quasi-obligation d’aligner le trio offensif Neymar-Messi-Mbappé, ce qui a souvent pour effet de couper l’équipe en deux et de se voir trop facilement mis en danger à la récupération adverse. Défensivement, l’équipe peut compter sur deux gardiens de classe mondiale et un Marquinhos toujours irréprochable, même si Kimpembe affiche parfois quelques limites difficilement pardonnables pour un joueur international (en attendant peut-être de voir émerger une défense à trois avec Sergio Ramos et les deux latéraux en mode piston) . En attaque, Mbappé, tranchant dans ses appels et clinique devant le but, porte littéralement le PSG et offre une force de percussion et une profondeur indispensables au bon fonctionnement de l’ensemble. S’il y a un niveau où le bât blesse, il se situe clairement au milieu de terrain, secteur dans lequel Herrera, Paredes, Danilo Pereira, Wijnaldum et dans une moindre mesure Gueye n’ont pas répondu aux attentes. Si l’on peut tirer une conclusion de cette moitié de saison, c’est que Marco Verratti n’a jamais été aussi indispensable.

Lors de la victoire du PSG sur City en septembre, Pep Guardiola avait publiquement déclaré sa flamme au milieu de terrain italien, auteur d’une prestation XXL qui avait enchanté le Parc et prouvé une fois de plus que le public parisien avait les yeux de Chimène pour son chouchou. On comprend aisément le technicien espagnol, tant la palette dont peut faire étalage le petit hibou s’avère aussi impressionnante que variée. S’il lui reste des scories à gommer dans son jeu (un engagement parfois à la limite, une propension agaçante à prendre un carton par match, une tendance à aller pleurer constamment auprès de l’arbitre), il est capable d’abattre un gros boulot à la récupération, de conserver le ballon face au pressing adverse, de temporiser quand il le faut ou au contraire d’apporter une essentielle verticalité par sa qualité de passe vers l’avant. Il possède un profil unique parmi les milieux de terrain de l’effectif, incroyablement complet, à la fois gratteur de chique, premier relanceur et meneur de jeu. Son aisance technique et sa vista lui permettent de briller aux quatre coins du terrain et, en son absence, le jeu de l’équipe perd grandement en qualité et en fluidité. Il est aussi important qu’un Mbappé, dont on a régulièrement entendu dire qu’il était l’arbre qui cache la forêt  d’un PSG souvent fragile et sans imagination.

Les armes fatales face au Real ? © Icon Sport

Recruté en 2012 par les nouveaux propriétaires qataris contre une dizaine de millions d’euros alors qu’il évoluait dans l’anonymat de la Serie B avec Pescara, Marco Verratti s’est progressivement imposé comme l’un des hommes phare du projet QSI. Il s’est forgé une réputation qui fait saliver tous les directeurs sportifs de la planète et un palmarès qui force l’admiration : joueur le plus titré de l’histoire du PSG (24 titres, dont sept championnats, à égalité avec des barons comme Larqué, Revelli, Coupet, Juninho et Thiago Silva) et le plus capé en Coupe d’Europe avec 67 apparitions, ce qui est tout sauf anecdotique quand on connaît le passé européen du club. Tous les entraîneurs qui se sont succédé aux manettes du PSG ont compris l’importance de Verratti et salué le niveau et la régularité de ses performances, d’Ancelotti à Blanc en passant par Emery et Tuchel. Tous ont loué son attachement viscéral au club (il envisage de terminer sa carrière à Paris alors qu’il a le niveau pour évoluer dans n’importe quel top club européen), son professionnalisme souvent entaché d’une image de dilettante à l’hygiène de vie discutable, sa capacité à bonifier le collectif, son intelligence balle au pied, son sens du tempo et son envie de jouer constamment pour les autres. Alors que le président de Rennes Frédéric de Saint-Sernin s’était interrogé à l’époque sur l’opportunité de son transfert et le voyait évoluer avec la réserve, Verratti a mis tout le monde d’accord et fait aujourd’hui l’unanimité.

Blessé au genou puis à la hanche, l’Italien a manqué quelques matches à l’automne et son retour a fait un bien fou. Face à Brest, à l’occasion d’un match globalement maîtrisé et séduisant, il a fait étalage de toute sa classe et a été au four et au moulin (crédité d’un 6 dans L’Equipe, on se demande ce qu’il doit faire pour obtenir mieux). Contre les Bretons, il a démontré sa faculté à combiner dans les petits espaces, à relancer proprement, à aérer le jeu tout en ne laissant pas sa part au chien sur le plan défensif. Il a même failli marquer, fait rarissime pour lui, trouvant le montant du pointu au terme d’une action lumineuse. Pour Pocchetino, c’est une excellente nouvelle de retrouver un Verratti aussi au point physiquement que juste techniquement. L’entraîneur argentin a eu trop souvent tendance à balader son joyau d’une position à l’autre, n’hésitant parfois à le faire jouer sur un côté. Il semble avoir enfin compris que Verratti devait évoluer comme la pointe basse d’un trident de l’entrejeu, position idéale qui lui fait jouer les numéro 6 en défense tout en lui permettant de faire le lien entre la défense et l’attaque, à l’image d’un Pirlo, jamais aussi à l’aise qu’en meneur de jeu reculé. C’est à ce poste de milieu axial qu’il donne sa pleine mesure et permet à l’équipe de respirer par sa première transmission toujours inspirée et sa faculté à briller au cœur du jeu. Espérons que les expérimentations tactiques de Pochettino l’épargneront et qu’il continuera de s’épanouir dans ce rôle de sentinelle-premier relanceur qui lui sied à merveille et donne de l’oxygène à toute l’équipe.

A un petit mois du match aller contre le Real Madrid, les interrogations ne manquent pas. Neymar sera-t-il opérationnel et compétitif ? Messi se montrera-t-il à la hauteur de l’événement ? Ramos aura-t-il droit à une place de titulaire ? Faut-il laisser tomber le 4-3-3 au profit d’un 3-5-2 ? Quels milieux faut-il aligner pour contrer le redoutable trio Casemiro-Kroos-Modric, véritable machine à conserver le cuir ? Comment contrer le duo Vinicius-Benzema alors que le PSG concède trop de tirs cadrés et ce même à des adversaires modestes ? Alors que Pochettino prépare le grand rendez-vous et cherche des réponses, la présence de Verratti constitue une garantie on ne peut plus précieuse. De retour à son meilleur niveau, l’Italien sera un caillou dans le jardin d’Ancelotti et, alors que tous les regards seront braqués vers le peut-être futur Madrilène Mbappé, un des atouts maîtres du PSG. Jamais aussi à l’aise que lors des grandes rencontres et imperméable à la pression, Verratti saura faire parler son expérience et sa science du jeu face aux merengue. Quand le bateau tanguera, il sera celui qui saura rassurer son monde et jouer les capitaines de bord, même si Marquinhos fait souvent office de dernier rempart face aux vagues adverses. Face à une équipe éminemment joueuse, on peut compter sur lui pour contrôler le rythme, apporter de l’agressivité, trouver une passe que seul lui a vu, batailler dans le rond central et alimenter ses attaquants en bons ballons. Pour passer l’obstacle Real, le PSG aura besoin d’un grand Verratti. Si on ne doute pas une seconde qu’il répondra présent, il faut juste espérer qu’il ne se blesse pas. S’il le faut, nous irons mettre un cierge à l’église.


Denis Ritter

Tutoyer les étoiles

Peuple parisien, il est temps.
Il est temps de se dire les choses les yeux dans les yeux.
Il est temps de regarder la réalité en face.

Il est temps de se dire qu’en 10 ans, malgré demi-finale et finale, le PSG n’a pas progressé en tant que club. Il est temps de se dire qu’avoir Neymar, Messi, di Maria et Mbappé ne fait pas une grande équipe. Il est temps de se rappeler que les Galactiques n’ont jamais rien gagné.

Il est temps de se dire que Cisco Llacer connaît mieux le foot que Nasser. Il est temps de se dire que si on avait besoin d’un tennisman, on rappellerait Yannick Noah. Il est temps de se dire que tant que personne n’expliquera à l’Émir que Messi, c’est super pour l’image, pour vendre des maillots mais que mettre 80 millions sur deux ans pour un joueur qui partira ensuite à Miami ou ailleurs, ce n’est pas sportivement ce qu’il faut. Qu’avec cette somme, on aurait pu recruter pour l’avenir les meilleurs jeunes en Europe (ou ailleurs).

Il est temps de se dire que le sportif arrive en troisième position dans la stratégie de QSI (après le soft-power et le merchandising) et que tant que ce sera le cas, on n’avancera pas. On ne progressera pas en tant qu’institution, en tant que club.

Il est temps de se dire que Neymar est un échec. Un énorme échec. Pas seulement pour ses performances en dents de scie, pour ses blessures récurrentes ou ses envies d’ailleurs les premières années. Il est temps de se dire qu’au lieu de s’intégrer et d’améliorer un collectif, on a donné les clés du camion à Neymar et que Neymar, aussi talentueux soit ou fut-il, n’est ni Pelé ni Maradona et qu’il ne peut pas faire la différence tout seul. Il est temps de se rappeler que le football est un sport collectif. Qu’on joue à 11. Qu’un jeu, ça se construit lentement, match après match, patiemment et que Neymar à lui seul ne peut être notre plan de jeu.

Il est temps de se dire qu’en quatre ans, Neymar a tué le jeu collectif des Rouge et Bleu. Pas de sa faute, parce qu’on ne lui a pas demandé d’y participer. Parce qu’on a pensé que son seul talent pouvait faire la différence. Parce qu’on a cru que le football pouvait exister sans complémentarité, que les étincelles peuvent devenir incendie et que l’Europe s’embraserait devant nous. Mais non.

Il est temps de se dire qu’on a fait tellement d’erreurs que c’est normal que nous en soyons là, actuellement. Dans ce grand vide que nous vivons. Dans ce rien auquel nous sommes arrivés.

Il est temps de se dire que si les problèmes perdurent depuis Ancelotti, Blanc, Emery, depuis Tuchel et sous Pochettino, c’est que le problème se trouve ailleurs. Il est temps de se dire que si ces entraîneurs talentueux réussissent ailleurs, c’est que vraiment, le problème ne venait pas d’eux.

Il est temps de se dire qu’il faut tout remettre à plat. La stratégie, le jeu, la vision à long terme, l’effectif, le directeur sportif, l’entraîneur, le projet.

Il est temps de se dire que les Qataris comprennent autant le football que les Américains. Il est temps de se dire qu’une Swatch marche aussi bien qu’une Patek Philippe, que les deux donnent l’heure. Il est temps de se dire qu’en plus de joueurs de talent, de joueurs complémentaires, il faut acheter des caractères. Des Sorin, des Heinze, des Fernandez qui n’ont pas seulement envie de prendre un gros chèque mais de devenir un meilleur groupe, une meilleure équipe jour après jour. Il est temps de se dire que personne ne déteste la défaite au PSG. Il est temps de se dire que Messi est triste d’être au PSG et que jamais, malgré son immense talent, il ne peut représenter l’avenir du PSG. Sauf à considérer que l’avenir, c’est vendre des maillots en Asie.

Il est temps de se dire qu’il est encore temps. temps de changer de stratégie, temps de penser collectif et complémentarité plutôt que paillettes (pas Dimitri, hein) et individualités.

Il est temps de se dire que quand on a le meilleur joueur du monde sous nos couleurs (encore pour quelques jours et souhaitons-le, quelques années), il faut tout faire pour qu’il veuille tout gagner avec nous. Que chaque future recrue doit être là pour servir ses qualités, que chaque composition de match doit le servir pour qu’il nous rende autant.

Il est temps de se dire tout ça car comme le disait si bien Francis Borelli : « Qu’importe, on pourra même me traiter de fou, il n’y a rien que ces couleurs parisiennes qui illuminent mon cœur. »


Safet Sous X