Humeur

On veut Navas !

Et voilà. Comme prévu le PSG s’est incliné à Lens. Comme prévu oui, et depuis longtemps même. Rien qu’avant le Mondial on savait que ce match casé un premier janvier, sur un terrain gelé, sans nos stars mondialistes serait un combat, face à une équipe de Lens sans surprise, accrocheuse, physique, avec un Fofana en maestro, une défense et un bloc difficile à bouger, des contres puissants et ravageurs.

Il y a encore une semaine, notre match sans rythme et sans envie contre Strasbourg nous alerta sur ce qu’il ne fallait surtout pas faire contre Lens. C’est-à-dire un non match pépère. Bien sûr, c’est ce qu’on a fait. Tellement prévisible. Qui a vu notre match contre Strasbourg et celui de Lens contre Nice, a compris que face à l’envie nordiste il fallait sortir un match « Ligue des champions » pour gagner à Bollaert. Les joueurs et le staff du PSG n’ont pas dû voir ces deux matchs.

Finalement le terrain ne sera (n’était ?) pas gelé et Mbappé était là. Tout le reste malheureusement s’est déroulé comme prévu. Un PSG fragile défensivement (nous y reviendrons) un milieu qui s’est fait exploser façon puzzle, une attaque où le seul espoir s’appelle Kylian. Il a beau être Mbappé il ne pourra pas nous gagner 38 matchs de championnat. Soit les joueurs n’étaient pas prêts, soit Galtier a pris une leçon tactique. Soit les deux. Voir les Lensois dérouler leur partition, les voir faire ce qu’ils avaient exactement décidé de faire, sans être aucunement contrariés par de dociles parisiens, voilà qui est très inquiétant.

Bien sûr jusqu’ici tout va bien. Toujours leader (avec seulement 4 petits points d’avance), qualifié encore en Europe et en Coupe de France… J’ironise certes, mais j’ai bien peur que dans quelques semaines on ne puisse plus écrire cela…
Quels sont les constats que nous pouvons faire depuis le début de saison ? Et depuis plus longtemps même pour certains… S’ il y a des absents majeurs, le PSG redevient une équipe friable, presque lambda. Le jeu se désagrège totalement, l’état de grâce de Galtier tire à sa fin. D’autres y sont passés avant lui.. Ce qui ne rassure vraiment pas. La défense n’a pas confiance, le milieu sombre dès que l’adversaire le presse, l’attaque est vite orpheline quand il manque un des trois fantastiques. Alors quand il en manque deux…

Regardons un peu plus en détail chaque secteur de jeu. Et commençons par ce qui marche (quand il n’y a pas d’absents). Ça ne marche même pas, ça vole ! Neymar, Messi, Mbappé. Quand ces trois-là sont au top, Paris ne craint pas grand-chose. Certains nous prédisaient des retours de Coupe du monde difficiles pour ce trio. Il n’en sera rien a priori. Et tant mieux. Oui c’est tant mieux car le jeune Ekitiké, malgré son fort joli but d’avant-centre à Lens, est beaucoup trop léger pour le très haut niveau. Léger dans tous les sens du terme.
Le milieu catastrophique à Lens est toujours orphelin de Motta et Matuidi. Terrible constat.

Ngolo Kanté a résisté longtemps à nos avances, Seko Fofana est resté à Lens cet été. Deux joueurs nés à Paris. Pourquoi et comment a-t-on pu laisser Fofana resigner à Lens ? Les Gueye et autres Paredes ont été des choix par défaut. Soler et Ruiz des achats de fin de mercato. À quand une vraie recrue au milieu de terrain ? Danilo a fait ses meilleurs matchs en défense (Tuchel si tu nous lis). Fabian Ruiz avait fait de bons matchs avant le Mondial. Hier il a été catastrophique. J’espère que son excuse était d’être encore à fêter le nouvel an sur les Champs à 5 heure du mat’ imbibé d’alcool. Sinon comment expliquer son piteux match à Bollaert ? Trop mauvais pour être vrai. Soler c’est bien quand on n’a pas d’autres absents dans l’équipe, pour jouer contre Auxerre ou Châtellerault. Quant à Sarabia (que je considère comme un milieu offensif et non comme un attaquant), sa rentrée contre Strasbourg fut une honte, son match contre Lens mérite le même qualificatif.

Il n’a plus envie de jouer au PSG ? Merci, au revoir. Il nous a montré pourtant dans le passé qu’il pouvait être un supersub de qualité. Il semblerait que ce rôle ne l’intéresse plus. Avec la Roja dès qu’il rentre en jeu il court partout. La différence de motivation est saisissante. Alors oui heureusement LE bon coup de cet été s’appelle Vitinha (même s’il semble subir le contre-coup de sa grosse année 2022), il forme avec Verratti une paire d’artistes de poche à faire se lever un stade devant tant de technique, de talent et d’audace. Mais ce n’est pas suffisant avec un milieu physique comme celui de Lens en face. On le savait déjà également.Et Renato Sanchez me direz-vous ? Je ne tire pas sur l’ambulance. Même si elle le mériterait.

Avec Navas derrière cette charnière

Nous arrivons à la défense. Le point majeur d’une équipe. Je ne m’attarderai pas sur nos latéraux, à gauche si ce n’était les blessures, on ne pourrait pas reprocher grand-chose à Mendes ou Bernat. J’espère que le premier jouera longtemps pour nous, quand à l’autre je pense que c’est sa dernière saison. Cela me semblerait logique. À droite offensivement Hakimi est au top à son poste, défensivement il peut encore progresser. Mukiele a été un des rares à « faire son match» contre Lens. Il a aussi une marge de progression, mais le petit gars de Montreuil a tout je l’espère pour empêcher Hakimi de se reposer sur ses lauriers.

J’en arrive donc à nos défenseurs centraux. Sergio Ramos n’ a plus les jambes pour tenir 90 minutes à haut niveau. À Lens il a vraiment souffert sur la dernière demi-heure. Comme chantait Reggiani : à quoi bon jouer la comédie du vieil amant qui rajeunit ? Pourtant personne tu le sais bien, ne repasse par sa jeunesse. Pour l’ordinaire de la Ligue 1 cela passe sans problème. Pas pour les matchs à très grosse intensité.

Kimpembé semble quant à lui stagner, intraitable jusqu’à un certain niveau. Il n’arrive pas à gommer ses boulettes qui peuvent coûter très cher à l’équipe. Il retombe directement dans ses travers dès que cela ne se déroule plus comme prévu pour son équipe. Perte de sérénité, fautes stupides, cartons stupides, expulsions stupides.

Marquinhos, notre capitaine, lui n’a toujours pas tué le père. Silva s’en est allé. Au début pourtant la paire qu’il formait avec Kimpembé paraissait très solide. Avec Navas derrière cette charnière, nous avions l’impression de pouvoir résister à n’importe qui. Le problème c’est qu’un soir de mars de Ligue des champions au Bernabeu, l’usurpateur Pochettino décida contre toute logique et tout feeling de mettre Navas sur le banc. La suite ? Le pire match de Marquinhos au PSG. Un Donnarumma qui sombre et fait couler tout le monde avec lui. Depuis les deux semblent avoir toujours ce match au-dessus de leur tête.

Navas PSG
Coucou je suis là ! © Icon Sport

Avant de parler de nos gardiens, je tiens tout de suite à préciser que mon propos n’est pas de dire que Donnarumma est nul. On n’est pas champion d’Europe et élu meilleur joueur de la compétition par hasard surtout pour un gardien. Sur sa ligne je pense qu’il est le meilleur au monde. En revanche dans tous les autres secteurs de la panoplie du gardien, il a encore beaucoup à progresser. Ses sorties dans les pieds sont trop souvent mal senties et à contre-temps. Dans ses face-à-face il n’est pas assez souvent décisif. Et surtout expliquez-moi comment un gardien qui fait 1m96 ne peut-il pas être maître des airs dans sa surface ?

On dit souvent que le poste de gardien est capital est dans une équipe. C’est tellement vrai. Le gardien doit, en plus de son talent propre lié à son poste, inspirer la confiance à ses partenaires et d’abord sur ses défenseurs. Quand tu sais que derrière toi, même si tu te rates il y un bloc, tu joues libéré, et surtout en confiance. Alors que quand tu sais que ton gardien n’est lui-même pas en confiance… cela rejaillit sur toute sa défense. C’est exactement ce que nous vivons depuis ce maudit soir de mars. Certaines stats font plus que de longs discours. Lens a fait quatre tirs cadrés dimanche pour trois buts.

Christophe Galtier a tranché en début de saison, c’était une bonne chose de mettre fin à l’alternance sans logique de son prédécesseur. Malheureusement le choix du joueur n’est pas le bon. Mais qui a réellement décidé ? Nasser ? Campos ? Galtier ? Un moment donné il va falloir avoir l’honnêteté de reconnaitre qu’on s’est trompé.

Un début de vrai changement

Ce qui est déprimant et énervant c’est que l’on sait déjà aujourd’hui que contre le Bayern on ne passera pas. Exactement de la même façon que pour le match de Lens où l’on savait que notre milieu prendrait l’eau, que notre défense en manque de confiance ferait n’importe quoi (le placement des latéraux, la roulade de Ramos, et je ne parlerai pas du troisième but…) On sait que l’on va couler, mais on continue, et si ce ne sera pas le Bayern ce sera le Real ou City ou n’importe laquelle des équipes du top européen qui jouent sur un vrai rythme et en confiance. Tout ce qui nous manque.

Alors on pourra battre Châteauroux et Angers, peu importe on sait que notre saison se joue sur une dizaine de matchs au mieux. La prochaine grosse échéance (Lens étant passé) sera le Bayern. Et je pense que comme tous les supporters qui connaissaient déjà le déroulement du match de Lens avant de le voir, ils savent tout aussi bien comment se passera celui du Bayern avec le fiasco qui nous pend au nez. Si l’on veut éviter de pleurer au printemps c’est maintenant qu’il faut changer. Installer Navas dans les buts serait un début de vrai changement et surtout un retour à la confiance.

Qui au club aura la clairvoyance pour le bien du PSG d’imposer Navas dans les buts ? Galtier est-il le seul décisionnaire ? Si oui, Christophe (je peux t’appeler Christophe ?) ouvre les yeux. Tu (on peut se tutoyer ?) es intelligent, tu connais le foot. Le feeling, la psychologie, le mental. C’est ce qui manque depuis le début au PSG de QSI pour dominer l’Europe. Tu as fait confiance à tes joueurs pour le 31 décembre, tu n’as pas fait de mise au vert. Résultat : un match sans envie, d’une indolence crasse, et cerise sur la galette, les femmes de certains joueurs ont posté sur les réseaux sociaux des photos de leurs maris à 3 heures du matin… Le jour même d’un match aussi important.

Christophe il va vite falloir taper du poing sur la table et recadrer tout ça !! La première décision est de réhabiliter Navas et de lui donner le brassard. Car une certitude pour cette fin de saison. Sans Navas point de salut, on court droit au désastre. Je sonne l’alarme dès début janvier pour ne pas que sonne le glas pour le PSG en mars. Christophe, à travers Virage, écoute la voix du peuple parisien : on veut Navas !


J.J. Buteau

Mon petit Marquis

Marqui, mon petit Marquis,

On se souvient tous encore de ton appareil dentaire. Ils t’auraient appelé Biactol au Lycée Simone Weil que ça nous aurait pas étonné.
Mais te voilà déjà qui marches dans les pas des Saint-Patrons du PSG…
Comme eux t’as compris. À la différence de Neymar ou Messi, t’as compris Paris depuis longtemps. Paris, cette putain magnifique, elle se mérite.

T’étais vénère qu’on soit vénères l’année dernière. Alors t’as pris tes couilles au micro de Canal + pour nous le dire, confiant comme quelqu’un qui aime vraiment. Car quand on aime vraiment on se dit la vérité.

Oui Marqui, la vérité c’est que la prochaine fois tu devras prendre le micro du Virage Auteuil pour PARLER à ceux qui sont là plutôt qu’à ceux qui sont sur leur canap. La vérité, c’est qu’à toi on n’en voudra jamais. On se demande juste parfois si tu ne devrais pas te libérer du capitaine Silva. Un immense joueur et un grand homme, mais tellement gentil… Et tellement triste tellement souvent à cause de ça précisément.

Alors justement sois pas triste, Marqui, sois méchant. Méchant comme le football l’est avec les parisiens, comme le sont les brésiliens avec leurs vaincus. Vingt-huit ans dont dix de PSG, droit dans tes bottes, trois gosses à la casa et capitaine de tes équipes… Inspiration… C’est le moment putain ! Prends le respect! Sois le patron !

© Icon Sport

Chez les gens comme nous, les gars comme toi, les Princes, les Seigneurs, la Noblesse des footballeurs… restent.
Et le reste passe.

Alors faut pas avoir la saudade à chaque fois que Fluctuat. Parce que Nec Mergitur, dans le fond, tant que t’es là, non ?

T’es beaucoup plus que capitaine et beaucoup plus que brésilien, Marqui, t’es Parisien.
Ça vaut toutes les coupes du monde du monde, ça.

On t’attend ici, chez toi. Ça caille mais ça ira tu verras. Bisous.

Ta famille

PS : Stp dis à Nasser que si Paris quitte le Parc après avoir quitté Saint-Germain, ça va commencer à être dur pour nous d’appeler ça Paris-Saint-Germain. Il y a beaucoup plus à perdre qu’un stade.


Noé Pellissier

Le meilleur est à venir

L’automne est là. Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
comme les polémiques au PSG. Ca fait déjà quelques semaines que je cherche un peu d’inspiration pour écrire, tant bien que mal. Mais pour dire quoi ?
Après un début de saison enthousiasmant sur le terrain, ce sont de nouveau les coulisses, pour ne pas dire les bas-fonds du PSG qui alimentent quotidiennement les rubriques sportives. A tel point qu’on peut se demander
si le football y a encore sa place.

Les casseroles de Nasser, la blague maladroite de Galtier, les tensions entre Campos et Henrique, les états d’âme de Mbappé, Doha qui envoie un émissaire pour calmer tout le monde, les révélations de Médiapart, les accusations puis les démentis… Ceux qui détestent le PSG vivent une époque formidable. Ceux qui l’aiment, comme moi, commencent à être saisis par une lassitude tenace. J’en viens à regretter la traditionnelle « crise de Novembre » qui fait petit-bras face à au feu médiatique ininterrompu d’aujourd’hui. Bien sûr, je ne vais pas faire semblant de découvrir les affres du foot business, d’autant que d’autres clubs sont eux aussi toujours sous les projecteurs, pour le meilleur ou pour le pire. Tous les supporters, tous les joueurs qui portent le maillot Rouge et Bleu, tous les entraîneurs qui viennent s’asseoir sur le banc parisien connaissent le fameux « contexte parisien ». Tout y est observé, scruté, décortiqué à l’excès. Chaque parole est déformée, sortie de son contexte, alourdie de centaines d’analyses ou commentaires qui n’ont d’autre but que d’attiser les flammes. J’évite autant que possible de lire les dizaines d’articles quotidiens de médias pour qui le code de déontologie du journaliste a été rétrogradé au rang de simple papier hygiénique. Mais l’écho donné à chaque information qui concerne Paris, même la plus insignifiante, est tel que je finis toujours par y être confronté.

Le pire, dans ce constat, est que bien souvent les polémiques sont probablement fondées. Que Nasser ne soit pas une blanche colombe ne laisse guère de place au doute. La mauvaise blague de Galtier ne pouvait que faire bondir, à juste titre, une frange de plus en plus large de la population qui a conscience des enjeux climatiques actuels. Même s’il ne s’agissait que d’une blague maladroite, l’effet était prévisible. Le retour de Henrique au club, avec son historique pour le moins discutable, ne pouvait pas se terminer autrement qu’avec des tensions. Killian qui tire la tronche en début de saison, c’était trop visible pour ne pas être publiquement exposé. Le Prince qui envoie un homme de confiance au club n’a fait que confirmer la mauvaise ambiance vendue par les médias, à tort ou à raison. L’enquête de Médiapart sur la « cyber armée » du club pilotée par Jean-Martial Ribes est le dernier dossier en date, avec les envies de départ de Mbappé en corollaire. Comme toujours, le club a fermement démenti. A chacun de se faire son opinion. En ce qui me concerne, je ne serais absolument pas surpris si c’était vrai. Cette méthode, méprisable, a montré toute son efficacité dans la politique depuis plusieurs années. Un club comme le PSG, piloté par un Etat aussi riche qu’ambitieux et pas franchement regardant sur ce qui est légal ou non, est bien plus qu’un club de foot. C’est un outil politique comme un autre. Les médias se régalent et n’en demandaient pas tant.

Perdu en saveur ces dernières années

Reste-t-il une petite place pour le football, celui qui se joue sur le rectangle vert, au Paris Saint-Germain ? Oui, et heureusement. Mais il est vu exactement du même œil que le reste. Il est difficile de contester que l’effectif parisien a un talent certain. A partir de ce constat, la posture médiatique est simple : à l’impossible, nul n’est tenu, sauf le PSG. Que des fans, des supporters, Parisiens ou non, se laissent aller à des commentaires trop rapides et forcément incomplets ne me surprend pas. Ca m’agace prodigieusement mais c’est en adéquation avec notre époque et ses habitudes. Mais que ces « experts » qui pullulent sur les plateaux de télévision soient capables d’afficher une telle aisance dans la mauvaise foi et l’approximation me sidère. Je ne mets évidemment pas tout le monde dans le même sac poubelle, tri des déchets oblige. Certains ont une véritable analyse, réfléchie, argumentée, qui tend vers l’objectivité. Des licornes médiatiques, en quelque sorte. Mais pour une licorne, on a dix ânes. Et les ânes, comme vous le savez, sont incroyablement bruyants et s’entendent à des kilomètres. Je ne les nomme pas, ce serait leur faire trop d’honneur. Et on peut toujours compter sur eux pour trouver matière à critiquer les joueurs. On peut toujours débattre, évidemment, et les performances peuvent toujours être améliorées. Mais comme je le disais plus haut, l’impossible est exigé du PSG. Toujours gagner, largement, avec la manière. C’est la moindre des choses. De telles exigences, en plus d’être stupides, nient totalement la réalité du football professionnel. C’est chercher des certitudes qui ne peuvent pas exister.

Ce contexte pesant a sérieusement compromis le plaisir que j’avais à suivre le PSG. Je regarde toujours les matchs, je m’enflamme toujours devant la facilité de Verratti, la folie de Neymar, le génie de Messi, la puissance de Mbappé. Mais je sais que le plaisir est fugace et rapidement chassé par une énième polémique. Il ne s’agit peut-être que d’une légère déprime saisonnière. Peut-être que des matchs me redonneront espoir bientôt. Peut-être que des gestes, des inspirations, des traits de génie me feront bondir de joie comme avant. Je l’espère sincèrement et avec beaucoup d’impatience, car je trouve que tout cela a un peu perdu en saveur ces dernières années. Je ne veux surtout pas tomber dans le « c’était mieux avant », alors je vais m’efforcer de croire encore un peu que le meilleur est à venir.


Café Crème et Sombrero

Révolution. Acte 1 scène 1

Viva la revolucion ! Oui la révolution a donc eu lieu.
Réclamée par votre serviteur dès début février dans VIRAGE,
QSI a enfin pris conscience de la situation (Nasser lirait-il Virage ?),
après la « lente et interminable agonie vers la saison prochaine » que je craignais
le PSG a enfin pris de grandes décisions, pour changer d’état d’esprit
et apprendre (nous l’espérons tous) de nos échecs passés.

Le bon Nasser s’est débarrassé de la brute Pochettino et du truand Leonardo. Truand, le mot est dur c’est vrai, et c’est surtout pour la référence cinématographique.
Ah Léo ! Joueur, de son premier but à Strasbourg (qui sera le seul du match), jusqu’au feu d’artifice face à Bucarest je l’ai tant aimé… Classe, finesse, technique, précision, intelligence… Mais à l’époque le PSG ne pouvait rivaliser avec le Milan AC. Ce fut donc un premier départ. Premier retour avec QSI couronné de succès en tant que directeur sportif. Le PSG vivra longtemps sur les fondations solides qu’il a posées. Verratti et Marquinhos en sont encore les pierres et le ciment. Puis sur un coup d’épaule il dû à nouveau partir. Six ans plus tard il est attendu comme le sauveur, moi le premier je me réjouis qu’il revienne à la maison. Pourtant au final son bilan fait mal. Son premier mercato s’est retrouvé dans le loft (quel vilain mot) de cet été (Icardi, Diallo, Gueye, Herrera, Navas…).

Il y a un an tout le monde se réjouissait du mercato et de l’arrivée de Messi. La désillusion sera au niveau des espérances suscitées. Le fantôme Wijnaldum représentant à lui seul le fiasco. Pourquoi virer Tiago Silva pour prendre Ramos ? Pourquoi prendre Donnarumma alors que Navas est là ? Pourquoi ne pas avoir prolongé Cavani ? Et tant d’autres interrogations, mais celle que je ne comprendrai vraiment jamais, c’est pourquoi avoir fait resigner Kurzawa ? Et quand on sait qu’avec Leo, Pogba serait aujourd’hui au PSG… Viva la revolucion !

Brute Pochettino ? Non bien sûr. Mais le bon, le mou et le truand n’aurait pas fait un bon titre. Que dire de la trace laissée par Pochettino entraineur du PSG ? Rien ! si ce n’est un immense gâchis et un grand foutage de gueule. Ou l’inverse, ça fonctionne aussi.
Style de jeu proche du néant, joueurs démobilisés et sans envie, jeunes écartés, et pour moi le pire, la non titularisation de Navas à Madrid. C’était son match. Une évidence. Pour tous. Sauf pour Momo la pochette. Le passage de Momo au PSG sera comme ses conférences de presse et le jeu de son équipe. Chiant. Inodore. Incolore. Viva la revolucion !

C’est du passé n’en parlons plus dit la chanson. Et le futur s’écrira avec notre Kyky national, qui au bal a su faire danser le grand Real. Assurément la meilleure nouvelle de l’intersaison, de l’année et même plus. Son départ aurait été un tel désaveu, un tel camouflet, une gifle humiliante pour Paris. La gifle sera pour le Real. C’est avec Paris qu’il veut écrire l’histoire. Je me souviens en 2017 alors que j’interrogeais mes voisins de tribune, ultras parisiens, pour savoir pourquoi ils ne lui faisaient pas une chanson, on me répondit « il n’aime pas le club, il pense déjà à partir au real, c’est un mercenaire ».
Cinq ans après il est là plus que jamais. Mes voisins de stade j’en suis moins sûr.

Le deuxième fait marquant de cet été révolutionnaire fut le « fini le bling-bling » de Nasser. Oui arrêtons de rêver plus grand. Fin du slogan de QSI, leitmotiv du club depuis 11 ans !
Le PSG n’est plus une vache à lait. Le PSG redevient un club de foot. La Ligue des Champions ? Oui on veut la gagner et on va tout faire pour. Mais ce n’est plus une obsession. La priorité aujourd’hui c’est le jeu. Avoir des joueurs qui sont de vrais professionnels et qui prennent du plaisir ensemble. Un football offensif, beau à voir mais qui demande de vrais efforts, de la souffrance, de la sueur. Peu importe le joueur, fini les passes-droit. Beaucoup ne l’ont pas pris au sérieux. Moi si.

T’as voulu du Zidane, t’auras du Galtier. C’est toujours du marseillais, mais pas bling-bling.
Forcément sur le coup t’es quand même un peu déçu. Et puis quand tu réfléchis un peu, tu te dis. Pourquoi pas ? Certes j’ai détesté le joueur, mais au fil des années il faut reconnaitre qu’il n’a connu que des succès en tant qu’entraineur. Sa com est toujours parfaite et chose rare, c’est un des seuls entraineurs à n’avoir jamais craché sur le PSG. Si l’on ajoute à cela que ses équipes nous ont toujours posé beaucoup de problèmes, c’est qu’il doit être meilleur que nos derniers entraineurs non ? L’année dernière il nous a quand même sorti de notre coupe de France et je ne parlerai même pas du titre Lillois d’il y a deux ans…
Le début de saison est pour l’instant quasi-idyllique, quasi-parfait. Oui quasi. Car pour moi la seule grosse erreur de Galtier est son choix du gardien titulaire. Voilà un grain de sable bien plus sérieux qu’un grain de sable de char à voile. Une dune plutôt. Qui pourrait se transformer en Sahara.

Remettre Navas sur le terrain

Rappel des faits, l’année dernière Momo piccolo décide de ne rien décider. Il joue l’alternance au poste des gardiens. Et il faut bien reconnaitre qu’étonnamment cela fonctionne plutôt bien. En Ligue des champions l’alternance est aussi de mise. Match aller face au Real, il choisit Donnarumma. Le retour sera pour Navas. La question ne se pose même pas… Et pourtant… Titularisation incompréhensible de l’italien, qui en plus fera la boulette (oui l’arbitre aurait pu siffler faute, mais on est à Madrid) qui fera basculer le match et toute la saison avec. Voilà comment perdre ses deux gardiens sur une décision aberrante.  Navas sait que l’on ne compte plus sur lui et Donnarumma a perdu sa confiance et celle de ses coéquipiers, des supporters, du public, des médias, de tout le monde.

A l’intersaison les deux portiers sont d’accord. Il ne peut en rester qu’un. Fin de mercato les deux sont toujours là. Sans parler de l’ami Rico réjoui moyennement de la situation lui qui passe, de fait, de numéro deux à trois… Soyons honnête, Je ne connais pas un supporter parisien qui ne tremble pas dès que le géant italien a le ballon dans les pieds, (Si ce n’est pas votre cas écrivez-nous contact@virage.paris ) craignant l’inéluctable boulette.
Oui nous le savons tous que cette boulette va arriver. Quand ? Personne ne le sait, mais on redoute tous que ce sera lors d’un match décisif de Ligue des Champions. Ici c’est Paris et cela semble écrit.

J’entends des journalistes dire qu’il fait deux arrêts sur sa ligne contre la Juventus. Oui mais ces deux arrêts n’auraient jamais dû exister s’il était sorti. Même constat sur le but encaissé. Il doit sortir (dans tous les sens du terme). Comment un gardien qui fait 1 mètre 96 et 90 kilos peut il avoir peur de faire des sorties aériennes ? Je ne parle pas de faire des acrobaties extraordinaires comme on en a vécu avec Bernard Lama, ou même dégager aux poings comme le faisait si bien Joël Bats. Non. Juste lever les bras pour prendre le ballon.
Comment le meilleur joueur du dernier Euro peut-il paraitre aussi fébrile, aussi mauvais ?
Bien sur Galtier hérite d’une situation pourrie (merci Leo et Momo), mais je ne sais pas sur quoi il s’est basé pour faire son choix ? Directives du club ? l’âge ?

Il n’est cependant pas trop tard et seuls les idiots ne changent pas d’avis. Galtier est trop intelligent pour ne pas voir que la fébrilité du gardien contamine les défenseurs et se diffuse à l’équipe. Il connait trop le football pour savoir qu’un gardien c’est la base d’une équipe. Le joueur le plus important c’est lui. Pour gagner une Ligue des Champions il faut un grand buteur et un grand gardien (pas forcement par la taille hein…). Niveau buteur on est paré. Niveau gardien aussi, malheureusement il est sur le banc.

Le problème c’est que rien ne nous garantit que Navas ne serait pas lui aussi impacté par la situation s’il était titulaire. On l’a vu la saison dernière faire des petites fautes auxquelles nous n’étions pas habitués de sa part. Christophe (un peu tôt pour t’appeler Galette) si tu nous lis, bientôt arrive la coupure pour les matchs des sélections nationales, l’occasion idéale de remettre Navas sur le terrain, et cela jusqu’à la prochaine trêve internationale. Oui je sais ce sera la coupe du monde. Mais justement ! Ce sera la dernière de Navas, il va vouloir être au top et il sera forcément à fond. Gianluigi lui va regarder la coupe du monde avec Marco dans un canapé poltronesofa autour d’une bonne pizza arrosée d’un bon chianti, suivi d’un bon cigare.

Le sort est vraiment taquin quand on voit Mike Maignan formé au PSG adulé au Milan AC élu meilleur gardien de série A la saison dernière…. J’ai toujours été contre la concurrence pour les gardiens, mais quand l’évidence se fait jour il ne faut pas tourner la tête. Christophe Il faut mettre fin à cette mascarade des gardiens et faire jouer le meilleur. Et cela dans l’intérêt du PSG, pour ne pas qu’un grain de sable devienne grosse boulette, pour finir dans une mauvaise bouillabaisse. Non vraiment Christophe, il ne faudrait pas que l’acte 2 de la révolution et de la saison tourne à la commedia dell’arte et à la bouffonnerie à cause d’un Gianluigi comme il y a déjà trois ans… Mais ça c’est du passé n’en parlons plus… Surtout que le futur parait si prometteur en ce début septembre, ne gâchons pas tout.

Allez Paris !


J.J. Buteau

Apologie de l’hygiène de vie de Neymar 2

Ce texte fait suite à une première Apologie publiée par Virage début 2021, et risque fort de se retrouver, peu ou prou, dans un ouvrage à venir consacré à Neymar.

D‘abord être conséquent : faire l’apologie de l’hygiène de vie de Neymar à tout moment. Y compris aujourd’hui. Je le prends comme il est et l’aime en l’état. C’est un type qui a besoin d’inconditionnalité. Je me dévoue et ne vous en veux même pas de lui en vouloir un peu. 

À 30 ans, Ney a marqué autant de buts que CR7 au même âge. Peut-être en marquera-t-il moins que Ronaldo entre 30 et 35, mais en combinant ses buts, ses passes décisives, ses dribbles et ses gestes techniques, il est statistiquement déjà tellement loin devant… Je vous parle même pas de la dimension esthétique. 

Finalement, c’était pas à Mbappé qu’il fallait une équipe, un coach, un directeur sportif un peu raide… mais à Neymar ! Avec Nuno, Hakimi et Vitinha, voyez comme il biche notre super héros à face de manga. Même plus besoin de dribbler ! Juste à résoudre des équations esthétiques, ajuster des passes aux vitesses de ses coéquipiers, définir des trajectoires. Sa vocation. Sa mission. Sa fonction. Son art. 

Car il est comme Susic, Neymar : il ne dribble que pour pouvoir passer. 

Aveu qui ne m’honore pas : grisé je suis de voir les footixiens tomber sur Mbappé après l’idiot penaltygate. 

Et plus encore de lire Riolo prêchant dans le désert intellectuel qu’est twitter au sujet de l’impossible réconciliation entre les deux hommes. Ma bonne dame, voyez-vous ça !, les deux peuvent plus se blairer. On comprend bien qu’il est de droite, là, le Daniel. Il ne lui vient pas à l’esprit que Mbappé et Neymar sont des employés qui obéissent à leur patron. Il sait pourtant d’expérience que l’histoire du foot (et celle de toute entreprise) regorge d’inimitiés plus ou moins notoires et peu opérantes sur le terrain. 

Ce qu’il se passe depuis quatre matchs est évidemment trop beau pour être vrai. Exactement pour ça qu’il faut y croire. 

L’année où la découverte de textes inédits de Céline annonce une prochaine relecture – fatale, espérons-le aux spécialistes et exégètes – de son autobiographique œuvre, Neymar se réinvente, se métamorphose, se grime en joueur épurant, dribble ses fans en multipliant les passes et remises et ses ennemis en jouant court, simple et élégant. 

Et tous de découvrir ce que nous sommes quelques-uns à pisser dans des violons depuis des mois et des mois : des trois de devant, Neymar était le seul à défendre. Je veux bien croire qu’il arrive « épuisé » à l’entraînement, mais en match, à part pour gruger l’arbitre, il ne triche jamais et joue tous les ballons…lui ! 

Personne n’a jamais vu Neymar s’arrêter pour chouiner et grommeler sous prétexte qu’on ne l’a pas lancé en profondeur comme il l’attendait. 

Durant un Atlético – Barça de jadis, en LDC, Neymar s’est fait cisailler au cœur de la défense adverse et l’arbitre n’a pas moufté. À sa manière de se relever et de se lancer les dents serrées à la poursuite du tacleur, j’ai annoncé à mon Neymarien beau-fils le jaune que son idole allait prendre !… Cette bêtise dénuée d’hypocrisie, l’exacerbé sentiment d’injustice et d’incompréhension, l’absence spectaculaire de discrétion, attestant de la pureté intentionnelle (certes mauvaise) qui avaient gouverné son « vilain » geste me touchèrent et me séduisirent d’autant plus que les commentateurs, naturellement, l’accablèrent. Les conformistes, de quelque point cardinal qu’ils vinssent, me répètent à l’envi depuis que je suis tout petit qu’un homme : ça se retient, ça s’empêche, ça se raisonne. Ce serait même à ça qu’on le reconnaît, écrit Camus – à moins que ce ne soit Soprano. Tant pis. Je continue de préférer ceux qui exagèrent. Les autres sont nécessaires, eux sont indispensables. Pour être bon et con à ce point, Neymar ne pouvait être qu’un génie. Je date flatteusement ma conversion à ce jour-là. 

Neymar PSG
Who’s the boss ? © Icon Sport

Ainsi donc Neymar serait « finito », selon l’horrible mot transnational jusqu’au javanais appartenant au sabir que parlent footeux et internautes. Trentenaire définitivement débarrassé de la légèreté gracile qui gouvernait son jeu et en particulier son dribble, préalable chez lui à tout, qu’allait donc devenir Neymar ? Existerait-il encore, dépouillé de cet art en soi qui assure la légende à quelques glorieux sans palmarès ? 

Figurez-vous que lorsque Neymar ne dribble pas, ou moins, il marque et passe décisivement autant, voire plus. Ce qui signifie, dans le cadre de la croisade esthétique, vengeresse et vaine qui m’occupe, que lorsqu’il dribblait, personne ne se rendait compte que déjà il marquait et passait décisivement – vraiment – beaucoup. 

Peut-être aussi que s’il dribble moins, c’est parce que s’appuyant enfin sur un milieu de terrain haut de gamme il n’a plus à porter l’équipe ; qu’avec Messi replacé, nos ailes ressemblent à des pistes d’envol et qu’Hakimi devient à ses yeux beau comme Nuno ; qu’il a désormais devant lui plus de solutions que de problèmes. 

Traditionnellement, le dribbleur est court, puissant, centre de gravité près du sol. Si le mètre soixante-quinze dont les tales of the tapes créditent Neymar fait de lui un joueur plus petit que la moyenne en 2022, il mesure néanmoins 10 cm de plus que Maradona, 6 de plus que Garrincha, Messi ou Ariel Ortega. Et même au sortir de festives vacances empâtantes, jamais il n’a eu les grosses cuisses de Ronaldinho – qui, avec son mètre quatre-vingt-deux et ses quatre-vingt kilos, est bien plus moderne que lui de gabarit. 

Physiquement, Neymar ressemblerait plutôt à George Best. Même taille, même poids – comme on dit même père même mère dans une famille polygame. Même sens-goût-passion du dribble. Même redoutable efficacité devant le but. Même goût de l’alcool, ricaneront certains. À tort. Best souffrait d’alcoolisme. Neymar est juste un fêtard. 

Jean Cécé : « Ney est l’enfant légitime de Best et de Garrincha ». 

Et je suis le beau-père de l’auteur de cette sentence : « En toute modestie, je peux affirmer que j’ai été le premier Français à imiter en classe les célébrations de Neymar à Santos ! ». J’assume mon destin.


Gregory Protche

Parisiens, têtes de chiens

C’est l’été. Vendée. La nuit, le silence presque assourdissant de la mer.
Des étoiles plein le ciel. Le temps suspendu. On appelle ça les vacances.
C’est depuis la petite ville de Brétignolles que j’ai vu, dans le PMU local,
la victoire du PSG contre Montpellier.

L’écrasante victoire. Malgré deux nouvelles approximations de notre surestimé gardien transalpin, Paris a terrassé les boys de Nicollin 5-2. Neymar a repris sa couronne. Messi son sourire et une partie de son talent. Mbappé n’est pas encore vraiment revenu. Il boude, peut-être frustré de ne pas avoir pu disputer le Trophée des Champions et le match de reprise à Clermont. Son désir de battre tous les records, d’affoler toutes les statistiques semblent le rendre impatient. Il marque pourtant un joli but en mode Zlatan après avoir raté un péno. Il râle quand Vitinha ne lui fait pas la passe et préfère stopper son action. Il repousse Ramos et ses autres camarades au moment de célébrer son premier pion de la saison en Ligue 1. Pas de doute, le PSG est de retour.

Dans ce PMU, il y a des mecs du coin, en majorité anti-parisiens. Certains sont alcoolisés au dernier degré. Ils nous détestent. Ouvertement. Méchamment. Éternellement. Toute la soirée, j’entends les mêmes insultes, les mêmes aigreurs. Neymar est leur tête de turc préférée. Et à les entendre, le Brésilien préfère les hommes aux femmes et la débauche au foot. « Vivement qu’il se fasse découper ». Voilà le genre de saloperies que captent mes oreilles. Il y a aussi bien sûr la rage de l’argent qatari. La jalousie des démunis. Dans ce bar où le décodeur certainement pirate plante toutes les 15 minutes (« la chaleur Monsieur, désolé, c’est comme ça depuis hier » me précise le patron), le pognon du désert rend agressif et con. Toutes les vannes, tous les clichés y passent : « trop payés », « trop facile », « malgré les milliards, ils l’ont toujours pas gagné leur ligue des champions », « à jamais les derniers »… à chaque faute sur Neymar, un homme assis à la table derrière applaudit ou le traite de simulateur. La haine pure, assumée. La débilité des profondeurs.

Ici, c’est moins Marseille que Nantes qui est dans les cœurs et les foies noyés dans des litres de bibine. Mais Paris reste l’ennemi indépassable. Capital. Que je suis bien au milieu de cette humanité de comptoir. À chaque but des nôtres, je célèbre avec mon fils en en rajoutant un max. Je croise certains regards véritablement méchants. Ça ne va pas plus loin. Un groupe de quatre Parisiens, torché comme pas permis, regarde le match depuis la terrasse. Un autre, seul, maillot PSG Messi, enchaîne les demis dans un coin. Si jamais ça devait virer baston de saloon, je ne serais pas abandonné. Toujours ça de pris. L’arbitre siffle la fin, les pochetrons sont déjà passés à autre chose. Le plus bête quitte le navire en insultant une ultime fois Neymar. L’un des quatre membres du groupe me parle avec amour de Javier, de Pedro, de Ronnie. Il fait lourd et la nuit est là. Je suis bien.

6 points sur 6. + 8 de goal average. Des recrues prometteuses. Vitinha homme de l’ombre pas avare de ses efforts et déjà suspendu (contre Monaco) suite à trois jaunes récoltés en trois matches. Un Marco lusitanien. Renato lui, ne prend aucune biscotte (les plus cinéphiles d’entre vous apprécieront le clin d’œil) et score à peine entré sur la pelouse du Parc. 10 buts lors des deux premières journées de championnat. On n’avait plus vu ça depuis Reims en 1961. Paris excite déjà les compteurs et nous ne sommes que mi-août. Et avec Galtier aux commandes !!! Galtier. Dès que je l’aperçois en gros plan à la télé, je n’y crois pas. Je ne me fais toujours pas à l’idée que c’est désormais lui notre entraîneur. Je ne lui souhaite que de réussir. Je ne l’ai jamais vraiment détesté. Et ces dernières années, il est l’un des rares coachs à ne nous avoir jamais manqué de respect. Et puis, si jamais ça devait mal tourner, on pourra toujours le conspuer en lui rappelant ses origines.

Sur les réseaux, je vois que nos trois victoires et ce premier trophée ne poussent pas mes camarades supporters à s’enflammer. Chats échaudés… mais après cette dernière saison éprouvante, où l’ennui et la désillusion avaient tout emporté, je ne veux pas non plus jouer au rabat-joie. Non ! L’anti spectacle de nos starlettes en short m’avait presque éteint. Déprimé profondément. Regarder jouer Paris était devenu ce rendez-vous certes obligatoire mais rébarbatif. Il n’y avait presque rien. Mbappé comme couteau suisse. Ouais, déprimant le PSG Mauricio. Sans âme, sans plan. Une parodie. Ces premiers succès estivaux, j’ai décidé de les enlacer sans penser à l’avenir. Parce que j’ai vu une équipe bien jouer au football. Parce que j’aime cette défense à trois et ces latéraux conquérants. Parce que Neymar a déjà fermé pas mal de gueules. Parce que ce Paris qui joue haut et qui veut tuer m’avait manqué.

La prolongation miraculeuse du golgoth de Bondy, je l’ai accueillie avec soulagement en toute honnêteté. Sans Mbappé, j’imaginais une saison 2022-2023 apocalyptique. Je craignais le pire. Et puis, de voir la rage des Madrilènes, la descente d’organes de Fred Hermel en direct, quel bonheur ! Mais très vite, les longues semaines sans autre bonne nouvelle m’ont inquiété. Le départ d’Angel m’a attristé. Nasser a aussi rejoué le carte de l’ordre et de la fin des paillettes. J’ai évidemment ricané (qui peut croire à ce genre d’inepties, sérieusement ?). Des rumeurs (malheureusement toujours pas éteintes à l’heure où j’écris ces lignes) envoyaient Neymar n’importe où, même à Newcastle. Neymar à Newcastle !!! Et pourquoi pas Maradona à l’OM tant qu’on y est !!! Je voulais qu’on conserve Kalimuendo mais il est aujourd’hui breton. On a signé Etikikititikéké. Pourquoi pas. Je ne veux pas de Rashford. J’attends la fin de ce mercato avec une certaine fébrilité. Il ne faudrait pas tout gâcher, trop ou mal acheter.

J’attends la Coupe du monde avec autant d’impatience que de rancoeur. Va-t-elle nous offrir une année fantastique ou nous précipiter directement en Enfer ? Les jalouses nous prédisent bien sûr le pire. Ils voient nos stars revenir du Mondial rincées, qu’elles aient triomphé ou échoué. Ils prient pour que nous tombions encore en huitièmes. Là encore, j’ai choisi de m’en foutre. Il arrivera ce qu’il arrivera. Je ne veux plus cultiver cette atmosphère de malédiction parisienne. Je veux simplement que mon Club monte au front la tête haute. Et même si nous n’avons terrassé que Nantes, Clermont et Montpellier, j’ai aimé ce que j’ai vu. Et j’en redemande. Parce que je sais que nous en sommes capables. Alors, rêvons. Pas plus grand ni plus haut mais rêvons. La réalité et les oiseaux de mauvais augure gagneront peut-être à la fin. Peut-être. Peut-être aussi que Neymar soulèvera plusieurs coupes cette saison. Allez savoir.

Retour en Vendée. Le jour de mon arrivée dans le 85, une affichette scotchée dans le tabac pas loin de la plage annonce une rencontre amicale entre une équipe du cru et le PSG National 3 pour ce dimanche à 18 heures. 5€ pour les adultes et 3 pour les gosses. Un signe des Dieux ? Jules et moi décidons bien entendu de nous y rendre. L’occasion est trop belle. À l’entrée, on offre un drapeau parisien à mon fiston. L’unique tribune est pleine à craquer. Des maillots parigots, des touristes comme nous et probablement quelques locaux. Mais surtout beaucoup de gens venus pour voir Paris chuter. Pendant 90 minutes, sous une pluie de velours, j’entends des choses extraordinaires. Je vois la haine dans toute sa décomplexion.

Je suis né en province et je n’ignore donc rien du sentiment anti-parisien. Mais là… je livre ici deux remarques entendues pendant la deuxième mi-temps. Un avion publicitaire passe au dessus du stade. Un daron dit alors à son fils : « faudrait qu’il s’écrase sur le PSG »… et, au moment de quitter les lieux, un poivrot agrippe le maillot de mon fils en lui disant : « il est dégueulasse ton truc ». J’attrape donc le sien, presque calmement avant de lui souffler à l’oreille, en souriant : « vire tes sales pattes tout de suite. Tu vois, moi, j’ai une équipe. Toi, tu n’auras qu’une cirrhose, enculé. » j’entends encore ses « Paris on t’encule » au moment où nous quittons le stade champêtre. Nobody likes us and we don’t care. Je ne suis pas devin. Je ne suis pas persuadé que c’est une bonne idée d’avoir remplacé l’un des meilleurs gardiens au monde par un géant fébrile inexpérimenté qui louche. J’ignore si le duo Campos-Galtier réussira là où tant d’autres ont échoué ces derniers années. Je ne sais pas si le CUP va se racheter. Cavani va peut-être signer à Nice. Les affaires reprennent. Alléluia ! PSG4LIFE.


Jérôme Reijasse

Galtier, les promesses de l’aube

La saison dernière s’est terminée en eau de boudin.
Au lieu d’être fêté à sa juste et historique valeur, le dixième titre,
qui fait du PSG l’égal de l ‘ASSE sur la scène nationale,
a été boudé dans les grandes largeurs par un public saoulé de voir son club transformé en pré-maison de retraite pour trentenaires.

Les stars parisiennes, coupables de tous les maux aux yeux du Parc, se sont faites copieusement chambrer et siffler, notamment lors de la réception de Bordeaux. Ramos ? Toujours blessé. Neymar ? Pas assez concerné. Messi ? Largement en-deçà de son réel niveau. Même lors du clasico, les fans se sont faits silencieux. Il faut dire qu’on s’ennuyait ferme à regarder le PSG version Pochettino, à l’image de ce match moisi à Monaco où l’équipe semblait totalement impuissante, démotivée, incapable d’aligner trois passes, complètement à la ramasse. Il fallait que les choses changent du côté du Camp des Loges, et les dirigeants ont pris leurs responsabilités. Exit Leonardo et ses transferts bling-bling. Exit Pochettino et son EHPAD. Place à Galtier et Campos, à plus de raison et de sérieux, et peut-être à l’ère du renouveau.

Il convient de ne pas s’enflammer et de mesure garder, l’équipe n’ayant affronté que Nantes (Dieu qu’elle est moche cette formation, il n’y a guère que Lafont et Blas a sauver) et Clermont, mais le onze parisien a déjà claqué neuf buts en deux matches, et ce sans Mbappé, le sauveur, le messie, le go-to-guy, celui que l’on recherche quand les choses ne tournent pas rond. Avant de s’arrêter sur des considérations d’ordre plus tactique, il faut souligner la pertinence et l’intelligence du recrutement. En attendant Skriniar et Fabian Ruiz (et peut-être Fofana, le Yaya Touré de la Ligue 1, on peut rêver), on a eu droit à Mukiele, une valeur sûre et un couteau suisse de l’arrière garde, à Vitinha, une véritable trouvaille au milieu dont la complicité avec Verratti est déjà manifeste, à Renato Sanches, dont les qualités intrinsèques ne sont plus à démontrer, et à Ekitike, une belle promesse et un pari sur l’avenir qui vaut déjà dix pions par saison avec un club aussi modeste que Reims. Et au revoir aux parasites et autres indésirables Draxler, Kehrer, Kurzawa, Herrera, Wijnaldum, Gueye, Paredes, en attendant que Mauro et Wanda ne fassent leurs valoches.

L’innovation majeure instaurée par Galtier consiste en l’installation d’un 3-5-2, système qui pour l’instant fonctionne à merveille. Le fait d’évoluer à trois derrière présente plusieurs avantages. D’abord il permet de faire une place à Sergio Ramos, s’il est débarrassé une fois pour toutes de ses pépins physiques peu faire figure de taulier derrière aux côtés de Marquinhos et Kimpembe. Ensuite, il permet de tirer le meilleur parti des deux pistons Nuno Mendes et Hakimi, toujours plus à l’aise quand il s’agit de se projeter vers l’avant que dans les tâches défensives. Lors du Trophée des Champions, on a vu Nuno Mendes percuter à répétition sur son flanc gauche et se créer plusieurs situations franches, tandis qu’à Clermont le Marocain volant a déboulé comme un dragster pour planter le deuxième but en contre. Enfin, il a le mérite de laisser beaucoup de latitude aux artistes associés Neymar et Messi, libres de décrocher pour organiser la manœuvre offensive ou de se placer plus haut en position de finissseur.

Alors qu’il se situait essentiellement dans l’axe, le danger vient désormais de partout, et Paris est aussi à l’aise en contre-attaque que sur attaque placée. L’élargissement du jeu et le rôle prépondérant des deux milieux excentrés permet beaucoup de verticalité et de vitesse en contre et de trouver des décalages et des intervalles lorsque l’équipe est en possession de la chique dans le camp adverse. Le potentiel offensif est effrayant et on a hâte de voir Mbappé, joueur d’espaces et de profondeur par excellence, trouver sa place dans le nouveau système. En deux matches officiels, le PSG a déjà montré plus de football que le grand barnum de Pochettino en un an et demi. Messi et Neymar collectionnent déjà les pions et les passes décisives (la saison de l’Argentin sera de bien meilleure facture que la première, à n’en pas douter) et on a rarement vu les compères sud-américains aussi en jambes, virevoltants et décisifs. Galtier semble avoir ressuscité les deux attaquants, et la qualité de l’effectif devrait largement suffire à écarter d’un revers de main la concurrence nationale. Quant aux doux rêves européens, ils semblent à nouveau permis messieurs dames, même si les signatures de barons comme Lewandowski au Barça ou Haaland à City ont de quoi faire peur dans les chaumières.

L’arrivée de Galtier a été accueillie avec beaucoup de scepticisme et d’interrogations (des grands noms, on veut toujours des grands noms à Paris) et on a longtemps voulu croire dans l’option Zidane, fort de son aura d’icône nationale et de ses trois titres continentaux avec le Real. Galtier n’a pas le charisme d’un Ancelotti ni la science tactique d’un Tuchel, mais il a le mérite de franciser le club et de connaître parfaitement le petit monde de la Ligue 1. On oublie un peu vite que sous Laurent Blanc, fort de sa seule expérience bordelaise, le PSG régalait sévèrement avec les Pastore, Motta, Ibra et Cavani (on peut juste lui reprocher ses expérimentations foireuses, comme ce 3-5-2 sorti de nulle part contre City).Il n’y a pas de miracle : c’est en répétant ses gammes semaine après semaine en championnat contre Ajaccio, Brest et Angers que le PSG se préparera au mieux pour les grandes échéances européennes qui l’attendent.

Les choses sont claires depuis le débarquement de l’ancien coach de l’OGCN. A Campos la direction sportive et le recrutement, à Galtier le terrain et l’entraînement. Il n’y aura pas d’interférences entre les deux hommes, contrairement à l’époque Leonardo où la direction sportive venait mettre son pif dans la tambouille à tout bout de champ et ne laissait jamais les mains libres à ses entraîneurs. On a longtemps pensé qu’il suffisait d’aligner de grands joueurs sur la pelouse pour que tout fonctionne, que les stars savaient parfaitement ce qu’elles avaient à faire et qu’en gros le PSG avait plus besoin d’un manager pour gérer le vestiaire que d’un véritable tacticien. Galtier est déjà en train de prouver le contraire. Il sait pertinemment ce qu’il attend de son équipe, les consignes sont claires, le projet de jeu bien établi, et cela se ressent.

Que l’on  s’appelle Verratti, Marquinhos, Neymar ou Messi, que l’on soit bardé de sélections et de titres, on a besoin des conseils de l’homme du banc. Avec Pochettino, les joueurs faisaient plus ou moins ce qu’ils voulaient et le résultat fut plus que décevant. Galtier a sifflé la fin de la récré et remis de l’ordre dans un vestiaire qui commençait à ressembler à un vaste foutoir. Désormais plus de retards tolérés à l’entraînement, plus de portable à table lors des déjeuners collectifs, plus de virées nocturnes interminables et de poker jusqu’à cinq heures du matin. Sans jouer les pères fouettards, Galtier a su instaurer un minimum de rigueur et de discipline dans un groupe qui tendait à profiter un peu trop de la dolce vita parisienne. Comme l’a annoncé Nasser al-Khelaïfi au début de l’été, voici peut-être venu le temps de l’austérité. Mais c’est à ce prix que le supporter parisien moyen renouera avec une notion dont il a été privé depuis trop longtemps : le plaisir.


Denis Ritter

Gana c’est pas gai

Consternant. C’est le mot qui convient le mieux pour définir le choix d’Idrissa Gueye de ne pas porter un maillot floqué aux couleurs arc-en-ciel. Bien que n’étant pas croyant (à part en Safet Sušić, bien sûr, que ton nom soit sanctifié, que ton règne revienne parce qu’on se fait grave chier en ce moment), j’ai beaucoup de respect pour ceux qui croient. Croire en Dieu, Allah, Jah ou au Monstre en spaghetti volant du Pastafarisme est le choix de chacun et il est respectable.
Tant que ça n’interfère pas avec le reste. Tant que ça reste personnel.

La décision d’Idrissa Gana Gueye n’est plus un choix personnel. Ça va bien au-delà. Car en refusant de porter ce maillot, Gana Gueye a dépassé la ligne rouge. Cramoisie, même. Et ce n’est pas une question de religion. C’est d’abord aller à l’encontre des valeurs du football : le respect, la tolérance, la solidarité, le fair-play, la lutte contre le racisme et toutes les formes de discrimination. Ces valeurs sont citées partout sur les sites de la FIFA, de la LFP, de l’UNFP et rappelées régulièrement.

D’ailleurs, qu’importe que ce soit par conviction religieuse ou autre. Gana Gueye, joueur professionnel du Paris Saint-Germain, a refusé de jouer un match de football. C’est une faute professionnelle autant qu’une faute morale.

« Oui mais il a droit de…. blablablablablabla ». Non.

Quand l’ensemble de la Ligue 1 se mobilise pour la Journée mondiale contre l’homophobie, le choix de Gueye n’en est pas un. C’est une provocation, une insulte, un désastre pas seulement pour lui mais pour l’image du PSG et de la Ligue 1, en France et à l’étranger.

À ce point du texte, vous avez le droit de ne pas être d’accord. Tout le monde est libre de ses idées et de ses convictions, religieuses ou non. Mais alors posez-vous une question, une seule : Si demain, un joueur du PSG refuse de jouer avec un maillot contre le racisme, aurez-vous la même réaction ? Si la réponse est non, vous êtes homophobe. Car l’homophobie, ce n’est pas « J’aime pas les pédés, les lesbiennes » etc… L’homophobie commence quand on refuse les mêmes droits à tous dans un pays où sur chaque fronton d’école, de mairie s’affiche une devise simple : Liberté, Égalité, Fraternité.

Liberté pour toutes et tous, liberté d’aimer qui on veut, égalité devant la loi, fraternité quelle que soit la personne avec laquelle tu vis. Il est possible que dans l’effectif actuel du PSG, il y ait des joueurs gays. L’équipe féminine accueille ou a accueilli des joueuses ouvertement lesbiennes. Ça vous gênait ? Personne n’a moufté. Alors pourquoi Gueye aurait-il droit à un blanc-seing ? Réponse : il n’y a pas droit.

Un combat que tout le monde doit mener

La lutte contre l’homophobie est, au même titre que celle contre le racisme, un combat que tout le monde doit mener. Et ce n’est pas une question de lobby LGBT, de wokisme, de choix religieux. Toutes les discriminations doivent être combattues à égalité (racisme, homophobie) et les convictions personnelles des joueurs n’ont pas à interférer en public, sous le feu des projecteurs.

Quand Gana Gueye joue pour un club sous contrat avec Unibet, étrangement, ça ne gêne pas ses convictions musulmanes. Les jeux d’argent seraient haram ? Voyons dans le Coran : « Le qimar est interdit parce qu’Allah le Très Haut, le Transcendant qui décide ce qu’Il veut, l’a prohibé. A ce propos, Il dit :  Ô les croyants! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées (faites gaffe si vous en croisez), les flèches de divination ne sont qu’une abomination, œuvre du Diable. Écartez-vous en afin que vous réussissiez. Le Diable ne veut que jeter parmi vous, à travers le vin et le jeu de hasard, l’inimitié et la haine, et vous détourner d’ invoquer Allah et de la Salâ. Allez- vous donc y mettre fin ? » (Coran, 5 : 90-91). Jeux de hasard, inimitié, haine. Le triplé pour Gana Gueye. Donnez-lui le ballon du match. Ah ben non, il n’a pas joué.

Porter un flocage dans le dos avec des couleurs arc-en-ciel ne serait pas acceptable ? Comme s’il allait subitement se transformer et dandiner du derrière en écoutant Frankie Goes To Hollywood ou Jimmy Somerville en allant s’enjailler au Blue Oyster. Si le fait de porter un flocage particulier le gêne, l’indispose, il n’a plus rien à faire au PSG. Dehors. La Ligue 1, l’UNFP, la FFF, le PSG ne doivent et ne peuvent tolérer sa décision.

Pourquoi ? C’est très simple : si demain, un joueur secrètement fan de Marine Le Pen refuse de jouer avec un maillot contre le racisme, on accepte aussi ? Non. Pas plus, pas moins. Et si demain, un joueur refuse de serrer la main d’une femme, c’est pareil.

Dans cette affaire, le PSG est face à une faute professionnelle que le club doit immédiatement sanctionner. Si le PSG applique la loi française, Gana Gueye doit être tout simplement licencié. Et le PSG doit communiquer le plus vite possible sur cette affaire. Pour l’instant, c’est calme plat, silence assourdissant comme on dit.

L’homophobie n’est pas un avis mais un délit

Que Gueye ne veuille pas faire de pub pour Cochonou ou Heineken (exemples non-contractuels), c’est son droit le plus strict en tant que musulman. Ça, ça relève de son choix personnel, religieux. Mais qu’il refuse de porter un maillot symbolisant la lutte contre la discrimination, que ce soit l’homophobie ou le racisme, ce n’est plus un choix personnel. C’est une honte. C’est un délit. Qui dot être sanctionné durement. Et simplement. Dehors Gana Gueye. Dehors les intolérants. Il n’y a pas de place en 2022 et dans le football pour ce genre de réflexions.

Si le PSG appartient au Qatar, le PSG est un club français. Sur le sol français, sous la loi française et représente Paris, la Ville-Lumière, le Siècle des Lumières, Descartes, Diderot, Voltaire, Rousseau, Montesquieu, l’Humanisme avec un grand H. La France est un pays laïc et quelle chance nous avons. Inch Allah, merci mon Dieu, merci personne. Toute le monde peut pratiquer ou non, une religion, dans le respect des autres.

Dans un état de droit comme la France, l’homophobie n’est pas un avis mais un délit. Répétons-le pour que ça rentre mieux : comme le racisme, l’homophobie est un délit, l’homophobie est un délit, l’homophobie est un délit. Point. Et Gana Gueye ne doit pas, pour son geste, rester impuni.


Safet Sous X

Oh! Champ10ns mon frère !

Dix titres de champion de France. La décimale vient enjoliver
la fin de la première décennie qatarie. Une réussite nationale qui, espérons-le,
n’est qu’une étape historique vers des lendemains sportifs encore plus glorieux.
Mais l’ADN parisien étant ce qu’il est, la performance rime plus
avec divergence qu’avec magnificence.

Certains oseraient presque la consonance avec une affligeante décadence, celle de notre identité bafouée par nos propres dirigeants. Cet important record hexagonal met en relief notre désaccord conjugal. Nous sommes devenus les rois, mais je n’aperçois que de l’effroi et du désarroi. Alors que les célébrations se noient dans la désunion, notre joie se confronte à la désolation. Il est temps de relever la tête, et de faire coalition, afin que, pour tous, Paris Saint-Germain rime de nouveau avec passion et émotions.

Pour certains, plutôt côté tribunes, P.S.G. signifie Partage – Saveur – Gloire. Pour l’exemple, cela pourrait être le partage d’un savoureux dixième titre qui apporte à nos couleurs une gloire certaine. A ces termes, déjà simples et basiques, nous pouvons en ajouter d’autres, tels que fierté, échange, engagement, communion, reconnaissance, solidarité, … . Pour d’autres, le P.S.G. est surtout une marque, axée sur cinq lettres capitales, que nous pourrions définir ainsi : le Pouvoir de l’Argent Ramène Indubitablement le Succès. Chacun choisit son camp, et s’arrange avec sa conscience. Difficile jeu d’équilibriste que de rendre les deux visions compatibles. Le Paris Saint-Germain mérite son dixième titre, il est allé le chercher, cela ne peut être contesté. Mais sa supériorité tient plus aux talents individuels qu’à sa solidité collective. La logique économique, celle qui veut que le plus riche s’en sorte le mieux, réduit fortement l’incertitude. La victoire devient une mécanique glaçante et l’échec une catastrophe industrielle. Ainsi s’explique en partie le désamour du public, et son absence cruel d’enthousiasme.

Ce dixième titre [même si en réalité nous devrions déjà être à ce palier, avec celui non attribué de 1993, mais là est un autre débat], dont l’étoile bientôt posée sur la manche de notre maillot prouvera à jamais tout le travail accompli, assoit notre prégnance sur le football français. Nos détracteurs manifestent alors une objection : Champions de la Ligue, mais pas de la Ligue des Champions. Là réside une autre partie de la frustration, mais aussi de l’incompréhension. Beaucoup de personnes au club, chez les joueurs, ou parmi les consultants et journalistes, pensent que c’est l’unique objet du malaise ambiant. Certes, c’en est une partie indéniable, mais le mal est bien plus profond. Le PSG est assurément le champion de la division. 

© Icon Sport

Un club englouti par son exub-errance. Des dirigeants obnubilés par leur image de marque, et surtout la marque du dollar. Des joueurs enfermés dans leur bulle. Des ultras enchaînés par leur souci de cohérence. Un Parc des Princes rempli de touristes à gogo, fans de « PARIS saint-germain » comme de Disneyland. Et au milieu, la masse des supporters parisiens, tous ceux que le club ne sait ou ne veut pas voir, mais qui sont pourtant sa vraie majorité, certes silencieuse mais bien présente. Tous ces lambda qui vivent et rêvent PSG sans pour autant craquer de fumigènes, mais qui savent parfaitement qui sont Pedro Pauleta et Safet Sušić, pour ne citer qu’eux. Ceux-là méritent bien autre chose que du mépris et de l’indifférence, sans que je ne sache lequel est le pire des deux. Le club et les joueurs ne le savent peut-être pas, mais le CUP n’a pas l’exclusivité de la passion PSG, les américains et les japonais non plus.

Il est temps de remettre le Rouge et Bleu au centre du projet. De redonner une âme populaire et locale à ce club mi-parisien mi-francilien. De le réorienter sur une vision capitale, avant de viser une hégémonie mondiale. La coolitude comme art de vivre est une visée respectable. Imposer le parisian lifestyle partout sur la planète n’a rien de condamnable. Mais se préoccuper d’abord de ses ouailles est la base de toute paroisse recommandable. Le Parc des Princes ne doit pas faire exception. Les responsables du Paris Saint-Germain devraient montrer l’exemple, en construisant ce grand club avec et pour leurs supporters, et non en suivant le seul objectif d’en trouver de nouveaux. Qu’ils ne s’inquiètent pas, la réussite attire toujours les chalands, il n’y a là rien d’antinomique.

J’entends certains de mes amis supporters affirmer que protester pour revendiquer chaque saison un maillot Hechter n’a aucune chance d’aboutir. Qu’il s’agit d’une peine perdue, d’un rêve utopique, d’une croyance basée sur une naïveté confondante. Nos hauts dirigeants, ceux qui détiennent le vrai pouvoir de décision, ainsi que notre tout puissant équipementier américain, n’ont qu’une seule ligne de conduite : les revenus générés par leur marque prévalent à toutes valeurs identitaires et historiques. Ce combat perdu d’avance, qui devrait pourtant n’être qu’une formalité et le premier des acquis, démontre tout le fossé entre les passionnés qui servent le club, et les opportunistes qui s’en servent. Un fossé qui s’est creusé encore davantage après plusieurs mois de séparation, crise du covid oblige, éloignant les corps, éreintant les cœurs, secouant les convictions, renforçant les lassitudes. Le temps post-traumatique n’est plus celui de la patience. La mobilisation rime avec l’abstention et tutoie la radicalisation. En football, comme en démocratie, la tribune est une urne citoyenne. Il ne tient qu’à nous tous de réduire ce fossé, mais n’inversons pas les rôles, c’est à celui qui détient le pouvoir d’en donner l’impulsion.

Pour ma part, je suis irréfutablement naïf et utopique. Mon romantisme jusqu’au-boutiste, que certains qualifient d’extrémisme, me pousse ainsi à envisager toutes les solutions, pour qu’enfin, sans longues palabres et incessantes négociations, notre identité soit préservée, passant obligatoirement par un maillot domicile qui soit toujours un Hechter, et notre maillot extérieur un des autres historiques. Pour y parvenir, voici la plus folle des propositions qui vient de traverser mon esprit : j’invite nos joueurs, Marquinhos, Marco Verratti, Kylian Mbappé en tête, à réfléchir à leurs propos d’après titre, et à essayer de comprendre, au-delà de l’affligeante élimination à Madrid, quelles sont les autres revendications. Ces trois joueurs, que nous jugeons indispensables, qui d’une manière ou d’une autre ont montré leur importance, et pour certains leur amour de notre maillot, ont indéniablement une influence auprès de notre propriétaire. Qu’ils prennent la peine d’écouter et de comprendre, peut-être même de rencontrer leurs supporters, et de dialoguer. Mon esprit perturbé me pousse encore un peu plus loin. Une fulgurance démentielle. Que nos joueurs nous prouvent leur amour de notre blason autrement qu’aux millions qui s’alignent sur leurs rémunérations. J’imagine Marquinhos, notre capitaine, ou Kylian Mbappé, notre prodige, intégrer dans leur actuelle négociation de contrat une clause de respect de l’identité du club et de ses couleurs ! Imaginez la révolution : Marqui et Kyky exigeant de jouer au Parc des Princes avec un maillot Hechter, caler entre la prime de victoire en Ligue des Champions et le nombre de jours de congés à Noël. Allez Capitaine, toi qui annonce vouloir jouer jusqu’à la fin de ta carrière au PSG, si tu fais ça, on te le promet, tu seras notre champion, notre frère Rouge et Bleu pour la vie.

© Icon Sport

Revenons sur terre. L’avenir y sera certainement plus rationnel, ce qui en langage PSG signifie toujours aussi imprévisible qu’aujourd’hui. Le propriétaire exige, le président représente, les dirigeants orientent, les salariés exécutent, les joueurs jouent, les ultras chantent, et les autres supporters achètent. Telle est la normalité. Un club de football est une entreprise, qui en respectant les règles capitalistes, appartient à son actionnaire, celui qui a mis l’argent pour l’acquérir. Il a donc tout le pouvoir pour en faire ce qu’il veut. Je ne peux encore une fois m’empêcher de rêver plus grand, de rêver d’un club qui ne soit pas qu’un jouet parmi d’autres pour son propriétaire. Je propose une toute petite évolution, une flaque d’eau pure et fraîche dans un océan de marketing : pour l’avenir de « notre » club, que nous souhaitons tous radieux, propriétaire, dirigeants, salariés, joueurs, supporters de tout bord, l’heure doit être au dialogue, et au respect de l’institution.

Je ne parle pas du sportif, qui suis-je pour exiger tel directeur sportif, tel entraîneur, tel joueur, tel schéma tactique ou telle composition d’équipe. Je parle du projet extra-sportif. Celui qui dans mon monde fantasmé devrait être un projet commun entre un club, tous ses salariés, et ses supporters. Des dizaines et des centaines de sujets pourraient être abordés, débattus, validés. La démocratie participative à la sauce PSG. A ce sujet, saluons le projet initié par nos amis de France Bleu Paris, mot de code #NotrePSG, qui donne la parole aux supporters et sollicite leurs propositions. Dans un club composé de plus de huit-cent salariés, c’est un comble d’en arriver à de telles initiatives parallèles, mais puisque leur regard n’est pas porté du bon côté, aidons-les à s’orienter. A cet effet, j’attends avec une certaine impatience de lire toutes ces idées, savoir moi aussi à quoi pourrait ressembler notre PSG. Fais-je totalement fausse route, ou mes idéaux sont-ils un tantinet partagés ? Voici quelques pistes succinctes qui ne seraient pas pour me déplaire :

  • Respecter et maintenir les piliers identitaires du club, consolidé par la signature d’une charte de la part de son propriétaire, qu’il adresserait aux supporters. Les bases : les couleurs des maillots domicile et extérieur ; le Parc des Princes (pas de déménagement et pas de naming).
  • Recentrer le projet sur les supporters, entendre par là tous les supporters. Le CUP est certes la seule association ultra, mais il n’a pas l’exhaustivité du supporterisme parisien, et ne peut pas être le seul interlocuteur du club. Je propose ainsi la création d’une entité regroupant tous les supporters parisiens qui le souhaiteraient, et dont des représentants désignés auraient audience régulière avec le club pour débattre des sujets extra-sportifs impactant sa vie, et son avenir. 
  • Cette proximité avec les supporters passe par un véritable service étoffé de référents-supporters, expérimentés des tribunes, et ne dépendant pas directement du service Sécurité. Alors que ce sujet avait été pris au sérieux après l’obligation légale de cette fonction dans l’organigramme du club, et l’instauration de deux référents fins connaisseurs de l’univers des supporters, les événements de cette saison 2021-2022 montrent clairement un changement de cap de la part du club à ce sujet.
  • Développer un vrai programme d’abonnés basé sur la fidélité et l’assiduité. Intégrer des avantages pour remercier les plus assidus, et limiter la revente (même si il est évident que le club bénéficierait ainsi d’une réduction de revenus billetterie, celle des abonnés qui revendent leur place aux touristes, notamment étrangers). Créer des passerelles entre les différentes sections (foot masculin, féminin, handball) et des avantages en billetterie.
  • Dans la ligné du groupement de supporters, créer une entité officielle regroupant tous les anciens joueurs ayant porté le maillot du Paris Saint-Germain, et dont des représentants désignés auraient audience avec le club, dans les mêmes assemblées que les représentants de supporters. 
  • Retirer dans les abonnements le paiement en supplément des quarts et demis de la Ligue des Champions (tout en gardant le tarif initial). Depuis cet ajout, le PSG n’a d’ailleurs jamais dépassé les huitièmes lorsqu’il y avait du public. C’est un signe que les abonnés ne doivent pas être des vaches à lait.
  • Mettre le parisianisme et le francilianisme comme base prioritaire de développement, que ce soit dans le déploiement de la marque et la proximité avec les supporters (des rencontres avec les joueurs). Cette orientation n’empêche en rien l’extension mondiale, mais cette dernière doit être un complément, et non pas l’unique visée stratégique.
  • Profiter du nouveau centre d’entraînement de Poissy pour créer une vraie relation entre les joueurs et les supporters, et non un bunker opaque sans aucun lien extérieur.
  • Intégrer le centre de formation au cœur du projet sportif (incorporer concrètement des jeunes dans l’effectif professionnel en leur donnant du temps de jeu / peser sur les instances pour réformer la législation encadrant les contrats et les transferts des jeunes footballeurs pour éviter le pillage des centres de formation français). Définir un équilibre entre l’intégration de ces jeunes « Titis » et l’ajout de stars étrangères, critère également indissociable de l’ADN du club et base du développement de la marque à l’international.

Ces quelques propositions non exhaustives restent des ébauches à travailler, des pistes de concertation entre supporters et salariés, le tout en préservant un respect mutuel, aujourd’hui très entamé. Alors surtout, n’oublions pas l’essentiel, notre désir commun, et notre credo pour y parvenir : 

Allez Paris ! Champions mon frère !! Ensemble nous sommes invincibles !!!


Benjamin Navet

Peter Pan F.C.

La fin de saison approche à grand pas.
Nombreux sont celles et ceux qui en feront un bilan à charge.
Nous mêmes chez Virage, nous n’avons pas toujours été très tendres
avec notre club de coeur. Et souvent à raison.

Reconnaissons que cette équipe nous a beaucoup déçus. Les promesses de l’aube se sont envolées aussi vite qu’une titularisation de Sergio Ramos, symbole d’un recrutement sur le papier flatteur mais au final oh combien décevant.

Alors oui, nous sommes champions de France. Oui c’est le dixième. Et c’est important. J’espère que le club aura la classe d’ajouter une étoile tricolore au dessus de notre blason, car gagner 10 titres de champion en un peu plus de 50 ans d’existence, C’est quelque-chose. Et ça doit faire plaisir là haut à Guy Crescent, Francis Borelli, Gérard Houllier, Charles Talar, Jean-Pierre Dogliani, Bernard Guignedoux, James et à tous les autres architectes disparus de l’histoire rouge et bleu. Rien que pour eux, merci d’y penser, sérieusement. 

Mais ce titre n’effacera pas les erreurs commises en chemin. Certes rien n’est simple dans le football. Elles le sont encore moins dans le football moderne. On l’a encore constaté samedi soir avec ce match nul poussif dans une ambiance aseptisée. Mais comme dans la vie, les erreurs c’est sensé te faire progresser si tu les acceptes et que tu construits avec. 

Or pour moi le PSG, c’est un enfant qui pour le moment refuse de grandir et d’accepter ses échecs. C’est un club jeune. On le répète à foison et on l’oublie parfois. Il a connu une enfance radieuse jusqu’au milieu des années 90. Puis comme beaucoup est passé dans l’âge bête avant d’atteindre l’adolescence au début des année’s 2010. On est encore en plein dedans. Turbulent, prétentieux, obsédé par son apparence, fuyant la vie d’adulte et ses responsabilités. Le voilà notre club d’ados. Cette saison en est le parfait exemple. 

Qui mieux que Neymar pour symboliser ce syndrome Peter Pan. Un joueur exceptionnel, un enfant roi enfermé dans une tour d’ivoire, coupé du monde par un père omniprésent et cannibale. Il suffit de regarder le documentaire que lui même a produit sur Netlix – à se demander si il ne lance pas son propre SOS – pour comprendre la tristesse de la situation. « Le chaos parfait », le titre a le mérite d’être honnête et objectif. Ney est aujourd’hui un enfant triste, résigné. Mais sincère. Personnellement j’ai du mal à lui en vouloir tellement sa vie est un feuilleton bouffé, voir bouffi par le business et l’image.

Que dire de nos dirigeants. Ils sont pressés, maladroits tout en se donnant les moyens d’être exigeants et impatients. Quitte à oublier certains principes fondamentaux du football. Alors si la progression du club est incroyable et remarquable depuis l’arrivée de QSI, là aussi la marge de manœuvre pour atteindre une certaine maturité est à revoir. La course à la Ligue des Champions les a aveuglé. Ils me font penser à des enfants refusant d’écouter leurs aînés, considérant que le futur c’est eux qui l’écrivent. Que ce qui s’est mis en place avant n’a plus vraiment d’importance. Mais on construit difficilement le futur sans tenir compte du passé. Bleu Blanc Rouge Banc Bleu. Pour commencer. 

Enfin nos ultras. Nos chers Ultras. Lancer une contestation avant le match contre Madrid pourquoi pas. En tant que supporter, je peux comprendre leur position sur certains thèmes qui sont chers à la tifoseria parisienne. Mais refuser de supporter les joueurs, notamment face à Marseille ou le soir du titre, c’est un geste boudeur que je trouve pour le moins exagéré. Surtout dans un stade qui ressemble de plus en plus à un showroom. Oui la saison est décevante, mais je doute, hélas, que ce boycott fasse avancer le débat. C’est se mettre dans une position qui amène à un conflit direct avec le club. Avec des dirigeants qui pourraient être vexés de la situation, ces mêmes dirigeants qui ont accepté le retour de l’ambiance et des ultras dans le Virage. Toutes ces années de lutte pour arriver à une impasse, ce serait d’une certaine façon tuer le père. Et ni vous ni moi ne voulons d’un Parc sans Ultras. Ni QSI d’ailleurs d’après moi. Ce serait la fin d’une cycle, d’une histoire, d’un héritage. Du PSG tout court. 

Chez Virage on est nombreux à être mères ou pères de famille. On connait les affres de la jeunesse car oui, nous fumes jeunes, et nous voyons grandir nos enfants, avec leurs qualités et leurs défauts. Quoiqu’il arrive ce sera toujours l’amour inconditionnel entre eux et nous. On sera toujours là pour eux. Et avec le PSG, j’ose espérer que ce sera de même. Il existe clairement des motifs d’espoir dans l’avenir. Le nouveau centre de formation, plus de confiance accordée aux jeunes du club, un entraineur et un staff qui apporteront un nouveau souffle, des joueurs qui décident de rester pour les bonnes raisons (le football), une direction qui a compris que les batailles du soft power et du marketing sont déjà gagnées et qu’à présent il est temps de se consacrer à l’essentiel : le terrain et le club.

Pour marquer l’histoire, pour un supplément d’âme, pour Paris, pour cette chose impalpable et presque magique qui s’appelle la beauté du sport et l’émotion. 

Pour arrêter de rêver. Pour enfin devenir grands.


Xavier Chevalier