Humeur

Oh! Mon football se meurt

La crise sanitaire mondiale a mis en exergue la fragilité du système économique du football moderne. Les clubs, désormais de véritables entreprises, ne peuvent souffrir d’aucun aléa pour valider leur business plan. Nous parlons là de marque,
cela n’a rien à voir avec de quelconques considérations sportives.
Les résultats sur le pré vert ne peuvent pas et ne doivent plus ébranler l’édifice.
A la trappe la grande incertitude du sport, place au spectacle millimétré.
La Covid, privant ces organismes de la plupart de leurs revenus, a montré que la structure est défaillante. La crise est profonde, elle est endémique.
Le football de papi est bien mort. Place au football show.

A peine le temps de finaliser cet article que l’actualité brûlante a repris la main. Quelques prises de paroles de certains entraîneurs bien en place et d’hommes politiques de premier ordre, des menaces de poursuites juridiques, une réaction populaire vive notamment chez certains fans des clubs concernés et parmi les joueurs des équipes non concernées, celles laissées pour compte, l’absence des mastodontes allemands et du Paris Saint-Germain, tous ces éléments auront suffit à éteindre l’incendie qui s’est propagé depuis dimanche soir dans l’industrie du football moderne. 48 heures et puis s’en va ? On ne peut pas en être sûr. La vigilance sera de mise, ceux ayant allumé les braises œuvreront dans l’ombre pour raviver la flamme de ce qui est, trop vite, devenu un feu de paille. Un constat est partagé par tous : le football va mal, il est temps de le réformer. Des réformettes ne suffiront sûrement pas, c’est une révolution qui est nécessaire. Mettre fin aux complaisances, et changer les maîtres du palais, avant qu’ils ne partent définitivement avec les clés.

D’un côté l’escroquerie. Une compétition sous forme de publicité mensongère, qui s’est travestie il y a vingt-cinq ans afin de donner la part belle aux puissants, entendre par là les plus riches du continent, tout en faisant croire aux autres que le partage du gain et l’espoir du Graal était possible. Une prouesse marketing qui met le caviar à la bouche mais ne laisse au commun des clubs que des miettes d’œufs de lump, et encore, uniquement pour ceux pouvant s’inviter à la table. Les autres, depuis le caniveau, doivent les regarder se goinfrer, tout en étant obligés de profiter du spectacle, cette fameuse Coupe d’Europe aux grandes oreilles mais dont les rubans ne changent que rarement de couleurs.

La « Ligue des Champions » : entourloupe nominative qui vend l’inverse de son contenu sans que personne n’y trouve rien à redire. 1996 – 1997, la saison où tout a basculé. L’AJ Auxerre est l’unique représentant français. Le Borussia Dortmund en est le vainqueur, lui aussi le seul club de son pays. Tout cela est normal, ils sont les Champions de France et d’Allemagne en titre. En Espagne, c’est l’Atletico Madrid qui est présent, en Angleterre, Manchester United. En Italie, le champion 96 Milan AC est accompagné de la Juventus de Turin, invité car Champion d’Europe la saison précédente. Une vraie Ligue des Champions, dans le texte, et dans les participants. La saison 1997-1998 est tout autre. Quelques vice-champions sont invités à la fête. Puis en 1999, c’est la débandade, place au troisième et au quatrième des championnats majeurs à l’indice UEFA, au détriment des petits champions, ceux des territoires où les droits-télé ne rapportent pas assez. Pour eux, c’est « circulez, il n’y a plus rien à voir », à part les préliminaires en juillet-août, quand les téléspectateurs sont à la plage.

Pour quantifier l’impact, je me suis penché quelques instants sur les stats. Un bref aperçu. Sur les 23 saisons précédent l’édition 1996-1997 inclue, 15 clubs ont remporté la compétition, sur 8 pays différents. Depuis 1997, il n’y a plus que 9 vainqueurs pour seulement 5 pays, dont une seule victoire pour le Portugal, il y a déjà bien longtemps. En scrutant les 12 clubs dissidents voulant créer leur Super-Ligue, seuls 4 avaient remporté le trophée dans les 23 saisons avant 1997, depuis ils sont 7 sur les 9 vainqueurs. Je pousse plus loin mon argumentation sur l’arnaque en bande organisée qu’est la « Ligue des Champions » ainsi dénommée. Depuis 1997, seulement 10 vainqueurs sur les 23 sont les champions en titre dans leur pays. Depuis 2000, 5 des 21 vainqueurs ont même fini troisième ou quatrième de leur précédent championnat. Parmi les sept clubs imposteurs ayant remporté les 13 trophées non mérités, sans surprise, 6 font partie des dissidents de la Super-Ligue. Une mention spéciale au Real Madrid qui l’a remporté ainsi à 4 reprises. A noter que ce fameux « plus grand club du monde », vainqueurs de 6 C1 depuis 1998, n’en avait remporté aucune lors des 23 saisons précédentes, ses 6 premières victoires remontant à la période 1956-1966. Enfin, pour conclure sur ces stats éclairantes, il est opportun de préciser que 4 des 12 dissidents n’ont jamais gagné la moindre C1, et la dernière de la Juventus de Turin date de l’ancien régime, en 1996. On comprend ainsi mieux pourquoi Andrea Agnelli est l’un des principaux leaders de la fronde. Se pose tout de même la question de la légitimité de ces révoltés du système ? Mis à part leur entregent, je ne vois aucune autre raison valable.

Pourtant, l’UEFA se met en quatre pour satisfaire la moindre de leurs exigences. Au point de présenter une énième refonte de cette C1, quitte à pondre une réforme indigente, du grand n’importe quoi. Encore plus d’équipes au départ, mais toujours en gardant le nom de « Ligue des Champions ». Le ridicule ne tue pas. Fini en revanche les groupes de 4 équipes s’affrontant en aller-retour, place à des chapeaux de 9 qui ne se joueront qu’une seule fois, soit à domicile soit à l’extérieur, sans vraiment qu’on sache sur quel critère le sens de ces rencontres sera décidé. Ce format avait été adopté pour la Ligue Europa en 2004 (auparavant il s’agissait uniquement de tour à élimination directe), il avait vite été arrêté après cinq saisons, pour passer à des groupes en nombre pair et en match aller-retour. Il devait certainement y avoir une raison à cette volteface. La nouvelle formule présentée par l’UEFA ce lundi 19 avril 2021 n’a aucune cohérence, si ce n’est encore plus de matches (17 ou 19 matches pour le vainqueur contre 13 aujourd’hui), pour encore plus de droits-télé. Le leitmotiv est toujours le même : plus de matches, plus de pognon, le reste n’est qu’accessoire. La raison est évidente, aller encore et toujours dans le sens des puissants, tout en laissant de côté l’équité et la beauté du football. Avec cette réforme, on connait déjà l’issue : à quelques exceptions près, les vainqueurs seront les mêmes que ces vingt dernières saisons. En ce sens, la fuite des douze traitres est une surprise. Mais est-elle si illogique ? N’est-ce pas là qu’un juste retour de bâton pour l’UEFA ? A trop vouloir donner aux riches, ils finissent par se lasser. Certes ils remportent toutes les éditions et les millions qui vont avec. Mais pour leur appétit insatiable, et leurs coffres-forts démesurés, ces millions ne sont pas assez. Leur constat est aussi simple qu’impitoyable : pourquoi partager le butin en 36 équipes quand on peut le diviser par 15, qui plus est en étant sûr de participer chaque saison au détriment de toute logique sportive ?

De l’autre côté, donc, l’hérésie. Ces clubs gloutons qui ont gagné 19 des 23 dernières C1 depuis 1998, mais qui pour des raisons sportives évidentes ne sont pas certains de la jouer tous les ans, même avec quatre ou cinq clubs qualifiés pour chacun de leur pays. Ces clubs ne veulent plus jouer au football, ils veulent le maîtriser. Leurs enjeux ne sont plus la quête du trophée, le surpassement physique, la réussite d’une équipe, la beauté du geste décisif, non leur unique dessein est la détention absolue et la répartition assurée des revenus engendrés, et en premier lieu de ces fameux droits télévisés. Pourquoi partager avec les pauvres quand on peut se débrouiller sans eux ? Instinct naturel, la peur des riches qui ne voulant rien partager s’enferment derrière les barreaux dorés de leurs résidences privées ultrasécurisés où chacun y a sa villa, gardes armés à l’entrée, et qui pour se donner bonne conscience participent en grandes pompes à différentes opérations caritatives, tout philanthropes qu’ils sont. Preuve qu’ils n’ont rien contre les liens sociaux et le partage, ils acceptent une fois l’an d’inviter dans leur demeure gigantesque quelques quidams triés sur le volet pour leur offrir un cocktail le temps d’un week-end faussement décontracté avec vue sur la piscine à débordement. Attention, ne vient pas qui veut, le carton de cooptation est obligatoire, et il faut montrer patte blanche à l’entrée, sinon le chien de garde ne vous laisse pas pénétrer dans la propriété. Votre passeport est à laisser à l’arrivée, il vous sera restitué lorsque vous serez raccompagnés à la fin de votre séjour à la durée limitée. Il ne faudrait pas que l’invité ait envie de rester trop longtemps …

Sur le bas-côté de cette guéguerre fratricide entre puissants, l’UEFA d’un côté, dissidents de l’autres, on ne compte plus les victimes collatérales : tous les clubs en dehors du Top 20 des riches dominants, les supporters, le football en tant que jeu populaire. Cela en fait du monde dont on se soucie peu, ou pas du tout. Les créateurs de la Super-Ligue ont sorti l’argument : les jeunes générations (entendre par là les moins de 30 ans) se désintéressent du football. Ils ne sont plus des fans fidèles comme leurs ainés, mais des suiveurs versatiles, adeptes uniquement de spectacle et de contenus consommables, cette recherche constante de l’instantané. Mais où est la preuve qu’un championnat entre gros clubs, banalisant ainsi l’exceptionnel pour le rendre hebdomadaire et récurrent, donc souvent insignifiant [c’est inéluctable] ne satisfasse davantage ces jeunes consommateurs ? Et si ces jeunes amateurs peinent à suivre les plus grandes compétitions, qu’en sera-t-il des joutes nationales une fois que la Super-Ligue sera créée ? Attention à ceux qui se vendent altruistes, la générosité trop pleinement affichée cache bien souvent des intentions inverses.

Et le Paris St-Germain dans tout ça ? Notre club de cœur a choisi le camp de l’UEFA, sans se prononcer officiellement sur la manœuvre des frondeurs. Faut dire que la position de nos dirigeants qataris est des plus délicates. Comment défendre ouvertement la Super-Ligue sans se mettre l’UEFA et la maison-mère FIFA à dos. A moins de vingt mois de leur Coupe du Monde, cela serait très malvenu. L’Emirat ne peut pas se permettre de froisser celui qui lui a tant donné, avant même que l’offrande soit totalement aboutie. Le timing paraissait d’ailleurs tout aussi complexe vis-à-vis des prolongations que nous attendons impatiemment, les renouvellements de contrats de Neymar et de Mbappé. L’appel de la Super-Ligue n’aurait-elle pas engendrer un appel d’air dévastateur dans le marché des transferts ? Le Paris Saint-Germain est dans une situation tout aussi ambitieuse qu’inconfortable. Il peut se positionner comme un des leaders du monde d’après, surtout maintenant que la Super-Ligue a capoté, ou au contraire se retrouver contraint le moment venu de rejoindre le clan des super-puissances si elles parvenaient à leurs fins, demain ou après-demain. Depuis leur reprise du club, la stratégie des dirigeants parisiens est une expansion planétaire, l’objectif affiché étant de pérenniser la marque dans le Top 10 du sport mondial. Leur déploiement commerciale et marketing aurait du mal à survivre si cette Super-Ligue voyait le jour sans le PSG. Adieu la vente des maillots third et fourth sur les territoires chinois et américains. Dans cette optique-là, il paraîtrait impossible pour le Paris Saint-Germain qatari de ne pas faire partie de cette compétition. Dans l’hypothèse qu’un tel projet repointe le bout de son nez, le Président Al-Khelaïfi ne pourra pas écarter bien longtemps leurs appels du pied. L’attitude parisienne est en apparence positive aujourd’hui, mais quelle aurait été l’issue si la compétition avait été créé ? Nasser a œuvré en coulisse pour concilier les uns et les autres. Il en allait aussi de la survie de son projet parisien. Il a brillamment remporté cette bataille. Soutenons-le sans faille pour que cela reste ainsi. Dans les quatre demi-finalistes restants, le Paris SG est le seul qui a respecté cette compétition, lui promettant fidélité. Espérons qu’elle le lui rende bien …

Je me pose alors cette question pour l’avenir : deux footballs en parallèle sont-ils possibles ? Des clubs franchisés à l’américaine, sans risque ni intérêt sportif autre que le spectacle instantané, engagés dans une compétition répétitive d’une saison à l’autre, versus un football nourri aux enjeux sportifs, avec les risques engendrés, et cette incertitude mère des plus grandes émotions, de celles qui sont non feintes, non calculées, faites de rencontres sans cesse renouvelées, sportives bien sûr, mais surtout humaines, différentes d’une saison à l’autre ? Ceux qui vivent le football sur leur canapé ne côtoient rien d’autre que leur télécommande ou le clavier de leur téléphone, mais ceux qui supportent leur équipe au stade, qui se déplacent aux quatre coins de leur pays et de l’Europe pour la suivre en déplacement, ceux-là peuvent vous raconter des dizaines et des centaines d’histoires de rencontres, d’échanges, d’humanité. La Super-Ligue serait effectivement celle de son temps, de l’interactif et du jetable, mais est-ce le modèle que nous souhaitons transmettre aux jeunes générations ? Suivre les tendances permet de devenir plus riche, mais créer un avenir humainement plus positif n’est-il pas une destinée certes plus ambitieuse, mais aussi plus méritante ?

Le concept de la Super-Ligue s’affiche sur le modèle du sport-américain, des franchises surpuissantes, avec les meilleurs joueurs, un spectacle soi-disant permanent. Deux remarques : avez-vous déjà essayé d’acheter un billet pour un match de NBA ? Les tarifs sont exorbitants, à la hauteur du show vendu. Fini les petites bourses dans les gradins. Certes c’est déjà le cas en Angleterre, ou dans les plus grands stades européens, mais croyez-vous que les tarifs vont baisser avec des matches de Super-Ligue. Une ligue fermée de clubs riches, pour un public de gens riches. Un spectacle permanent ? Je ne suis pas avec assiduité ces championnats américains, mais le vrai spectacle ne commence-t-il pas lors des play-offs de fin de saison, lorsque l’élimination directe est en jeu ? Le reste de la saison n’est-elle pas une continuité de match qui pour la plupart ronronnent ? Certes c’est déjà le cas de nos compétitions européennes actuelles, mais en quoi la Super-Ligue serait-elle différente ?

Je n’ai pas la réponse, savoir si l’existence de ces deux footballs côte à côte peut être viable. L’échec [à priori] du projet Super-Ligue, qui n’aura duré que deux jours, est un premier élément de réponse. Il n’apporte toutefois aucune garantie pour un avenir meilleur. J’ai bien une autre solution à proposer. Adieu la Super-Ligue, et réinventons le football continental européen. Soyons fous, imaginons un football universel, équitable, juste et populaire. Je n’ai pas peur des gros mots. Soyons naïfs et utopiques, imaginons une Ligue des Champions qui réunisse uniquement les clubs champions, un seul par pays. Revenons vingt-cinq ans en arrière, mais pour construire un futur commun. L’élite n’est pas un dû, cela se mérite. D’une part, je suggère donc une vraie refonte des compétitions, pas un simulacre de nouvelle formule tout aussi aliénée. Accompagnée d’une modification en profondeur des règles [notamment l’arrêt des protections nationales lors des tirages à élimination directe] et l’instauration d’une véritable parité fiscale. Chaque club européen participant à une compétition continentale doit disposer des mêmes contraintes de fiscalité, et des mêmes instances de contrôles. La mise en place d’une DNCG européenne, et l’homogénéisation des impositions sur les salaires, ainsi qu’un salary cap et une régulation du marché des transferts, semblent être [entre autres] des mesures équitables indispensables, d’une part à l’équité sportive, et d’autre part à la bonne santé financières des clubs.

Concernant les compétitions, je propose de remettre en place trois épreuves distinctes, une C1 qualifiant les clubs champions, une C2 pour les vainqueurs de la coupe nationale [en réintégrant donc la Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe], et une C3 pour les places d’honneur en championnat. L’UEFA reconnait 54 associations membres, représentant chacun un pays, cela fait donc 54 clubs qualifiés en C1 et en C2. Bien sûr il faut réfléchir à des étapes pour les différents tours dans chacune des compétitions, et peut-être des regroupements par niveau comme c’est le cas pour la Ligue des Nations, mais il est important que l’ensemble des territoires européens puissent être représentés de façon juste et équitable. Pour augmenter le nombre de matches et créer des enjeux entre puissants chers à nos télévisions et à nos clubs riches, nous pourrions imaginer des compétitions avec « consolantes », ou certains éliminés seraient repêchés et continueraient dans une compétition parallèle. C’est le cas aujourd’hui lorsque les 3èmes des groupes de C1 sont repêchés en C3. En revanche il n’est pas juste que ces repêchés de la C1 soient propulsés en C3, il faudrait garder la poursuite des repêchages dans la compétition d’origine. Enfin, cerise sur le gâteau, chaque saison pourrait se terminer par une Super Coupe d’Europe, réunissant dans une compétition du style Final 8 les 8 meilleurs équipes européennes de la saison, toutes Coupes d’Europe confondues [les victorieux des repêchages pourraient être qualifié pour cette compétition, afin de les stimuler par une carotte sportive]. Certes, avec mes formules ainsi proposées, aucun club ne serait sûr d’y participer, la qualification initiale devant ponctuer une saison nationale réussie. Mais ma formule répondrait à un critère humaniste et égalitaire, qui devrait être universel : le mérite.

Il n’est pas étonnant de constater que cette Super-Ligue a été proposée par des clubs puissants mais en grand danger sportif. La Juventus de Turin, actuelle 4ème de son championnat, est encore loin d’être qualifiée pour la prochaine Ligue des Champions. En Espagne, le Real de Madrid et le Barça ont connu une saison délicate, même s’ils finiront par se qualifier facilement pour la prochaine Ligue des Champions. En Angleterre, les six dissidents ne peuvent bien sûr pas prétendre tous aux quatre ou cinq places allouées, d’autant que des troublions comme Leicester, West-Ham ou Everton voudraient aussi avoir le droit de rêver. Mais le rêve est une vision utopique de la vie que les riches ne peuvent se permettre. 

Une fois entrées sur le terrain, toutes les équipes de football sont égales. Mais certaines sont plus égales que d’autres. Il ne tient qu’à l’UEFA et aux soi-disant grands clubs de rendre le jeu football plus égalitaire, et à la disposition de tous. La grandeur ne se compte pas en nombre de trophées.

#NoToEuropeanSuperLeague, ni aujourd’hui, ni demain. 

#SuperLeagueOut.


Benjamin Navet

Colin Dagba Virage PSG

La recette du Colin

Alors ? Veux-tu la connaître, la recette secrète ? Cette formule magique après laquelle court toute l’Europe du football : la recette pour gagner la Ligue des Champions… Attends, ne pars pas ! Je sais qu’on te l’a déjà proposée mille fois. Et je sais que mille autres fois, on t’a démontré par a + b au carré qu’elle n’existait pas. Qu’il ne pouvait y avoir de méthode infaillible pour soulever la coupe aux grandes oreilles.

Pourtant… Pourtant si tu es là, c’est bien qu’au fond de toi, une petite lumière brille.
La curiosité peut-être ? Avoue : tu aimerais savoir. Tu y crois. Et tu as attendu si longtemps. Traversé tant d’épreuves. Alors je vais te la donner. Point par point. Écoute… J’espère que tu es bien assis car crois-moi,
le 8ème ingrédient va te surprendre.

Inutile de se voiler la face, le premier ingrédient pour gagner la Ligue des Champions est connu de tous : il faut avoir de l’argent. Beaucoup. Énormément. Des gazodollars, des dettes épongées par le roi d’Espagne, des investisseurs Américains ou des mafieux Russes, la provenance n’a aucun intérêt. Ce qui importe dans tout ça, c’est que ce monceau de fric, eh bien il ne suffit pas. Ce serait trop facile !

Non, pour gagner la Champions’, il faut d’autres éléments, beaucoup d’autres éléments. Déjà, pour continuer, on a besoin d’une belle louche de chance. Du type l’attaquant adverse se blesse au genou après un match avec sa sélection nationale. Ou à la cheville en demi-finale de Cup. Ou les deux. Les deux c’est bien.

Ensuite, il faut du talent sur le terrain. À tous les postes ! Un gardien touché par la grâce, on valide. Un défenseur qui ne tacle pas avec le front aussi. Un meneur de jeu Brésilien qui lance ses attaquants avec des passes venues d’outre-espace, provoque des fautes, et marque des buts, faut prendre. Après, le buteur qui avec une demi-occasion arrive à te mettre deux buts, ça, c’est bonus… Mais attention : ça ne suffit pas non plus.

Il te faut rajouter une réputation auprès des arbitres. Indispensable ! Pas le genre de réputation qu’on enterre dans le jardin du juge de ligne, un truc plus subtile. Du genre qui fait que l’homme en noir n’hésitera pas à siffler le penalty pour toi. La toute petite voix qui lui trotte dans la tête quand ton attaquant tombe dans la surface… « Allez, le contact est pas flagrant flagrant mais après tout, si tu siffles, qui t’en voudra ? C’est normal qu’ils gagnent non ? Allez, ils sont connus, ça ira. Tous les ans ils vont loin en Ligue des Champions ces joueurs-là : siffle donc. Alors que si tu les voles, si tu te trompes en leur défaveur, zou, direction la soucoupe d’Europe en arbitrage vidéo. À toi les soirées dans un camion garé sur un parking moldave avec Aytekin à tes côtés. Et tu sais ce que mange Aytekin : t’as vraiment envie d’être enfermé deux heures en milieu clos avec lui ? ».

Alors faisons le bilan : pour la recette secrète qui fait gagner la LDC prévoyez du fric, de la chance, du talent, une jolie réputation. Rajoutez un bon entraîneur, qui évite les 3-5-2 impromptus jamais bossés à l’entraînement. En temps normal je vous aurais dit de prévoir un putain de public, mais vue l’actualité, passons… Et le huitième ingrédient. Celui qui fait la diff’.

Pour gagner la compétition reine, il vous faut un Colin Dagba.

Oh, vous pouvez sourire. Vous pouvez vous énerver. Me traiter de vieux fou. Vous pouvez fermer cette page, tout éteindre, hurler à l’arnaque. Trop tard… Vous l’avez lu. Et vous allez y réfléchir. Et vous allez l’admettre. Pas de Colin, pas de LDC.

Colin Dagba ? Mais il a pris le bouillon comme personne à Munich ! En plus il n’est jamais titulaire, c’est le remplaçant qu’on n’utilise que si Florenzi a la Covid du genou. Le petit jeune un peu limite limite, pourquoi ce mec serait-il indispensable ?

Mais parce que Dagba fait la différence. Vous avez vu le match aller contre le Bayern, comme Kingsley Coman l’a mis au supplice ? Vous avez vu le match retour. Le PSG a été dominé, mais le jeu ne penchait plus du côté de Dagba. Pourquoi ? Parce que Dagba s’est relevé. Parce qu’il a collé aux basques de l’ailier Bavarois tout le long du match. Parce que Pochettino a expliqué que Dagba avait bossé les vidéos de l’aller, écouté les conseils, et appliqué les méthodes. Parce que le travail, ça paye. Parce que la volonté, ça change tout. Parce que l’humilité, ça inspire.

Bien sûr qu’ils ne vous le diront jamais, les Di Maria, Neymar et autres Mbappé, mais quand tu as derrière toi un petit jeune qui se dépouille sur le terrain, qui ferme sa gueule, qui fait des heures de vidéo après les entraînements, qui fournit le maximum d’efforts, alors même si tu es une star, tu ne peux plus te donner à moitié.

Oui ce n’est pas le joueur le plus à l’aise. Non, il n’est pas titulaire au poste de latéral droit. Mais si tu le mets sur le terrain, il ne trichera pas. Et des jeunes comme ça, qui n’ont pas écouté les promesses des agents qui leur proposaient des contrats à Leverkusen, des mecs qui soignent plus leur pressing que leur compte Instagram, des joueurs qui savent qu’ils ont encore à apprendre, qui malgré un adversaire qui leur a fait mal repartent au charbon, la semaine d’après, contre le même mec, et qui n’abandonnent jamais, ce sont eux qui font la différence.

Personne ne remporte la Ligue des Champions avec son équipe type. C’est impossible. Tu as toujours un joueur blessé, un suspendu, ou un malade. Et c’est là qu’intervient l’ingrédient mystère. Si derrière ton titulaire tu as un gars qui fait le beau, qui exige de jouer à tel ou tel poste et pas ailleurs, qui te pourrit des semaines à négocier des prolongations de contrat de merde alors qu’il a déjà donné son accord à l’étranger, quel que soit son talent tu ne t’en sors pas. Si tu as Dagba, en revanche, on peut discuter. Parce que le gamin, avec sa tête de gentil, sa voix flûtée et ses yeux de biche, il a montré au vestiaire que s’il fallait aller à la guerre, il irait. Sans état d’âme, et quoi qu’il en coûte. Le gars mouillera le maillot, il fera honneur. Il l’a prouvé. Et ça, dans un groupe, ça change tout.

La voila, la recette miracle. Là et dans mille autre détails. Mais une chose est sûre : si tu veux aller au bout, il te faut un Dagba. Asi se gaña la Champions.


Arno P-E

La victoire ou la mort

Ça y est. On y est. Au pied du mur. Ce n’est jamais très bon en Allemagne.
Disons le franchement, l’optimisme n’est pas de mise. Outre les forfaits, les présents semblent également absents. Absents, comme notre équipe samedi dernier à 17h00.


Pourtant le soleil éclairait d’une lumière printanière cette pelouse bénie du Parc des Princes. Idéal pour mettre à distance et dompter les dogues. Ce sera plutôt un beau jour pour mourir… et enterrer nos espoirs de sacre. Le fantôme de Mbappé a bien eu une occasion mais l’ancien parisien Maignan sort l’arrêt qu’il faut. On peut ajouter trois ersatz d’occasions du revenant Neymar, avant que ses démons ne nous le fassent de nouveau disparaitre pour au minimum le prochain match. Dans la famille des fantômes Kean était bien présent. Si j’ose dire.

Un milieu qui sans son petit hibou a été comme d’habitude transparent. Autre habitude,     la faiblesse chronique de nos latéraux. Et voilà comment on perd sans combattre, un titre de champion. Et donc, c’est cette équipe qui s’en va défier ce soir,  la fleur au fusil, la meilleure équipe du monde ?  Restons alors dans le paranormal et usons et abusons du fameux « tout est possible dans le football ». Ressuscitons l’esprit de 1995, celui qui a vu Francis Llacer faire le match de sa vie et Mister George faire un slalom suivi du nettoyage de lucarne de Kahn, pour un but rentré depuis dans la légende.  Comme je l’écrivais ici même il n’y a pas longtemps, l’équipe du PSG cette année c’est Docteur Jeckyl et Mister Hyde. Alors… Pourquoi pas.

Pourquoi Kean ne retrouverait il pas sa combativité et son efficacité ? Pourquoi Neymar ne pourrait il pas être le héros qu’il rêve d’être ? Pourquoi Mbappé ne ferait il pas le même match qu’au Camp Nou ? Et pourquoi ne verrait-on pas le meilleur Di Maria ? Bien-sur, au milieu à moins que Pochettino nous montre enfin qu’il est un grand entraineur, je ne vois pas de manière rationnelle comment nous pourrions rivaliser… Derrière prions pour que nos latéraux soient touchés par la grâce, que Kimpembé ne nous sorte pas sa boulette habituelle lors des grand matchs, que Marquinhos soit Thiago Silvesque  et que Navas soit Navas.

Cela fait beaucoup. Ressortons alors la formule utilisée lors de grandes batailles et popularisée lors de la révolution française : « La liberté ou la mort » proclamait-on alors il y a 150 ans sur les barricades de la commune de Paris. Une cause qui semblait elle aussi perdue d’avance. Les Prussiens étaient alors aux portes de Paris. Ce soir c’est Paris qui sera en Allemagne. Il n’est plus question de liberté, mais de victoire, pour ne pas devoir mettre déjà une épitaphe sur la saison 2020/2021 du PSG. Ce soir, il faudra être prêt au combat. Ce soir, ce sera la victoire ou la mort.


J.J. Buteau
Munich ta mère virage psg

Munich ta mère

Le 6 mars 2018, je publiais un papier dans Virage qui s’intitulait ICI C’EST PARIS*.
Ce papier optimiste, je l’avais écrit au petit matin
sur une plage de Naples en Floride, juste avant de rentrer de vacances.
DJ SNAKE prenait le même avion que moi direction la Capitale.
Quelques heures plus tard, on avait rendez-vous tous les deux au même endroit, Porte d’Auteuil, à 21H00.

Le PSG disputait un 8ème de finale retour face au Real de Madrid de Cristiano Ronaldo. Le Club avait lancé une grande campagne « ENSEMBLE ON VA LE FAIRE ». On s’était monté le bourrichon comme des grands, les Ultras avaient déployé un immense tifo en forme de Coupe d’Europe. On y croyait. Arrogance parisienne.
Résultat des courses : Une défaite 2-1 sans appel.
Et la Une dédaigneuse de MARCA, quotidien sportif pro Madrid, qui titrait « Pour qu’ils apprennent ».
Alors où en sommes-nous 3 ans plus tard ? Avons nous appris ?

Du 11 titulaire en 2018, il ne reste que 4 joueurs aujourd’hui dans l’effectif. Mbappé, Di Maria, Marquinhos et Verratti, qui prit son traditionnel carton rouge face aux Merengue. Neymar était déjà blessé. 4 sur 11 en 3 ans. Et malgré les mouvements au fil des mercatos successifs, on n’a toujours pas de certitude en 2021. Stabilité quasi nulle. Sans parler de la valse des entraîneurs. Exit Emery et Tuchel, bienvenu Pochettino… et bonne chance.

Certes on a été en finale du Final 8 l’année dernière. Mise à part cette compétition sous cloche anti-covid, force est de constater que nous n’arrivons pas à construire un projet solide. Les résultats en championnat en témoignent : nous reculons plus que nous n’avançons. On est embourbé avec les contrats mirobolants de Neymar et Mbappé sans garantie qu’ils restent à Paris en fin de saison. Ambiance. Et je vous ferai grâce de certaines recrues onéreuses au rendement peu satisfaisant.

Parfois on a un peu l’impression que notre club sert de tête de gondole pour vendre de la fripe en Asie et des hameçons pour pêcher la truite en Ardèche. De ce côté-là ça fonctionne plutôt pas mal parait-il. Et loin de moi l’idée de penser que tout ceci est futile. Paris montre la voie d’un marketing efficace, qui colle à son époque et qui voit large. Mais sur le sportif, la stratégie parisienne ne s’est pas imposée comme un modèle à suivre. Certes Paris a toujours été un club de riches avec des stars, et ça depuis sa naissance. Mais lors des « belles années » ces stars étaient souvent entourées d’hommes de devoir ou très attachés au club. Des Pilorget, Lemoult, Fernandez, Kombouaré, Guerin, Fournier, Bravo, Rabésandratana, Llacer, Ducrocq, Mendy, Makélélé… J’aime quand Keylor Navas déclare dans la presse que Paris est un club familial et que ça lui plait. OK familial mais il faudrait voir à ce que ça ne devienne pas non plus un centre de loisirs Pierre et Vacances.

Autre chose, il y a 3 ans nos tribunes étaient pleines à craquer. Aujourd’hui elles sont immensément vides. Et personne ne sait quand le peuple parisien pourra regagner son jardin. Alors imaginez cette équipe en souffrance collective sans personne pour les pousser derrière. Sans ce fameux 12ème homme (terme un peu phallocrate n’est il pas ?). Sans ce supplément d’âme.

J’espère que l’inauguration du nouveau centre d’entrainement à Poissy en 2022 ouvrira de nouvelles perspectives et fera encore grandir notre club. Qu’il permettra également aux jeunes de l’île de France de se sentir impliqués dans ce projet, dans ce club, dans cette histoire folle qui dure depuis 50 ans. Que l’on construise enfin sur des bases durables et pas sur des coups. Car pour le moment, nous n’avons pas appris de nos erreurs. Nous restons ce club bling bling et agaçant. 10 ans que QSI est au pouvoir. Cette décennie a été marquée par le seau du progrès à tout prix. A une vitesse effrénée. Forcément ça ne va pas sans casser des oeufs et oublier certains principes de base. Comme nos dirigeants, nos joueurs sont pressés. Un peu trop. Comme des gosses. Personne ne semble être en mesure de leur taper sur les doigts. Ils sont capables du pire et du meilleur.

Peut être que ce soir ce sera pour le meilleur. Mais je n’attends plus rien de ce match contre le Bayern. Juste un peu de plaisir juvénile si on arrive à rivaliser avec l’ogre teuton quelques minutes. Je ne suis même pas habité d’un esprit revanchard par rapport à l’été dernier. On n’en est même plus là. Le # pour défendre Thilo Kherer lancé hier est un acte mignon tout au plus, ce n’est pas ça qui lui fera mettre un triplé comme Layvin Kurzawa, surtout contre Manuel Neuer. Non, je veux juste que nos joueurs respectent le football et leur club, supporters compris.  Comme toujours nous serons bien-sur derrière eux, car nous sommes aussi de grands enfants qui ont du mal à retenir les leçons du passé. Amnésie nécessaire quand on est supporter du PSG.

Alors c’est clair, Munich ta mère. Sur les côtés comme par derrière.


Xavier Chevalier
le dernier roi virage PSG

Le dernier Roi

L’équipe du soir le pense et le dit en direct : Le PSG est possiblement plus fort
sans Neymar. Neymar super sub en somme. Notre Solskjær. Un boulet presque.
Les lecteurs de Libé parleraient de problème de riches.
Avant de dénoncer les milliers d’ouvriers morts sur les chantiers des stades qataris…

Moi, je sais que Paris a joué certains de ses plus beaux matchs sans lui. Que le Brésilien est trop souvent blessé et donc absent. Qu’il coûte finalement très cher pour ce qu’il donne concrètement. Rapport qualité/prix très déficitaire. Neymar est une fraude, un échec, une erreur d’aiguillage, une catastrophe industrielle. Une déception. C’est un traître Neymar. Il a voulu nous quitter. Il n’a jamais aimé Paris. Méchant mercenaire ! Casse-toi! Certains supporters parisiens n’en sont encore que là… Des supplétifs de l’Équipe du soir.

Le football, c’est Neymar, Neymar, c’est le football. Il n’y a pas de débat possible. Neymar est une dictature totale, qui préfère la liberté à la loi. Le plaisir au CV parfait. Les Parisiens qui haïssent Neymar sont des amoureuses déçues. Ou des petites épicières. Qu’elles sèchent leurs larmes et rangent leur caisse enregistreuse. Un jour, loin, loin, quand notre présent sera cette chose vaporeuse, mêlée, presque indicible, TOUS, nous repenserons à un geste de Neymar. Et nous sourirons. Et peut-être qu’alors, ton gamin te demandera:  « Papy, pourquoi tu souris comme ça ? ». Et tu lui raconteras ce jour où Neymar a tout illuminé. Sous le maillot du PSG. Au Parc.

Neymar n’est pas le PSG. Neymar est au PSG. Pinçons-nous, camarades. Il nous énervera, nous frustrera, nous manquera encore. Avant de nous reconquérir au premier dribble atomique. Neymar, je l’ai déjà écrit, n’est finalement pas cette icône d’aujourd’hui. Il est le dernier Roi d’un monde qui se meurt. Neymar a beau être un aimant à marketing, un ultra riche, bla-bla-bla, il est celui qui ne refuse jamais un quatre contre un, sur le terrain comme en soirée. Celui qui déchire l’angoisse, qui invente, qui prend son pied (vous l’avez ?). Celui que la cour d’école ne quittera jamais. Ici, ce n’est pas Neymar mais Neymar est ici. Alléluia ! MUNICH SA MÈRE.

PSG4LIFE


Jérôme Reijasse
Keylor Navas Virage PSG

Keylor en barre

Bon bah voilà. On est en quart. Et pourtant j’ai presque le goût de la défaite dans la bouche. Au moins celui de la déception oui, ça c’est sûr. Allez-y, traitez-moi de pisse-froid, de peine à jouir, d’éternel insatisfait. Mais franchement la prestation de notre équipe est à pleurer. Si Dieu n’avait pas créé Navas tout porte à croire
que le Barça aurait pu se qualifier. Aurait dû, devrais-je dire, même.


Personne ne croyait que 5 ans après, il était possible de revivre, de plus au Parc, le cauchemar de 2017. Et pourtant… Après 5 minutes de jeu on comprend que l’équipe est amorphe, comme terrorisée, tétanisée… comme un vilain flashback. On se dit que ce n’est pas possible, on s’auto persuade. Mais plus le temps passe, plus on comprend que si le Barça marque un deuxième but, on aura droit à un retour vers le futur de la honte. Florenzi pas prêt, Kurzawa fidèle à lui-même, donc très loin du niveau, Paredes absent, Gueye volontaire mais limité. Draxler non concerné. Mbappé pas dans un bon jour. Que reste-t-il ? Un Icardi trop dépendant de ses coéquipiers. Et particulièrement de nos milieux de terrain complètement dépassés. Celui qui peut changer le visage de l’équipe c’est notre petit hibou. On le sait. Quand Verratti va, le PSG va. Or mercredi dernier, il n’allait pas. 

On comprend vite que ce soir on ne reverra pas le magnifique PSG du Camp Nou d’il y a 3 semaines. Mais on sait que l’on va trembler avec ce PSG qui nous fait tellement penser à celui du Camp Nou d’il y a 4 ans… Exit docteur Jekill, welcome Mister Hyde. Dans ce naufrage, on peut ressortir la charnière Marquinhos-Kimpembé qui a au moins donné l’impression de jouer un match de Ligue des champions. Mais bien-sûr, l’homme du match, celui qui a rendu possible la qualification c’est, j’ai nommé Keylor Navas. Sans lui le PSG passait à le trappe, entouré de bouffons, Il mérite bien une auréole-là. C’est lui l’élu qui a mis en échec Messi.

Que dire de plus sur notre sauveur qui n’ait pas encore été dit. Depuis le début de la saison il est le seul joueur irréprochable à chaque match. Depuis quand un gardien de Paris a rassuré autant ses partenaires ? Le respect qu’il impose à ses co-équipiers comme à ses adversaires est quelque-chose que seuls les très grands ont. Je vous ferais grâce de son gargantuesque palmarès, long comme son bras qui repousse un ballon du bout des doigts pour un énième exploit. Il a tout gagné en club (et même plusieurs fois), les distinctions personnelles sont légions. 

Ce que l’on dit moins et que certains on peut être oublié, c’est que le costaricien a quand même emmené sa sélection jusqu’en ¼ de finale au mondial 2014. Battu uniquement aux tirs au buts. Le Costa Rica !!! Pays de moins de 5 millions d’habitants ! Pour rappel en Ile de France nous sommes selon l’Insee, 12.213.447 habitants au 1er janvier 2021… Assurément le meilleur recrutement qualité/prix du PSG depuis.. depuis ? Trop longtemps. Amusant de constater que comme le pire transfert qualité/prix, il vient aussi du Real Madrid. Oui 25 M€ pour Jésé ça vaut bien 15 M€ pour Navas, et sans rancune.

Pour en finir sur notre héros, une petite stat’ qui en dit long. Il n’a jamais perdu un match de LDC en aller/retour depuis 5 ans ! De quoi rassurer les superstitieux et amateurs de soi-disantes malédictions qui planeraient sur le club. Laissez tomber les rites Vaudou, les pincées de sel dans les buts, l’eau bénite, arrêtez de sacrifier des poulets. Notre talisman s’appelle Keylor Navas. Et nous en auront bien besoin tant que notre Mister Hyde rouge et bleu continuera à se substituer à notre si beau docteur Jekill. 

Dimanche soir, tournant du championnat de ligue 1. Nos 3 concurrents direct n’ont pris qu’un point. Une victoire face au navire nantais à la dérive, et qui est plus que jamais relégable, et nous reprendrons notre première place. Peu importe l’équipe alignée je n’imagine pas autre chose qu’une victoire. L’occasion est trop belle. Les joueurs doivent penser comme moi puisqu’ils démarrent le match en mode ralenti. J’avais rendez-vous avec le docteur mais c’est Mister Hyde qui s’invite au Parc des princes. Et cette fois notre gardien n’y pourra rien. Une première mi-temps laborieuse. Une deuxième catastrophique. Verratti de nouveau présent sur le terrain, mais plus que jamais absent dans son rôle de milieu organisateur. Aucun jeu collectif, pas de niaque, pas de révolte, pire, des visages en gros plans qui montrent clairement que les joueurs sont perdus et ont déjà compris et accepté la défaite. Nous avons grillé notre dernier joker. La fin de saison se jouera sur un fil.

Mercredi soir, enfin non plutôt mercredi début d’après-midi, finalement non, fin d’après-midi ou début du couvre-feu, comme vous voulez. Le leader se déplace chez son dauphin en Coupe de France. Troisième compétition différente en une semaine. Comme quoi on peut tout perdre, mais on peut encore tout gagner aussi. Que retenir de ce match ? La qualif. Et c’est tout car dans le jeu rien de nouveau. Mais comment ne pas encore se répéter et ne pas parler de cet arrêt de notre super gardien dans un face à face décisif à 0-0, juste après il y a eu cette frappe sur sa barre. La chance des grands. Des très grands. Et en dessert ce penalty concédé par Kurzawa et arrêté par Navas comme deux habitudes, presque la routine…

Ecce homo. Voilà l’homme, du match. Encore et encore. Ce n’est que le début ? D’accord. Comme Keylor qui a su mettre tout le monde d’accord, oui, même les plus rageux, les anti-Paris primaires ou autres commentateurs marseillais tel Roy et Boghossian ne peuvent que reconnaitre et s’incliner devant ses exploits. Sans lui, la semaine aurait pu être cataclysmique. Une remontée espagnole en Ligue des champions, une déroute contre un relégable et une élimination sans gloire de notre coupe de France. Dieu et Navas sont avec nous. En championnat nous avons encore notre sort entre les pieds, on peut entrevoir une nouvelle finale de coupe de France, en espérant éviter les gros restant (Lyon, Monaco, Canet en Roussillon). Et bien-sûr il reste la quête du Graal. 

Justement. Que peut-on espérer en Ligue des Champions avec cette équipe qui joue avec nos nerfs d’un match sur l’autre et qui s’amuse avec les boutons de l’ascenseur émotionnel comme un sale gosse. Soyons optimistes, et regardons les clubs encore en course. Porto, Dortmund, Liverpool, Real Madrid, Manchester city, Bayern et Chelsea. Evidement sur le papier les portugais semblent les plus prenables. Mais justement est-ce que cela ne serait pas un piège pour nos joueurs. Comme toujours si on joue à notre niveau personne ne nous résiste. Mais contre un adversaire prétendu plus faible, j’ai très peur de revoir le Docteur Jekill. 

Alors qui ? Les malades dans leur championnat que sont le Real, Dortmund et Liverpool ? L’histoire de la bête blessée etc… Je pense qu’il vaut mieux éviter aussi, et certains risqueraient encore l’excès de confiance.  Le Bayern ? A choisir je préfèrerais les jouer en finale pour vaincre justement enfin toutes les malédictions (oui même celles qui ne nous concernent pas comme les poteaux carrés). Et surtout je pense que sur un match, comme dit la formule, tous est possible. Car objectivement, les bavarois sont à mon avis les seuls à être vraiment haut dessus de nous. Reste les cousins de City. Un vrai duel, un vrai choc entre nouveaux riches. Et une revanche à prendre pour nous. Je signe. Même si en demi ce serait mieux. Oui car en quart le Chelsea de Tuchel semble un bon compromis. Sportivement je pense que nous sommes au-dessus si on joue à notre meilleur niveau, et en plus briser la malédiction des ex serait un plus pour notre fataliste petit cœur de supporter. 

Barcelone, Chelsea, City et Bayern en finale, voilà un beau parcours pour rêver plus grand et rallier la France du foot derrière notre club. Pour cela rien de tel qu’une belle épopée. Soutenu par la France entière ? Ce serait la rançon du succès, voilà qui serait également nouveau et disons-le, pas particulièrement espéré du supporter que je suis. Être détesté, jalousé, moqué, envié, critiqué, insulté, fait partie de notre histoire. Mais cette équipe peut-elle réécrire l’histoire ? Début de réponse demain midi à Nyon.


J.J. Buteau

Un de perdu, 10 de retrouvé

Aujourd’hui nous sommes nombreux à penser que la conquête du titre national a pris fin. Et pourtant, rien n’est vraiment terminé, l’espoir existe, et cet espoir réside dans un parcours sans faille jusqu’à la fin de saison. Et le retour de notre numéro 10 qui, plus que jamais, peut écrire une page homérique de notre histoire.

Porté le numéro 10 est un lourd fardeau mais Neymar Jr. y est habitué depuis le plus jeune âge. Il a certes beaucoup de défauts mais jamais on ne pourra le taxer de manque de courage sur un terrain. Alors son retour imminent est peut être la seule bonne nouvelle du jour, et un motif sérieux de croire en une remontée parisienne dans le sprint final.  

Après tout, si on gagne nos 9 derniers matches, on sera sacré champions. Un scénario hollywoodien taillé sur mesure pour un Ney qui trépigne en tribune depuis des semaines. Comme d’autres grands joueurs avant lui, la perspective d’un acte héroïque, individuel et quasi christique semble se dessiner pour celui qui endosse le maillot du leader, du « Trequartista* » à l’ancienne de notre équipe d’âmes en perdition. Capitaine d’un navire à la dérive.

* Qu'est ce qu'un Trequartista

Certes le football moderne ne laisse plus beaucoup de place pour les meneurs de jeu tels qu’on les a connus dans notre enfance. Mais après tout, l’histoire est faite de redites dans tous les arts majeurs. Regardez en musique, le retour du vinyle est un miracle auquel plus personne ne croyait. Et si Neymar creusait son aventure rouge et bleu du même sillon. Pas impossible. Hasard ou Coïncidence, le numéro 10 redevient hype ces dernier-temps. La disparition de Diego Maradona, les documentaires (magnifiques) consacrés au Roi Pelé et à Michel Platini prouvent que l’histoire du football s’écrit invariablement avec un 10 dans le dos. 

Pelé a mené le Brésil aux sommets alors qu’en 1958 personne ne les attendait à ce niveau. Sans parler de la coupe du monde 1970 qui fut un récital malgré un roi vieillissant relancé par un Mário Zagallo visionnaire. Diego Maradona à lui seul a remporté la Coupe du Monde 1986 et Michel Platini a fait passer le football français dans une autre dimension. Si on se concentre sur Paris, Safet Sušić fut aussi un leader naturel qui emmena un jeune PSG vers l’inaccessible, sans parler de Raí dont l’aura et le charisme apporta un supplément d’âme qui fit basculer moult rencontres cruciales.

Oui, le 10 dans le football, et à Paris en particulier, peut sauver des causes perdues. Grégory Protche, un des auteurs de Virage, a su trouver les mots justes qui entérine cette théorie : « Qu’est-ce que le numéro 10 ? Une position sur le terrain ? Un simple numéro de maillot ? Une ambition ? Un destin ? Une mythologie ? Un peu tout cela et bien davantage encore dès qu’il s’agit de PSG. Le numéro 10 est le roi du Parc des Princes. Il cristallise toutes les passions, polémiques et revirements. Dans un club lambda, on adore les buteurs, célèbre les gardiens mémorables et les défenseurs valeureux. À Paris, l’objet du culte, c’est le numéro 10. » Pas un hasard si ce dernier sort le 1er avril un livre consacré au Magic Number de la ville lumière. Paris c’est la ville des artistes, pas des épiciers. 

Neymar a cette étoffe. Neymar est un artiste. Neymar divise mais rassemble. Neymar est un héritage. Neymar est la clé. Neymar est parisien. 

Pochettino déclarait hier soir au micro du Canal Football Club que les joueurs de football sont des animaux sauvages dotés d’un instinct très affuté. Et qu’il était très difficile de leur mentir. Alors ne lui mentons pas. Disons lui la vérité. Neymar est un félin, à l’instinct de chasseur. Il comprendra. A lui de mener la révolte parisienne. Ça commence contre Lyon dimanche prochain. Il doit nous prouver, et se prouver à lui même, qu’il est un immense joueur de football. Avec la plus belle tunique de France sur les épaules.

« Au milieu de tout ce chaos, c’est au numéro 10 de remettre  de l’ordre. » (Diego Maradona)


Xavier Chevalier

En Vrac Virage PSG

En Vrac !

Je devais noter les joueurs. Je suis bien embêté. Mission impossible.
Ce soir, nous avons joué à 1 contre 11 et il n’y a donc qu’un seul joueur
qui mérite véritablement d’être évalué : Notre portier.


« Le Messie, c’est Navas » titre le versatile et peu patriote L’Équipe.  Ce qui démontre que même les crétins peuvent faire preuve de lucidité.  9 arrêts. Un péno de Messi admirablement repoussé ! Seul contre tous. Oui, le PSG a joué à 1 contre 11 une grande partie du match et ça s’est un peu vu… sans Navas, la grande catastrophe était possible encore une fois. Il faudra s’en souvenir au moment des honneurs : Navas est ce héros qui a rompu la malédiction. Note: 100/10.

Les autres, tous les autres ? Comment dire… presque pas concernés j’ai l’impression. J’ai moins senti la peur de l’équipe ce soir que sa nonchalance. Peut-être un peu de suffisance. En mode « c’est dans la poche, non ? ». Mais nous n’avons pas joué. Ou si peu. C’était lent, rarement collectif, sans explosion ni volume, sans idée ni véritable envie. Étrange PSG ! À jamais étrange PSG ! Le match de ta vie ou presque et tu joues derrière, en matant le rétro, en ne proposant rien. Presque jamais. Kyky aurait pu marquer dans le jeu mais il a préféré viser le gardien ou s’empêtrer, facilitant la tâche de la défense adverse. Oui, son péno plein de sang-froid compte, indéniablement.

Gueye, lui, aurait pu jouer au football mais en fait, non, pas du tout. Fantôme, toujours à la bourre, anticipation zéro. Danger quasi permanent. Paredes, -et ça me fait mal de l’écrire-, n’a pas existé et gagne juste le droit de ne pas jouer le match aller prochain grâce au carton jaune glané probablement par frustration. Kurzawa nous a offert un pénalty mais pour Barcelone… cette phrase est louche. Comme lui. Diallo l’a littéralement effacé en le remplaçant. Diallo doit être le titulaire en attendant de voir si Bernat respire encore. Physique, vif, malin, pas complexé au moment de relancer la grenade dans les tranchées ennemies, il mérite plus de temps de jeu.

Marco a été très médiocre les premières minutes. Quelques beaux gestes. Rien d’étincelant… rien de décisif. Et dans ce genre de soirées poussives et sans désir, si Marco plonge un peu, l’espoir va pointer à pôle emploi. Draxler a joué aux espions allemands infiltrés en 1942 à Londres : silencieux, discret, invisible. Icardi, sans mouvement ni centre digne de ce nom ni passe éclairée, l’Argentin n’a servi à rien. Sauf que… grâce à sa chaussure, l’arbitre, d’abord réticent (UEFA oblige…) accorde au PSG un pénalty qui nous soulage tout de même un tantinet.  L’entrée de Di Maria a bien eu lieu. Elle n’a rien provoqué. Néant. Mauricio a coaché un poquito timide. A fait rentrer Rafinha quand ça ne servait plus à rien. Et Danilo. Qui contre un tir. Je ne me souviens de rien d’autre.

Marqui et Presko ont beaucoup subi sans faillir. Ont parfois flirté avec le sacrifice physique. Solides, quand même. Voilà. Il n’y a pas grand chose à dire de plus. Ah si ! QUART DE FINALE. Paris. Nulle part ailleurs en France. Les milliers de ploucs qui ont prié toute la soirée pour une remontada 2 sont baisés. Muets. Très frustrés. Les prophètes de malheur ont coulé ce soir. Tous. Au fond de l’océan de la jalousie. C’est une cerise sur notre gâteau européen. Ils vont maintenant croiser les doigts pour que l’on tire un Bayern ou un City en quart. Ils regarderont le match. Nous aussi. Nous aurons peur, nous espèrerons, nous vibrerons. Nous vivrons et ils en seront encore réduits à jouer les voyeurs. Ça me va tout à fait. QUART DE FINALE.

J’aimerais terminer en saluant ce supporter parisien qui a loué une chambre dans l’hôtel des catalans simplement pour déclencher l’alarme incendie pour réveiller les copines de Messi à 5h du mat. J’ai des frissons. C’est une jolie anecdote. La preuve que notre foi est folle, drôle, sans limite. PSG4LIFE


Jérôme Reijasse

Barcelone doit payer

Rien n’est oublié du 8 mars 2017.
Cette date a marqué l’histoire du club parisien du sceau de l’humiliation.
Alors mercredi, pour un huitième de finale retour que certains présentent volontiers comme un possible remake, le Paris Saint-Germain doit saisir l’occasion.
Il faut présenter la note. ET BARCELONE DEVRA PAYER.

Avant ce nouveau PSG – Barca, la Remontada est sur toutes les lèvres, bien sûr. Comment en vouloir aux médias : l’histoire est tellement dingue ! D’ailleurs, quand on y repense, elle n’aurait jamais dû se produire. C’est la fameuse stat de L’Équipe : en Ligue des Champions, quand vous aviez battu un adversaire 4 à 0 chez vous à l’aller, il était IM-POS-SIBLE de se faire éliminer ensuite. Mais impossible n’est pas Français, et encore moins Parisien, alors il a fallu faire place à l’inéluctable tragédie. Vous connaissez le film par cœur : flash-back sur les titres d’une presse qui joue à se faire peur, et qui instille le poison du doute. Gros plans sur l’arbitrage délirant, et spoil : il coûtera à Aytekin sa carrière internationale. Au ralenti, avec musique badante, le but de Cavani, le twist qui au lieu de plier le game crée les conditions de l’exploit catalan. Double retournement de situation. Et enfin, le long plan séquence, le tunnel des arrêts de jeu. Pas une passe réussie par les Rouge et Bleu en dehors des engagements après chaque but encaissé, alors travelling vers le banc de touche et l’impuissance du coach, puis on prend de la hauteur, sans cligner des yeux et là, de loin, c’est le bloc qui recule, se recroqueville, ne bouge plus… la panique des joueurs. La sidération des supporters. Le couperet. Et… Coupez.

Sauf que c’était pas du cinéma.

Le Paris Saint-Germain ne pouvait pas se faire éliminer comme ça. Il n’en avait pas le droit, il n’en avait même pas la possibilité : comment encaisser trois buts après la 88ème dans la vraie vie ? Pourtant…

Alors quand les planètes ont commencé à s’aligner de nouveau cette année, ça a bruissé en salles de rédaction. PSG – Barcelone au tirage. Tiens, tiens… Gros match aller du PSG, qui l’emporte en marquant à quatre reprises. Bis repetita. Des petites questions anodines ou presque : mais au fait, Paris joue-t-il si bien que cela ? D’ailleurs, dispose-t-il de tant de ressources que cela ? Des joueurs blessés. Un coach qui n’a pas le temps de poser son style. Un groupe bancal, aux recrutements pas toujours à la hauteur des espérances. Et là-bas, Barcelone qui se met à gagner, à renverser des situations, comme par hasard. Allez, avouez, tout y est ! La tentation est trop forte, le fruit trop appétissant : il faut saisir l’occasion, et nous le vendre ce remake : L’impossible remontada, épisode 2 (Mès que oune revanche). Certains s’en agacent : les médias français pourraient a minima éviter de savonner la planche. D’autres en tremblent : et si les consultants avaient raison ? Diallo, lui, hausse les épaules : on le fait ch… avec cette remontada. Alors, qui a raison ? Qui a tord ?

Mais qu’importe ! La seule vérité à affronter c’est que la Remontada existe. Ça fait quatre ans qu’elle pèse sur notre club, qu’elle nous pourrit la vie. « Remontada » c’est le dernier argument des meutes de supporters des clubs que l’on humilie à longueur de saison. Le point Godwin des fans du FC Procuration. On peut les battre neuf fois sur dix, Remontada. On empile les trophées comme d’autres les candidats saoudiens au rachat de leur club ? Remontada. À tous les coups l’on perd. Alors maintenant, il faut achever cette histoire.

La Remontada, c’est la victoire ignominieuse d’un club que le Paris SG a dominé sur le terrain, mais qu’un faisceau d’aides extérieures a maintenu sous respiration artificielle contre toute logique sportive, toute justice, toute morale. Ce club, c’est le Barca. Cette Remontada elle nous a coûté davantage que n’importe quel autre match de l’histoire parisienne. Quatre années à ronger notre frein, 1463 jours à encaisser en fermant nos gueules. Les joueurs ont passé. Les coaches aussi. Mais les supporters eux, sont toujours là. Alors désolé Diallo mais non, la Remontada on ne va pas te laisser la balayer d’un revers de main. Ça te fait chier qu’on t’en parle depuis décembre ? Très bien. Ça nous fait chier qu’on nous en parle depuis le 8 mars 2017. Ça nous humilie. Ça nous tue.

Alors il va falloir prendre sur soi, et assumer. Se servir de tout ça et garder la tête bien froide. Ce huitième de finale, c’est l’heure des comptes. Le Paris Saint Germain va présenter la note, et se faire rembourser.

Le match aller, le 4-1 du Camp Nou n’était rien. Les battre chez eux ne compte pas. Ou plutôt cela ne comptera que si on engrange le reste de l’addition au match retour. Autant vous dire que la facture étant salée, on aurait bien du mal à comprendre que Diallo se contente de bougonner sur le pré. Chaque contact entre deux joueurs, sera un acompte à verser en positif : il faut que les Catalans payent. Pas question de se laisser marcher dessus une fois. Il va falloir les marquer, physiquement. Chaque ballon récupéré, c’est un encaissement. Que les joueurs parisiens s’arrachent, et les arrachent s’il le faut. Chaque passe réussie, chaque minute nous rapprochant de la victoire, chaque but qu’on leur inscrira, c’est une dette qui se comble. Et vu le niveau abyssal du déficit, il va falloir que tous nos joueurs passent dans les rangs barcelonais, pour animer la collecte.

Ce PSG-là ne devra pas jouer pour prendre du plaisir. Il s’agit de régler les comptes, une bonne fois pour toutes. Le beau jeu, ce sera pour une autre fois. La construction de l’occupation du plan de terrain et toutes ces conneries, on va les laisser aux consultants et autres vendeurs de paris en ligne. Il va falloir gagner. Battre Barcelone. Les contrôler. Les étouffer. Ne pas leur laisser le moindre espoir, pas une seconde. Jusqu’à les voir quitter la pelouse tête basse, impuissants, surclassés. Que le monde du foot soit bien convaincu : nous sommes meilleurs que les Catalans. Nous méritons de les battre. Comme nous le méritions.

Cela ne nous rendra pas la victoire de 2017. Cela n’effacera pas les regrets et les larmes. Rien ne comblera la souffrance de l’injustice. Mais au moins, cela restaurera notre dignité. Une seule solution mercredi, un seul chemin : la victoire. Totale. Et que Barcelone paye.


Arno P-E

De héros à zéros

Pas d’envie. Tactiquement  sans imagination. Aucun esprit de révolte.
Il a suffit à Monaco de sortir le bus pour ramener tout le monde à la réalité.
Le spectre d’une saison blanche plane de plus en plus sur le club.


Autant la défaite de l’aller pouvait s’expliquer par un arbitrage honteux. Autant cette fois-ci rien à dire. Quand on ne fait aucun effort en pensant qu’il suffit d’aller sur la pelouse pour gagner, on ne mérite rien de mieux qu’une fessée cul nu. Comme mardi la figure de proue de la soirée est Mbappé. Aussi minable ce soir que merveilleux cinq jours plus tôt. Pas de replis défensifs, dribbles stéréotypés, mauvais choix en pagaille. Tout ce qu’on déteste chez lui on l’a eu hier soir. On joue la soixante septième minute de ce pénible match mais je sais déjà que nous allons vers notre sixième défaite de la saison en championnat. Le pire c’est que les joueurs semblent le savoir aussi. Cette défaite est clairement la pire de la saison. Outre le fait que l’on vient quasiment de dire adieu à notre titre de champion, on s’incline encore face à un « gros ». Monaco. Lyon. Marseille. Que des chocs et que des défaites. On peut ajouter Lorient (non pas comme choc, mais comme défaite), ces merlus qui nous battent et se font étriller face au Losc..

Lille qui file vers ce titre, qui semble t’il ne sera plus nôtre en fin de saison, et cela pour la troisième fois de l’ère Qatari. Autant la première année cela pouvait se comprendre, autant il y a 4 ans nous sommes tombés sur un énorme Monaco et son génie français, autant cette année nous n’aurons aucune excuse. La seule qui pouvait s’entendre était la non préparation physique du début de saison. Mais qu’on le reconnaisse ou non, Tuchel avait su limiter la casse. Son successeur pour l’instant fait pire que le teuton honni. Ce soir le manque d’intelligence tactique, et le manque de motivation ne nous permettent pas d’être optimistes pour la suite de la saison. J’ai honte d’avouer que j’ai même pensé qu’un bon Barça pouvait venir en mettre 5 ou 6 à ce PSG là le 10 mars…

Et ne me parlez pas d’effet Pochettino svp. Mentalement il n’a pas préparé les joueurs à ce match. Tactiquement il a été totalement incapable de répondre à la mise en place de Kovac. Pourquoi Verratti a t’il débuté sur le banc ? Tiens et si je mettais mon meilleur joueur sur le banc pour un match capital de ligue 1 ? Le seul capable de jouer entre les intervalles et de donner la dernière passe face à deux lignes de défenses. Mettons les autres créateurs Rafinha et Draxler avec lui au chaud et je vais faire un milieu Parades-Gueye-Herrera. Trois défensifs. Pour être bien sur de ne pas trouver les attaquants. Aussi irréel que de mettre un Danilo en défense et Marquinhos  au milieu…

Pour continuer ce voyage au bout du pessimisme, au lieu de penser à rattraper les dogues nordistes, il faut peut être commencer à regarder derrière… Notre méritoire bourreau du soir n’est qu’à deux points. Une défaite à Dijon la semaine prochaine et on peut être quatrième à onze journées de la fin… perdre chez le dernier ? Oui on en est capable. Ce PSG est capable de tout. Le PSG est fait pour la Ligue des champions et pas pour la ligue 1 avait dit Leonardo 1.0, il semble que rien n’ait changé. Notre directeur sportif qui devra bien aussi rendre des comptes un jour. Peut-être plus vite que prévu si c’est l’Europa League qui nous attend la saison prochaine… Trop de joueurs pas au niveau pour dominer l’Europe, ce n’est pas nouveau, mais pour ne pas régner sur l’hexagone c’est une vraie grosse régression. Nasser étant aux abonnés absents, Leonardo va t’il taper du poing sur la table ? Ou va-t-on médiatiquement laisser l’entraineur se démerder tout seul comme depuis des années ? Comme en 1996, la seule chose qui pourrait sauver la saison serait la victoire finale en Europe. Mais peut on raisonnablement y croire ?


J.J. Buteau