Humeur

Insup(portable)

On parle beaucoup du désamour grandissant des supporters parisiens vis à vis de leurs joueurs. Le contenu est certes déceptif, mais qu’en est il du contenant ?
Qu’en est il de l’ambiance en tribune dans un Parc qui s’aseptise inexorablement ?

Soir de Champions League. Paris reçoit son bourreau de 2020. Le casseur de rêve, le briseur de destin. Grosse ambiance au Parc des Princes, gros tifo déployé par le Virage Auteuil, avec un florilège de drapeaux dans toutes les tribunes. Malgré mes craintes d’avant-match, le Parc est chaud en ce début de rencontre. La musique de la Champions League galvanise le peuple parisien et ses invités de tout bord : touristes, VIP, people et officiels. Le tifo, un poil offensif et narquois montre un poing qui s’étend sur toute la tribune Paris pour finir dans la tête du logo du Bayern, et ce juste à côté de la tribune « visiteurs ». Je me dis que lorsqu’on a été provocateurs dans nos précédentes animations, on l’a payé par la suite sur le terrain. Le résultat final du match ne m’a hélas pas fait mentir.

Mais l’a n’est pas la question. Les ultras ont fait leur boulot, mention spéciale pour l’immense travail qu’il a fallu pendant des semaines pour confectionner ce bijou collectif. Ce qui me dérange ici, c’est une réalité de plus en plus évidente et contemporaine à laquelle le PSG et le Parc n’échappent pas. Le football est devenu un spectacle mass-market. Ce n’est pas nouveau. D’ailleurs le football a toujours été lié, et ce depuis quasi sa création, à des logiques mercantiles et industrielles. Lire d’ailleurs l’excellent « Une histoire populaire du football » de Mickaël Correia. Mais les dérives marketing de ce sport, et par extension les répercussions sur l’ambiance du Parc m’agacent au point de ne quasi plus apprécier un match comme je l’appréciais par le passé. vous me direz que c’est mon grand âge qui m’a transformé en personnage usé, voir désabusé et passéiste. Romantique diront certains. Mais force est de constater que la ferveur perd sa place au profit du spectacle et de la consommation.

Premier point pour étayer mon propos. Et là je m’adresse au réalisateur en charge des écrans du Parc. Quand on paye son abonnement annuel pour venir aux matchs, ou quand on se saigne pour obtenir une place en tribune, c’est principalement pour venir assister à un match de football. Enfin dans ma conception des choses. Si le football existe sur le rectangle vert, enfin par intermittence cette saison, il a disparu des écrans. On y voit des gros plans sur des « fans » hilares, qui font coucou au cadreur, quelque soit le contexte du match en cours, ravis de montrer leur liquette fraichement achetée à la boutique. J’ai même l’impression que le réalisateur privilégie de montrer des spectateurs d’origine étrangère, pour bien insister sur le côté universel de notre club… Pas de gros plans sur nos joueurs (et pourtant on a des moyens incroyables en terme d’axe de caméra), pas de ralenti sur les actions, et accessoirement pas un plan sur le Virage (on se doute pourquoi, culture ultra oblige),  ou sur des supporters un poil moins « spot de pub McDonalds ». De match en match, cette ligne éditoriale visuelle m’agace de plus en plus. Au point parfois de me lever, sans contrôler mes nerfs, pour demander d’arrêter ce spectacle télévisuel ridicule, sous le regard hilare de mes camarades de tribune.

Deuxième point. Et il est encore question d’écran. Qui dit spectacle 2.0, dit téléphone portable et connectivité en temps réel. Quid de toutes ces personnes qui passent leur match à filmer les joueurs, à se filmer eux mêmes, plutôt que regarder le jeu, l’essence même de la raison de notre présence dans cette enceinte. On a signé Messi, le fraichement champion du monde argentin. Certes. Mais lorsqu’il tire un coup franc, au lieu de le filmer, essayer de nous épargner vos écrans qui masquent le champ de vision de tout le monde. J’en vois même qui se plaignent car les personnes devant eux leur flingue leur cadrage de petit réalisateur en herbe de bas étage. De qui se moque t’on à la fin ? Que ce soit en concert ou au stade, de toute façon, cette obsession du souvenir numérique et des réseaux sociaux est globalement un peu triste. Quand on aime le foot et qu’on se déplace au stade, c’est génial de regarder ce que la télé ne montre pas : les placements, les relations entre joueurs, les réactions, le bruit (et l’odeur)…  Mais quand de plus en plus de « touristes » viennent au Parc comme à Notre Dame, il ne faut hélas pas s’étonner de cette prolifération de petites lucarnes lumineuses. Et je ne vous parle même pas des « Messi, Messi, Messi… » lancés à tout va, un chant Barcelonais je vous le rappelle… Manque de culture.

Dernier point, puisqu’on parle de se mettre debout. Lors de ce match contre le Bayern, le service de sécurité a fait du zèle comme jamais. Interdit de se lever. Sauf lors des actions chaudes, encore heureux. Dans notre tribune, on a l’habitude de rester 90 min. debout, déjà parce qu’on ne gène personne à l’endroit où nous nous trouvons. Et car tout le monde est habitué. Personne ne s’en plaint. Et puis vu la place disponible entre les fauteuils, pour les personnes de grande taille (comme moi) c’est parfaitement inconfortable. Mais là visiblement, on était sur un match prémium, où le moindre consommateur veut en avoir pour son argent. Donc en gros, le message c’était : tu restes assis, tu manges tes pop-corns et tu regardes. Evidemment la sécurité n’a pas pu empêcher certaines parties de tribune de se lever et de résister.  Du coup ça gueule, ça se plaint, ça en vient au main etc… Belle ambiance. Si on voulait finir de tuer l’ambiance au Parc on s’y prendrait pas autrement. C’est tout simplement considérer que le stade devient un espace commercial et non plus un lieu de vie. Encore un manquement à la culture populaire et footballistique. Et de respect envers les supporters abonnés de longue date.

Alors qu’on ne s’étonne pas que de plus en plus de supporters revendent leur place à des prix qui tutoient l’indécence. Qu’on ne s’étonne pas que le stade se vide progressivement de ses plus fidèles serviteurs. Vous me direz que nul n’est irremplaçable, moi le premier. Et que d’autres prendront notre place, plus habitués, plus dociles, en somme plus modernes… Triste constat.

Si l’équipe première rame cette année, c’est sans doute du à de mauvais choix et à des problématique de gestion collective, ça fait partie du football et de la vie d’un club. Mais à trop vouloir mettre en avant la marque, le marketing et l’influence, au détriment du sportif, on va progressivement tuer la passion, le soutien et l’amour d’un public fidèle au PSG. Un public qui pourrait galvaniser un peu plus le 11 titulaire dans les moments difficiles. Les Ultras sont là mais ils sont un peu l’arbre qui cache la forêt. A se demander parfois si ils ne font pas partie eux mêmes du spectacle ou considérés comme tels.


Xavier Chevalier

PSG-BAYERN : Les notes du Virage

Donnarumma : il fait deux arrêts énormes. Manque de bol, il ressuscite Arconada quelques minutes avant et brise les maigres chances parisiennes d’y croire encore. Quota Cotorep, le géant loucheur donne envie chaque jour un peu plus de supporter Nottingham Forest. On aimerait l’adorer l’Italien. Mais il faut aussi s’avouer les choses : ses trois meilleurs matches se sont tous soldés par des défaites. Symbole de l’anti gestion sportive cataclysmique du PSG de ces dernières années, Donna va peut-être rester dans les esprits comme le gardien à avoir flingué deux qualifications continentales deux années de suite. Pas glop. 0/20

Marquinhos : c’est peut-être sa double coupe du Monde explosive avec le Maroc et le Brésil qui l’a rincé, allez savoir. Il a l’air désabusé notre capitaine. Ses dernières déclarations manquaient de clairvoyance et ses positionnements sur la pelouse sont parfois kehreriens. Ce soir, en toute honnêteté, il ne m’a ni enchanté ni effrayé. Je ne l’ai pas vu. Je ne l’ai pas maudit ni applaudi. Transparent. 0/20

Ramos : après le scandale des Ehpad, je craignais le pire pour l’Espagnol centenaire quant à sa fin de carrière. Ses dernières sorties n’avaient rassuré personne. Lent, poussif, adepte de choix souvent coupables, Ramos piochait et c’était plutôt embarrassant à voir. Ce soir, je l’ai trouvé costaud, en place et il n’a même pas perturbé Marqui. Et on perd. Pas de bol. 0/20

Nuno Mendes : si Coman lui a souvent fait l’amour au Parc sur son aile, ça ne veut pas forcément dire qu’il y a pris du plaisir. Moins impactant qu’à l’accoutumée, le Portugais a quand même réussi cette percée avant de servir Mbappé pour l’égalisation parisienne. Jusqu’à ce que la Var annule le but pour un hors-jeu quantique. Dommage. 0/20

Hakimi : peu inspiré, il a même failli offrir une balle de but aux Fridolins en première. Après quelques matches plus que satisfaisants et un but splendide, il semble avoir à nouveau convoquer ses anciens démons, qui le poussent à mal défendre et à foirer tous ses centres et ses tentatives offensives. Remplacé à la mi-temps. Blessure ? Choix tactique? Rien à battre à l’heure qu’il est, je ne vous le cache pas. 0/20

Soler : que dire ? À force de rendre service et de ne jamais jouer au même poste, le couteau hispano-suisse s’est transformé en vibro sans pile. Il a été invisible, perdu, inutile. J’en profite pour recycler ma vanne moisie de la soirée : ça passe crème, Soler. Encore un joueur que l’on a éteint. Un joueur capable d’exister seulement dans une équipe travailleuse, sans star. On est encore une fois au delà de l’erreur de casting. Soler pensait qu’il allait pouvoir s’imposer dans cette auberge espagnole. Campos aussi. Les deux avaient tort. 0/20

Marco : l’intermittent du spectacle le plus célèbre du 75 a traversé ce match comme un fantôme. Il a même failli prendre son sempiternel jaune, qui l’aurait privé de match retour. Il sera bien là à Munich, sauf s’il se re-blesse d’ici là… le petit hibou n’a visiblement pas terminé sa période d’hibernation. Il sera très probablement plus efficace en mars, quand nous aurons définitivement tout gâché. Vivement ! 0/20

Danilo : peut-être l’un des rares Parisiens à ne rien trahir ni salir ces dernières semaines. Dur au mal, souvent bien placé, en tout cas rarement pris à défaut, il incarne ce que devrait être notre équipe sur le terrain. Pour l’encourager, Galtier le remplace vite fait en seconde. À Paname, seul le crime paye. 20/20

Emery : le gamin prometteur a su oublier que le PSG avait viré son coach de père. Pas rancunier, il incarne peut-être notre avenir. Mais vu qu’il a l’air plutôt intelligent, il y a de grandes chances qu’il décide d’aller écrire sa légende loin du panier de crabes qatari.  Ce soir, Galtier lui a fait deux énormes cadeaux : Warren a souvent évolué ailier droit avant de glisser latéral du même côté. Résultat : un match compliqué. Étonnant, non ? Entre nos stars délavées et notre jeunesse sacrifiée, pas de doute, Paris est sur la bonne voie. De garage. Non noté (mineur oblige)

Messi : Mais non. Ce soir, il n’a rien fait. Ou presque. Il cherchait certainement l’attaquant à qui faire la passe décisive. C’est couillon, il n’y en avait pas, d’attaquant, ce soir.  Il faut peut-être penser à recruter cet été au milieu Xavi et Iniesta pour rassurer le midget argentin. Piste à creuser. 0/20

Neymar : mon cœur saigne. Ney est redevenu le Ney solitaire, sans solution. Grognon et vengeur. Impuissant. Je ne vais pas lire la presse ou checker les réseaux sociaux mais j’imagine que tout le monde lui tombe déjà dessus alors que l’arbitre a à peine sifflé la fin des hostilités. Bouc émissaire qui cache la forêt. Non noté (génie et mauvaise foi obligent)

Mbappé : il ne s’est pas pété, c’est déjà ça. Son but aurait dû être accordé (Var = Satan). Il confirme qu’il est notre seul Viagra. Il rate encore sa première occasion. Il a des circonstances évidemment atténuantes mais il doit marquer encore plus dans ce genre de parties s’il veut définitivement s’emparer du trône. Mais c’est évidemment effrayant. Aucune autre équipe au monde n’est à ce point dépendante d’un seul joueur. Aucune ! Aurait-il dû débuter ? Va-t-il être aligné contre Lille ? Ekitike va-t-il enfin signer en NBA ? On est mal chers amis. MAL. Non noté (c’est trop cher)


Galtier : le premier entraîneur à enchaîner trois défaites de suite toute compétition confondue depuis l’arrivée de Nasser. Dont une en Coupe de France contre l’OM et celle d’aujourd’hui contre des Frisés franchement prenables au Parc. Respect ! Cette année, si tout se passe mal comme prévu, il aura quand même remporté deux trophées : celui des champions et de champion d’automne. C’est déjà probablement énorme pour un Marseillais, privé de récompenses et de médailles depuis plus d’une décennie. Virer Galtier ne servira à rien, c’est une évidence. Nos joueurs n’ont besoin de personne pour décevoir. Mais va-t-on attendre de perdre contre Lille, Marseille et à Munich, de dévisser en Ligue 1 et de dire au revoir à l’Europe pour s’avouer qu’il n’y a personne à la barre ? Le PSG est devenu ce Titanic qui n’a même plus besoin d’iceberg pour sombrer. Et Nasser est aux abonnés absents. C’est moi ou ça pue le pire ? Qu’on ne s’y trompe pas : la rencontre cruciale de la semaine, c’est celle contre Lille. À domicile. J’ai bien peur que nos joueurs ne voient pas les choses de la même façon. En même temps, quand j’apprends que des centaines d’abonnés préfèrent revendre leur place plutôt que d’aller au stade, je me dis que nous méritons peut-être ce qui nous arrive. On ne gagne pas la guerre avec des mécréants. -200/20  PSG4LIFE


Jérôme Reijasse

Le spectre de la saison blanche

Ne croyez pas que ce texte rédigé dans la foulée de notre défaite face à l’OM
soit un coup de colère écrit sous le coup de la déception. Non. La colère est froide. Parce qu’elle fait suite à des craintes que nous avons depuis le début de l’année civile. Pour l’instant tout se déroule comme prévu. On savait que l’après Coupe du monde serait difficile. Il l’est. À tel point que je me demande si nous n’avons pas
fini notre saison
en novembre.

Ce PSG est devenu prévisible à tous les niveaux. Sur le terrain ? Les mêmes faiblesses rabâchées depuis des années. L’absence de Motta et Matuidi est plus que jamais présente dans un milieu léger comme une plume, transpercé à chaque match. Il suffit de nous faire un gros pressing, de mettre de l’intensité pour que l’on soit dépassé, pour que notre défense reçoive des vagues régulières qui finissent inévitablement par nous couler. Lens, Rennes, Marseille. Le scénario est le même. Toujours, et sans surprise. Comme un épisode de Columbo ou de Scoubidou. Nous n’avons pas la capacité à répondre à un pressing musclé. La défense, elle, orpheline de Tiago Silva, est perdue, sa confiance a disparu depuis longtemps et sa fragilité est pathologique. Je ne vous parlerai pas de Navas, élu l’homme de son premier match avec Nottingham Forest. Un fantôme de plus pour notre équipe. Marquinhos est devenu lui aussi un fantôme même si il est toujours là. La momie de Ramos est encore capable de belle choses, mais il ne faut pas que ça aille trop vite…

Plus de défense, toujours pas de milieu, il nous reste l’attaque. Problème, nous jouons sans attaquant. Mbappé, notre grand gourou est blessé, son remplaçant désigné (et unique solution) est Ekitiké, acheté quand même 40 millions d’Euros.  Oui mais voilà, son niveau est tellement loin  du niveau requis, qu’hier il était sur le banc. Son entrée, certes volontaire n’aura servi à rien, si ce n’est confirmer le flop prévu et le « mais pourquoi sommes-nous aller le chercher en Champagne ? ». Le président de Reims en rigole encore. Kalimuendo a été vendu 20 millions à Rennes. Si quelqu’un peut m’expliquer la cohérence ? Je ne vous parlerai pas d’Icardi qui enchaîne les buts à Galatasaray, et encore moins de Cavani, même moribond le guerrier uruguayen de Valence nous serait fort utile. Au moins il aurait pu montrer ce que c’est que d’avoir envie de gagner et avoir la défaite en horreur. Que le PSG de Zlatan semble loin.Je ne parlerai pas non plus de Choupo, il va bientôt nous passer le bonjour de Bavière.

Comme prévu, l’OM a joué son jeu, l’intensité et l’envie de gagner comme premières banderilles. Comme prévu, comme contre Rennes et Lens, nous n’avons pas su répondre, comme prévu nous avons accepté la défaite. La recette pour nous battre est donc connue de tous. Que fait Galtier pour changer cela ? À priori, rien. Il kiffe d’être entraineur du PSG. Certes c’est sympa, mais un peu léger. Tactiquement, mentalement nous sommes au niveau zéro. Encéphalogramme plat. Il va bientôt falloir invoquer les esprits pour que nous puissions gagner un match. Des percées de Mendes ou d’Hakimi, un exploit de Messi, une passe enchanteresse de Neymar, c’est tout ce qui nous reste… Pas suffisant pour gagner quoi que ce soit. Monaco, puis Lille arrivent et vont nous rentrer dedans. Je ne parle même pas de l’OM et du Bayern. Chronique d’une mort annoncée. Car Galtier ne va rien changer. Nous allons perdre, nous le savons. Sans surprise, sans ego, sans combattre…

On le sait, le mal est profond au club. Les problèmes viennent du sommet. Nasser n’a jamais su s’entourer. Il gère une entreprise d’Entertainment, pas un club de foot. Le club depuis trop longtemps privilégie le merchandising au sportif. Pourtant ce sont bien les résultats sportifs qui font un club et son merchandising, et non l’inverse. On nous a promis la révolution cet été. Résultat c’est encore pire. Nous régressons saison après saison. Campos, le génie du recrutement n’a fait que des erreurs à l’exception de Vitinha performant pendant… 3 mois. Il y avait le mercato cet hiver pour rectifier les choses. Un joueur (confirmé) par poste semblait indispensable. Résultat ? Rien. L’inter préfère prendre zéro € que de nous lâcher Skriniar, et Chelsea se fout de notre gueule. D’autres piste ? Doucement ! Campos ne peut pas tout faire, n’oublions pas qu’il est aussi conseiller sportif du recrutement au Celta Vigo ! Mais comment le PSG peut-il accepter ça ? On en revient inévitablement à ce problème de gouvernance du club.

Autre exemple tout aussi parlant. Comment peut-on couper complètement les joueurs de leurs supporters comme le fait le PSG ? Quelle tristesse de voir que pendant leur tournée au Qatar, les entrainements étaient ouverts au public, alors que ce n’est jamais le cas au Camp des loges. Quelle tristesse d’écouter Romain Mabille (président du CUP) sur France Bleu au micro de Pia Clemens, nous expliquer que même les ultras n’ont aucun contact ni avec les joueurs, ni avec le président. Jamais. Ce CUP qui fait ce qu’il peut et à qui j’avais certains reproches à faire, je m’aperçois qu’en fait leur président pense comme moi, il fait le même constat sur la situation actuelle du Parc. Tristesse. C’est compliqué au niveau du supporter, du terrain, du stade, de la gouvernance. Mais haut les cœurs ! Nous avons une boutique à New-York ! Nous vendons plein de maillots rose et violet à l’autre bout du monde. Tout va bien.

Oui jusqu’ici tout va bien, nous sommes toujours en Ligue des champions. Dans un mois, on va s’étonner de s’être fait sortir par le Bayern qui lui, va en vouloir plus que nos sénateurs qui jouent à la baballe. Quand tu souffres face à Reims et Angers, que tu te fait bouffer par Lens et Rennes, ne vient pas faire l’étonné mi-mars quand il ne te restera plus que le championnat pour ne pas finir la saison sans rien. Ne sois pas surpris de voir roder le spectre de la saison blanche sur le Parc des Princes. Futur stade abandonné, qui ne sera bientôt plus qu’un vaisseau fantôme lui aussi. Merci à la mairie de Paris. Comme quoi l’incompétence à Paris ne se situe pas qu’au PSG.

Huit point d’avance sur l’OM et Lens, dix sur Monaco. Comme il est à peu près certain que nous allons perdre à Monaco et au Vélodrome, le risque de perdre le titre (au profit de l’OM, scénario cauchemardesque) est réel. La place de second est loin d’être assurée également. Je n’ose imaginer encore pire… 2023 saison vierge ? On y va tout droit oui, car si la Coupe de France est déjà perdue (ce qui ne semble pas perturber grand monde), l’Europe va bientôt suivre, il ne restera plus que le spleen et donc notre bonne vieille Ligue 1 pour ne pas connaitre encore plus le ridicule. Pour ne pas connaître pour la première fois depuis 2012 une saison blanche et sèche, sèche comme ma gorge quand je regarde les matchs de ce bateau ivre qui n’arrête plus de tanguer… jusqu’à sombrer ?

Fluctuat nec mergitur ? Pas sûr…


J.J. Buteau

Oh! Touche pas à mon Parc

« Ensemble nous sommes invincibles, unis par la même passion,
de notre virage terrible, s’élèvent en chœur nos chansons.
En Rouge et Bleu allez, en Rouge et Bleu allez,
en Rouge et Bleu allez, en Rouge et Bleu allez.

Nous n’irons jamais à Saint-Denis, c’est au Parc que l’histoire s’écrit,
Nous sommes Rouge et Bleu pour la vie, notre amour s’appelle Paris »

Un chant qui date de la fin du siècle dernier, quand la construction du Stade de France donna quelques velléités de déménagement aux dirigeants du Paris Saint-Germain d’alors, désireux déjà à l’époque de s’installer dans un stade flambant neuf et beaucoup plus grand. Le sujet, tel un boomerang, ressurgit dans l’actualité. Uppercut dans la face, on gît au sol avec un affreux cocard, sans savoir si cette fois on va réussir à se relever juste avant le gong, celui qui sonnera l’arrêt définitif de la partie. Pourvu que les amoureux du Parc des Princes et du Paris Saint-Germain ne finissent pas KO.

Car c’est bien d’une partie de boxe dont il s’agit, celle opposant les propriétaires du PSG à la Mairie de Paris, avec les supporters parisiens bloqués au milieu du ring. Certains annonçaient depuis une décennie qu’une fois leur Coupe du Monde passée, les Qataris quitteraient le navire parisien. Cela ne semble pas être la voie qu’ils ont choisie. Sans surprise, ils souhaitent continuer leur ascension, celle qui doit les mener vers les sommets, sportifs ou géopolitiques on ne sait pas vraiment, mais les sommets. Et cela passe par la pérennisation à la pointe de l’entertainment mondial de la marque « Paris Saint-Germain », la marque qatarie la plus glamour sur la planète. Notre Parc des Princes et ses 47 929 places sont à cet effet un frein à cette ambition suprême. Et si l’on écoute les observateurs avisés, il n’existe que deux choix possibles : quitter le Parc, ou l’agrandir considérablement. La solution de ne rien changer ou presque n’effleure même pas les esprits.

La problématique est épineuse. Comment allier histoire, patrimoine et identité avec l’éternel désir de voir toujours plus grand, sans se donner de limites. J’emploie volontairement le mot « désir », en opposition à « besoin ». Le discours de notre direction est de dire que le PSG a « besoin » d’augmenter ses recettes, donc de posséder un très grand stade avec beaucoup de tribunes prestiges et encore plus de sources de revenus diverses, afin de subvenir à son train de vie et donc, comme on le disait, de voir encore plus grand. Ce train de vie n’est pourtant pas un besoin, mais un désir. On pourrait aborder la solution du problème dans l’autre sens : il suffirait de baisser ses dépenses, ou tout au moins de les maintenir, pour ne pas avoir besoin d’autant de revenus. La démesure est un choix de vie, pas une fatalité.

Photo personnelle @supporterduparissaintgermain

Le Parc des Princes fait partie du patrimoine de la ville de Paris. Le Parc des Princes fait partie du patrimoine du Paris Saint-Germain. Si ce n’est dans les actes de propriété, du moins dans les cœurs et dans l’histoire. Le Parc des Princes est la maison Rouge et Bleu. La seconde maison de tous ceux qui, depuis un certain PSG – Red Star du 10 novembre 1973, en sont tombés un jour ou l’autre amoureux. En général, on appelle cela le coup de foudre. Rouge et Bleu pour la vie et au premier regard. Que celui qui est tombé amoureux du Paris Saint-Germain et du Parc des Princes en même temps lève le doigt. Non, le Parc des Princes n’est pas un quelconque stade, avec quatre tribunes qui se font face, comme des milliers d’autres à travers la planète. Il est un joyau unique. Il est une merveille architecturale sans pareil. Il est un écrin qui sublime le Paris Saint-Germain. Il est le témoin de cinquante ans d’histoire. Il est l’âme Rouge et Bleu, celle qui a aujourd’hui du mal à se renouveler dans ses travées, mais qui restera ancrée à jamais dans le moindre millimètre-carré de ses couches de béton.

Pour ma part, mon premier souvenir du Paris Saint-Germain et du Parc des Princes remonte tout simplement à mon premier match, le tristement célèbre PSG – OM du 18 décembre 1992. Certes, ce match porte le surnom de « la boucherie ». Certes, le PSG y a perdu contre son rival, sur sa propre pelouse. Mais ce soir-là, j’ai découvert un Parc qui a chanté, un Parc qui a poussé son équipe, un Parc qui a grondé, et même insulté, mais un Parc qui a aimé le Paris Saint-Germain. Un Parc qui a clamé sa fierté d’être parisien. Un Parc qui a acclamé son PSG, même défait. Un Parc qui n’a fait qu’un avec ses joueurs. Ce soir-là, du haut de mes dix ans, le Parc des Princes et le Paris Saint-Germain sont entrés dans mon cœur, et à jamais dans ma vie. Chacun a, gravé quelque part dans sa mémoire, ce match qui a fait basculer son existence.

PSG – Marseille 0-1, 18 décembre 1992 alias « La Boucherie » © Icon Sport

On nous dit que les supporters seraient divisés. D’un côté, nous avons les « si le PSG quitte le Parc des Princes, ce sera sans moi ». De l’autre, certains ne se cachent pas pour pencher dans le sens d’un départ. Ses partisans font même état de sondages qui indiqueraient qu’une grande partie, voire une majorité des supporters actuels, ne seraient pas contre quitter le Parc des Princes pour s’implanter dans une nouvelle enceinte ultramoderne qui comblerait les désirs commerciaux et marketing des dirigeants du club. Si ce sondage existe vraiment, je n’y vois aucune surprise : une part considérable du public du Parc des Princes aujourd’hui y est arrivée depuis 2010. Le  maillot Hechter et le Parc ne sont pas leurs références. Leur « Paris sg », bientôt sans le « sg », est celui que leur vendent les Qataris. Les dirigeants du PSG leur explique qu’un grand club, c’est d’abord et avant tout une grande marque, que le reste n’est que secondaire, la seule logique à suivre est celle qui fait gagner encore et toujours plus d’argent dans les caisses.

Mais pour la grande majorité des supporters d’avant 2010, le Parc des Princes représente tout pour eux. N’ayant toujours pas digéré le plan Leproux, certains de ceux-là n’y ont pas remis les pieds depuis 2010, ou que très rarement. D’autres, dont je fais partie, ont un attachement viscéral au Parc et ne peuvent se résoudre d’en rester éloignés. Ces derniers, restés toujours fidèles à leur stade, sont de plus en plus minoritaires dans les tribunes, remplacés petit à petit par les néo-supporters, ou bouffés par les touristes d’un soir. Ces deux dernières catégories n’ont pas le même attachement à cette enceinte mythique. Leur conception du Paris Saint-Germain n’est pas ancrée sur les mêmes bases que les supporters plus « historiques ». Il ne fait guère de doute qu’ils ne feront que peu d’état d’un départ du Parc, et qu’ils iront là où on leur dira, tant que les stars planétaires du ballon sont sur le pré vert. Tant pis pour les supporters « historiques » qui ne peuvent concevoir le Paris Saint-Germain sans le Parc, ils ne seront bientôt que du passé, et il n’y a que l’avenir qui compte : grandir et gagner toujours plus d’argent. Et si un jour tout s’arrête, peu importe. Les Qataris en auront bien profité, et ceux qui n’aiment le PSG que pour la marque qu’il représente se tourneront vers une autre sans sourciller.

Il est notre ADN, notre raison d’être

Pouvons-nous seulement leur en vouloir ? Non. Le discours de notre propriétaire et de notre direction les a formatés. Depuis plus de dix ans que ça dure, il a eu le temps d’imprégner les cerveaux, et d’être désormais la pensée dominante. Jouer au Parc des Princes, avec un maillot Hechter ? Peu importe, pour les jeunes générations de supporters, ce n’est pas le plus important. D’ailleurs, ceux qui ont moins de trente ans savent-ils tout simplement à quoi ressemble le maillot Hechter ? Idem pour le Parc des Princes. Non, ce n’est pas qu’un simple stade. C’est un membre de la famille. C’est là où le Paris Saint-Germain a vécu ses plus fortes émotions. Des matchs d’anthologie à la pelle. Des scénarios de fous, des ambiances de folie, des soirées folles, des chairs de poules collectives. Mais combien de fois a-t-on vécu ce genre de soirée depuis le 28 février 2010 ? Il n’y a donc rien d’étonnant que les moins de trente ans, qui n’en avait que dix-sept à l’époque, n’aient pas le même affect avec le Parc des Princes, et que cela ne leur fasse ni chaud ni froid de le quitter.

Grandir, cela ne s’évalue pas uniquement au nombre de loges et de sièges dans les gradins. On ne cesse de le répéter dans les lignes de Virage, on ne cesse de le rabâcher à longueur d’articles, mais notre lassitude n’a d’égal que le manque de respect régulier des dirigeants du Paris Saint-Germain pour sa propre identité. Nos couleurs sont sans cesse bafouées. Voilà que c’est notre stade, notre Parc des Princes, pierre angulaire et qui se doit d’être immuable, qu’on promet de quitter si on ne peut pas le racheter, pour in fine peut-être le détruire, ou au minimum le défigurer. Oui, je parle de lassitude, car il y en a marre. Marre de ces envies de grandeur infinie, de ces ambitions démesurées, qui piétinent l’histoire et mettent chaos les fondements même du Paris Saint-Germain. J’ai mal à mon Parc, j’ai mal à mon PSG.

Coup de bluff de Nasser al-Khelaïfi ? Oui, probablement. Il utilise sa carte Joker, celle de « l’impensable qui pourrait tout de même devenir réel si on nous poussait à bout », celle du « c’est de la faute de la Mairie de Paris, nous n’y sommes pour rien » … Cessez ces turpitudes Monsieur le président, et pensez au Paris Saint-Germain 1970, à ce qu’il signifie pour ses milliers de supporters. Je ne parle pas des touristes qui viennent garnir ses travées match après match et remplir les caisses du #TicketPlace, je parle de ces supporters qui ont le blason du Paris Saint-Germain gravé dans le cœur ou tatoué sur la peau, reposant fièrement au-dessus du Parc des Princes, comme pour montrer que les deux ne font qu’un, qu’ils sont indissociables, même pour tout l’or du monde. Au propre comme au figuré, ce tatouage est bien plus qu’un symbole : il est notre ADN, notre raison d’être.

« Allez Paris SG, Vous êtes notre fierté,
Vous allez enflammer, Ce Parc de légende,
Et du virage Auteuil, S’élèvera en chœur,
D’une voix phénoménale, Cette chanson capitale,
La la la la, la la, la la la la, la la, … »

Photo personnelle @supporterduparissaintgermain

Si nos dirigeants qataris décident de quitter le Parc des Princes, ils emmèneront avec eux leurs adeptes, ceux qui sont devenus fans des rouge et bleu et jaune et orange et grenat et noir et blanc depuis une dizaine d’années. Mais ils laisseront aussi derrière eux des milliers de supporters parisiens authentiques qui, bien au-delà des stars présentes sur la pelouse, se sont accrochés toutes ces saisons pour deux raisons principales : l’amour des couleurs Rouge et Bleu, et l’amour du Parc des Princes. Deux éléments qui sont les piliers de leur amour du Paris Saint-Germain.

Non, s’il décide de quitter le Parc des Princes, le Paris Saint-Germain ne sera plus le Paris Saint-Germain. Il n’en sera plus qu’un ersatz, au nom galvaudé.

Une vie sans le PSG au Parc des Princes ? Une vie sans le Parc, donc une vie sans le PSG ? Rien que de l’imaginer, je me sens affreusement vide. Impossible perspective. Saint-Denis, Poissy, Saint-Cloud, Joinville-le-Pont, … On s’en fout ! Le Paris Saint-Germain, c’est le Parc des Princes. Le Parc des Princes, c’est le Paris Saint-Germain. Pour le Paris Saint-Germain, c’est au Parc des Princes que l’histoire s’écrit.

C’EST AU PARC DES PRINCES QUE L’HISTOIRE S’ÉCRIT !

Le Parc est à nous, la démesure on s’en fout.

Nul Parc Ailleurs.

#TouchepasàmonParcdesPrinces

Photo personnelle @supporterduparissaintgermain

Benjamin Navet

Un recrutement en question

Après plusieurs mois d’exercice et une moitié de saison en Ligue 1, un constat s’impose nettement : le PSG a raté son recrutement estival dans les grandes largeurs et il serait opportun que Luis Campos se remette sérieusement en question.

Les deux défaites récentes à l’extérieur face à Lens et Rennes ont démontré que Paris ne disposait pas d’un banc digne de ce nom et que tous les postes n’étaient pas doublés, ce qui devrait être logiquement le cas quand on se veut être un « grand club » européen et l’égal des City, Bayern et autres Real. En dehors de son onze titulaire, Galtier s’appuie sur un effectif relativement médiocre pour un club adossé à une puissance financière aussi énorme, et dès que les hommes de base manquent à l’appel, le niveau moyen baisse considérablement. Pour gagner le championnat et faire un bon parcours en Champions League, il faut pouvoir pratiquer un turnover régulier sans que la compétitivité de l’équipe s’en trouve amoindrie, ce qui n’est pas le cas au PSG. Nous ne dirons pas que Galtier fait avec les moyens du bord, ce qui serait une insulte aux autres équipes de Ligue 1, mais disons qu’il ne dispose pas de ressources illimitées pour mener toutes les compétitions de front, au contraire d’un Guardiola par exemple.

Première question à dix mille balles : pourquoi avoir laissé partir Kalimuendo pour mettre 30 millions sur Ekitike ? Le Rennais restait sur une belle saison à douze buts avec le RC Lens et aurait pu apporter beaucoup à l’attaque parisienne. Il voulait du temps de jeu et dans cette optique son départ est compréhensible, mais recruter un type de vingt ans qui n’a connu que le Stade de Reims pour suppléer Mbappé et consorts relève du risque inconsidéré, surtout quand on voit qu’un attaquant comme Marcus Thuram, très convaincant avec les Bleus lors de la Coupe du Monde, était sur le marché. Certes, Ekitike constitue une promesse sur l’avenir mais malgré ses quelques buts, ses premières prestations n’ont pas convaincu grand-monde et il y a fort à parier qu’il ne sera jamais un joueur de calibre international. Or, l’effectif d’un club comme le PSG ne devrait compter que des internationaux ou des joueurs frappant à la porte de leur sélection.

Les espoirs ont été vite douchés

La grande déception de cette première partie de saison provient des Espagnols. On attendait beaucoup de Carlos Soler et Fabian Ruiz, tous deux régulièrement appelés avec la Roja, et le moins que l’on puisse dire est que les espoirs ont été vite douchés. Soler est tout simplement invisible, fantomatique, neutre et incapable de prendre la relève de Messi à la baguette. Contre Châteauroux en Coupe, lors d’un match au cours duquel Paris a beaucoup souffert, il n’a pas été capable de créer la moindre différence balle au pied et a traversé la rencontre comme une ombre, en dépit de son but anecdotique. Où est passé le joueur qui était un leader à Valence et claquait régulièrement sa dizaine de buts en Liga ? Fabian Ruiz représente lui aussi une énigme tant ses dernières sorties ont été décevantes. On nous avait vendu un joueur « box to box », capable de récupérer, d’orienter le jeu, de casser les lignes, voire de marquer grâce à une jolie frappe de balle, et on se retrouve avec un type emprunté qui se contente d’aligner les passes latérales et d’expédier les affaires courantes sans jamais prendre le moindre risque.

Même si certains comme Riolo lui préfèrent un Valentin Rongier et le trouvent surcôté, Verratti est plus que jamais indispensable à l’entre-jeu parisien et son absence laisse un vide abyssal, car personne d’autre que lui n’est en mesure de prendre les commandes du jeu. Juan Bernat n’est plus que l’ombre de l’excellent latéral qu’il a été et s’est montré incapable d’assurer l’intérim pendant la blessure d’un Nuno Mendes explosif et décisif. Quant à Sarabia, il a fait ses valises pour l’Angleterre, ce qui constitue plutôt une bonne nouvelle au vu de ses performances, mais son échec comme celui de ses deux compatriotes soulève une épineuse question : pourquoi des joueurs aussi performants ailleurs (Sarabia sortait d’une saison à vingt pions avec le Sporting Portugal) se noient-ils lorsqu’ils débarquent au PSG ?

On snobe l’hexagone

Vitinha et Mukiele constituent deux satisfactions relatives. L’international portugais a démarré en trombe, à l’image de l’équipe, mais est quelque peu rentré dans le rang et semble chercher un second souffle. Sa complicité avec Verratti saute aux yeux mais Paris aurait besoin d’un véritable récupérateur plus physique et costaud dans les duels, un rôle qu’a du mal à assumer Danilo Pereira, souvent appelé à faire parler sa taille et sa puissance en défense. Vitinha semble plus à l’aise lorsqu’il évolue un cran plus haut, au soutien des attaquants, et est en mesure de faire parler sa qualité de passe dans les trente derniers mètres. Mukiele a démontré de belles choses, une vraie aptitude au un contre un, une rigueur sans failles dans son couloir, une capacité à déborder et centrer qui lui a valu de délivrer quelques passes décisives, au point de venir véritablement concurrencer Hakimi aux yeux des supporters parisiens. Il ne ferait pas tache en équipe de France, où Pavard et Koundé sont loin d’apporter toutes les garanties sur le flanc droit de la défense. Le milieu de terrain et le défenseur français sont les deux seules recrues à ne pas décevoir franchement et il s’agit d’un bien maigre bilan lorsqu’on dispose d’une enveloppe aussi conséquente, malgré les contraintes du fair-play financier et les pertes enregistrées par le club ces dernières années.

On a cassé beaucoup de sucre récemment sur le dos de Leonardo, coupable comme Pocchetino de tous les maux parisiens, mais fut un temps où l’ancien directeur sportif faisait les beaux jours du club grâce à ses contacts en Italie. On lui doit les signatures de Pastore, Lavezzi, Cavani, Ibrahimovic, Thiago Motta, Thiago Silva, Verratti, Maxwell, des joueurs qui ont gagné des titres et fortement marqué l’histoire du club. Aujourd’hui Campos préfère faire son marché en Espagne et sa stratégie s’avère aussi inadaptée qu’inefficace. Pourquoi tout simplement ne pas recruter de bons joueurs de Ligue 1, rompus aux joutes du championnat et capable de tenir leur rang en Champions League, comme le faisait Lyon à sa grande époque ? On pense tout naturellement à Seko Fofana, Randal Kolo Muani, Jean-Clair Todibo, Kephren Thuram, Jonathan Clauss, Kevin Danso, Benjamin Bourigeaud, Martin Terrier, autant d’éléments qui ont fait leurs preuves et auraient fait un bien fou au PSG. Mais non c’est « rêvons plus grand », alors on snobe l’hexagone et on recrute de l’espingouin à gogo.

D’autres clubs de Ligue 1 ont réussi leur mercato, comme l’OM, qui a fait signer Alexis Sanchez, Clauss et l’excellent Mbemba, Monaco, qui a vu débarquer Camara et Embolo, ou Lens, qui a réussi à pallier les départs de Clauss, Kalimuendo et Doucouré en misant sur Frankowski, Abdul Samed et Openda. Muni de quelques petits points d’avance en tête du championnat, Paris pourrait payer au prix fort son recrutement raté en laissant filer son titre national, sans parler de la Champions League qui, au vu du niveau actuel de l’équipe et de ses carences flagrantes, relève de la chimère. Si les joueurs du Bayern ont vu les derniers matches des Parisiens, ils doivent se frotter les pognes.


Denis Ritter

On veut Navas !

Et voilà. Comme prévu le PSG s’est incliné à Lens. Comme prévu oui, et depuis longtemps même. Rien qu’avant le Mondial on savait que ce match casé un premier janvier, sur un terrain gelé, sans nos stars mondialistes serait un combat, face à une équipe de Lens sans surprise, accrocheuse, physique, avec un Fofana en maestro, une défense et un bloc difficile à bouger, des contres puissants et ravageurs.

Il y a encore une semaine, notre match sans rythme et sans envie contre Strasbourg nous alerta sur ce qu’il ne fallait surtout pas faire contre Lens. C’est-à-dire un non match pépère. Bien sûr, c’est ce qu’on a fait. Tellement prévisible. Qui a vu notre match contre Strasbourg et celui de Lens contre Nice, a compris que face à l’envie nordiste il fallait sortir un match « Ligue des champions » pour gagner à Bollaert. Les joueurs et le staff du PSG n’ont pas dû voir ces deux matchs.

Finalement le terrain ne sera (n’était ?) pas gelé et Mbappé était là. Tout le reste malheureusement s’est déroulé comme prévu. Un PSG fragile défensivement (nous y reviendrons) un milieu qui s’est fait exploser façon puzzle, une attaque où le seul espoir s’appelle Kylian. Il a beau être Mbappé il ne pourra pas nous gagner 38 matchs de championnat. Soit les joueurs n’étaient pas prêts, soit Galtier a pris une leçon tactique. Soit les deux. Voir les Lensois dérouler leur partition, les voir faire ce qu’ils avaient exactement décidé de faire, sans être aucunement contrariés par de dociles parisiens, voilà qui est très inquiétant.

Bien sûr jusqu’ici tout va bien. Toujours leader (avec seulement 4 petits points d’avance), qualifié encore en Europe et en Coupe de France… J’ironise certes, mais j’ai bien peur que dans quelques semaines on ne puisse plus écrire cela…
Quels sont les constats que nous pouvons faire depuis le début de saison ? Et depuis plus longtemps même pour certains… S’ il y a des absents majeurs, le PSG redevient une équipe friable, presque lambda. Le jeu se désagrège totalement, l’état de grâce de Galtier tire à sa fin. D’autres y sont passés avant lui.. Ce qui ne rassure vraiment pas. La défense n’a pas confiance, le milieu sombre dès que l’adversaire le presse, l’attaque est vite orpheline quand il manque un des trois fantastiques. Alors quand il en manque deux…

Regardons un peu plus en détail chaque secteur de jeu. Et commençons par ce qui marche (quand il n’y a pas d’absents). Ça ne marche même pas, ça vole ! Neymar, Messi, Mbappé. Quand ces trois-là sont au top, Paris ne craint pas grand-chose. Certains nous prédisaient des retours de Coupe du monde difficiles pour ce trio. Il n’en sera rien a priori. Et tant mieux. Oui c’est tant mieux car le jeune Ekitiké, malgré son fort joli but d’avant-centre à Lens, est beaucoup trop léger pour le très haut niveau. Léger dans tous les sens du terme.
Le milieu catastrophique à Lens est toujours orphelin de Motta et Matuidi. Terrible constat.

Ngolo Kanté a résisté longtemps à nos avances, Seko Fofana est resté à Lens cet été. Deux joueurs nés à Paris. Pourquoi et comment a-t-on pu laisser Fofana resigner à Lens ? Les Gueye et autres Paredes ont été des choix par défaut. Soler et Ruiz des achats de fin de mercato. À quand une vraie recrue au milieu de terrain ? Danilo a fait ses meilleurs matchs en défense (Tuchel si tu nous lis). Fabian Ruiz avait fait de bons matchs avant le Mondial. Hier il a été catastrophique. J’espère que son excuse était d’être encore à fêter le nouvel an sur les Champs à 5 heure du mat’ imbibé d’alcool. Sinon comment expliquer son piteux match à Bollaert ? Trop mauvais pour être vrai. Soler c’est bien quand on n’a pas d’autres absents dans l’équipe, pour jouer contre Auxerre ou Châtellerault. Quant à Sarabia (que je considère comme un milieu offensif et non comme un attaquant), sa rentrée contre Strasbourg fut une honte, son match contre Lens mérite le même qualificatif.

Il n’a plus envie de jouer au PSG ? Merci, au revoir. Il nous a montré pourtant dans le passé qu’il pouvait être un supersub de qualité. Il semblerait que ce rôle ne l’intéresse plus. Avec la Roja dès qu’il rentre en jeu il court partout. La différence de motivation est saisissante. Alors oui heureusement LE bon coup de cet été s’appelle Vitinha (même s’il semble subir le contre-coup de sa grosse année 2022), il forme avec Verratti une paire d’artistes de poche à faire se lever un stade devant tant de technique, de talent et d’audace. Mais ce n’est pas suffisant avec un milieu physique comme celui de Lens en face. On le savait déjà également.Et Renato Sanchez me direz-vous ? Je ne tire pas sur l’ambulance. Même si elle le mériterait.

Avec Navas derrière cette charnière

Nous arrivons à la défense. Le point majeur d’une équipe. Je ne m’attarderai pas sur nos latéraux, à gauche si ce n’était les blessures, on ne pourrait pas reprocher grand-chose à Mendes ou Bernat. J’espère que le premier jouera longtemps pour nous, quand à l’autre je pense que c’est sa dernière saison. Cela me semblerait logique. À droite offensivement Hakimi est au top à son poste, défensivement il peut encore progresser. Mukiele a été un des rares à « faire son match» contre Lens. Il a aussi une marge de progression, mais le petit gars de Montreuil a tout je l’espère pour empêcher Hakimi de se reposer sur ses lauriers.

J’en arrive donc à nos défenseurs centraux. Sergio Ramos n’ a plus les jambes pour tenir 90 minutes à haut niveau. À Lens il a vraiment souffert sur la dernière demi-heure. Comme chantait Reggiani : à quoi bon jouer la comédie du vieil amant qui rajeunit ? Pourtant personne tu le sais bien, ne repasse par sa jeunesse. Pour l’ordinaire de la Ligue 1 cela passe sans problème. Pas pour les matchs à très grosse intensité.

Kimpembé semble quant à lui stagner, intraitable jusqu’à un certain niveau. Il n’arrive pas à gommer ses boulettes qui peuvent coûter très cher à l’équipe. Il retombe directement dans ses travers dès que cela ne se déroule plus comme prévu pour son équipe. Perte de sérénité, fautes stupides, cartons stupides, expulsions stupides.

Marquinhos, notre capitaine, lui n’a toujours pas tué le père. Silva s’en est allé. Au début pourtant la paire qu’il formait avec Kimpembé paraissait très solide. Avec Navas derrière cette charnière, nous avions l’impression de pouvoir résister à n’importe qui. Le problème c’est qu’un soir de mars de Ligue des champions au Bernabeu, l’usurpateur Pochettino décida contre toute logique et tout feeling de mettre Navas sur le banc. La suite ? Le pire match de Marquinhos au PSG. Un Donnarumma qui sombre et fait couler tout le monde avec lui. Depuis les deux semblent avoir toujours ce match au-dessus de leur tête.

Navas PSG
Coucou je suis là ! © Icon Sport

Avant de parler de nos gardiens, je tiens tout de suite à préciser que mon propos n’est pas de dire que Donnarumma est nul. On n’est pas champion d’Europe et élu meilleur joueur de la compétition par hasard surtout pour un gardien. Sur sa ligne je pense qu’il est le meilleur au monde. En revanche dans tous les autres secteurs de la panoplie du gardien, il a encore beaucoup à progresser. Ses sorties dans les pieds sont trop souvent mal senties et à contre-temps. Dans ses face-à-face il n’est pas assez souvent décisif. Et surtout expliquez-moi comment un gardien qui fait 1m96 ne peut-il pas être maître des airs dans sa surface ?

On dit souvent que le poste de gardien est capital est dans une équipe. C’est tellement vrai. Le gardien doit, en plus de son talent propre lié à son poste, inspirer la confiance à ses partenaires et d’abord sur ses défenseurs. Quand tu sais que derrière toi, même si tu te rates il y un bloc, tu joues libéré, et surtout en confiance. Alors que quand tu sais que ton gardien n’est lui-même pas en confiance… cela rejaillit sur toute sa défense. C’est exactement ce que nous vivons depuis ce maudit soir de mars. Certaines stats font plus que de longs discours. Lens a fait quatre tirs cadrés dimanche pour trois buts.

Christophe Galtier a tranché en début de saison, c’était une bonne chose de mettre fin à l’alternance sans logique de son prédécesseur. Malheureusement le choix du joueur n’est pas le bon. Mais qui a réellement décidé ? Nasser ? Campos ? Galtier ? Un moment donné il va falloir avoir l’honnêteté de reconnaitre qu’on s’est trompé.

Un début de vrai changement

Ce qui est déprimant et énervant c’est que l’on sait déjà aujourd’hui que contre le Bayern on ne passera pas. Exactement de la même façon que pour le match de Lens où l’on savait que notre milieu prendrait l’eau, que notre défense en manque de confiance ferait n’importe quoi (le placement des latéraux, la roulade de Ramos, et je ne parlerai pas du troisième but…) On sait que l’on va couler, mais on continue, et si ce ne sera pas le Bayern ce sera le Real ou City ou n’importe laquelle des équipes du top européen qui jouent sur un vrai rythme et en confiance. Tout ce qui nous manque.

Alors on pourra battre Châteauroux et Angers, peu importe on sait que notre saison se joue sur une dizaine de matchs au mieux. La prochaine grosse échéance (Lens étant passé) sera le Bayern. Et je pense que comme tous les supporters qui connaissaient déjà le déroulement du match de Lens avant de le voir, ils savent tout aussi bien comment se passera celui du Bayern avec le fiasco qui nous pend au nez. Si l’on veut éviter de pleurer au printemps c’est maintenant qu’il faut changer. Installer Navas dans les buts serait un début de vrai changement et surtout un retour à la confiance.

Qui au club aura la clairvoyance pour le bien du PSG d’imposer Navas dans les buts ? Galtier est-il le seul décisionnaire ? Si oui, Christophe (je peux t’appeler Christophe ?) ouvre les yeux. Tu (on peut se tutoyer ?) es intelligent, tu connais le foot. Le feeling, la psychologie, le mental. C’est ce qui manque depuis le début au PSG de QSI pour dominer l’Europe. Tu as fait confiance à tes joueurs pour le 31 décembre, tu n’as pas fait de mise au vert. Résultat : un match sans envie, d’une indolence crasse, et cerise sur la galette, les femmes de certains joueurs ont posté sur les réseaux sociaux des photos de leurs maris à 3 heures du matin… Le jour même d’un match aussi important.

Christophe il va vite falloir taper du poing sur la table et recadrer tout ça !! La première décision est de réhabiliter Navas et de lui donner le brassard. Car une certitude pour cette fin de saison. Sans Navas point de salut, on court droit au désastre. Je sonne l’alarme dès début janvier pour ne pas que sonne le glas pour le PSG en mars. Christophe, à travers Virage, écoute la voix du peuple parisien : on veut Navas !


J.J. Buteau

Mon petit Marquis

Marqui, mon petit Marquis,

On se souvient tous encore de ton appareil dentaire. Ils t’auraient appelé Biactol au Lycée Simone Weil que ça nous aurait pas étonné.
Mais te voilà déjà qui marches dans les pas des Saint-Patrons du PSG…
Comme eux t’as compris. À la différence de Neymar ou Messi, t’as compris Paris depuis longtemps. Paris, cette putain magnifique, elle se mérite.

T’étais vénère qu’on soit vénères l’année dernière. Alors t’as pris tes couilles au micro de Canal + pour nous le dire, confiant comme quelqu’un qui aime vraiment. Car quand on aime vraiment on se dit la vérité.

Oui Marqui, la vérité c’est que la prochaine fois tu devras prendre le micro du Virage Auteuil pour PARLER à ceux qui sont là plutôt qu’à ceux qui sont sur leur canap. La vérité, c’est qu’à toi on n’en voudra jamais. On se demande juste parfois si tu ne devrais pas te libérer du capitaine Silva. Un immense joueur et un grand homme, mais tellement gentil… Et tellement triste tellement souvent à cause de ça précisément.

Alors justement sois pas triste, Marqui, sois méchant. Méchant comme le football l’est avec les parisiens, comme le sont les brésiliens avec leurs vaincus. Vingt-huit ans dont dix de PSG, droit dans tes bottes, trois gosses à la casa et capitaine de tes équipes… Inspiration… C’est le moment putain ! Prends le respect! Sois le patron !

© Icon Sport

Chez les gens comme nous, les gars comme toi, les Princes, les Seigneurs, la Noblesse des footballeurs… restent.
Et le reste passe.

Alors faut pas avoir la saudade à chaque fois que Fluctuat. Parce que Nec Mergitur, dans le fond, tant que t’es là, non ?

T’es beaucoup plus que capitaine et beaucoup plus que brésilien, Marqui, t’es Parisien.
Ça vaut toutes les coupes du monde du monde, ça.

On t’attend ici, chez toi. Ça caille mais ça ira tu verras. Bisous.

Ta famille

PS : Stp dis à Nasser que si Paris quitte le Parc après avoir quitté Saint-Germain, ça va commencer à être dur pour nous d’appeler ça Paris-Saint-Germain. Il y a beaucoup plus à perdre qu’un stade.


Noé Pellissier

Le meilleur est à venir

L’automne est là. Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
comme les polémiques au PSG. Ca fait déjà quelques semaines que je cherche un peu d’inspiration pour écrire, tant bien que mal. Mais pour dire quoi ?
Après un début de saison enthousiasmant sur le terrain, ce sont de nouveau les coulisses, pour ne pas dire les bas-fonds du PSG qui alimentent quotidiennement les rubriques sportives. A tel point qu’on peut se demander
si le football y a encore sa place.

Les casseroles de Nasser, la blague maladroite de Galtier, les tensions entre Campos et Henrique, les états d’âme de Mbappé, Doha qui envoie un émissaire pour calmer tout le monde, les révélations de Médiapart, les accusations puis les démentis… Ceux qui détestent le PSG vivent une époque formidable. Ceux qui l’aiment, comme moi, commencent à être saisis par une lassitude tenace. J’en viens à regretter la traditionnelle « crise de Novembre » qui fait petit-bras face à au feu médiatique ininterrompu d’aujourd’hui. Bien sûr, je ne vais pas faire semblant de découvrir les affres du foot business, d’autant que d’autres clubs sont eux aussi toujours sous les projecteurs, pour le meilleur ou pour le pire. Tous les supporters, tous les joueurs qui portent le maillot Rouge et Bleu, tous les entraîneurs qui viennent s’asseoir sur le banc parisien connaissent le fameux « contexte parisien ». Tout y est observé, scruté, décortiqué à l’excès. Chaque parole est déformée, sortie de son contexte, alourdie de centaines d’analyses ou commentaires qui n’ont d’autre but que d’attiser les flammes. J’évite autant que possible de lire les dizaines d’articles quotidiens de médias pour qui le code de déontologie du journaliste a été rétrogradé au rang de simple papier hygiénique. Mais l’écho donné à chaque information qui concerne Paris, même la plus insignifiante, est tel que je finis toujours par y être confronté.

Le pire, dans ce constat, est que bien souvent les polémiques sont probablement fondées. Que Nasser ne soit pas une blanche colombe ne laisse guère de place au doute. La mauvaise blague de Galtier ne pouvait que faire bondir, à juste titre, une frange de plus en plus large de la population qui a conscience des enjeux climatiques actuels. Même s’il ne s’agissait que d’une blague maladroite, l’effet était prévisible. Le retour de Henrique au club, avec son historique pour le moins discutable, ne pouvait pas se terminer autrement qu’avec des tensions. Killian qui tire la tronche en début de saison, c’était trop visible pour ne pas être publiquement exposé. Le Prince qui envoie un homme de confiance au club n’a fait que confirmer la mauvaise ambiance vendue par les médias, à tort ou à raison. L’enquête de Médiapart sur la « cyber armée » du club pilotée par Jean-Martial Ribes est le dernier dossier en date, avec les envies de départ de Mbappé en corollaire. Comme toujours, le club a fermement démenti. A chacun de se faire son opinion. En ce qui me concerne, je ne serais absolument pas surpris si c’était vrai. Cette méthode, méprisable, a montré toute son efficacité dans la politique depuis plusieurs années. Un club comme le PSG, piloté par un Etat aussi riche qu’ambitieux et pas franchement regardant sur ce qui est légal ou non, est bien plus qu’un club de foot. C’est un outil politique comme un autre. Les médias se régalent et n’en demandaient pas tant.

Perdu en saveur ces dernières années

Reste-t-il une petite place pour le football, celui qui se joue sur le rectangle vert, au Paris Saint-Germain ? Oui, et heureusement. Mais il est vu exactement du même œil que le reste. Il est difficile de contester que l’effectif parisien a un talent certain. A partir de ce constat, la posture médiatique est simple : à l’impossible, nul n’est tenu, sauf le PSG. Que des fans, des supporters, Parisiens ou non, se laissent aller à des commentaires trop rapides et forcément incomplets ne me surprend pas. Ca m’agace prodigieusement mais c’est en adéquation avec notre époque et ses habitudes. Mais que ces « experts » qui pullulent sur les plateaux de télévision soient capables d’afficher une telle aisance dans la mauvaise foi et l’approximation me sidère. Je ne mets évidemment pas tout le monde dans le même sac poubelle, tri des déchets oblige. Certains ont une véritable analyse, réfléchie, argumentée, qui tend vers l’objectivité. Des licornes médiatiques, en quelque sorte. Mais pour une licorne, on a dix ânes. Et les ânes, comme vous le savez, sont incroyablement bruyants et s’entendent à des kilomètres. Je ne les nomme pas, ce serait leur faire trop d’honneur. Et on peut toujours compter sur eux pour trouver matière à critiquer les joueurs. On peut toujours débattre, évidemment, et les performances peuvent toujours être améliorées. Mais comme je le disais plus haut, l’impossible est exigé du PSG. Toujours gagner, largement, avec la manière. C’est la moindre des choses. De telles exigences, en plus d’être stupides, nient totalement la réalité du football professionnel. C’est chercher des certitudes qui ne peuvent pas exister.

Ce contexte pesant a sérieusement compromis le plaisir que j’avais à suivre le PSG. Je regarde toujours les matchs, je m’enflamme toujours devant la facilité de Verratti, la folie de Neymar, le génie de Messi, la puissance de Mbappé. Mais je sais que le plaisir est fugace et rapidement chassé par une énième polémique. Il ne s’agit peut-être que d’une légère déprime saisonnière. Peut-être que des matchs me redonneront espoir bientôt. Peut-être que des gestes, des inspirations, des traits de génie me feront bondir de joie comme avant. Je l’espère sincèrement et avec beaucoup d’impatience, car je trouve que tout cela a un peu perdu en saveur ces dernières années. Je ne veux surtout pas tomber dans le « c’était mieux avant », alors je vais m’efforcer de croire encore un peu que le meilleur est à venir.


Café Crème et Sombrero

Révolution. Acte 1 scène 1

Viva la revolucion ! Oui la révolution a donc eu lieu.
Réclamée par votre serviteur dès début février dans VIRAGE,
QSI a enfin pris conscience de la situation (Nasser lirait-il Virage ?),
après la « lente et interminable agonie vers la saison prochaine » que je craignais
le PSG a enfin pris de grandes décisions, pour changer d’état d’esprit
et apprendre (nous l’espérons tous) de nos échecs passés.

Le bon Nasser s’est débarrassé de la brute Pochettino et du truand Leonardo. Truand, le mot est dur c’est vrai, et c’est surtout pour la référence cinématographique.
Ah Léo ! Joueur, de son premier but à Strasbourg (qui sera le seul du match), jusqu’au feu d’artifice face à Bucarest je l’ai tant aimé… Classe, finesse, technique, précision, intelligence… Mais à l’époque le PSG ne pouvait rivaliser avec le Milan AC. Ce fut donc un premier départ. Premier retour avec QSI couronné de succès en tant que directeur sportif. Le PSG vivra longtemps sur les fondations solides qu’il a posées. Verratti et Marquinhos en sont encore les pierres et le ciment. Puis sur un coup d’épaule il dû à nouveau partir. Six ans plus tard il est attendu comme le sauveur, moi le premier je me réjouis qu’il revienne à la maison. Pourtant au final son bilan fait mal. Son premier mercato s’est retrouvé dans le loft (quel vilain mot) de cet été (Icardi, Diallo, Gueye, Herrera, Navas…).

Il y a un an tout le monde se réjouissait du mercato et de l’arrivée de Messi. La désillusion sera au niveau des espérances suscitées. Le fantôme Wijnaldum représentant à lui seul le fiasco. Pourquoi virer Tiago Silva pour prendre Ramos ? Pourquoi prendre Donnarumma alors que Navas est là ? Pourquoi ne pas avoir prolongé Cavani ? Et tant d’autres interrogations, mais celle que je ne comprendrai vraiment jamais, c’est pourquoi avoir fait resigner Kurzawa ? Et quand on sait qu’avec Leo, Pogba serait aujourd’hui au PSG… Viva la revolucion !

Brute Pochettino ? Non bien sûr. Mais le bon, le mou et le truand n’aurait pas fait un bon titre. Que dire de la trace laissée par Pochettino entraineur du PSG ? Rien ! si ce n’est un immense gâchis et un grand foutage de gueule. Ou l’inverse, ça fonctionne aussi.
Style de jeu proche du néant, joueurs démobilisés et sans envie, jeunes écartés, et pour moi le pire, la non titularisation de Navas à Madrid. C’était son match. Une évidence. Pour tous. Sauf pour Momo la pochette. Le passage de Momo au PSG sera comme ses conférences de presse et le jeu de son équipe. Chiant. Inodore. Incolore. Viva la revolucion !

C’est du passé n’en parlons plus dit la chanson. Et le futur s’écrira avec notre Kyky national, qui au bal a su faire danser le grand Real. Assurément la meilleure nouvelle de l’intersaison, de l’année et même plus. Son départ aurait été un tel désaveu, un tel camouflet, une gifle humiliante pour Paris. La gifle sera pour le Real. C’est avec Paris qu’il veut écrire l’histoire. Je me souviens en 2017 alors que j’interrogeais mes voisins de tribune, ultras parisiens, pour savoir pourquoi ils ne lui faisaient pas une chanson, on me répondit « il n’aime pas le club, il pense déjà à partir au real, c’est un mercenaire ».
Cinq ans après il est là plus que jamais. Mes voisins de stade j’en suis moins sûr.

Le deuxième fait marquant de cet été révolutionnaire fut le « fini le bling-bling » de Nasser. Oui arrêtons de rêver plus grand. Fin du slogan de QSI, leitmotiv du club depuis 11 ans !
Le PSG n’est plus une vache à lait. Le PSG redevient un club de foot. La Ligue des Champions ? Oui on veut la gagner et on va tout faire pour. Mais ce n’est plus une obsession. La priorité aujourd’hui c’est le jeu. Avoir des joueurs qui sont de vrais professionnels et qui prennent du plaisir ensemble. Un football offensif, beau à voir mais qui demande de vrais efforts, de la souffrance, de la sueur. Peu importe le joueur, fini les passes-droit. Beaucoup ne l’ont pas pris au sérieux. Moi si.

T’as voulu du Zidane, t’auras du Galtier. C’est toujours du marseillais, mais pas bling-bling.
Forcément sur le coup t’es quand même un peu déçu. Et puis quand tu réfléchis un peu, tu te dis. Pourquoi pas ? Certes j’ai détesté le joueur, mais au fil des années il faut reconnaitre qu’il n’a connu que des succès en tant qu’entraineur. Sa com est toujours parfaite et chose rare, c’est un des seuls entraineurs à n’avoir jamais craché sur le PSG. Si l’on ajoute à cela que ses équipes nous ont toujours posé beaucoup de problèmes, c’est qu’il doit être meilleur que nos derniers entraineurs non ? L’année dernière il nous a quand même sorti de notre coupe de France et je ne parlerai même pas du titre Lillois d’il y a deux ans…
Le début de saison est pour l’instant quasi-idyllique, quasi-parfait. Oui quasi. Car pour moi la seule grosse erreur de Galtier est son choix du gardien titulaire. Voilà un grain de sable bien plus sérieux qu’un grain de sable de char à voile. Une dune plutôt. Qui pourrait se transformer en Sahara.

Remettre Navas sur le terrain

Rappel des faits, l’année dernière Momo piccolo décide de ne rien décider. Il joue l’alternance au poste des gardiens. Et il faut bien reconnaitre qu’étonnamment cela fonctionne plutôt bien. En Ligue des champions l’alternance est aussi de mise. Match aller face au Real, il choisit Donnarumma. Le retour sera pour Navas. La question ne se pose même pas… Et pourtant… Titularisation incompréhensible de l’italien, qui en plus fera la boulette (oui l’arbitre aurait pu siffler faute, mais on est à Madrid) qui fera basculer le match et toute la saison avec. Voilà comment perdre ses deux gardiens sur une décision aberrante.  Navas sait que l’on ne compte plus sur lui et Donnarumma a perdu sa confiance et celle de ses coéquipiers, des supporters, du public, des médias, de tout le monde.

A l’intersaison les deux portiers sont d’accord. Il ne peut en rester qu’un. Fin de mercato les deux sont toujours là. Sans parler de l’ami Rico réjoui moyennement de la situation lui qui passe, de fait, de numéro deux à trois… Soyons honnête, Je ne connais pas un supporter parisien qui ne tremble pas dès que le géant italien a le ballon dans les pieds, (Si ce n’est pas votre cas écrivez-nous contact@virage.paris ) craignant l’inéluctable boulette.
Oui nous le savons tous que cette boulette va arriver. Quand ? Personne ne le sait, mais on redoute tous que ce sera lors d’un match décisif de Ligue des Champions. Ici c’est Paris et cela semble écrit.

J’entends des journalistes dire qu’il fait deux arrêts sur sa ligne contre la Juventus. Oui mais ces deux arrêts n’auraient jamais dû exister s’il était sorti. Même constat sur le but encaissé. Il doit sortir (dans tous les sens du terme). Comment un gardien qui fait 1 mètre 96 et 90 kilos peut il avoir peur de faire des sorties aériennes ? Je ne parle pas de faire des acrobaties extraordinaires comme on en a vécu avec Bernard Lama, ou même dégager aux poings comme le faisait si bien Joël Bats. Non. Juste lever les bras pour prendre le ballon.
Comment le meilleur joueur du dernier Euro peut-il paraitre aussi fébrile, aussi mauvais ?
Bien sur Galtier hérite d’une situation pourrie (merci Leo et Momo), mais je ne sais pas sur quoi il s’est basé pour faire son choix ? Directives du club ? l’âge ?

Il n’est cependant pas trop tard et seuls les idiots ne changent pas d’avis. Galtier est trop intelligent pour ne pas voir que la fébrilité du gardien contamine les défenseurs et se diffuse à l’équipe. Il connait trop le football pour savoir qu’un gardien c’est la base d’une équipe. Le joueur le plus important c’est lui. Pour gagner une Ligue des Champions il faut un grand buteur et un grand gardien (pas forcement par la taille hein…). Niveau buteur on est paré. Niveau gardien aussi, malheureusement il est sur le banc.

Le problème c’est que rien ne nous garantit que Navas ne serait pas lui aussi impacté par la situation s’il était titulaire. On l’a vu la saison dernière faire des petites fautes auxquelles nous n’étions pas habitués de sa part. Christophe (un peu tôt pour t’appeler Galette) si tu nous lis, bientôt arrive la coupure pour les matchs des sélections nationales, l’occasion idéale de remettre Navas sur le terrain, et cela jusqu’à la prochaine trêve internationale. Oui je sais ce sera la coupe du monde. Mais justement ! Ce sera la dernière de Navas, il va vouloir être au top et il sera forcément à fond. Gianluigi lui va regarder la coupe du monde avec Marco dans un canapé poltronesofa autour d’une bonne pizza arrosée d’un bon chianti, suivi d’un bon cigare.

Le sort est vraiment taquin quand on voit Mike Maignan formé au PSG adulé au Milan AC élu meilleur gardien de série A la saison dernière…. J’ai toujours été contre la concurrence pour les gardiens, mais quand l’évidence se fait jour il ne faut pas tourner la tête. Christophe Il faut mettre fin à cette mascarade des gardiens et faire jouer le meilleur. Et cela dans l’intérêt du PSG, pour ne pas qu’un grain de sable devienne grosse boulette, pour finir dans une mauvaise bouillabaisse. Non vraiment Christophe, il ne faudrait pas que l’acte 2 de la révolution et de la saison tourne à la commedia dell’arte et à la bouffonnerie à cause d’un Gianluigi comme il y a déjà trois ans… Mais ça c’est du passé n’en parlons plus… Surtout que le futur parait si prometteur en ce début septembre, ne gâchons pas tout.

Allez Paris !


J.J. Buteau

Apologie de l’hygiène de vie de Neymar 2

Ce texte fait suite à une première Apologie publiée par Virage début 2021, et risque fort de se retrouver, peu ou prou, dans un ouvrage à venir consacré à Neymar.

D‘abord être conséquent : faire l’apologie de l’hygiène de vie de Neymar à tout moment. Y compris aujourd’hui. Je le prends comme il est et l’aime en l’état. C’est un type qui a besoin d’inconditionnalité. Je me dévoue et ne vous en veux même pas de lui en vouloir un peu. 

À 30 ans, Ney a marqué autant de buts que CR7 au même âge. Peut-être en marquera-t-il moins que Ronaldo entre 30 et 35, mais en combinant ses buts, ses passes décisives, ses dribbles et ses gestes techniques, il est statistiquement déjà tellement loin devant… Je vous parle même pas de la dimension esthétique. 

Finalement, c’était pas à Mbappé qu’il fallait une équipe, un coach, un directeur sportif un peu raide… mais à Neymar ! Avec Nuno, Hakimi et Vitinha, voyez comme il biche notre super héros à face de manga. Même plus besoin de dribbler ! Juste à résoudre des équations esthétiques, ajuster des passes aux vitesses de ses coéquipiers, définir des trajectoires. Sa vocation. Sa mission. Sa fonction. Son art. 

Car il est comme Susic, Neymar : il ne dribble que pour pouvoir passer. 

Aveu qui ne m’honore pas : grisé je suis de voir les footixiens tomber sur Mbappé après l’idiot penaltygate. 

Et plus encore de lire Riolo prêchant dans le désert intellectuel qu’est twitter au sujet de l’impossible réconciliation entre les deux hommes. Ma bonne dame, voyez-vous ça !, les deux peuvent plus se blairer. On comprend bien qu’il est de droite, là, le Daniel. Il ne lui vient pas à l’esprit que Mbappé et Neymar sont des employés qui obéissent à leur patron. Il sait pourtant d’expérience que l’histoire du foot (et celle de toute entreprise) regorge d’inimitiés plus ou moins notoires et peu opérantes sur le terrain. 

Ce qu’il se passe depuis quatre matchs est évidemment trop beau pour être vrai. Exactement pour ça qu’il faut y croire. 

L’année où la découverte de textes inédits de Céline annonce une prochaine relecture – fatale, espérons-le aux spécialistes et exégètes – de son autobiographique œuvre, Neymar se réinvente, se métamorphose, se grime en joueur épurant, dribble ses fans en multipliant les passes et remises et ses ennemis en jouant court, simple et élégant. 

Et tous de découvrir ce que nous sommes quelques-uns à pisser dans des violons depuis des mois et des mois : des trois de devant, Neymar était le seul à défendre. Je veux bien croire qu’il arrive « épuisé » à l’entraînement, mais en match, à part pour gruger l’arbitre, il ne triche jamais et joue tous les ballons…lui ! 

Personne n’a jamais vu Neymar s’arrêter pour chouiner et grommeler sous prétexte qu’on ne l’a pas lancé en profondeur comme il l’attendait. 

Durant un Atlético – Barça de jadis, en LDC, Neymar s’est fait cisailler au cœur de la défense adverse et l’arbitre n’a pas moufté. À sa manière de se relever et de se lancer les dents serrées à la poursuite du tacleur, j’ai annoncé à mon Neymarien beau-fils le jaune que son idole allait prendre !… Cette bêtise dénuée d’hypocrisie, l’exacerbé sentiment d’injustice et d’incompréhension, l’absence spectaculaire de discrétion, attestant de la pureté intentionnelle (certes mauvaise) qui avaient gouverné son « vilain » geste me touchèrent et me séduisirent d’autant plus que les commentateurs, naturellement, l’accablèrent. Les conformistes, de quelque point cardinal qu’ils vinssent, me répètent à l’envi depuis que je suis tout petit qu’un homme : ça se retient, ça s’empêche, ça se raisonne. Ce serait même à ça qu’on le reconnaît, écrit Camus – à moins que ce ne soit Soprano. Tant pis. Je continue de préférer ceux qui exagèrent. Les autres sont nécessaires, eux sont indispensables. Pour être bon et con à ce point, Neymar ne pouvait être qu’un génie. Je date flatteusement ma conversion à ce jour-là. 

Neymar PSG
Who’s the boss ? © Icon Sport

Ainsi donc Neymar serait « finito », selon l’horrible mot transnational jusqu’au javanais appartenant au sabir que parlent footeux et internautes. Trentenaire définitivement débarrassé de la légèreté gracile qui gouvernait son jeu et en particulier son dribble, préalable chez lui à tout, qu’allait donc devenir Neymar ? Existerait-il encore, dépouillé de cet art en soi qui assure la légende à quelques glorieux sans palmarès ? 

Figurez-vous que lorsque Neymar ne dribble pas, ou moins, il marque et passe décisivement autant, voire plus. Ce qui signifie, dans le cadre de la croisade esthétique, vengeresse et vaine qui m’occupe, que lorsqu’il dribblait, personne ne se rendait compte que déjà il marquait et passait décisivement – vraiment – beaucoup. 

Peut-être aussi que s’il dribble moins, c’est parce que s’appuyant enfin sur un milieu de terrain haut de gamme il n’a plus à porter l’équipe ; qu’avec Messi replacé, nos ailes ressemblent à des pistes d’envol et qu’Hakimi devient à ses yeux beau comme Nuno ; qu’il a désormais devant lui plus de solutions que de problèmes. 

Traditionnellement, le dribbleur est court, puissant, centre de gravité près du sol. Si le mètre soixante-quinze dont les tales of the tapes créditent Neymar fait de lui un joueur plus petit que la moyenne en 2022, il mesure néanmoins 10 cm de plus que Maradona, 6 de plus que Garrincha, Messi ou Ariel Ortega. Et même au sortir de festives vacances empâtantes, jamais il n’a eu les grosses cuisses de Ronaldinho – qui, avec son mètre quatre-vingt-deux et ses quatre-vingt kilos, est bien plus moderne que lui de gabarit. 

Physiquement, Neymar ressemblerait plutôt à George Best. Même taille, même poids – comme on dit même père même mère dans une famille polygame. Même sens-goût-passion du dribble. Même redoutable efficacité devant le but. Même goût de l’alcool, ricaneront certains. À tort. Best souffrait d’alcoolisme. Neymar est juste un fêtard. 

Jean Cécé : « Ney est l’enfant légitime de Best et de Garrincha ». 

Et je suis le beau-père de l’auteur de cette sentence : « En toute modestie, je peux affirmer que j’ai été le premier Français à imiter en classe les célébrations de Neymar à Santos ! ». J’assume mon destin.


Gregory Protche