Souvenirs

Diego Maradona Virage PSG

Diego

Diego est mort, quel Diego s’est demandé Angel Di Maria tant ta mort n’est pas concevable. Diego est mort, on dirait le titre d’un mauvais roman policier.
Diego Armando Maradona est mort, annonce la presse argentine, voilà ce qui est apparu sur mon téléphone, tel un crochet à la mâchoire,
j’ai eu quelques secondes d’absence pour me demander moi aussi
si on parlait bien de toi, eh oui, tu es bien parti.

J’avais onze ans en 1986 lorsque tu as éclaboussé la coupe du Monde au Mexique de ton talent hors norme, tu fais partie des joueurs qui ont ancré le football à ma vie, comme Michel ou Luis, tu m’as émerveillé, ce sport si facile à pratiquer, dans mon école, dans ma cité à Aulnay-Sous-Bois, quand nous passions notre vie les genoux râpés à force de gamelles, de coups de pieds, de passes ratées, en sueur, les tempes tambourinant, toi tu volais, tu flottais dans l’air, tout était facile, chacun des contacts entre toi et le ballon portait le sceau de la beauté, parfois même de la poésie, c’était moins le cas des contacts entre toi et certains défenseurs qui venaient déchirer ces instants souvent dans une extrême brutalité, c’était un ascenseur émotionnel classique quand on te regardait, même si tu n’as jamais porté les couleurs de mon club.

Tu avais une dégaine de gamin, et ton plaisir semblait pareil au notre, c’est peut-être pour ça que tous les enfants du monde se sont identifiés à toi, par hasard et par la grâce de Dieu, je suis gaucher, alors quand il fallait être toi j’étais plus légitime, qu’est-ce que j’ai pu être toi à la récré, trop jeune pour être Pelé et trop vieux pour être Ronaldinho. C’est étrange parce que souvent la mort de quelqu’un, la mort d’une idole, nous oblige à affronter la nôtre, la peur qu’elle provoque parfois chez ceux qui n’ont pas saisi la chance d’être en vie, et depuis ce 25 novembre, je ne me suis plongé que dans les moments heureux, les moments de grâce que tu nous as fait vivre, je me fous des erreurs que tu as pu commettre dans ta vie d’homme, il y a dans notre championnat un entraineur qui s’appelle Christian Gourcuff, et bien pour lui tu étais un bon joueur mais tu étais très loin d’être un homme exemplaire, si ça t’intéresse : tu étais l’absolu contraire de son fils. Quand tu es enfant, tu te fous de la vie d’un joueur, et quand tu es un homme il est toujours délicat d’en juger un autre.

Tu as grandi à Vila Fiorito, un bidonville de Buenos Aires, et le football t’a arraché à ta condition sociale, et comme tout ce qui est arraché, ça ne se fait pas dans la douceur. Peu importe, dès ton plus jeune âge tu as mis tes parents à l’abri, le reste tu peux le laisser à tous les Gourcuff du Monde. Quand je suis rentré à la maison mercredi soir, mon fils de 17 ans m’a immédiatement parlé de toi, un peu triste, peut-être un peu triste pour moi aussi. Mon père n’aimait pas le foot, il n’aimait pas grand-chose d’ailleurs, ce n’est pas lui qui m’a transmis l’amour de ce sport, je crois que j’y suis venu seul, tu faisais partie des compagnons que j’avais choisi pour m’accompagner dans mes moments de solitude, tu faisais partie de ma garde rapprochée, aujourd’hui tu laisses un vide, bien sûr tu n’étais plus un joueur depuis un moment déjà, mais te voir communier avec tous ces gens, toutes ces tribunes, voir tout cet amour que tu recevais, ça redonnait à chaque fois vie à l’enfant qu’on a en nous, qui croule parfois sous la triste réalité.

J’ai transmis mon amour du football à mon fils, alors forcément il parlera de toi au sien, alors peut-être il lui parlera de moi aussi. Je suis heureux de t’avoir connu Diego, heureux de m’être senti moins seul avec toi, moins petit. Les supporters de Boca te pleurent, ceux de Naples, ceux de River, ceux de Paris, ceux de Marseille, cette unanimité t’est singulière, hormis chez les Gourcuff, mais bon, qu’est-ce qu’on en a à foutre des Gourcuff ? Tu n’as jamais menti, parfois triché, tu étais un homme, un peu plus génial que les autres, ceux qui n’aiment pas le football ne retiendront que tes excès, ceux qui l’aiment te disent merci.

Merci pour toutes ces émotions, c’était fabuleux à vivre. Ton empreinte est si puissante, sur nos cœurs, nos mémoires, et sur le football, que tu renaitras dans chaque dribble, chaque chevauchée, chaque but exceptionnel ou geste hors du commun, et pour peu que le buteur soit gaucher ou Argentin, on te citera, on te comparera, sans pourtant ne jamais t’égaler. Tu vas créer une absence que seul un de tes buts pourrait consoler, mais cela n’arrivera plus, il va nous falloir grandir en faisant honneur à la vie et en devenant autant que possible nous aussi des hommes un peu plus géniaux que les autres.

On est parfois maladroit quand on est triste, mais je crois que je t’ai dit l’essentiel.

Gracias por todo.

Diego Maradona Virage PSG
Adios la Mano de Dios © Icon Sport

Arnaud Samson

Parc tribune K Bleu Bas Virage

Parc, tribune K – Bleu Bas

5 ans ! Virage a 5 ans ! Incroyable ! Lorsque son créateur m’annonça cette nouvelle, entre deux chopines, j’en fut tout bouleversé. Aussitôt remontent en moi
que de souvenirs incroyables, toutes ces années de bonheurs passées à exprimer notre amour, notre désarroi, notre révolte, nos espoirs de supporters
C’est alors qu’il me rappela de manière impitoyable, de sa voix suave
et non moins virile, que je n’étais là que depuis deux ans…


Aaaargh (dis-je) Maître que vous êtes dur (bon et juste mais dur). C’est alors qu’avec la même puissance qu’à du ressentir Moïse recevant les tables de la Loi au Mont Sinaï, au comptoir du Balto, il me révéla que « Virage » avait déjà 355 articles à son actif ! C’est lequel ton préféré ?  Me demanda-t-il. Je restais là de marbre, pétrifié tel l’élève Chaprot à qui la Maîtresse demande de réciter la table de sept. Je ne sus pas quoi répondre et prétextant une soudaine gastro, je m’éclipsais et m’enfuyais par la fenêtre des WC, comme dans tous bons films de gangsters. De retour dans mon humble demeure, je me jetai immédiatement sur mon ordinateur, avec la gourmandise d’un gaulois légèrement enveloppé sur un innocent sanglier rôti, pour y dévorer les 355 articles déjà parus sur le site !

C’est alors que quatre jours de lecture intense plus tard, ayant à peine pris le temps de me nourrir, je m’aperçus qu’il m’était impossible de dégager un texte d’un autre tellement ils étaient tous admirables. De plus je risquais de froisser tous les autres auteurs que je n’aurai pas choisi. Fichtre. Je pensais alors que la solution serait de choisir un de mes propres texte ! Ne risquant pas de m’en vouloir à moi-même, surtout que ce n’est pas mon genre. Je choisis alors mon hommage au Magnifique David Ginola, puis le téléphone se mit à chanter « Who said I would » de Phil Collins. Je décroche, « Allo, bonjour c’est Luis Fernandez », Luis tenait à me remercier pour ce que j’avais écrit sur lui, tout en me précisant bien qu’il n’avait jamais trahit le club de son cœur et ses supporters ! Luis attaque, ne lâche rien, Justice est rendue, Luis tel qu’en lui-même. Il a pris le temps de récupérer mon numéro et de m’appeler. Merci à lui. La grande classe.

Luis Fernandez Virage PSG
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Le doute s’empara alors de moi… Luis ? David ? Luis ? David ? David Luis ? euh non… En pleine hésitation je décidais de profiter de cette période estivale pour faire du rangement dans ce qui était à l’origine une bibliothèque, mais qui ressemble plus aujourd’hui à une énorme masse informe de livres accumulés depuis des années. A ce niveau-là pour retrouver un livre, on ne parle plus de classement mais de spéléologie. Après plusieurs jours je parvins à un endroit que je n’avais plus visité depuis au moins dix ans… Mon trésor exhumé : Un livre sur les 40 ans du PSG ! Et un autre « PARC Tribune K – bleu bas » signé Jérôme Reijasse. Livre acheté et lu en 2009 lors de sa sortie. Depuis par l’intermédiaire de Virage j’ai rencontré son auteur que les habitués du Podcast du Virage connaissent bien, et cela me donna envie de me replonger dedans. Du coup, c’est de ce livre que j’ai choisi de vous parler.

L’histoire ? Un amoureux du PSG qui vous raconte sa saison 2008. C’était hier, il y a une éternité… Un temps que les moins de 20 ans… Bref, Lyon vole vers son septième titre consécutif, MBappé est encore pré-pubère, le maire de Levallois subit un redressement fiscal mais a un bon avocat, le ch’timi devient tendance, mais surtout Paris joue sa survie en ligue 1. Que l’on ait vécu ou pas cette époque, la lecture de ce livre devrait être obligatoire pour tous supporters. Il est le témoignage de son temps. Ce temps où supporter le PSG était un sacerdoce frôlant le sadomasochisme. Ce temps ou tous supporters du PSG étaient affiliés par la majorité bien-pensante, mais inculte de ce pays, à un méchant raciste décérébré. Se rappeler des nombreuses défaites, et qu’une victoire en championnat contre Lens ou Auxerre pouvait nous faire exulter après des semaines de crise, se souvenir du but contre son camp de Bourillon à Lorient pour une nouvelle défaite, se remémorer les frappes ratées d’Armand, Les slaloms inoffensifs d’un Diané, les boulettes d’un Camara ou d’un Landreau, les centres de Mendy pour ses potes en tribune…

L’identification avec l’auteur est immédiate, oui une défaite de l’om nous fera toujours plaisir, oui se rendre au parc reste un rituel, peu importe ce qu’il peut parfois nous en couter, surtout cette saison-là. Oui une défaite ou une victoire du PSG peut joueur sur notre moral, et cela malgré l’incompréhension de notre entourage non initié au culte rouge et bleu. Les souvenirs remontent. Mes certitudes de maintien qui commencent à se transformer en peur un soir de 34 ème journée et de déroute 3 – 0 à Caen… l’ascenseur émotionnel contre Nice au Parc pour une nouvelle défaite frustrante et irréelle, mais tellement PSG. Le déplacement tendu que j’ai fait à Toulouse pour revenir avec un point arraché, l’orgasmique reprise de Clément face aux verts, la libération à Sochaux et ce but au ralenti de Diané, comme si nous basculions dans une nouvelle dimension spatio-temporelle… Cette annus horribilis c’est aussi la mort qui frappe au coin du Mac’Do porte de Saint-Cloud, la banderole la plus célèbre de France, puis ce déferlement de haine médiatique contre nous, la bêtise des politiques et de la France profonde, ou plutôt profondément débile et haineuse.

Parc tribune K Bleu Bas Virage
Les héros du maintien © Panoramic

Il y a tout cela et bien d’autres choses dans ce livre, il y est aussi question de rage, de désespoir, de sodomie, de dépression, de passion, de souffrance, de paysans, de larmes, de chants, de joints, d’espoir, de l’abyssale bêtise humaine et même de Céline, le tout jeté sur le papier avec amour et une ferveur sans filtre, par la plume acerbe mais si souvent juste, et voire visionnaire sur certains points, de Jérôme. D’ailleurs, comme repris dans ce livre la célèbre devise des supporters du club anglais de Millwall « Nobody likes us and we don’t care » est toujours d’actualité quand j’ai entendu la facile et pathétique campagne de presse anti-CUP après le match contre Beveren… Je me dis que finalement rien n’a changé…

Si ce n’est qu’aujourd’hui le titre est banalisé, et que seule la Ligue des Champions semble être importante… oui on est toujours passionné et nous vivons toujours au rythme du PSG, et lorsque j’entends des critiques sur l’équipe actuelle, j’ai envie de dire, souvenons-nous de ce que nous étions il y a 12 ans… Un bête immonde à abattre pour toute la France provinciale ou par la soi-disant élite intellectuelle qui n’en a que le nom, quant au niveau européen nous n’étions rien. Ou si peu… éliminés dès l’automne de l’Europa League sur une défaite 2-4 par Tel-Aviv… N’en déplaise aux plus susceptibles, c’est bien cela que voulait dire Zlatan et en aucun cas cracher sur l’histoire du PSG comme les médias l’ont si facilement insinué. Zlatan au PSG … Il y a 12 ans on m’aurait traité de fou… Bref, je m’égare, pour conclure, après la lecture des 355 merveilleux articles du site Virage, je ne peux donc que vous conseiller très vivement la lecture de ce bonbon rouge et bleu acidulé à la mort aux rats qu’est « PARC Tribune K – bleu bas ».

Vive le PSG ! Vive le Parc ! Vive Virage !


« PARC, tribune K – Bleu bas ». Disponible en cliquant ICI

Parc tribune K Bleu Bas


J.J. Buteau

La (pan)demi finale virage PSG

La (Pan)demi-finale

C’est sympa quand même les appels en visio. Bon à vrai dire je ne comprends pas bien ce que Xavier, notre rédac’ chef aimé de tous, a bien voulu vouloir me faire comprendre en me disant : « mais mon pauvre bougre, j’ai l’impression que le confinement ne te réussit pas ». Le quoi ? « Ne le prends pas mal mais tu devrais, je pense, consulter d’urgence ! Tu me fais peur…» 

Mais enfin ! Je ne me suis jamais senti aussi bien ! Après ce printemps de folie que nous venons de vivre ! et au lendemain de notre qualification pour notre première finale de Ligue des champions ! Quel match ! Quel suspens !
On a fini par les avoir ces Colchoneros ! Mais que ce fut dur hein ?
« …… »


Je vois que t’en es encore bouche bée, bon maintenant surtout ne pas avoir de blessés, il faut envoyer la réserve et les remplaçants à Toulouse ce week-end, comme ils sont déjà condamnés à la Ligue 2 depuis longtemps, ils n’ont plus rien à jouer.Par contre je pense que le match contre Rennes au Parc le week-end suivant, il faudra mettre la grosse équipe.  Ce sera l’ultime répétition avant la finale et le dernier match au Parc de la saison. Tant pis si cela permet à l’om de conserver son avance sur les bretons. « Je crois que tu devrais quand même te reposer un peu » me dit Xavier d’un air grave. Qu’il est bon notre rédac’ chef, mais depuis notre qualification face à Dortmund je le trouve un peu bizarre… Pourtant quel match c’était ! Les larmes de Neymar, la réconciliation de la star brésilienne avec le public ! La fête qui a suivi, j’invente tout ça peut-être ? Des fois j’ai l’impression, avec tout le respect dû à son rang, que Xavier me prend pour un fou. Et la fessée donnée à Marseille au Vélodrome le dimanche suivant ? Je l’invente aussi peut-être ? Le hat-tick de Neymar, le doublé de M’Bappé. « Ecoute…euh comment te dire… je ne me souviens pas de ça, parce que…. » Oh ! mon Dieu ! D’un coup tout s’éclaire ! Comment ai-je pu être aussi maladroit ! Xavier était malade. Frappé d’amnésie. Terrible maladie. Excuse-moi, je ne savais pas, lui dis-je. Attends je vais te raconter ce qui s’est passé, cela t’aidera peut-être à te rappeler, en tout cas cela ne peut pas faire de mal.

Après la qualification face à Dortmund, le tirage nous sort Lyon en quart de finale ! Première manche des trois confrontations face aux Gones, d’abord la finale de la Coupe de la Ligue. Victoire 3 – 1 sans problème. Superbe tête décroisée de Cavani. Neymar et Mbappé iront aussi de leur petit but. Aulas crie au scandale, l’arbitre selon lui a faussé le match en accordant à tort une touche à Meunier qui quatre minutes et vingt-six passes plus tard débouchera au deuxième but de Paris. « Au moins en coupe d’Europe nous aurons un arbitre impartial » osera même plein d’amertume le gâteux président de l’OL. Côté parisien on savoure cette neuvième Coupe de la Ligue. Paris aura donc gagné la première contre Bastia en 1995 et la dernière contre Lyon. Personne ne l’aura autant gagné que nous. Elle nous a souvent sauvé de saisons difficiles comme en 1998 face à Bordeaux (première finale au SDF et surement la plus belle finale) et en 2008 contre les chômeurs consang… ah non merde c’est vrai, contre les Lensois. Elle est nôtre et peut aujourd’hui disparaître.

La (pan)demi finale virage PSG
Le troisième par Kylian en Coupe de la Ligue (c) Panoramic

Alors Xavier ? Toujours rien ne te revient ?  Bon tant pis, je continue, match aller en quart de finale de Ligue des Champions. Je ne m’attarderai pas trop sur cette défaite. Paris passe complètement au travers, personne ne comprend la tactique de Tuchel. Cavani, MBappé, Neymar, Di Maria sur le banc en première mi-temps. Une attaque Choupo, Icardi, Sarabia soutenue en dix à l’ancienne par Draxler. Lyon de son côté aligne son équipe type. Rudi Garcia est un génie adoubé par la presse qui s’acharne avec joie sur notre club et son entraîneur. Le match est un cauchemar. Kurzawa provoque un pénalty et se fait expulser à la vingtième minute. Dix minutes plus tard c’est Navas qui voit rouge en fauchant Traoré dans la surface. Score final 3 – 0. Aulas se déchaîne « On voit tout de suite qu’avec un arbitre au niveau, les choses sont différentes. Attention nous ne sommes pas encore qualifiés, il faut rester prudent mais ce soir le football a gagné sur l’argent. Je m’excuse auprès de mon ami Nasser qui va devoir expliquer comment avec un tel budget, il ne peut faire mieux, j’ai une pensée pour lui ce soir. Il est vrai qu’en demi-finale, une revanche de 2010 face au Bayern de Münich me ferait assez plaisir. Vous avez raison, nous avons de très bons entraîneurs en France, le nôtre est habitué aux finales de coupe d’Europe. Certains préfèrent suivre des modes avec des portugais ou des allemands… »

Des tee-shirts, mugs, écharpes, chaussettes, préservatifs, drapeaux, en hommage à cette victoire fleurissent dans la boutique de l’OL. Une plaque commémorative est inaugurée deux jours plus tard sur la façade du Groupama Stadium. Pendant une semaine nous sommes la risée de la France entière, le succès à Angers le week-end suivant n’y change rien.  À Paris aucune déclaration à la presse. Juste un « je gombrends bas » de Nasser et un « ne vous inquiétez pas, il s’agit d’une saison de transition » non convaincant de Léonardo, malgré le clin d’œil et le pouce levé. Pour le retour au Parc le stade est divisé. Une partie est venue siffler son équipe, l’autre veut y croire. Cette fois, pas de surprise dans la composition. L’atmosphère est plus que tendue. Le parcage visiteur est plein. Paris entame très vite, très fort au bout de 20 minutes Neymar et Bernat ont déjà trompé Lopes. L’ensemble du Parc décide enfin de pousser son équipe, et de la tête Cavani inscrit le troisième but qui nous permet d’égaliser sur les deux matchs. Lyon n’a pas existé dans cette mi-temps. On jubile, lorsqu’une frappe dévissée de Tousart vient trouver la lucarne de Rico à la quarante-septième minute. Mi-temps. Le ciel s’est abattu sur Paris. Il va falloir en mettre deux de plus en deuxième mi-temps.

La (pan)demi finale virage PSG
Le sixième but d’Icardi (c) Panoramic

Lopes fait le match de sa vie, Di Maria trouve la barre, MBappé rate trois face à face mais réussit le quatrième à la soixante-quatorzième minute !!! Suivi cinq minutes plus tard d’un exploit personnel de Neymar ! 5-1 Paris est qualifié, le Parc en feu et fait une ovation à Cavani qui est remplacé par Icardi. Deux minutes plus tard, l’italien sur son premier ballon ajoute un sixième but !! Le Parc est en ébullition !! Paris est en demi. Il reste pourtant quinze minutes et quasiment sur l’engagement Aouar s’avance tranquillement et contre toute attente décoche une frappe qui surprend notre gardien espagnol mal placé et pas sur ses appuis. 6-2 Encore un but lyonnais et Paris est éliminé. Moment de flottement sur le Parc. D’un seul coup Paris ne joue plus. Et à la dernière minute Paredes pressé tente une invraisemblable passe en retrait interceptée par Cornet qui trompe Rico. 6-3 Lyon a souffert mais a su marquer dans les moments clés. Le monde s’écroule…

Xavier tu ne te souviens vraiment pas ? Ce corner à la dernière minute ? Le retourné de Neymar qui nous propulse en demi ? Je vois au regard ahuri et hébété de notre rédac’ chef vénéré que rien ne lui revient. Mais quand même Xavier ! Ce retourné de folie !! Le même que contre Strasbourg en championnat à la première journée ! Même endroit, côté Auteuil, même geste ! Et les mêmes qui l’insultaient à l’époque qui à ce moment-là sont en train de le vénérer, de l’acclamer, de le porter aux nus. 7-3 !!! Le malaise de Jean-Mimi ? La démission de Junhino ? Le tour d’honneur de Nasser torse-nu qui fait voler sa chemise au-dessus de sa tête ? Non ? Toujours rien ? Sur mon écran je vois ce regard perdu, hagard de Xavier dans lequel on lirait presque de la pitié si on ne savait pas pour sa maladie.

La (pan)demi finale virage PSG
L’égalisation de Mbappé à Madrid (c) Panoramic

Et les deux PSG-Saint-Etienne ? Oubliés aussi ? Même mon excellent papier sur Rocheteau, Bathenay et Matuidi ? Certes le match de championnat n’a rien eu de mémorable entre deux équipes bis et un triste 0-0. Mais la finale quand même ? L’émouvant hommage pour Robert Herbin ? Respecté de la part des deux publics emplis de respect et d’émotion. Bon sur le terrain pas grand-chose à retenir non plus c’est vrai, une victoire facile 3-0. Une treizième Coupe pour nous. Et trois jours plus tard l’Atletico Madrid de Simeone au Parc pour le match aller de demi-finale de Ligue des champions. Match tendu, tactique et encore un 0-0 certes. C’est vrai que si tu ne te rappelles pas du quart retour contre Lyon, la demi aller contre l’Atlético ne risque pas de t’aider à retrouver la mémoire. Par contre, le retour est encore tout frais ! Ah ce 1-1 en Espagne, ce match à l’arrache qui nous envoie en finale ! Mais bon sang c’était hier !! Ce débordement de Neymar, qui sert Cavani qui remet de la tête en retrait sur MBappé qui reprend en demi-volée !! BUUUUUT !! Ah put… Y pas à dire, y a que le foot pour nous faire vivre des émotions pareilles. Que serions-nous si un jour tout cela n’existait plus hein ? T’as raison ne dit rien, je préfère ne pas y penser…

Bon allez Xavier on se dit rendez-vous le 30 mai à Istanbul pour la finale contre les cousins de City hein ?… Franchement, le PSG du Qatar contre le Manchester City des Emirats Arabes Unis en finale de Ligue des champions en Turquie, ça ne s’invente pas !! Bon allez Xavier je te laisse, je dois appeler mon frère pour savoir s’il a pu prendre les places pour la finale. « Ah OK… Oui oui bien sur… Non mais vraiment, sérieusement tu devrais voir quelqu’un je pense…Salut ». Sacré Xavier, c’est lui qui est malade et il s’inquiète pour les autres, que le chef est bon.

« Allo frérot ? Champion mon frère ! Bon alors t’as pris les places pour Istanbul ? »
« Les quoi ? »
« Ben les places pour la finale ! »
« Quelle finale ? »

Non mais ce n’est pas vrai ? Cette quoi cette maladie ? Y a une épidémie ou quoi ?


J.J. Buteau

Je peux pas j'ai Parc Virage PSG

Je peux pas, j’ai Parc

Combien de fois n’ai-je prononcé ces quelques mots dans ma vie. Peu importe ce qu’on pouvait me proposer, cela claquait comme une immunité à toute autre activité, aussi jubilatoire pouvait-elle être. Très rares furent les exceptions depuis presque quatre décennies… Il y a bien eu, il y a dix ans l’injuste plan Leproux créant une entaille (qui deviendra une cicatrice à vie) à cette règle de vie.

Aujourd’hui nous sommes de nouveau privés de Parc, mais c’est différent, car cette fois, il n’y a plus de match, la santé avant tout. Un jour proche ou lointain, ce sera la reprise, à huis-clos dans un premier temps, forcément. Et surement pour un bon bout de temps. Ce sera dur, mais c’est le plus raisonnable pour freiner l’épidémie
de cette saloperie de virus.

« Je suis né la même année que PSG », ainsi titrait son livre l’ami Grégory Protche. Ce n’est pas mon cas, mais moi je suis né la même année que la montée du PSG. 1974. Année de la première soirée de folie au Parc avec ce match de barrage contre Valenciennes, le dernier but de Jean-Pierre Dogliani qui nous envoie dans l’ascenseur pour l’élite, pour ne plus jamais la quitter, le malaise de Justo porté en triomphe, le cigare d’Hechter, l’histoire est en marche quelques mois avant que je ne pousse mon premier cri. Il ne faudra pas longtemps pour que j’accompagne mon frère ainé et mon père porte d’Auteuil. Comme Obélix, je suis tombé dedans quand j’étais petit… Quel match ? Aucune idée ? De cette époque, jusqu’à la fin des années Borelli, le PSG grandira comme un enfant insouciant aimant le football offensif, le spectacle, les joueurs techniques, les beaux joueurs (dans tous les sens du terme), les premières joies, les premières déconvenues qui ne sont pas encore des drames.

Pour moi, le parc se vit uniquement pendant les vacances scolaires, le reste du temps ce sera à la radio. « BUUUUT au parc !!! » et ces affreuses secondes de suspens avant de savoir laquelle des deux équipes avait marqué !!! « Le but de Dominique Rocheteau !!! » joie et soulagement. Et oui à cette époque, pas de Canal+, Bein et cie, le foot à la TV était réservé aux matchs internationaux. Pour voir le PSG, c’était soit Téléfoot, soit Stade 2… et parfois au journal de la nuit de France 3 les soirs de match à domicile… C’est pour cela qu’à cette époque le multiplex radiophonique était une institution, pas de journaleux blablateurs ou de consultants imbus d’eux mêmes comme aujourd’hui. Non, des envoyés spéciaux sur les dix stades de première division qui t’informaient et te faisaient vibrer. « BUUUUT extraordinaire de Safet Sušić !!! » La description du but faisait travailler ton imaginaire, tu te refaisais le déroulement de l’action dans ta tête et tu imaginais le plaâÂâat du pied de maître Safet pour faire franchir la ligne fatidique au ballon dans les filets adverses.

La Parc pour moi dans les années 80 c’est déjà Auteuil rouge, parfois bleu ou jaune (oui il y a eu des sièges jaunes), plus rarement Boulogne. Dans les virages ça sent bon l’herbe fraîche, la bière, la sueur, la fumée de cigarette, de cigares, de cigarillos ou de merguez achetées chez le marchand ambulant habitué à fuir les flics en slalomant entre les revendeurs de billets. Pour nous le transport c’est en voiture, puis se garer le long de l’hippodrome, puis marcher et passer devant Euromarché (pas encore Carrefour), puis enfin le Parc qui apparait au fond. Achat au guichet le soir du match sans problème, le Parc est rarement plein. Gratuit pour les enfants. Pas de tribune sectorisée « famille » ou autre. Tout le monde est mélangé. Même parfois des supporters adverses. Des fidèles aussi, comme nos voisins habituels, ce groupe de blacks en costume, la sapologie existait-elle déjà ? Ou étaient-ils des précurseurs, en tout cas ça parle fort, ça blague, ça rigole avec un accent africain à la Michel Leeb, ou plutôt l’inverse. Petite fiole à whisky, ou autre, en poche et ça fait tourner comme 20 ans plus tard tourneront les spliffs au même endroit. Autre génération, même plaisir de partage, même passion du PSG. Pour nous le rituel de la mi-temps ce sont les sandwichs préparés par maman, sandwichs jambon, rillettes, saucisson, pâté, faîtes votre choix…  Chips et cacahuètes…

je peux pas j'ai Parc Virage PSG
K.O.B (c) Panoramic

Deux finales de coupes de France légendaire pour déflorer un palmarès. 12 ans seulement. Puis ma première saison la plus assidue, celle du premier titre. Les Boulogne Boys viennent de naître, pour le meilleur et pour le pire. Le pire avec des dégradations là où Paris va jouer. Lille, Auxerre, etc… Le meilleur pour les chants de soutien. Pour aller dans les deux virages à cette époque, on sent déjà une ambiance différente entre Auteuil et Boulogne. Les média en rajoutent et la province a peur. Le supporter du PSG est déjà assimilé à la violence. 16 ans et déjà montré du doigt. Puis deux saisons décevantes, jusqu’à frôler la relégation à 18 ans. Seulement deux ans après le titre de champion. Paris sera bien toujours Paris. Pour le meilleur et pour le pire comme ses supporters…

Un an après le sauvetage, avec presque le même effectif, Paris fait la course en tête et finira par se faire ravir le titre par l’OM de Tapie et ses nombreuses magouilles… Au parc, peu de changement durant cette décennie, à part bien-sur l’essor du Kop de Boulogne. Le début des années 90 marque la fin d’un chapitre de l’histoire du club. L’argent manque, les recrues sont pour la plupart d’anonymes joueurs de première division, l’effectif est vieillissant malgré encore une poignée de grands joueurs. « Mon équipe est molle » déclarera son entraineur Henri Michel. Difficile de lui donner tort. Paris finit à une anonyme neuvième place et Boulogne chante des « Borelli Démission ». Cruel. Injuste. A 20 ans le PSG semble déjà arrivé au bout de son aventure au sommet. Il n’en est qu’au début, mais le chemin sera long et difficile…

La saison suivante Canal plus arrive, fini le PSG et le Parc que l’on a connu, tout va changer. A Boulogne, un soir de PSG-Caen les CRS se font bouter hors de la tribune. Les images choquent le France entière, des nouvelles lois vont naître. Il y aura un avant et un après. Personnellement, j’ai 18 ans je m’abonne à Auteuil Rouge. Je ne le sais pas encore, mais ce sera encore le cas aujourd’hui, 28 ans plus tard. Et ce le sera jusqu’à ma mort si Dieu veut. Bref, c’est peu de temps après que va commencer l’émergence d’ultras à Auteuil. La décennie sera plutôt joyeuse sportivement, Paris se fait un nom en Europe avec des victoires de prestige, et Graal absolu, une victoire en Coupe d’Europe pour ses 26 ans.  Dans les tribunes tout a changé aussi. Boulogne s’est affirmé, mais pas que dans le positif. Le KOB est connu partout, sa réputation est faîte en France et en Europe. Aidé en cela, il faut bien le dire, par plusieurs reportages télévisuels à charge qui aideront le grand public à associer supporter du PSG à raciste violent. Bien sûr des fachos à Boulogne il y en avait, et il ne faisait pas bon trainer à certains endroits porte de Saint-Cloud si tu n’avais pas la bonne couleur. Malheureusement, la bêtise de cette poignée d’abrutis rejaillira sur tout Boulogne, puis sur tous les supporters rouge et bleu, pendant des années, jusqu’à provoquer la mort… et la fin des ultras aux PSG.

je peux pas j'ai Parc Virage PSG
Remember Twente (c) Panoramic

Mais en cette dernière décennie du siècle, on retiendra surtout dans les tribunes du Parc, la naissance de différentes associations à Auteuil. Sans refaire l’histoire des tribunes,  Auteuil prend de plus en plus d’importance, je ne veux retenir que les belles choses, ces échanges vocaux avec Boulogne, toutes ces personnes de la tribune, ultras, lambdas, mais toujours les mêmes saisons après saisons, des enfants que je verrais grandir et avoir à leur tour des enfants, des groupes de pépés présents depuis la création du club, le chinois connu de tous, des familles entières, le gars qui gueulaient « avancez » pendant 90 minutes dès que Paris récupérait un baIlon, le mytho qui te racontait avoir chez lui le maillot porté par Pelé lors de la finale de la coupe du Monde 1970 « je te jure »,  le pénible qui passe son temps à critiquer nos joueurs « Il est nul ce Bravo (à décliner selon les saisons avec Weah, Raï, Dely Valdes, Loko, et j’en oublie…) », le défaitiste qui dès qu’on se prend un but « et voilà je vous l’avais dit », je ne peux pas tous les énumérer la liste serait bien trop longue….

Que d’émotions partagées pourtant, les embrassades spontanées après un but important contre l’OM ou Twente par exemple, les pleurs après une défaite, la rage après un arbitre, le croisement du regard après un évènement défavorable qui en disait plus long que n’importe quelle parole. Mais revenons un peu en arrière. Il y a une chose très importante qui va également changer complètement la place du football dans la société vers la fin de la décennie, c’est la victoire de la France en Coupe du Monde en 1998. Avant cela, le supporter du foot est majoritairement considéré comme un abruti écervelé. Un beauf. Un mec forcement pas intelligent. On évite dans certains endroits d’afficher son amour pour le foot, afin de ne pas être illico considéré comme l’idiot de la soirée. Pire que tout, c’est d’être un supporter du PSG. L’étiquette raciste s’ajoutant aux autres. On ne se promène pas avec un maillot de foot dans la rue. On affiche ses couleurs uniquement au stade. Tout cela va être balayé par les deux coups de boule de Zidane. D’un seul coup, tout le monde s’intéresse au foot, les Footix © vont commencer à pulluler. On pense que cela ne va pas durer. Erreur.

On rentre dans les années 2000, le PSG a 30 ans, c’est un jeune adulte qui joue les premiers rôles et qui pense que cela va durer longtemps. Erreur. Pour son deuxième titre de champion le PSG avait 24 ans, le suivant il le fêtera pour ses 43 ans… Une éternité. Presque une génération. Dire qu’aujourd’hui certains banalisent les titres acquis sous l’ère Qatarie. Hérésie. Enfants gâtés, footix, supporters opportunistes ou blasés, je ne sais pas. Mais un titre, même une Coupe de la Ligue, ça se prend. Un joueur qui porte notre maillot, ça ne se siffle pas. Des choses pour moi élémentaires.

je peux pas j'ai Parc Virage PSG
V.A. (c) Panoramic

Mais revenons au début de ce siècle, l’ambiance au Parc est exceptionnelle, et l’exceptionnel deviendra normalité. Bien sûr, sur certains matchs, ce sera moins le cas, mais de manière générale qui a vécu cette époque, ne pourra pas l’oublier.  C’est l’époque où des joueurs disent venir à Paris en partie pour l’ambiance mise par le KOB et le Virage Auteuil. Ce qui, de nos jours, sonne comme un discours marketing, sonnait vrai à l’époque. Effet pervers, c’est aussi l’époque ou même certains joueurs portant notre maillot n’arrivent pas à joueur leur football au Parc. Une époque où beaucoup diront venir au Parc plus pour l’ambiance que pour le foot. Une époque où beaucoup d’ultras de maintenant, alors enfants, tomberont amoureux du Parc et du PSG. C’est aussi une époque où le public poussait son équipe et n’avait pourtant bien souvent que les matchs de coupes pour vibrer. Combien de saisons plus ou moins sauvées grâce aux coupes ? Rien ne remplacera la ferveur des matchs de coupe. Ce club et son public étaient fait pour ça. Le PSG n’a jamais été aussi bon que dos au mur.

Durant cette période je ne me posais même pas la question si cette ambiance allait durer, elle était là, normale. Voix cassée et oreilles bourdonnantes. Normal. Combien de fois j’ai emmené des personnes avec des à-priori sur le foot ou les supporters dans le virage, un certain nombre. Aucune n’a été déçue. Aller au Parc était devenu maintenant un rituel, plus de sandwich à la mi-temps, mais un Macdo sur le chemin du retour. Tout évolue, tout change… Sauf d’être au Parc à chaque match du PSG. Et puis il y eu cette soirée pourrie contre Tel Aviv. Un mort. Et puis ce maudit soir de février 2010. Un mort de plus. La bêtise a pris le pas sur tout le reste. L’ambiance au Parc est devenue nauséabonde. L’année des 40 ans sera triste et sombre. Cause ou conséquence ? Le plan Leproux a mis fin à tout ce que l’on a connu. Il est mort le parc des Princes. The end…

Vont suivre des années de honte, qui verront entre autres, une rafle arbitraire de la police devant le Parc un soir de reprise de championnat, une propagande infecte du club contre ses plus fidèles supporters qui en ont été chassés. L’Élysée, Bazin, Leproux and co ont inventé un nouveau concept. Nous voilà victimes et coupables. Impossible de choisir sa tribune, impossible d’y aller à plusieurs, interdit de se lever pendant le match (ah, on m’informe qu’à part à Auteuil c’est encore le cas actuellement), interdit de fumer, interdit de venir avec des journaux, interdit de venir avec une mini bouteille d’eau, interdit de venir avec un tee-shirt blanc, interdit, interdit, interdit… Juste le droit de venir dépenser ton argent et de la fermer. Le Qatar est arrivé, les abonnements sont revenus, mais pas l’ambiance. Sur le terrain, c’est du très haut niveau, du top mondial, Paris joue bien, gagne des titres, et aligne des joueurs magnifiques. Les années Zlatan seront phénoménales sur le terrain, mais tout le monde pense la même chose. Avec ces joueurs-là, si on avait l’ambiance d’avant on serait imbattable.

je peux pas j'ai Parc Virage PSG
The Last Dance (c) Panoramic

Je ne m’attarderai pas plus sur cette sombre période, la cicatrice est toujours là et d’autres l’ont fait mieux que je ne le ferai, comme Fabrice de Cheverny dans son livre témoignage « Car nous deux c’est pour la vie ». Depuis presque 4 ans, une nouvelle génération d’ultras essaye de redonner vie au Parc. Evidement on est loin de ce que l’on a connu, mais il serait fou de croire que nous revivrons aussi vite les grandes ambiances, si jamais cela arrive de nouveau un jour. Cette nouvelle génération n’a pas ou peu eu la chance de profiter de l’expérience des anciens et ils ont encore des choses à apprendre, mais leur ferveur ne fait aucun doute. Ils ont réussi à ramener un peu de liberté dans le virage et de l’ambiance dans un Parc toujours amputé de Boulogne, même si là aussi certains jeunes veulent faire bouger les choses. Merci à eux tous de tenir bon, on sait que tout cela reste tellement fragile, le combat continue. Ne rien lâcher, toujours encourager…

Cette année le PSG va avoir 50 ans. La fête devait être belle. Elle le sera peut-être quand même, même si cela doit être en 2021. L’inconnu est total, ce fichu virus a tout bouleversé. Quand et comment pourrons nous revenir dans notre deuxième maison ? Nul ne le sait au moment où j’écris ces lignes. Vivement le jour béni où je pourrai de nouveau répondre à une invitation par : « je peux pas, j’ai Parc ».

…à James…

J.J. Buteau

Jerome Leroy Virage PSG

FC Procuration

C’est l’histoire d’une finale de Coupe de France 2007 à laquelle rien ne me prédisposait à assister… une finale pas comme les autres, opposant deux équipes pour lesquelles j’avais à l’époque au mieux de l’indifférence (le FC Sochaux),
au pire du dégoût de longue date (pas besoin de préciser le nom du club
qu’on ne prononce pas – emoji poisson).


Rapide retour sur les éditions précédentes, depuis 2001/2002, Paris gagne la Coupe de France, ou perd face au futur vainqueur. Une défaite incompréhensible en 2002 au Parc par un après midi ensoleillé contre l’équipe B des Merlus, bien que Luis Fernandez avait ce jour-là aligné en 90mn Ronaldinho, Okocha, Alex, Aloisio, Arteta, Fi*rèse, Ogbeche et Jérôme Leroy (spoiler, j’en reparle plus tard).

2003, défaite en finale contre Auxerre, on ne pouvait sans doute pas la gagner avec un Hugo Leal certes buteur, mais qui portait le numéro 9 ce soir-là. Dans le dernier quart d’heure, Djibril Cissé et Boumsong terminent Paname dans ce qui était un peu une classique à l’époque pour le club parisien, la fin de match difficile.

2004 Paris la gagne contre Chateauroux, 2005 les Bourguignons nous kickent une nouvelle fois, en huitièmes, et 2006, plaisir d’offrir, Kalou et Dhorasoo marquent les buts qui permettent à l’OM de rentrer « Droit au bus ». Un but après 5 minutes de jeu ça aide (re spoiler : mais pas à chaque fois).

Jerome Leroy Virage PSG
« Tu vois Jacques, c’est ce truc dont je te parlais que Marseille gagne jamais… » (c) Panoramic

Alors, me demanderez-vous, qu’est ce que je foutais au Stade de France ce samedi 12 mai 2007, qui plus est avec le poto Massaër, le frère d’entre les frères, lui si désespérément supporter du FC Sardines, à voir s’affronter son équipe fétiche et des Doubistes qui avaient eu le culot de taper le tenant du titre en 1/4 de finale ?

La réponse est sans doute partiellement dans l’énoncé, en tous cas cette soirée fut mémorable, et j’en garde aujourd’hui encore un souvenir aussi vivace que certaines des plus belles parties de notre club parisien chéri. Et surtout, un de nos potes commun nous avait gracieusement lâché ses places pour le SdF. Lui qui s’était cogné la finale de Champions Arsenal/Barca la saison précédente n’avait pas la foi pour ça.

Moi de mon côté j’y allais en me répétant comme un mantra: « Marseille ne PEUT PAS succéder à Paris, Marseille ne PEUT PAS gagner ».

Arrivée au Stade de France, c’est plein de plein. 90% du stade bleu et blanc, il reste une partie du virage derrière Teddy Richert qui s’est parée de jaune pour supporter les Lionceaux.

Moment de doute, je n’ai pas l’habitude de prendre le RER pour me retrouver 30mn plus tard au Vélodrome. Doute rapidement levé quand je commence à prendre la mesure de la suffisance collective qui suinte dans tout le stade. Cette impression que le match est déjà joué me donne en quelques secondes la certitude qu’on va bien rigoler.

Jerome Leroy Virage PSG
« Ok donc je dois tout faire moi-même apparemment » (c) Panoramic

Empathie et soutien supplémentaires, s’il en était besoin, pour les petits Sochaliens, coachés cette saison-là seulement par Alain Perrin – ancien entraîneur de Marseille – et menés techniquement par Karim Ziani (futur marseillais dès la rentrée suivante) et l’extraordinaire, l’unique, l’irréductible Jérôme Leroy, revanchard comme pas deux et jamais aussi fort que contre un ancien club… Face à eux, une bonne grosse équipe de marseillais, qui aligne tout de même Ribéry, Nasri, Djibril Cissé et Niang Mama au coup d’envoi.

5ème minute de jeu, premier ballon du match pour Cissé, le gars cale une grosse tête un peu rose, un peu blonde, depuis les 5 mètres 50. Le stade explose, et fait étonnant quand on considère le temps qu’il reste à jouer, entonne direct des chants de victoire. S’il me fallait encore une preuve, je l’avais là, et je prends un plaisir certain à annoncer haut et fort à mon pote que c’est ce qui va précipiter leur chute. Ah oui, précision utile, nous sommes dans une tribune gavée de supporters phocéens, c’est le feu autour de nous, et mon pote me prend déjà de haut, du haut de ses 2 mètres. Il abonde dans le sens de tous les gars qui se voient déjà arrivés après la rouste de la finale précédente, j’ai même des groupes de gamins en survêt’ aux couleurs de leur club, qui ont dû être acheminés jusqu’à la capitale par Téléfoot, qui me matent chelou parce qu’ils ont bien compris que je suis l’intrus de leur tribune. Ah, et quand je dis le stade, il faut en réalité entendre leS stadeS : celui à Marseille est également plein, et regarde le match à distance sur écrans géants !

Quelques minutes plus tard, un sochalien touche la barre après un lob sur Carrasso. C’est à ce moment que je commence le travail de sape, collectif, sur mon pote, sur ces gamins qui auraient mieux fait de rester ce weekend-là en Haute-Loire, sur les darons tout autour de moi qui ont vite capté que j’allais les pourrir tout le match. Le plus beau dans l’histoire est d’avoir pu faire le malin tout ce temps en me reposant exclusivement sur le doute que mon pote inspirait à ces idiots, alors qu’en réalité, je ne suis jamais passé aussi près de me faire jeter sous le bus…

Je me permets tout, graduellement. A 1/0 pour Marseille, je débute par des applaudissements solitaires sur des beaux renversements de jeu de Sochaux. Ils jouent pas mal, donnent l’impression qu’ils pourraient courir après le score pendant deux heures ou deux jours, mais l’espoir est là, et je pousse seul, entouré de sauvages et protégé artificiellement par mon pote qui me maudit déjà.

Jerome Leroy Virage PSG

Les premières fois où je me lève après des misères de Jérôme Leroy sur Taïwo et autres losers de l’arrière garde marseillaise, ça commence à zieuter méchamment autour de moi, c’est si bon. Le mec se permet des transversales de 50m qui atterrissent dans le pied du collègue sur la ligne de touche opposée, je commence à scander son nom, à envoyer des « mais ouais mon Jéjé !! » qui rendent la moitié de ma tribune complètement dingue. Je rigole à plein pot quand Zubar ou Julien Rodriguez se trouent, toujours en me reposant sur la croyance inébranlable dans le fait que mon pote m’aime plus que son club de sardines.

Marseille a du mal en début de deuxième mi-temps, ne donne pas spécialement l’impression de gérer son match mais plutôt de galérer… Leroy, encore lui, est partout, il appelle, aimante les ballons, distribue chirurgicalement, tente un retourné sur un ballon foiré, puis un centre-tir de filou un peu comme celui qu’il avait essayé de caler une année avec Paris contre Runje au Vélodrome. Et surtout, il se déporte le plus souvent sur l’aile droite, là, juste en bas de nos gradins, et je me prends à rêver qu’il m’entende hurler à sa gloire. 

Jerome Leroy Virage PSG
« Ballon, je t’offre à Moumouni, rends-moi fier » (c) Panoramic

66ème minute, ce qui devait arriver arrive, transversale de 50m vers Leroy, qui gratifie le stade d’un contrôle velcro aux abords de la surface à droite. Hurlement de ma part. Taiwo le laisse centrer soyeusement, et Dagano vient égaliser de la tête, le match est relancé et les marseillais accusent le coup. Je fous officiellement la haine à toute une tribune, et je tanne mon pote comme jamais depuis le début du match. Le score n’évolue plus jusqu’aux prolongations, un unique frisson me parcourt entre temps sur une série de dribbles de ouf et enchainement frappe lourde de Niang. Pour le reste, je suis toujours en communion solitaire avec le kop sochalien.

Début des prolongations, Jérôme Leroy use les lignes marseillaises, il les fait courir et déjouer, c’est un pur régal. Mais étrangement, alors que la pression est sochalienne, c’est bien Cissé quelques minutes avant la 100ème qui claque son doublé, en venant placer une nouvelle tronche tout seul à bout portant sur une cloche de Maoulida entré juste avant. Coaching gagnant ? Richert pas complètement remis de la boîte qu’il s’est prise sur l’action d’avant ? Inutile de vous dire que le stade entier entame un nouvel ascenseur émotionnel, et recommence à faire les malins comme une heure et demie plus tôt. Dans la foulée d’une minasse de Ziani sur coup franc, qui fait gants/barre transversale/ouf c’est sauvé, Alain Perrin fait rentrer coup sur coup Anthony le Tallec et un certain Brunel dont j’avais oublié l’existence. Je reste optimiste, tout en commençant à entrevoir la possibilité de « perdre » ce match.

Il reste 5mn de jeu quand Ziani dépose de 35m le ballon sur la tête de Le Tallec, qui lui même dépose Taïwo et l’autre moitié d’une charnière centrale inexistante sur cette action pour égaliser comme un bonhomme une seconde fois pour Sochaux dans le match. Ma prédiction tient toujours, je suis au max, entouré de gars qui n’ont même plus la force de m’insulter. Mon pote semble perdu, sa voix se fait plus aigüe, son regard vague laissant deviner qu’il se prépare au minimum aux tirs au but, avec supplément de stress sauce sochalienne.

Jerome Leroy Virage PSG
Braquage à la franc-comtoise (c) Panoramic

Et en effet, les tirs aux buts ont lieu. Au passage c’est la première fois de ma vie que je me retrouve à vivre une séance en direct dans un stade, et je me rappelle avoir pris conscience ce jour-là de la dinguerie de pression que ça devait mettre sur les épaules des tireurs, à plus forte raison en finale d’une Coupe et devant 80000 personnes.

Ziani, Leroy et les 3 entrants côté Sochaux mettent leur pion, seul le capitaine Jérémy Bréchet se loupe. Côté Marseille, Maoulida tente l’inexplicable en arrêtant sa course et en frappant sans force quasi à l’arrêt, foirade complète. Taiwo, Nasri, Cissé (qui aura tout de même scoré 3 fois dans la soirée) rentrent le leur et laissent le pauvre Ronald Zubar mettre un terme à ce cirque en chiant lamentablement le sien.

Sochaux remporte la deuxième Coupe de France de son histoire, 70 ans exactement après la précédente. Et pour l’anecdote, réalise un maginifique doublé ce jour-là en ayant gagné dans l’après-midi sa deuxième Gambardella… aux tirs au but, après avoir égalisé deux fois, leur second ayant été marqué par un entrant en jeu. Belle symétrie dans les victoires.

Pour voir le résumé du match, cliquez ICI

Je n’ai pas eu le temps de partager ma joie avec mon pote au coup de sifflet final. Il s’est levé, m’a instantanément pris 25cm, et m’a intimé, en me pointant son index direct dans ma face, de ne plus lui parler jusqu’au RER. Alors évidemment, eu égard à cette louable admission de défaite de sa part, je me suis exécuté, fair-play, en me contentant de sourire béatement devant ce résultat qui me comblait, et qui voyait Marseille s’asseoir une nouvelle fois sur un titre.

Jerome Leroy Virage PSG
« C’est à moi qu’tu parles ? » (c) Panoramic

Bon ok, j’ai peut-être, sur le chemin de la gare, acheté une main géante gonflable aux couleurs de Sochaux. Et ce n’est pas impossible que je lui aie tapoté la tête avec pendant tout le trajet du retour, sous le regard médusé de supporters des deux équipes, et de voyageurs incrédules. Mais j’ai eu le triomphe modeste, je n’ai pas dit un mot jusqu’à qu’il reprenne le dialogue. Tout en me  délectant de la clim générale qui s’était abattue sur un stade sans joueurs à 800km de là, en me demandant s’il pouvait y avoir pire que de se prendre une veste contre Sochaux par visioconférence.

Cette main est d’ailleurs restée de nombreux mois, un doigt en l’air, comme un totem de la loose marseillaise, dans l’appart du pote parisien chez qui on avait terminé la soirée, gonflée à bloc par le match fou que j’avais vécu à pousser derrière une équipe pour laquelle je n’avais pourtant aucune affection particulière la veille de la rencontre, et comme un symbole de l’incroyable Jérôme Leroy, que j’ai vu jouer ce soir-là pour la dernière fois, et que j’ai aimé comme peu d’autres joueurs.

A propos de mon pote, je le remercie encore aujourd’hui d’avoir toléré mon comportement irrationnel durant et après ce match, sans me donner à manger à la horde qui nous entourait. Je sais que j’ai fait bien pire en d’autres occasions, mais même ça je ne l’aurais pas supporté dans le sens contraire…

Mass, tu auras eu bon presque partout, love you !


Jérome Popineau

Pourquoi je suis supporter du PSG

C’est ma ville et c’est mon club. Certains ont écrit « être nés la même année que PSG« , moi, je suis né un peu avant. Comme dit la pub Nike, c’était la grande année
du foot anglais, celle où Cantona (ce … de Cantona) est né.

J’ai 8 ans quand on est en D1 et 11 ans pour le premier Téléfoot. Avant ça, le foot c’est surtout les équipes en bas de la cité ou dans la cour de récré.
Personne ne lit l’Équipe, personne ne va au stade et le nom des équipes pour nous -à part Saint-Etienne- est un peu vague. Quand on comprend que Paris a une équipe c’est celle-là qu’on aime, forcément ; et le premier nom que l’on scande c’est celui de Mustapha Dahleb. C’est le premier joueur dont je me souviens, c’est le premier qui m’a amené vers Paris, c’est l’idole de nos cités. Mais il m’a fallu très, très longtemps pour aller au Parc voir cette équipe jouer, pour de vrai et j’ai raté Mustapha Dahleb, je ne l’ai jamais vu ce qui, je crois, renforce encore sa présence.

Bon, le Parc, en même temps, c’est loin. Tu dois prendre le 183 à la Mairie de Vitry jusqu’à la Porte de Choisy et après tu peux soit prendre deux PC d’affilée pour aller Porte de Saint Cloud ou bien te lancer dans le métro (ligne 7) jusque Jussieu, changer et là, prendre la 10. Bref, pas simple, surtout pour rentrer. Alors, le Parc, on y va de temps à autre, on n’est pas vraiment assidus.

Par contre, Téléfoot, on n’en rate pas une seconde et les finales de Coupe de France on va les bouffer à la télé. Sainté 82, Nantes 83, les années 80 c’est le vrai début pour moi. J’ai 16 ans quand on prend la Coupe de France, 20 ans quand on est champions, mon club est invincible ! Bats, Pilorget, Luis, Jeannol, Bibard et Safet ! Invincibles je te dis et je te fais cadeau de Rocheteau.

Pourquoi je suis supporter du PSG Virage
L’ange Dominique (c) Panoramic

Mais on ne va pas se mentir, dans ces années-là, les invincibles, ce sont surtout ceux qu’on croise en tribune Boulogne. Déjà, on se faisait mettre à l’amende à République, à Pasteur, à Bonsergent, aux Puces, sur Saint-Michel ou au Gibus mais en plus, on revoyait les mêmes têtes dans cette tribune. Alors, on allait ailleurs. Je ne savais même pas que le meilleur était encore à venir.

Gravelaine, Guérin, le Guen, Raí, Valdo, Fournier, Weah, Bravo, Ginola, Lama, Roche, Ricardo, Kombouaré, Colleter et Francis Llacer ! Tu veux préférer qui dans cette liste à part Francis Llacer ? Le mec il est né ici, il a une gnaque de ouf, un physique … étrange mais il est toujours là. Quand ça chauffe ou quand c’est chaud. Je ne lui en veux même pas pour le 3 avril 1995 (en même temps il n’avait rien fait de mal).

Le 5 avril 1995 justement. Je suis au Parc avec un pote pour PSG-Milan AC, il a récupéré des places par la mairie de Bobigny, on est en demi-finale, c’est blindé. Le match est devenu comme un trou noir pour moi. Je sais qu’on a dominé, que l’arbitre aurait dû siffler sur cette putain de faute, que la transversale de Ginola aurait pu tout changer, tout ça je le sais. Mais j’étais en tribune Paris, en hauteur, et ce putain de contre dans les arrêts de jeu, je le vois venir, je sais qu’on va se le prendre ce but de merde avant même que l’action soit engagée. Un espace s’ouvre, les milanais s’engouffrent et Boban finit le tout. Terminé, on rentre. On croyait que et puis … parfois l’histoire se répète, elle a peut-être commencée là ou alors à La Corogne, qui sait.

Pourquoi je suis supporter du PSG Virage
Valdo et Paolo en 1995 (c) Panoramic

Résumé du match PSG vs Milan AC cliquez ICI

Après, on sait tous ce qui va se passer, on va aller au bout mais de l’autre Coupe, celle dont personne n’arrive à prononcer le nom sans reprendre son souffle. La Coupe d’Europe des Clubs vainqueurs de Coupes. D’ailleurs, qui d’autre que nous ? Nous sommes des vainqueurs de Coupes, depuis toujours et pour toujours.

La décennie 2000, pour moi c’est l’enfer. Je crois que tout est dit dès le match de la Corogne au mois de mars 2001. Si tu gagnes, tu passes un tour en Champion’s League. Ça se présente bien, on mène 3-0… C’est aussi la décennie où on voit Semak nous en coller trois au Parc avant d’être recruté puis de repartir l’année d’après. Je vous remets quand même pour le plaisir de la lecture un petit résumé de la décennie :

2000 – 2001 : 9ème du championnat, 1/16 des deux coupes et deuxième tour de Champion’s
2001 – 2002 : 4ème du Championnat, ¼ de Coupe de France, ½ de coupe de la ligue et 1/16 en UEFA
2002 – 2003 : 11ème du Championnat, finaliste Coupe de France, 1/16 coupe de la ligue, 1/16 Uefa
2003 – 2004 : 2ème du championnat, Coupe de France (mais on bat Chateauroux, hein), 1/16 coupe de la ligue
2004 – 2005 : 9ème du championnat, 1/8 de Coupe de France, 18 de Coupe de la Ligue
2005 – 2006 : 9ème du championnat, Coupe de France (peut-être la meilleure), 1/8 coupe de la ligue
2006 – 2007 : 15ème du championnat, ¼ coupe de France, 1/8 coupe de la ligue, 1/8 Uefa
2007 – 2008 : 16ème du championnat, finaliste Coupe de France, Coupe de la Ligue
2008 – 2009 : 6ème du championnat, 1/8 Coupe de France, ½ Coupe de la Ligue, ¼ UEFA

Pourquoi je suis supporter du PSG Virage
L’indécence porte un nom : Vikash (c) Panoramic

Au milieu de cet enfer, il y a 2006. En 2006 j’ai vu Vikash marquer un but d’anthologie contre Marseille en finale de la Coupe de France. Ce n’est pas un but, c’est autre chose. Le gars est petit et chétif, ses cheveux, ce n’est pas humain, ce n’est pas une coupe, ça le recouvre. On pourrait le pousser qu’il sortirait du terrain. Mais là, il est tout seul dans le rond central, personne ne le voit, personne n’a peur de lui. M’Bami lui passe et là, là…

Le gars ne s’arrête pas, il fonce tout droit avant d’envoyer un genre de missile que Barthez regarde passer. En plus, le sponsor de la Coupe cette année-là, c’est “Pitch”, on a donc un vieux maillot bien pourri (on aurait pu croire celui de Bordeaux), floqué Pitch et le gars qui n’a pas marqué une seule fois de la saison allume les marseillais pour le 2-0 ! Ce n’est pas incroyable, c’est indécent. Les marseillais, on les laisse reprendre le train en pleurant. Merci Vikash. Ce but personne, personne n’a jamais pensé que tu puisses le marquer et jamais personne n’avait pensé que tu allais même marquer un but cette année-là.

Mais cette décennie s’achève sur l’année ou, enfin, Mateja Kežman s’en va. Alors, ma femme et moi on se réabonne ! La même année, on récupère Bodmer, Saka Tiéné et Nenê. Et, tu sais quoi ? On ne savait même pas que le meilleur était encore à venir.


Mega

Se souvenir de Vampeta

Deux jours avant, en boite, il s’est rincé au sky, poudré les nasaux puis fini aux Bois avec un.e compatriot.e. Pourtant, le lendemain, il est arrivé à l’entrainement frais comme un gardon. Et le surlendemain, face à Fabien Cool, il a passé en revue la défense auxerroise, avant de mettre le pion de l’année. 
Vampeta
: numéro 6, 6 mois à Paname, 6 palettes de rhum, 6 soirées par semaine,
6 kg de poudre, 6 MST, 1 but ! Rappelez-vous !


Vague milieu international de l’Inter Milan, Vampeta échoue au PSG après un deal hasardeux, au milieu duquel on trouve un autre Brésilien, jeune et prometteur : Adriano. Ce matin de janvier, lorsque Vampeta s’extrait difficilement de l’avion qui l’a mené jusqu’à nous, c’est le froid parisien qui l’accueille. Celui d’avant le réchauffement climatique, avec du givre et un vent glacial, sec comme un coup de trique. Mais son cœur est brûlant… Dans sa tête, des oiseaux et des palmiers se bousculent, son thermomètre intérieur est dysfonctionnel : samba ! Il esquisse quelques pas de danse au ralenti, persuadé de les exécuter à la vitesse de l’éclair.

A dix heures du mat’, CDG, terminal 2, il fait moins dix, Vampeta est torché. Il s’avance prudemment vers l’escalier de sortie, soutenu par son agent, le fidèle Joao ; quelques pas vers un monde inconnu, recouvert d’un gracieux manteau de neige. Ses yeux mi-clos, encore englués dans la pénombre de la carlingue, convertie en piste de danse pour le maintenir dans son état naturel, sont violemment agressés. Aveuglé par une puissante lueur blanche, le néo-Parisien pose sa bouteille de rhum, subjugué : « Joao, est-ce que nous sommes au Paradis, est-ce que c’est de la poudre ? » « Pas encore mon Vampou, mais presque… »

« Ici, c’est Paris ! Tu vas voir, on s’amuse, les femmes sont belles et, surtout tout le monde, ici, pense que tu as encore du ballon ! » De généreux éclats de rire conjoints se projettent vers le ciel bleu, pur comme une ligne de colombienne sans talc. « Ma carrière de DJ va décoller ! » s’écrie Vampeta, ivre de joie et tout court. Il ajoute, téméraire : « A nous deux, Paris ! » Joao est heureux pour son client. Il se remémore l’arrivée des émissaires du PSG lors de leur première rencontre : des échalas encravatés, avec de beaux diplômes. Chez lui, on ne sait pas faire mieux : des pigeons tout beaux. Ça sentait bon… Ah Maria ! Deus ! Il les a truffés à la brésilienne, avec un grand sourire et du soja transgénique.

Vampeta Virage PSG
« Marseille on t’encule ? Intéressant… » (c) Panoramic

Ce Joao est un malin. Vampeta bénéficiait encore à ce moment-là sur le marché des transferts d’une cote supérieure à celle de Dalmat, en échange de qui il avait été vendu… Le fantomatique Dalmat et son regard de lapin pris dans les phares d’un camion. Dalmat, sur qui devait reposer l’animation du milieu de terrain avec Luccin, n’avait pas les épaules pour affronter la vie majuscule de la capitale et la pression mise par l’ampleur du projet de l’époque. Et quel fiasco ! Sur Dalmat, on dirait bien que les dirigeants s’étaient imposé une règle de non-sens : trouver quelqu’un de meilleur pour moins cher. Un pari osé ! Truffé ou être truffé ! Le résultat on le connait : les Italiens ont flairé le coup… Mais quand on observe le parcours de Dalmat, les Italiens aussi ont perdu au change… mais il n’y a pas de quoi s’en réjouir.

A ce moment-là, Vampeta, carbonisé par ses années de teuf et remplaçant à temps plein, a accepté une baisse de salaire pour jouer dans un championnat plus tranquille et dans un club où les Brésiliens jouissent d’une image exceptionnelle. A ce moment-là, en France, le PIB croissait, la Coupe du Monde était à nous, Jospin représentait l’avenir et il y avait de l’emploi. Depuis, il nous est resté la Coupe.

Pourtant, dès le début, il y a eu quelques alertes concernant le roi de la nuit : surpoids, retards à l’entraînement, je-m’en-foutisme lors de ses entrées en jeu. On nous avait vendu un grand milieu brésilien, on s’est retrouvé avec un incurable fêtard doublé d’un DJ improbable. Puis, un soir, l’étincelle… On est au Parc, Guy Roux joue le maintien.

Certes, l’image manque de netteté. C’est filmé sur un 32-10. On n’a pas trouvé mieux. Cette année-là, nous avons fini 9ème, il y a eu ce match contre La Corogne aussi. Encore une belle année comme on en avait à cette époque. Et puis ce soir-là, après une nuit sans alcool, il y a une prise de balle, un crochet et, là, jogo bonito, Mesdames, Messieurs. Chapeau l’artiste, tu nous as bien eu.


Mehdi C.

Ce soir

Mille tragédies pourront nous frapper encore, cette victoire contre le Real de Madrid, personne ne pourra jamais nous l’enlever. Nous avons été bons, beaux, agressifs, inspirés, solidaires, impitoyables, collectifs, courageux.
Nous portions enfin un joli maillot… Nous avons gagné !


Ce n’était qu’un match de poule tempère Xavier alors que Zidane n’a pas encore rejoint la salle de presse. Xavier a peur peut-être qu’une trop grande joie ce soir nous pousse à dérailler de nouveau. Il exorcise, Xavier. Il connait notre grande et tragique et absurde Histoire. Il a raison mais cette grande joie, pour moi en tout cas, n’a, même pas une seule seconde, flirté avec notre futur. À aucun moment, je ne me suis projeté. J’ai préféré suivre l’injonction de Jean Cécé, reçue par texto alors que je regardais déjà en boucles les trois buts : « IL FAUT JOUIR. »

Oui, ce soir, il faut jouir. Embrasser cette douce nuit parfaite. (L’enterrement de la coupe de la ligue, cerise sur mon gâteau européen…). Il y a des jours comme ça. Ils sont rares. Petits saphirs qui déchirent les voiles de nos vies de supporters abonnés au presque irrémédiable. Ce soir, notre trouille atavique, nos tronches de merdes de laitiers, notre anti pressing, ils ne sont pas venus. Restés au vestiaire.

Ce soir, nous avons retrouvé quelques sapeurs, quelques chiens de guerre. Gueye, Sarabia, et tous les autres. Meunier ressemblait au Meunier d’autrefois. Bernat deux passes décisives et encore important quand l’Europe se pointe, Di Maria le fantôme de Strasbourg et le prince du Parc, même Icardi sur le premier pion. Navas voit ses ex ne jamais cadrer du match ! Le Real qui ne cadre pas, c’est Rocco qui ne bande pas. C’est de la science fiction. Ce soir, l’arbitrage a été juste. Simplement juste. Le Var également. MAIS ÇA N’EXISTE PAS !!!

Oui, jouissons parce que ce soir, tout était réuni, absolument tout. Je pense à Grégory Schneider, le curé de Libération qui prophétisait hier un échec parisien. Il était définitif : C’était perdu d’avance !!! Ce soir, je vais pardonner. À lui et à tous les autres qui croisaient les doigts devant leur télé pour voir Madrid manger le PSG. Et ils ont vu, tous, du putain de foot. Livré à la maison par Paname les jalouses, les aigris, les ennemis ! Ahahahah.

Ce soir, c’est tout de suite, maintenant, pour toujours. Ça nous appartient. Ce genre de trophée ne s’achète ni avec du pétrole ni avec de la corruption. On a vu un film ce soir, en Technicolor : Les Onze Salopards. Ou les Onze Mercenaires. Un truc à la fois épique et émouvant. Avec de vrais héros et de la bravoure. Un scénario impeccable. On a vu une équipe. On a entendu non stop les ultras chanter. On a vu tellement de choses que mes yeux me brûlent. « C’était un petit Real, sans Ramos, sans Modrić !!! » hurlent déjà les opposants qui, après n’avoir parlé que de ça ces derniers jours, semblent soudain avoir oublié que ce soir, le petit Real affrontait un immense Paris sans… Cavani, Neymar, Mbappé.

Ahahah ! Le Real gagnera peut-être la Ligue des Champions. Et Paris tombera peut-être encore dès les huitièmes. Et nanani et nananère. IL FAUT JOUIR. Ce soir, je suis fier. Et je vous dis merci Messieurs. Thomas a tenté une sorte de All In. Marqui plus haut, Presnel revient à peine, Herrera sur le banc. J’étais franchement inquiet. Je le sens fatigué notre Teuton à visions. Ce soir, oui, il a misé. Heavy. Et il a gagné. Alleluia ! Nous avons, TOUS, ce soir, gagné. Le joli souvenir. C’était le 18 septembre 2019 putain.

NB : Je viens d’avoir une idée folle : Messieurs, et si vous jouiez tous vos matchs comme ça ? Non ? Pas poss ? … Vous avez peut être raison finalement. Banalisez la jouissance et elle en crève.


Jérôme Reijasse

Merry, l’œil des faucons

Après des premiers pas au Parc à la fin des années 80,
accompagné de son grand père, ce n’est qu’au début des années 2000
que MERRY MORAUX retourne Porte d’Auteuil supporter le Paris Saint-Germain.


Une affaire de famille puisque son père, supporter de toujours, décide lui aussi d’accompagner son fils et finit par s’encarter aux Boulogne Boys.
Merry de son coté, a choisi de rallier la tribune Auteuil. Il rejoint alors les Lutece Falco dont il devient le témoin privilégié pendant 6 ans. Il fera les déplacements et sera un des photographes attitrés des faucons parisiens.

Photographe de formation et passionné par le travail sur le vif, il a suivi le groupe partout et a capturé des instants de vie, d’ambiance et d’animation absolument uniques.
Il revient pour Virage sur ces années ultra par le prisme de 12 clichés pour lesquels il raconte le contexte et l’histoire. Un peu la sienne, mais surtout celle des Lutece Falco.


Merry l'oeil des faucons Virage
Lens vs Paris SG – 12 aout 2007

Suite à ce match à Bollaert, c’est la première fois que je présente des photos prises en parcage extérieur.
La première fois que je les présente, mais pas la première fois que je shoote.
Pour la petite histoire, j’avais déjà shooté à l’extérieur, déjà à Bollaert deux saisons auparavant, en avril 2006.
Malheureusement je me suis fait dérober l’appareil dans lequel était la pellicule, et je n’ai jamais vu ce qu’il y avait dessus.

Une chose était sûre, j’avais pris beaucoup de plaisir à photographier au milieu de la foule, à l’ancienne avec un appareil argentique à mise au point manuelle.
J’ai mis plus d’un an à le refaire, le temps de retrouver un boîtier identique à celui qu’on m’avait volé (Canon AE1), et de me remettre la tête à l’endroit, après une saison 2006-2007 moralement éprouvante pour moi.

Aux prémices de cette saison 2007-2008 je mettais en œuvre ce que j’avais toujours eu en tête depuis que j’avais vu les photos de William Klein à la coupe du monde 98.
Être au cœur de l’action, ne plus photographier les supporters comme un ensemble, mais comme des individualités formant cet ensemble.
Et surtout montrer cette ferveur incomparablement plus grande que ce que l’on voit sur les clichés des gentils spectateurs / supporters de Klein.

Le résultat était pour moi à la hauteur des espérances, avec de beaux portraits peignant toute la panoplie des attitudes que provoque un match.
Des lignes et bokeh choisis, mis en valeur par le grain du traitement argentique noir et blanc que j’affectionne tant.

Merry l'oeil des faucons Virage
Manchester City vs Paris SG – 03 décembre 2008

Le déplacement est essentiel dans la vie du groupe, il sert bien évidemment à suivre l’équipe mais il contribue surtout à forger l’esprit de groupe, de communauté.

Ce qui m’a plu dans l’idée de déplacement au sein des Lutece, c’est qu’on ne voyait pas uniquement le déplacement comme le moyen d’aller supporter le Paris SG aux quatre coins de France et d’Europe.
Non, suivre le Paris SG avec les Lutece Falco c’était voyager de Derry à Kiev, et en même temps redécouvrir le Bogside et visiter Laure des Catacombes.
Jouer l’Europe à Toulouse ou les amicaux de pré-saison, et endosser ce rôle de syndicat des tribunes en revendiquant contre un maillot défiguré ou des abonnements trop chers.
C’était faire acte de désobéissance civile à Brest ou Ajaccio, et y fêter un anniversaire ou découvrir la gastronomie corse.

Cet esprit de découverte, cette touche globe-trotter, ce signe d’ouverture a forcément charmé l’amateur de voyage que je suis et qui exécrait les aller-retour simplistes des déplacements organisés par le club.

Si se déplacer en Europe permet de s’enrichir culturellement, cela nous sort aussi de la zone d’à peu près confort qu’étaient les déplacements dans l’hexagone.
D’autant plus après la fin des associations où le système D était encore plus de mise.
Des déplacements à Lviv ou Tel Aviv auraient pu d’ailleurs bien mal tourner ; mais qu’à cela ne tienne, nous avons pu gravir le mont des oliviers et y poser notre bâche.

Pour Manchester tout était encore à peu près simple, malgré des bobbies exaspérants à vouloir nous asseoir ou à tenter de dissuader les joueurs d’offrir leurs maillots.
La panoplie tient dans un sac à dos, quelques vêtements de change, une écharpe, un passeport, un lecteur MP3 et un petit boîtier argentique avec une seule optique.
Appareil bien suffisant pour immortaliser un pèlerinage à Anfield, et rapporter des souvenirs visuels de la bande dans les travées du bien triste City Stadium.

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Paris SG vs Lorient – 05 aout 2006

Photographier pour un groupe est une chance.
Cependant tel un capo haranguant les troupes durant 90 minutes, le photographe ne voit le match que par procuration, au travers de son viseur dans les yeux des supporters ou via leurs réactions.
L’amateur de football ne voit donc les matchs qu’en rentrant le soir, sur les enregistrements vidéos soigneusement programmés.

Pourtant on n’échangerait cette place pour rien au monde, car avoir toutes les deux semaines la chance de fouler la mythique pelouse du Parc est irremplaçable.

Plonger de la latérale vers le gazon illuminé, déboucher dans ce brouhaha organisé, sentir et entendre cette cuvette bouillonner et littéralement vivre, est une image qui marque quiconque a un jour la chance de descendre des tribunes.

On a un rôle à jouer, des consignes strictes à respecter, mais par colère ou joie il arrive que l’on s’oublie et que la passion prenne le dessus.

Je me suis vu courir comme un dératé derrière Luyindula pour le 4ème but contre Twente, ou a contrario provoquer un début d’embrouille avec je ne sais quel officiel suite à une honteuse simulation de Stéphane M’Bia.

Photographier directement dans les tribunes du Parc (et bien souvent dans tous les stades) est un exercice techniquement périlleux.
La configuration sans recul et le manque de place fait que les bonne positions sont rares et difficiles à dénicher.
Pourtant avec persévérance, et pour peu que la chance et la chorégraphie s’en mêle, on arrive à trouver de bonnes lignes, de bons angles et de bon cadrages.
Comme cette chouette photographie qui illustrera plus tard le livre Paris dans les veines de Damien Dole-Chabourine.
Une grande fierté pour moi, mais n’oublions pas que sans les acteurs majeurs des tribunes, point de photographie, point d’ambiance, point de vie.

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Valenciennes vs Paris SG – 20 octobre 2007

Le tendu d’écharpes. On a l’habitude de voir ce type de chorégraphie côté face. Plus les écharpes tendues sont nombreuses, plus le rendu est impressionnant. Mais comment le vit-on de l’intérieur?
Comment se sent-on derrière cette multitude d’écharpes identiques qui renforce cette impression d’unité.

L’unité, il en est question ici.
Après un début de saison des plus difficile, Paul Le Guen espère une réaction d’honneur de son groupe en laissant plusieurs cadres au repos, en titularisant un grand nombre de jeunes et en confiant le brassard de capitaine à l’un d’entre eux, le titi Mamadou Sakho.

Au delà des résultats, supporter l’équipe c’est aussi abandonner son confort, sacrifier même parfois la vue du terrain. Debout sur des sièges, serrés les uns contre les autres, enfermés dans d’honteuses cages d’un autre temps comme ici à Valenciennes, se démenant pour offrir une belle gestuelle.
Parfois sous les intempéries, dans le froid sibérien ou sous un soleil de plomb. Les ultras sont toujours présents ensembles pour encourager leurs couleurs.

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Paris SG vs Caen – 31 janvier 2009

Au stade le spectacle n’est pas toujours sur le gazon, et les fumigènes ont cette particularité d’être interdits et décriés par ceux qui ne les connaissent pas, alors qu’ils animent les tribunes et les rendent colorées et festives.
Il est ainsi complètement schizophrène de voir les ligues punir les clubs pour l’usage fait par leurs spectateurs, des engins pyrotechniques, et d’en utiliser les images pour promouvoir le spectacle proposé.
Le vice va encore plus loin quand on entend certains journalistes se dire outrés de leur utilisation au Parc des Princes et d’en pointer leur dangerosité, et entendre ces mêmes commentateurs vanter les mérites du folklore dans d’autres contrées.

Toujours est il que pour le photographe le fumigène c’est un peu le Graal. Et le photographier correctement relève toujours un peu du numéro d’équilibriste, car il a tendance à déboussoler les mesures des appareils photos.
Le photographe s’en remet aussi à ses premiers souvenirs du Parc des Princes, quand il demandait à son grand père pourquoi il y avait des lumières rouges de l’autre côté
« Pour remercier un joueur qui va s’en aller » (Safet Sušić – Paris SG vs Brest – 17 Mai 1991)
Le fumigène fait et fera toujours rêver grands et petits.

Ici, il y a tout sur cette photo, le fumigène, on y comprend la joie pour un but, on y sent la ferveur, la fierté, la victoire au bout du pied.

Tout va très vite en football (on le voit avec la C1 de cette année) et la vérité d’un match n’est pas celle du lendemain.
Alors, d’une année sur l’autre, un même match n’a plus le même sens, la même saveur, les mêmes attentes.
L’année précédente ce Paris SG vs Caen, avec le spectre de la relégation au-dessus de la tête, était un match de la peur, sujet aux crispations.
La tension était des plus palpables, en témoigne l’épisode du tract, que Momo (photographe des Supras) avait donné à Jerôme Rothen, et que ce dernier avait froissé en rétorquant à peu près : « on va en mettre 3, et vous allez la fermer ».

Cette année la dynamique du club est bien meilleure, telle qu’on en arrive à croire au titre, et ce match contre les normands est une nouvelle marche à franchir pour arriver au sommet.

Les deux matchs se solderont avec une défaite pour la saison noire, et une victoire pour celle de l’espoir vain.
On finira donc la saison 2007-2008 sauvés à la dernière journée à Sochaux, comme nous le savons tous, mais avec une coupe de la ligue dans l’escarcelle (et la perspective de retrouver le chemin de l’Europa League).
2008-2009 sera une excellente saison jusqu’à ce que nous trébuchions à domicile face à l’om, pour finir en quasi roue libre, sans titre et sans Europe…

Merry l'oeil des faucons Virage
Sochaux vs Paris SG – 17 mai 2008

On pourrait écrire un roman entier sur ce match couperet qui pouvait envoyer le Paris SG en ligue 2.
Sur l’appréhension avant la rencontre, sur le trajet effectué la boule au ventre, sur cette mi-temps interminable.
Sur les incidents indécents du début de match, quand une partie de Boulogne a décidé de charger la zone où étaient réunis les ultras d’Auteuil et de la G.
Sur la colère générale, sentiment prédominant durant ce jour. Colère contre les joueurs et dirigeants d’en être arrivé à cette situation.
Colère contre ceux de Boulogne qui ont voulu régler leurs comptes ce jour. Je n’oublierai jamais les larmes d’un ami « Ils pouvaient le faire n’importe où, n’importe quand, mais pas ce soir, ils n’avaient pas le droit ».
Pour certains la rupture avait déjà eu lieu, pour d’autres, elle sera pour cette soirée.
Colère aussi contre les journalistes et photographes de vouloir nous « voler » notre soulagement.

Mais de l’autre côté, comment passer outre ces grands moments passés ensemble, en grand contingent.
Comment oublier cette quasi union sacrée (malheureusement rompue par certains) ?
Comment ne pas vibrer en se souvenant de cette joie intense après chacun des deux buts.
Une joie comparable aux buts amenant un trophée.
Comment oublier cette ferveur pour pousser l’équipe jusque dans ses derniers retranchements.
Nous avons tous poussé le ballon d’Amara Diané à la 83ème minute.
Certains diront que c’est le souffle de nos chants qui l’a envoyé au fond des filets.

Pour cette si importante soirée, j’avais choisi de troquer mon habituel AE1 pour un boîtier professionnel, avec le risque d’être refoulé à l’entrée du stade.
J’ai réussi à entrer avec, et avec la complicité des stewards, à me placer juste en dehors du parcage, à peine en dessous des groupes.

Le début de match a surtout été occupé à faire descendre quelques fans compressés sur les barrières par la charge de Boulogne.
Mais une fois ce triste épisode passé, j’ai pu m’en donner à coeur joie, bien que le coeur n’était pas à la joie.

Idéalement placé j’ai pu shooter nombre de clichés. On y voit en couleur et en NB une tension particulièrement palpable, même chez les capos. On y voit les gestuelles sous l’œil protecteur de notre cher faucon.
Les encouragements des meneurs à ne rien lâcher.
Puis la joie tellement communicative et partagée au moment des buts, accompagnée des cascades de Viola.

Un de mes plus beaux souvenirs photographiques.
Mais si la descente a été évitée de justesse, et malgré le soulagement d’avoir sauvé notre place dans l’élite, la tête était ailleurs.
Comme le disait une banderole déployée la saison précédente : « Regardez le classement, ce soir c’est pas la fête ».

Merry l'oeil des faucons Virage
Finale Coupe de France Paris SG vs Lyon – 24 mai 2008

Généralement ces photos de groupe – ou photo bâche – sont réalisées en plus petit comité, lors des déplacements.
On est plus ou moins nombreux selon les destinations. De quelques-uns portant un petit étendard ou deux mats, à de grands contingents à se masser derrière des bâches plus imposantes.

Ici pour la seconde finale de l’année (Lens a été battu en Coupe de la ligue quelques semaines auparavant), le rendez-vous est donné devant l’Hôtel de Ville de Paris pour aller tous ensemble au stade en cortège.
Une très grande partie du groupe est présente, mais la bâche n’est pas là. Qu’importe, l’occasion est trop belle pour ne pas photographier le gros de la troupe avant de prendre la direction du stade de France.
Ça chante, ça crie l’amour du Paris SG devant ce lieu mythique de la ville lumière, lieu où l’on aime se retrouver pour célébrer les quelques trophées glanés ces dernières années.
Ensuite on traverse les rues de la capitale jusqu’à Châtelet au milieu des passants et automobilistes médusés.
Passage par la place carrée où l’on se rappellera aux bons souvenirs d’une fête d’après victoire, un certain 29 Avril 2006.
Malheureusement l’issue ne sera pas aussi favorable pour cette édition.

Merry, l'oeil des faucons Virage PSG
Paris SG vs Monaco – 06 novembre 2005

La plus ancienne des photos présentées.
Je foulais la pelouse du Parc depuis quelques semaines seulement, me sentant tout penaud et tout petit au coeur de ce magnifique stade.

Préposé aux photos du groupe c’est naturellement coté Boulogne que je me posais pour photographier les tifos du Virage dans tout leur ensemble.
A l’époque pas de numérique pour moi, deux zooms pour couvrir le plus de focales possibles et beaucoup d’attention à avoir car shooter avec pellicules s’avère coûteux.

Après avoir fait « le job » de l’animation coté Auteuil, comment résister à cette déferlante de couleurs qui s’abat sur Boulogne.
On fait bien attention à son exposition, et la magie fait le reste, le fumigène par transparence qui met en valeur une des fameuses têtes de mort des Boys.
Une impression de Chaos, d’enfer rougeoyant… le fameux « enfer du Kop » comme on peut le lire sur une des écharpes des Boys.

Les Boys, et plus généralement Boulogne qui cristallise les haines, l’appréhension. On n’aime ou pas, mais on reste rarement indifférent quand il s’agit du KOB.

Pour ma part, l’avis est forcément biaisé, j’y ai de la famille. J’y ai passé quelques matchs.
Je ne suis pas en accord avec tout ce qui s’y passe bien évidemment, mais j’y vois là aussi, quoi qu’on en dise, beaucoup de passionnés, de fans, d’amoureux du club de la capitale comme moi.

J’apprendrai par la suite à y connaître, à y côtoyer certains membres. Ils m’aideront, je ne les oublierai jamais.
Tout comme je n’oublierai jamais le sort odieux réservé à ce groupe mythique que sont les Boulogne Boys, suite à l’affaire d’état de la banderole du stade de France.

Merry l'oeil des faucons Virage
Metz vs Paris SG – 18 aout 2007

Si l’on se fie aux médias conventionnels, quelle est l’image généralement présentée au non-initié du supporter de football ?
Violence, haine, racisme, insulte…

Tout n’est pas toujours rose bien sûr, mais ce que l’on voit dans les travées des stades est bien éloigné de ces lieux communs.
Là où on ne présente souvent que le conflit j’ai voulu montrer d’autres valeurs, d’autres émotions : La passion, la fraternité, le rire, la joie mais aussi la tristesse, l’attente, l’effervescence ou la tension des yeux rivés sur un rectangle vert de 105mx68m.

Pas question pour autant de faire poser les membres du groupe, pas besoin d’artifice.
Les images doivent être le reflet réel et anti-conformiste de ce qui se passe.
L’idée est donc de se faire accepter dans le groupe jusqu’à disparaître. Travailler pour le groupe, vivre le groupe, être le groupe. Ne former qu’un. « On est 1, on est 10.000 ».

Une fois intégré, unis à ces amis, l’appareil photo derrière lequel je suis et que je braque parfois à quelques centimètres du visage n’engendre pas de méfiance ou de changement d’attitude.
La joie montrée est de la joie ressentie.
La tension est palpable.
La tristesse nous arracherait une larme.

Merry l'oeil des faucons Virage
Lille vs Paris SG – 12 avril 2009

Certainement la dernière pellicule en parcage en tant que groupe.

La saison 2009-2010 se déroule sportivement comme avait fini 2008-2009, avec une équipe à la rue sur le terrain.
Mais s’ajoute à cela des tensions de plus en plus palpables au sein de la tifoséria parisienne.

Avant d’arriver à l’impasse du Paris SG – om (décès de Yann Lorence), et à la fin des déplacements décrétée par les autorités, il y aura eu un triste déplacement à Montpellier en tout début de saison, ou un non moins triste Lyon – Paris SG.

Sans le savoir ce Lille- Paris SG sera une des dernières (si ce n’est la dernière) chances de shooter, en parcage, mes compagnons en tant que groupe « officiel ».

A cette occasion, j’avais décidé d’utiliser pour la première fois un petit flash d’appoint sur mon AE1. Flash qui me permettra de déboucher des premiers plans souvent assombris par une lumière des stades absolument pas prévue pour éclairer convenablement les supporters.

Mission réussie avec une belle petite série de portraits avec en toile de fond le groupe dans ses encouragements et gestuelles.
Mission réussie pour la dernière fois…

Merry l'oeil des faucons Virage
Manifestation LPA

5 décembre 2010.
Nous ne sommes déjà plus au stade depuis une demie-saison.
Quelques actions ont déjà eu lieu, et cette manifestation rassemble plusieurs entités caressant de loin le fol espoir de retrouver nos travées.

Espoir vain pour nombre d’entre nous qui avons, soit tourné la page, soit décidé de continuer à suivre l’équipe au maillot rouge (pour cette année anniversaire), mais plus jamais en tant que groupe.

Cette manifestation a permis de se retrouver derrière des revendications communes, on y a croisé les amis, les voisins de tribunes, les « anciens combattants » et les nouvelles figures émergentes.
Peu prise au sérieux et à peine relayée par une presse ayant pris fait et cause pour les dirigeants du club, cette manifestation dans les rues de la capitale s’est pourtant bien déroulée, et a été l’occasion de plusieurs beaux clichés.
On y retrouve les visages d’avant, déterminés mais tristes, les fumigènes, les chants, les slogans, les banderoles, les écharpes et maillots aux couleurs du club.
Tout le stade, sans notre stade et sans le ballon.

Une nouvelle expérience de photographie footballistique dont on se serait bien passé.
Paris c’est nous, mais Paris restera malheureusement sans nous.


Xavier Chevalier

Mon premier match

C’est après réception d’un mail en provenance de notre bien aimé redac’chef
ayant pour objet « FAIS PETER L’ARTICLE SUR TON PREMIER MATCH ! »
que je me décidais enfin à fouiller loin dans mes souvenirs…


En effet, c’est par cette phrase pleine de poésie et de tendresse bordel, telle une supplique digne du petit Prince (Non pas Daniel Bravo, mais l’autre avec le renard – mais pas des surfaces) que je replongeais dans mon enfance, à peine sorti de mon parc à jouets. Et non encore celui des Princes. Suivez un peu…
On a tous une première fois. La mienne est tellement ancienne que je ne m’en souviens plus…

On est fin des 70’s, et à 3 ans j’ai tellement tanné mes parents pour accompagner mon frère (de sept ans mon ainé) et mon père au Parc, qu’ils ont fini par céder… De la même manière qu’ils ont craqué la même année, pour ma première au cinéma, un jour de décembre 1977. Là, par contre je m’en souviens vachement bien, c’était Bernard et Bianca. Et les crocodiles de la méchante Médusa m’ont traumatisé, mais je m’éloigne du sujet… Enfin, comme quoi emmener son enfant à 3 ans au ciné ou au Parc des Princes, au mieux ça ne sert à rien, ou au pire ça traumatise…

Alors plutôt que de m’étendre sur ce match, accélérons un peu les choses.
A l’époque la France est verte, et quand Paris joue Saint-Etienne au Parc, le Parc est vert… Personnellement, je suis encore bien-sur trop petit pour me dire vraiment supporter d’un club… Les diffusions à la TV sont réservées à l’équipe de France et à quelques matchs de coupes d’Europe…
Via mon frère, je connais et j’aime bien Saint-Etienne comme tout le monde, et le PSG. Je connais Bastia et son épopée, trop jeune pour suivre la coupe du monde de 1978, je sais juste que les hollandais étaient beaux et auraient du gagner, et que les argentins ont triché…

Mais je m’égare encore, et revenons à nos moutons (non rien à voir avec le petit Prince), et rentrons à Paris comme chantait Jane. Nous y reviendrons.

Pour certains qui sont nés la même année que le PSG, on peut être fan de Dominique Bathenay, pour d’autres, comme chez nous dans la famille, c’est Dominique Rocheteau.
Or en 1980, l’ange vert décide de quitter le Forez pour venir jouer dans le club de la capitale !

Pour ma part, malgré plusieurs matchs au Parc, je ne suis pas vraiment un supporter assidu vu mon jeune âge, et je n’ai pas encore 8 ans quand la finale de la Coupe de France 1982 fera de moi à jamais un supporter parisien.

Mon premier match Virage PSG
L’ange Rouge et Bleu (c) Panoramic

Mes parents recevaient de la famille ce soir là. Il fait bon en ce soir de juin, tout le monde est dans le jardin. Sauf mon frère qui est devant la TV dans le salon. Jour de finale et jour au combien historique. Au début du match, j’avoue innocemment avoir une légère préférence pour Platini et les verts. Sacrilège ! Mon frère m’explique alors, qu’il est à 100 % pour le PSG, qu’il faut que Paris gagne la Coupe !

Je vous passe le scénario dingue de ce match, l’égalisation de Rocheteau à la dernière seconde, le président qui embrasse la pelouse, le terrain envahi, la séance de tirs aux buts, Pilorget qui transforme le dernier, Bathenay qui brandit la coupe… Notre coupe. La plus belle.
Comment ne pas tomber amoureux du PSG après une finale comme celle là ? Impossible. « car nous deux c’est pour la vie ».
Le geste du président Borelli fera énormément parler. Francis Borelli le passionné, un homme qui aime tellement ce club, que cet amour et cette passion sera communicative pour moi et pour beaucoup de supporters.
Oui ce match et ses acteurs sont pour moi tout ce que représente le PSG.

Mais j’entends déjà notre redac’chef préféré pester : « Ok mais moi je veux un match ou t’étais au Parc et pas devant la TV… »

Bon OK, j’accélère, après cette première coupe, Je m’intéresse alors logiquement à la coupe du monde en Espagne qui arrive rapidement, la France bien sur, l’Algérie de Dahleb, la Yougoslavie de Šurjak (je ne connais pas encore un certain Safet Sušić…), et même le brésil avec ce maillot mythique….
A 7 ans j’ai vécu Séville… Je savais déjà que plus jamais un match de foot ne pourrait être aussi fort émotionnellement… Mais je m’éloigne encore du sujet et Schumacher est bien plus cruel que Médusa et ses crocodiles réunis.

Mon premier match Virage PSG
José Do Brazil (c) Panoramic

Ma vie de jeune supporter continua avec du caviar et la finale de 1983. Le but de Zaramba, celui de José Touré, puis l’exploit de Sušić et la course de Toko après le troisième but avec Rocheteau derrière qui court pour le féliciter, encore une photo qui deviendra historique….

Mais j’imagine déjà notre vénéré redac’chef me demander : « Et t’étais au Parc contre Nantes ? » Ah non…

Bon OK, pour ne pas finir hors sujet, et même si ce n’est pas le premier, il sera un peu plus original. Je vais vous parler d’un autre match qui m’a marqué, et dont personne ne se souvient je pense, il s’agit du PSG vs. Lens du 10 aout 1983.
Pourquoi ce match ? Il représente bien ce qu’était le Parc et le PSG de mon enfance, et il est pour moi tellement représentatif du PSG de cette époque. Du spectacle, des buts, de la folie, des émotions, de la passion…

A Paris au mois d’août comme chantait Charles, c’était match au Parc dans ma famille ! Le match a lieu un mercredi. Peu importe, ce sont les grandes vacances ! L’affiche du jour, les redoutables sang et or qui ont fini 4ème du précédent championnat.
Leur attaque menée par un ancien de la maison, François Brisson, et un futur, Monsieur Xu.

Côté parisien, dans les buts Baratelli sur la fin (c’est ce que je pense à l’époque. C’est cruel un enfant).
L’éternel Tanasi (j’avais l’impression qu’il était là tous les ans depuis toujours et pour toujours. D’ailleurs je me demande s’il ne serait pas encore là ?)
Le futur recordman Pilorget, et la défense se complète avec deux anciens verts qui, à mon sens, n’étaient plus verts depuis longtemps, Bathenay et la décevante recrue Janvion (cruel on vous dit).
Au milieu on a Couriol, Luis, que le Parc adore, même si moi je lui préfère Lemoult (cruel ou un peu con en fait ?)
Le meilleur pour la fin, bien-sur, avec la crème de la crème, Dahleb, Sušić et notre idole Rocheteau.

Mon premier match Virage PSG
Mr Xu, alias Daniel Xuereb ici avec Lens contre Paris (c) Panoramic

On arrive 1 heure avant le début du match, comme toujours, Auteuil rouge comme presque toujours, il fait lourd, on se désaltère avec les bouteilles d’eau et de soda qu’on a emportés dans nos sacs.
Le parfum des matchs de début de saison, période ou tous les rêves sont permis…
A notre gauche, on fait tourner les flasques à whisky, à notre droite ça discute sévère. Un gars raconte qu’il a chez lui le maillot qu’a porté Pelé le jour de la finale de 1970. Le mec y croit vraiment…
Ça sent l’herbe fraîche, la bière, la sueur, ça jure, ça boit, ça fume, ça rit, ça chambre, bref ça pue le foot.

On mange nos sandwichs préparés par la maman. Chips et cacahouètes pendant que la sono crache comme à chaque match « je l’aime à mourir  » de Cabrel . Mais pourquoi ? Pourquoi toujours cette chanson pendant des années avant les matchs ? Si quelqu’un connait la réponse, merci de nous le dire… presque 40 ans que cette question me ronge…

Résumé du match, cliquez ICI

Le match en lui-même ? Que dire ? Mes souvenirs se sont effacés, je me souviens juste d’un beau match, serré et du terrible orage qui s’est abattu sur le Parc, rendant le terrain à la limite du praticable.

A Paris au mois d’août, la gadoue, la gadoue… Jane si tu nous lis…
Et surtout au milieu de cet enfer aquatique, tel un chevalier dans l’orage, Dominique Rocheteau nous ouvre les portes de la victoire avec un deuxième but ! Le Parc exulte ! La soirée bascule dans une ambiance irréelle, des trombes d’eau se déversent sur la pelouse et sur nous, un dernier but de Zaramba clôt le score. Trois buts à zéro, la coupe est pleine… (un peu d’humour, et sans banderole…)

Rocheteau a marqué, le PSG a gagné, on est trempé, on peut rentrer. Vivement le prochain match !


J.J. Buteau