Humeur

Parisiens, têtes de chiens

C’est l’été. Vendée. La nuit, le silence presque assourdissant de la mer.
Des étoiles plein le ciel. Le temps suspendu. On appelle ça les vacances.
C’est depuis la petite ville de Brétignolles que j’ai vu, dans le PMU local,
la victoire du PSG contre Montpellier.

L’écrasante victoire. Malgré deux nouvelles approximations de notre surestimé gardien transalpin, Paris a terrassé les boys de Nicollin 5-2. Neymar a repris sa couronne. Messi son sourire et une partie de son talent. Mbappé n’est pas encore vraiment revenu. Il boude, peut-être frustré de ne pas avoir pu disputer le Trophée des Champions et le match de reprise à Clermont. Son désir de battre tous les records, d’affoler toutes les statistiques semblent le rendre impatient. Il marque pourtant un joli but en mode Zlatan après avoir raté un péno. Il râle quand Vitinha ne lui fait pas la passe et préfère stopper son action. Il repousse Ramos et ses autres camarades au moment de célébrer son premier pion de la saison en Ligue 1. Pas de doute, le PSG est de retour.

Dans ce PMU, il y a des mecs du coin, en majorité anti-parisiens. Certains sont alcoolisés au dernier degré. Ils nous détestent. Ouvertement. Méchamment. Éternellement. Toute la soirée, j’entends les mêmes insultes, les mêmes aigreurs. Neymar est leur tête de turc préférée. Et à les entendre, le Brésilien préfère les hommes aux femmes et la débauche au foot. « Vivement qu’il se fasse découper ». Voilà le genre de saloperies que captent mes oreilles. Il y a aussi bien sûr la rage de l’argent qatari. La jalousie des démunis. Dans ce bar où le décodeur certainement pirate plante toutes les 15 minutes (« la chaleur Monsieur, désolé, c’est comme ça depuis hier » me précise le patron), le pognon du désert rend agressif et con. Toutes les vannes, tous les clichés y passent : « trop payés », « trop facile », « malgré les milliards, ils l’ont toujours pas gagné leur ligue des champions », « à jamais les derniers »… à chaque faute sur Neymar, un homme assis à la table derrière applaudit ou le traite de simulateur. La haine pure, assumée. La débilité des profondeurs.

Ici, c’est moins Marseille que Nantes qui est dans les cœurs et les foies noyés dans des litres de bibine. Mais Paris reste l’ennemi indépassable. Capital. Que je suis bien au milieu de cette humanité de comptoir. À chaque but des nôtres, je célèbre avec mon fils en en rajoutant un max. Je croise certains regards véritablement méchants. Ça ne va pas plus loin. Un groupe de quatre Parisiens, torché comme pas permis, regarde le match depuis la terrasse. Un autre, seul, maillot PSG Messi, enchaîne les demis dans un coin. Si jamais ça devait virer baston de saloon, je ne serais pas abandonné. Toujours ça de pris. L’arbitre siffle la fin, les pochetrons sont déjà passés à autre chose. Le plus bête quitte le navire en insultant une ultime fois Neymar. L’un des quatre membres du groupe me parle avec amour de Javier, de Pedro, de Ronnie. Il fait lourd et la nuit est là. Je suis bien.

6 points sur 6. + 8 de goal average. Des recrues prometteuses. Vitinha homme de l’ombre pas avare de ses efforts et déjà suspendu (contre Monaco) suite à trois jaunes récoltés en trois matches. Un Marco lusitanien. Renato lui, ne prend aucune biscotte (les plus cinéphiles d’entre vous apprécieront le clin d’œil) et score à peine entré sur la pelouse du Parc. 10 buts lors des deux premières journées de championnat. On n’avait plus vu ça depuis Reims en 1961. Paris excite déjà les compteurs et nous ne sommes que mi-août. Et avec Galtier aux commandes !!! Galtier. Dès que je l’aperçois en gros plan à la télé, je n’y crois pas. Je ne me fais toujours pas à l’idée que c’est désormais lui notre entraîneur. Je ne lui souhaite que de réussir. Je ne l’ai jamais vraiment détesté. Et ces dernières années, il est l’un des rares coachs à ne nous avoir jamais manqué de respect. Et puis, si jamais ça devait mal tourner, on pourra toujours le conspuer en lui rappelant ses origines.

Sur les réseaux, je vois que nos trois victoires et ce premier trophée ne poussent pas mes camarades supporters à s’enflammer. Chats échaudés… mais après cette dernière saison éprouvante, où l’ennui et la désillusion avaient tout emporté, je ne veux pas non plus jouer au rabat-joie. Non ! L’anti spectacle de nos starlettes en short m’avait presque éteint. Déprimé profondément. Regarder jouer Paris était devenu ce rendez-vous certes obligatoire mais rébarbatif. Il n’y avait presque rien. Mbappé comme couteau suisse. Ouais, déprimant le PSG Mauricio. Sans âme, sans plan. Une parodie. Ces premiers succès estivaux, j’ai décidé de les enlacer sans penser à l’avenir. Parce que j’ai vu une équipe bien jouer au football. Parce que j’aime cette défense à trois et ces latéraux conquérants. Parce que Neymar a déjà fermé pas mal de gueules. Parce que ce Paris qui joue haut et qui veut tuer m’avait manqué.

La prolongation miraculeuse du golgoth de Bondy, je l’ai accueillie avec soulagement en toute honnêteté. Sans Mbappé, j’imaginais une saison 2022-2023 apocalyptique. Je craignais le pire. Et puis, de voir la rage des Madrilènes, la descente d’organes de Fred Hermel en direct, quel bonheur ! Mais très vite, les longues semaines sans autre bonne nouvelle m’ont inquiété. Le départ d’Angel m’a attristé. Nasser a aussi rejoué le carte de l’ordre et de la fin des paillettes. J’ai évidemment ricané (qui peut croire à ce genre d’inepties, sérieusement ?). Des rumeurs (malheureusement toujours pas éteintes à l’heure où j’écris ces lignes) envoyaient Neymar n’importe où, même à Newcastle. Neymar à Newcastle !!! Et pourquoi pas Maradona à l’OM tant qu’on y est !!! Je voulais qu’on conserve Kalimuendo mais il est aujourd’hui breton. On a signé Etikikititikéké. Pourquoi pas. Je ne veux pas de Rashford. J’attends la fin de ce mercato avec une certaine fébrilité. Il ne faudrait pas tout gâcher, trop ou mal acheter.

J’attends la Coupe du monde avec autant d’impatience que de rancoeur. Va-t-elle nous offrir une année fantastique ou nous précipiter directement en Enfer ? Les jalouses nous prédisent bien sûr le pire. Ils voient nos stars revenir du Mondial rincées, qu’elles aient triomphé ou échoué. Ils prient pour que nous tombions encore en huitièmes. Là encore, j’ai choisi de m’en foutre. Il arrivera ce qu’il arrivera. Je ne veux plus cultiver cette atmosphère de malédiction parisienne. Je veux simplement que mon Club monte au front la tête haute. Et même si nous n’avons terrassé que Nantes, Clermont et Montpellier, j’ai aimé ce que j’ai vu. Et j’en redemande. Parce que je sais que nous en sommes capables. Alors, rêvons. Pas plus grand ni plus haut mais rêvons. La réalité et les oiseaux de mauvais augure gagneront peut-être à la fin. Peut-être. Peut-être aussi que Neymar soulèvera plusieurs coupes cette saison. Allez savoir.

Retour en Vendée. Le jour de mon arrivée dans le 85, une affichette scotchée dans le tabac pas loin de la plage annonce une rencontre amicale entre une équipe du cru et le PSG National 3 pour ce dimanche à 18 heures. 5€ pour les adultes et 3 pour les gosses. Un signe des Dieux ? Jules et moi décidons bien entendu de nous y rendre. L’occasion est trop belle. À l’entrée, on offre un drapeau parisien à mon fiston. L’unique tribune est pleine à craquer. Des maillots parigots, des touristes comme nous et probablement quelques locaux. Mais surtout beaucoup de gens venus pour voir Paris chuter. Pendant 90 minutes, sous une pluie de velours, j’entends des choses extraordinaires. Je vois la haine dans toute sa décomplexion.

Je suis né en province et je n’ignore donc rien du sentiment anti-parisien. Mais là… je livre ici deux remarques entendues pendant la deuxième mi-temps. Un avion publicitaire passe au dessus du stade. Un daron dit alors à son fils : « faudrait qu’il s’écrase sur le PSG »… et, au moment de quitter les lieux, un poivrot agrippe le maillot de mon fils en lui disant : « il est dégueulasse ton truc ». J’attrape donc le sien, presque calmement avant de lui souffler à l’oreille, en souriant : « vire tes sales pattes tout de suite. Tu vois, moi, j’ai une équipe. Toi, tu n’auras qu’une cirrhose, enculé. » j’entends encore ses « Paris on t’encule » au moment où nous quittons le stade champêtre. Nobody likes us and we don’t care. Je ne suis pas devin. Je ne suis pas persuadé que c’est une bonne idée d’avoir remplacé l’un des meilleurs gardiens au monde par un géant fébrile inexpérimenté qui louche. J’ignore si le duo Campos-Galtier réussira là où tant d’autres ont échoué ces derniers années. Je ne sais pas si le CUP va se racheter. Cavani va peut-être signer à Nice. Les affaires reprennent. Alléluia ! PSG4LIFE.


Jérôme Reijasse

Galtier, les promesses de l’aube

La saison dernière s’est terminée en eau de boudin.
Au lieu d’être fêté à sa juste et historique valeur, le dixième titre,
qui fait du PSG l’égal de l ‘ASSE sur la scène nationale,
a été boudé dans les grandes largeurs par un public saoulé de voir son club transformé en pré-maison de retraite pour trentenaires.

Les stars parisiennes, coupables de tous les maux aux yeux du Parc, se sont faites copieusement chambrer et siffler, notamment lors de la réception de Bordeaux. Ramos ? Toujours blessé. Neymar ? Pas assez concerné. Messi ? Largement en-deçà de son réel niveau. Même lors du clasico, les fans se sont faits silencieux. Il faut dire qu’on s’ennuyait ferme à regarder le PSG version Pochettino, à l’image de ce match moisi à Monaco où l’équipe semblait totalement impuissante, démotivée, incapable d’aligner trois passes, complètement à la ramasse. Il fallait que les choses changent du côté du Camp des Loges, et les dirigeants ont pris leurs responsabilités. Exit Leonardo et ses transferts bling-bling. Exit Pochettino et son EHPAD. Place à Galtier et Campos, à plus de raison et de sérieux, et peut-être à l’ère du renouveau.

Il convient de ne pas s’enflammer et de mesure garder, l’équipe n’ayant affronté que Nantes (Dieu qu’elle est moche cette formation, il n’y a guère que Lafont et Blas a sauver) et Clermont, mais le onze parisien a déjà claqué neuf buts en deux matches, et ce sans Mbappé, le sauveur, le messie, le go-to-guy, celui que l’on recherche quand les choses ne tournent pas rond. Avant de s’arrêter sur des considérations d’ordre plus tactique, il faut souligner la pertinence et l’intelligence du recrutement. En attendant Skriniar et Fabian Ruiz (et peut-être Fofana, le Yaya Touré de la Ligue 1, on peut rêver), on a eu droit à Mukiele, une valeur sûre et un couteau suisse de l’arrière garde, à Vitinha, une véritable trouvaille au milieu dont la complicité avec Verratti est déjà manifeste, à Renato Sanches, dont les qualités intrinsèques ne sont plus à démontrer, et à Ekitike, une belle promesse et un pari sur l’avenir qui vaut déjà dix pions par saison avec un club aussi modeste que Reims. Et au revoir aux parasites et autres indésirables Draxler, Kehrer, Kurzawa, Herrera, Wijnaldum, Gueye, Paredes, en attendant que Mauro et Wanda ne fassent leurs valoches.

L’innovation majeure instaurée par Galtier consiste en l’installation d’un 3-5-2, système qui pour l’instant fonctionne à merveille. Le fait d’évoluer à trois derrière présente plusieurs avantages. D’abord il permet de faire une place à Sergio Ramos, s’il est débarrassé une fois pour toutes de ses pépins physiques peu faire figure de taulier derrière aux côtés de Marquinhos et Kimpembe. Ensuite, il permet de tirer le meilleur parti des deux pistons Nuno Mendes et Hakimi, toujours plus à l’aise quand il s’agit de se projeter vers l’avant que dans les tâches défensives. Lors du Trophée des Champions, on a vu Nuno Mendes percuter à répétition sur son flanc gauche et se créer plusieurs situations franches, tandis qu’à Clermont le Marocain volant a déboulé comme un dragster pour planter le deuxième but en contre. Enfin, il a le mérite de laisser beaucoup de latitude aux artistes associés Neymar et Messi, libres de décrocher pour organiser la manœuvre offensive ou de se placer plus haut en position de finissseur.

Alors qu’il se situait essentiellement dans l’axe, le danger vient désormais de partout, et Paris est aussi à l’aise en contre-attaque que sur attaque placée. L’élargissement du jeu et le rôle prépondérant des deux milieux excentrés permet beaucoup de verticalité et de vitesse en contre et de trouver des décalages et des intervalles lorsque l’équipe est en possession de la chique dans le camp adverse. Le potentiel offensif est effrayant et on a hâte de voir Mbappé, joueur d’espaces et de profondeur par excellence, trouver sa place dans le nouveau système. En deux matches officiels, le PSG a déjà montré plus de football que le grand barnum de Pochettino en un an et demi. Messi et Neymar collectionnent déjà les pions et les passes décisives (la saison de l’Argentin sera de bien meilleure facture que la première, à n’en pas douter) et on a rarement vu les compères sud-américains aussi en jambes, virevoltants et décisifs. Galtier semble avoir ressuscité les deux attaquants, et la qualité de l’effectif devrait largement suffire à écarter d’un revers de main la concurrence nationale. Quant aux doux rêves européens, ils semblent à nouveau permis messieurs dames, même si les signatures de barons comme Lewandowski au Barça ou Haaland à City ont de quoi faire peur dans les chaumières.

L’arrivée de Galtier a été accueillie avec beaucoup de scepticisme et d’interrogations (des grands noms, on veut toujours des grands noms à Paris) et on a longtemps voulu croire dans l’option Zidane, fort de son aura d’icône nationale et de ses trois titres continentaux avec le Real. Galtier n’a pas le charisme d’un Ancelotti ni la science tactique d’un Tuchel, mais il a le mérite de franciser le club et de connaître parfaitement le petit monde de la Ligue 1. On oublie un peu vite que sous Laurent Blanc, fort de sa seule expérience bordelaise, le PSG régalait sévèrement avec les Pastore, Motta, Ibra et Cavani (on peut juste lui reprocher ses expérimentations foireuses, comme ce 3-5-2 sorti de nulle part contre City).Il n’y a pas de miracle : c’est en répétant ses gammes semaine après semaine en championnat contre Ajaccio, Brest et Angers que le PSG se préparera au mieux pour les grandes échéances européennes qui l’attendent.

Les choses sont claires depuis le débarquement de l’ancien coach de l’OGCN. A Campos la direction sportive et le recrutement, à Galtier le terrain et l’entraînement. Il n’y aura pas d’interférences entre les deux hommes, contrairement à l’époque Leonardo où la direction sportive venait mettre son pif dans la tambouille à tout bout de champ et ne laissait jamais les mains libres à ses entraîneurs. On a longtemps pensé qu’il suffisait d’aligner de grands joueurs sur la pelouse pour que tout fonctionne, que les stars savaient parfaitement ce qu’elles avaient à faire et qu’en gros le PSG avait plus besoin d’un manager pour gérer le vestiaire que d’un véritable tacticien. Galtier est déjà en train de prouver le contraire. Il sait pertinemment ce qu’il attend de son équipe, les consignes sont claires, le projet de jeu bien établi, et cela se ressent.

Que l’on  s’appelle Verratti, Marquinhos, Neymar ou Messi, que l’on soit bardé de sélections et de titres, on a besoin des conseils de l’homme du banc. Avec Pochettino, les joueurs faisaient plus ou moins ce qu’ils voulaient et le résultat fut plus que décevant. Galtier a sifflé la fin de la récré et remis de l’ordre dans un vestiaire qui commençait à ressembler à un vaste foutoir. Désormais plus de retards tolérés à l’entraînement, plus de portable à table lors des déjeuners collectifs, plus de virées nocturnes interminables et de poker jusqu’à cinq heures du matin. Sans jouer les pères fouettards, Galtier a su instaurer un minimum de rigueur et de discipline dans un groupe qui tendait à profiter un peu trop de la dolce vita parisienne. Comme l’a annoncé Nasser al-Khelaïfi au début de l’été, voici peut-être venu le temps de l’austérité. Mais c’est à ce prix que le supporter parisien moyen renouera avec une notion dont il a été privé depuis trop longtemps : le plaisir.


Denis Ritter

Gana c’est pas gai

Consternant. C’est le mot qui convient le mieux pour définir le choix d’Idrissa Gueye de ne pas porter un maillot floqué aux couleurs arc-en-ciel. Bien que n’étant pas croyant (à part en Safet Sušić, bien sûr, que ton nom soit sanctifié, que ton règne revienne parce qu’on se fait grave chier en ce moment), j’ai beaucoup de respect pour ceux qui croient. Croire en Dieu, Allah, Jah ou au Monstre en spaghetti volant du Pastafarisme est le choix de chacun et il est respectable.
Tant que ça n’interfère pas avec le reste. Tant que ça reste personnel.

La décision d’Idrissa Gana Gueye n’est plus un choix personnel. Ça va bien au-delà. Car en refusant de porter ce maillot, Gana Gueye a dépassé la ligne rouge. Cramoisie, même. Et ce n’est pas une question de religion. C’est d’abord aller à l’encontre des valeurs du football : le respect, la tolérance, la solidarité, le fair-play, la lutte contre le racisme et toutes les formes de discrimination. Ces valeurs sont citées partout sur les sites de la FIFA, de la LFP, de l’UNFP et rappelées régulièrement.

D’ailleurs, qu’importe que ce soit par conviction religieuse ou autre. Gana Gueye, joueur professionnel du Paris Saint-Germain, a refusé de jouer un match de football. C’est une faute professionnelle autant qu’une faute morale.

« Oui mais il a droit de…. blablablablablabla ». Non.

Quand l’ensemble de la Ligue 1 se mobilise pour la Journée mondiale contre l’homophobie, le choix de Gueye n’en est pas un. C’est une provocation, une insulte, un désastre pas seulement pour lui mais pour l’image du PSG et de la Ligue 1, en France et à l’étranger.

À ce point du texte, vous avez le droit de ne pas être d’accord. Tout le monde est libre de ses idées et de ses convictions, religieuses ou non. Mais alors posez-vous une question, une seule : Si demain, un joueur du PSG refuse de jouer avec un maillot contre le racisme, aurez-vous la même réaction ? Si la réponse est non, vous êtes homophobe. Car l’homophobie, ce n’est pas « J’aime pas les pédés, les lesbiennes » etc… L’homophobie commence quand on refuse les mêmes droits à tous dans un pays où sur chaque fronton d’école, de mairie s’affiche une devise simple : Liberté, Égalité, Fraternité.

Liberté pour toutes et tous, liberté d’aimer qui on veut, égalité devant la loi, fraternité quelle que soit la personne avec laquelle tu vis. Il est possible que dans l’effectif actuel du PSG, il y ait des joueurs gays. L’équipe féminine accueille ou a accueilli des joueuses ouvertement lesbiennes. Ça vous gênait ? Personne n’a moufté. Alors pourquoi Gueye aurait-il droit à un blanc-seing ? Réponse : il n’y a pas droit.

Un combat que tout le monde doit mener

La lutte contre l’homophobie est, au même titre que celle contre le racisme, un combat que tout le monde doit mener. Et ce n’est pas une question de lobby LGBT, de wokisme, de choix religieux. Toutes les discriminations doivent être combattues à égalité (racisme, homophobie) et les convictions personnelles des joueurs n’ont pas à interférer en public, sous le feu des projecteurs.

Quand Gana Gueye joue pour un club sous contrat avec Unibet, étrangement, ça ne gêne pas ses convictions musulmanes. Les jeux d’argent seraient haram ? Voyons dans le Coran : « Le qimar est interdit parce qu’Allah le Très Haut, le Transcendant qui décide ce qu’Il veut, l’a prohibé. A ce propos, Il dit :  Ô les croyants! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées (faites gaffe si vous en croisez), les flèches de divination ne sont qu’une abomination, œuvre du Diable. Écartez-vous en afin que vous réussissiez. Le Diable ne veut que jeter parmi vous, à travers le vin et le jeu de hasard, l’inimitié et la haine, et vous détourner d’ invoquer Allah et de la Salâ. Allez- vous donc y mettre fin ? » (Coran, 5 : 90-91). Jeux de hasard, inimitié, haine. Le triplé pour Gana Gueye. Donnez-lui le ballon du match. Ah ben non, il n’a pas joué.

Porter un flocage dans le dos avec des couleurs arc-en-ciel ne serait pas acceptable ? Comme s’il allait subitement se transformer et dandiner du derrière en écoutant Frankie Goes To Hollywood ou Jimmy Somerville en allant s’enjailler au Blue Oyster. Si le fait de porter un flocage particulier le gêne, l’indispose, il n’a plus rien à faire au PSG. Dehors. La Ligue 1, l’UNFP, la FFF, le PSG ne doivent et ne peuvent tolérer sa décision.

Pourquoi ? C’est très simple : si demain, un joueur secrètement fan de Marine Le Pen refuse de jouer avec un maillot contre le racisme, on accepte aussi ? Non. Pas plus, pas moins. Et si demain, un joueur refuse de serrer la main d’une femme, c’est pareil.

Dans cette affaire, le PSG est face à une faute professionnelle que le club doit immédiatement sanctionner. Si le PSG applique la loi française, Gana Gueye doit être tout simplement licencié. Et le PSG doit communiquer le plus vite possible sur cette affaire. Pour l’instant, c’est calme plat, silence assourdissant comme on dit.

L’homophobie n’est pas un avis mais un délit

Que Gueye ne veuille pas faire de pub pour Cochonou ou Heineken (exemples non-contractuels), c’est son droit le plus strict en tant que musulman. Ça, ça relève de son choix personnel, religieux. Mais qu’il refuse de porter un maillot symbolisant la lutte contre la discrimination, que ce soit l’homophobie ou le racisme, ce n’est plus un choix personnel. C’est une honte. C’est un délit. Qui dot être sanctionné durement. Et simplement. Dehors Gana Gueye. Dehors les intolérants. Il n’y a pas de place en 2022 et dans le football pour ce genre de réflexions.

Si le PSG appartient au Qatar, le PSG est un club français. Sur le sol français, sous la loi française et représente Paris, la Ville-Lumière, le Siècle des Lumières, Descartes, Diderot, Voltaire, Rousseau, Montesquieu, l’Humanisme avec un grand H. La France est un pays laïc et quelle chance nous avons. Inch Allah, merci mon Dieu, merci personne. Toute le monde peut pratiquer ou non, une religion, dans le respect des autres.

Dans un état de droit comme la France, l’homophobie n’est pas un avis mais un délit. Répétons-le pour que ça rentre mieux : comme le racisme, l’homophobie est un délit, l’homophobie est un délit, l’homophobie est un délit. Point. Et Gana Gueye ne doit pas, pour son geste, rester impuni.


Safet Sous X

Oh! Champ10ns mon frère !

Dix titres de champion de France. La décimale vient enjoliver
la fin de la première décennie qatarie. Une réussite nationale qui, espérons-le,
n’est qu’une étape historique vers des lendemains sportifs encore plus glorieux.
Mais l’ADN parisien étant ce qu’il est, la performance rime plus
avec divergence qu’avec magnificence.

Certains oseraient presque la consonance avec une affligeante décadence, celle de notre identité bafouée par nos propres dirigeants. Cet important record hexagonal met en relief notre désaccord conjugal. Nous sommes devenus les rois, mais je n’aperçois que de l’effroi et du désarroi. Alors que les célébrations se noient dans la désunion, notre joie se confronte à la désolation. Il est temps de relever la tête, et de faire coalition, afin que, pour tous, Paris Saint-Germain rime de nouveau avec passion et émotions.

Pour certains, plutôt côté tribunes, P.S.G. signifie Partage – Saveur – Gloire. Pour l’exemple, cela pourrait être le partage d’un savoureux dixième titre qui apporte à nos couleurs une gloire certaine. A ces termes, déjà simples et basiques, nous pouvons en ajouter d’autres, tels que fierté, échange, engagement, communion, reconnaissance, solidarité, … . Pour d’autres, le P.S.G. est surtout une marque, axée sur cinq lettres capitales, que nous pourrions définir ainsi : le Pouvoir de l’Argent Ramène Indubitablement le Succès. Chacun choisit son camp, et s’arrange avec sa conscience. Difficile jeu d’équilibriste que de rendre les deux visions compatibles. Le Paris Saint-Germain mérite son dixième titre, il est allé le chercher, cela ne peut être contesté. Mais sa supériorité tient plus aux talents individuels qu’à sa solidité collective. La logique économique, celle qui veut que le plus riche s’en sorte le mieux, réduit fortement l’incertitude. La victoire devient une mécanique glaçante et l’échec une catastrophe industrielle. Ainsi s’explique en partie le désamour du public, et son absence cruel d’enthousiasme.

Ce dixième titre [même si en réalité nous devrions déjà être à ce palier, avec celui non attribué de 1993, mais là est un autre débat], dont l’étoile bientôt posée sur la manche de notre maillot prouvera à jamais tout le travail accompli, assoit notre prégnance sur le football français. Nos détracteurs manifestent alors une objection : Champions de la Ligue, mais pas de la Ligue des Champions. Là réside une autre partie de la frustration, mais aussi de l’incompréhension. Beaucoup de personnes au club, chez les joueurs, ou parmi les consultants et journalistes, pensent que c’est l’unique objet du malaise ambiant. Certes, c’en est une partie indéniable, mais le mal est bien plus profond. Le PSG est assurément le champion de la division. 

© Icon Sport

Un club englouti par son exub-errance. Des dirigeants obnubilés par leur image de marque, et surtout la marque du dollar. Des joueurs enfermés dans leur bulle. Des ultras enchaînés par leur souci de cohérence. Un Parc des Princes rempli de touristes à gogo, fans de « PARIS saint-germain » comme de Disneyland. Et au milieu, la masse des supporters parisiens, tous ceux que le club ne sait ou ne veut pas voir, mais qui sont pourtant sa vraie majorité, certes silencieuse mais bien présente. Tous ces lambda qui vivent et rêvent PSG sans pour autant craquer de fumigènes, mais qui savent parfaitement qui sont Pedro Pauleta et Safet Sušić, pour ne citer qu’eux. Ceux-là méritent bien autre chose que du mépris et de l’indifférence, sans que je ne sache lequel est le pire des deux. Le club et les joueurs ne le savent peut-être pas, mais le CUP n’a pas l’exclusivité de la passion PSG, les américains et les japonais non plus.

Il est temps de remettre le Rouge et Bleu au centre du projet. De redonner une âme populaire et locale à ce club mi-parisien mi-francilien. De le réorienter sur une vision capitale, avant de viser une hégémonie mondiale. La coolitude comme art de vivre est une visée respectable. Imposer le parisian lifestyle partout sur la planète n’a rien de condamnable. Mais se préoccuper d’abord de ses ouailles est la base de toute paroisse recommandable. Le Parc des Princes ne doit pas faire exception. Les responsables du Paris Saint-Germain devraient montrer l’exemple, en construisant ce grand club avec et pour leurs supporters, et non en suivant le seul objectif d’en trouver de nouveaux. Qu’ils ne s’inquiètent pas, la réussite attire toujours les chalands, il n’y a là rien d’antinomique.

J’entends certains de mes amis supporters affirmer que protester pour revendiquer chaque saison un maillot Hechter n’a aucune chance d’aboutir. Qu’il s’agit d’une peine perdue, d’un rêve utopique, d’une croyance basée sur une naïveté confondante. Nos hauts dirigeants, ceux qui détiennent le vrai pouvoir de décision, ainsi que notre tout puissant équipementier américain, n’ont qu’une seule ligne de conduite : les revenus générés par leur marque prévalent à toutes valeurs identitaires et historiques. Ce combat perdu d’avance, qui devrait pourtant n’être qu’une formalité et le premier des acquis, démontre tout le fossé entre les passionnés qui servent le club, et les opportunistes qui s’en servent. Un fossé qui s’est creusé encore davantage après plusieurs mois de séparation, crise du covid oblige, éloignant les corps, éreintant les cœurs, secouant les convictions, renforçant les lassitudes. Le temps post-traumatique n’est plus celui de la patience. La mobilisation rime avec l’abstention et tutoie la radicalisation. En football, comme en démocratie, la tribune est une urne citoyenne. Il ne tient qu’à nous tous de réduire ce fossé, mais n’inversons pas les rôles, c’est à celui qui détient le pouvoir d’en donner l’impulsion.

Pour ma part, je suis irréfutablement naïf et utopique. Mon romantisme jusqu’au-boutiste, que certains qualifient d’extrémisme, me pousse ainsi à envisager toutes les solutions, pour qu’enfin, sans longues palabres et incessantes négociations, notre identité soit préservée, passant obligatoirement par un maillot domicile qui soit toujours un Hechter, et notre maillot extérieur un des autres historiques. Pour y parvenir, voici la plus folle des propositions qui vient de traverser mon esprit : j’invite nos joueurs, Marquinhos, Marco Verratti, Kylian Mbappé en tête, à réfléchir à leurs propos d’après titre, et à essayer de comprendre, au-delà de l’affligeante élimination à Madrid, quelles sont les autres revendications. Ces trois joueurs, que nous jugeons indispensables, qui d’une manière ou d’une autre ont montré leur importance, et pour certains leur amour de notre maillot, ont indéniablement une influence auprès de notre propriétaire. Qu’ils prennent la peine d’écouter et de comprendre, peut-être même de rencontrer leurs supporters, et de dialoguer. Mon esprit perturbé me pousse encore un peu plus loin. Une fulgurance démentielle. Que nos joueurs nous prouvent leur amour de notre blason autrement qu’aux millions qui s’alignent sur leurs rémunérations. J’imagine Marquinhos, notre capitaine, ou Kylian Mbappé, notre prodige, intégrer dans leur actuelle négociation de contrat une clause de respect de l’identité du club et de ses couleurs ! Imaginez la révolution : Marqui et Kyky exigeant de jouer au Parc des Princes avec un maillot Hechter, caler entre la prime de victoire en Ligue des Champions et le nombre de jours de congés à Noël. Allez Capitaine, toi qui annonce vouloir jouer jusqu’à la fin de ta carrière au PSG, si tu fais ça, on te le promet, tu seras notre champion, notre frère Rouge et Bleu pour la vie.

© Icon Sport

Revenons sur terre. L’avenir y sera certainement plus rationnel, ce qui en langage PSG signifie toujours aussi imprévisible qu’aujourd’hui. Le propriétaire exige, le président représente, les dirigeants orientent, les salariés exécutent, les joueurs jouent, les ultras chantent, et les autres supporters achètent. Telle est la normalité. Un club de football est une entreprise, qui en respectant les règles capitalistes, appartient à son actionnaire, celui qui a mis l’argent pour l’acquérir. Il a donc tout le pouvoir pour en faire ce qu’il veut. Je ne peux encore une fois m’empêcher de rêver plus grand, de rêver d’un club qui ne soit pas qu’un jouet parmi d’autres pour son propriétaire. Je propose une toute petite évolution, une flaque d’eau pure et fraîche dans un océan de marketing : pour l’avenir de « notre » club, que nous souhaitons tous radieux, propriétaire, dirigeants, salariés, joueurs, supporters de tout bord, l’heure doit être au dialogue, et au respect de l’institution.

Je ne parle pas du sportif, qui suis-je pour exiger tel directeur sportif, tel entraîneur, tel joueur, tel schéma tactique ou telle composition d’équipe. Je parle du projet extra-sportif. Celui qui dans mon monde fantasmé devrait être un projet commun entre un club, tous ses salariés, et ses supporters. Des dizaines et des centaines de sujets pourraient être abordés, débattus, validés. La démocratie participative à la sauce PSG. A ce sujet, saluons le projet initié par nos amis de France Bleu Paris, mot de code #NotrePSG, qui donne la parole aux supporters et sollicite leurs propositions. Dans un club composé de plus de huit-cent salariés, c’est un comble d’en arriver à de telles initiatives parallèles, mais puisque leur regard n’est pas porté du bon côté, aidons-les à s’orienter. A cet effet, j’attends avec une certaine impatience de lire toutes ces idées, savoir moi aussi à quoi pourrait ressembler notre PSG. Fais-je totalement fausse route, ou mes idéaux sont-ils un tantinet partagés ? Voici quelques pistes succinctes qui ne seraient pas pour me déplaire :

  • Respecter et maintenir les piliers identitaires du club, consolidé par la signature d’une charte de la part de son propriétaire, qu’il adresserait aux supporters. Les bases : les couleurs des maillots domicile et extérieur ; le Parc des Princes (pas de déménagement et pas de naming).
  • Recentrer le projet sur les supporters, entendre par là tous les supporters. Le CUP est certes la seule association ultra, mais il n’a pas l’exhaustivité du supporterisme parisien, et ne peut pas être le seul interlocuteur du club. Je propose ainsi la création d’une entité regroupant tous les supporters parisiens qui le souhaiteraient, et dont des représentants désignés auraient audience régulière avec le club pour débattre des sujets extra-sportifs impactant sa vie, et son avenir. 
  • Cette proximité avec les supporters passe par un véritable service étoffé de référents-supporters, expérimentés des tribunes, et ne dépendant pas directement du service Sécurité. Alors que ce sujet avait été pris au sérieux après l’obligation légale de cette fonction dans l’organigramme du club, et l’instauration de deux référents fins connaisseurs de l’univers des supporters, les événements de cette saison 2021-2022 montrent clairement un changement de cap de la part du club à ce sujet.
  • Développer un vrai programme d’abonnés basé sur la fidélité et l’assiduité. Intégrer des avantages pour remercier les plus assidus, et limiter la revente (même si il est évident que le club bénéficierait ainsi d’une réduction de revenus billetterie, celle des abonnés qui revendent leur place aux touristes, notamment étrangers). Créer des passerelles entre les différentes sections (foot masculin, féminin, handball) et des avantages en billetterie.
  • Dans la ligné du groupement de supporters, créer une entité officielle regroupant tous les anciens joueurs ayant porté le maillot du Paris Saint-Germain, et dont des représentants désignés auraient audience avec le club, dans les mêmes assemblées que les représentants de supporters. 
  • Retirer dans les abonnements le paiement en supplément des quarts et demis de la Ligue des Champions (tout en gardant le tarif initial). Depuis cet ajout, le PSG n’a d’ailleurs jamais dépassé les huitièmes lorsqu’il y avait du public. C’est un signe que les abonnés ne doivent pas être des vaches à lait.
  • Mettre le parisianisme et le francilianisme comme base prioritaire de développement, que ce soit dans le déploiement de la marque et la proximité avec les supporters (des rencontres avec les joueurs). Cette orientation n’empêche en rien l’extension mondiale, mais cette dernière doit être un complément, et non pas l’unique visée stratégique.
  • Profiter du nouveau centre d’entraînement de Poissy pour créer une vraie relation entre les joueurs et les supporters, et non un bunker opaque sans aucun lien extérieur.
  • Intégrer le centre de formation au cœur du projet sportif (incorporer concrètement des jeunes dans l’effectif professionnel en leur donnant du temps de jeu / peser sur les instances pour réformer la législation encadrant les contrats et les transferts des jeunes footballeurs pour éviter le pillage des centres de formation français). Définir un équilibre entre l’intégration de ces jeunes « Titis » et l’ajout de stars étrangères, critère également indissociable de l’ADN du club et base du développement de la marque à l’international.

Ces quelques propositions non exhaustives restent des ébauches à travailler, des pistes de concertation entre supporters et salariés, le tout en préservant un respect mutuel, aujourd’hui très entamé. Alors surtout, n’oublions pas l’essentiel, notre désir commun, et notre credo pour y parvenir : 

Allez Paris ! Champions mon frère !! Ensemble nous sommes invincibles !!!


Benjamin Navet

Peter Pan F.C.

La fin de saison approche à grand pas.
Nombreux sont celles et ceux qui en feront un bilan à charge.
Nous mêmes chez Virage, nous n’avons pas toujours été très tendres
avec notre club de coeur. Et souvent à raison.

Reconnaissons que cette équipe nous a beaucoup déçus. Les promesses de l’aube se sont envolées aussi vite qu’une titularisation de Sergio Ramos, symbole d’un recrutement sur le papier flatteur mais au final oh combien décevant.

Alors oui, nous sommes champions de France. Oui c’est le dixième. Et c’est important. J’espère que le club aura la classe d’ajouter une étoile tricolore au dessus de notre blason, car gagner 10 titres de champion en un peu plus de 50 ans d’existence, C’est quelque-chose. Et ça doit faire plaisir là haut à Guy Crescent, Francis Borelli, Gérard Houllier, Charles Talar, Jean-Pierre Dogliani, Bernard Guignedoux, James et à tous les autres architectes disparus de l’histoire rouge et bleu. Rien que pour eux, merci d’y penser, sérieusement. 

Mais ce titre n’effacera pas les erreurs commises en chemin. Certes rien n’est simple dans le football. Elles le sont encore moins dans le football moderne. On l’a encore constaté samedi soir avec ce match nul poussif dans une ambiance aseptisée. Mais comme dans la vie, les erreurs c’est sensé te faire progresser si tu les acceptes et que tu construits avec. 

Or pour moi le PSG, c’est un enfant qui pour le moment refuse de grandir et d’accepter ses échecs. C’est un club jeune. On le répète à foison et on l’oublie parfois. Il a connu une enfance radieuse jusqu’au milieu des années 90. Puis comme beaucoup est passé dans l’âge bête avant d’atteindre l’adolescence au début des année’s 2010. On est encore en plein dedans. Turbulent, prétentieux, obsédé par son apparence, fuyant la vie d’adulte et ses responsabilités. Le voilà notre club d’ados. Cette saison en est le parfait exemple. 

Qui mieux que Neymar pour symboliser ce syndrome Peter Pan. Un joueur exceptionnel, un enfant roi enfermé dans une tour d’ivoire, coupé du monde par un père omniprésent et cannibale. Il suffit de regarder le documentaire que lui même a produit sur Netlix – à se demander si il ne lance pas son propre SOS – pour comprendre la tristesse de la situation. « Le chaos parfait », le titre a le mérite d’être honnête et objectif. Ney est aujourd’hui un enfant triste, résigné. Mais sincère. Personnellement j’ai du mal à lui en vouloir tellement sa vie est un feuilleton bouffé, voir bouffi par le business et l’image.

Que dire de nos dirigeants. Ils sont pressés, maladroits tout en se donnant les moyens d’être exigeants et impatients. Quitte à oublier certains principes fondamentaux du football. Alors si la progression du club est incroyable et remarquable depuis l’arrivée de QSI, là aussi la marge de manœuvre pour atteindre une certaine maturité est à revoir. La course à la Ligue des Champions les a aveuglé. Ils me font penser à des enfants refusant d’écouter leurs aînés, considérant que le futur c’est eux qui l’écrivent. Que ce qui s’est mis en place avant n’a plus vraiment d’importance. Mais on construit difficilement le futur sans tenir compte du passé. Bleu Blanc Rouge Banc Bleu. Pour commencer. 

Enfin nos ultras. Nos chers Ultras. Lancer une contestation avant le match contre Madrid pourquoi pas. En tant que supporter, je peux comprendre leur position sur certains thèmes qui sont chers à la tifoseria parisienne. Mais refuser de supporter les joueurs, notamment face à Marseille ou le soir du titre, c’est un geste boudeur que je trouve pour le moins exagéré. Surtout dans un stade qui ressemble de plus en plus à un showroom. Oui la saison est décevante, mais je doute, hélas, que ce boycott fasse avancer le débat. C’est se mettre dans une position qui amène à un conflit direct avec le club. Avec des dirigeants qui pourraient être vexés de la situation, ces mêmes dirigeants qui ont accepté le retour de l’ambiance et des ultras dans le Virage. Toutes ces années de lutte pour arriver à une impasse, ce serait d’une certaine façon tuer le père. Et ni vous ni moi ne voulons d’un Parc sans Ultras. Ni QSI d’ailleurs d’après moi. Ce serait la fin d’une cycle, d’une histoire, d’un héritage. Du PSG tout court. 

Chez Virage on est nombreux à être mères ou pères de famille. On connait les affres de la jeunesse car oui, nous fumes jeunes, et nous voyons grandir nos enfants, avec leurs qualités et leurs défauts. Quoiqu’il arrive ce sera toujours l’amour inconditionnel entre eux et nous. On sera toujours là pour eux. Et avec le PSG, j’ose espérer que ce sera de même. Il existe clairement des motifs d’espoir dans l’avenir. Le nouveau centre de formation, plus de confiance accordée aux jeunes du club, un entraineur et un staff qui apporteront un nouveau souffle, des joueurs qui décident de rester pour les bonnes raisons (le football), une direction qui a compris que les batailles du soft power et du marketing sont déjà gagnées et qu’à présent il est temps de se consacrer à l’essentiel : le terrain et le club.

Pour marquer l’histoire, pour un supplément d’âme, pour Paris, pour cette chose impalpable et presque magique qui s’appelle la beauté du sport et l’émotion. 

Pour arrêter de rêver. Pour enfin devenir grands.


Xavier Chevalier

Numéro 10

Sah ! (comme disent les jeunes) quel bonheur, quelle joie, quel plaisir !
Le PSG va sans doute être sacré champion de France pour la 10e fois, rattrapant
le meilleur club français de l’histoire (oui, encore), l’A.S Saint-Étienne.

Bon, en fait, c’est notre 11e titre car celui de 93 nous appartient, non officiellement certes, pour l’éternité. Glassmann, Robert, Valenciennes, les pépètes au fond du jardin, Tapie et ses magouilles. Mais revenons à nos moutons. Quel exploit fabuleux, quelle émot… ah non.

Non, non et non. Le titre de cette année est le plus moche, le plus indigent et le plus insensé de notre histoire. Caché derrière ce très moche Hexagoal qui nous sera bientôt tendu se trouve un désastre, une terre brûlée, une plaine encore fumante de l’incendie qui couve depuis plusieurs années et qui ne semble pas près de s’éteindre quand on entend déjà les noms de Pogba ou de Dembélé résonner dans les travées du Parc avec insistance. Des joueurs avec un état d’esprit aussi friable qu’un Roudor trempé dans du lait. Des starlettes sans caractère, sans âme, si loin de ce dont nous avons besoin.

Jamais le PSG n’a été aussi mauvais, aussi déséquilibré, aussi peu collectif que cette année. Jamais la notion d’équipe n’a autant été dévoyée. Jamais le club n’a semblé autant plonger dans ses travers. Bien sûr, le seul talent de nos « stars » (sic) a fait la différence en championnat. Merci surtout et d’abord à Kylian. Le PSG n’est plus, vive le Mbappé-S-G. Merci pour ta saison stratosphérique. Pour ton envie constante. Ton talent insensé. Et merci à la mauvaise saison des quelques rares adversaires qui auraient pu lutter pour le titre.

Quelle ironie d’être titré si tôt alors que cette année, rien ne va. Oui mais on a Messi, Neymar et Mbappé. D’accord, ça déséquilibre tout le reste de l’équipe, ça ne construit quasiment rien collectivement, ça fait déjouer tout l’effectif, ça cache la misère. Oui mais on a Messi, Neymar et Mbappé, on vend des maillots Third et Fourth par containers entiers et on va aller en vendre un peu plus au Japon pendant l’intersaison. Konichiwa. Joie.

On ne peut pas mentir dans le football

Ça fait quelques années que ces titres m’en touchent une sans remuer l’autre, ça fait bien longtemps que les Rouge et Bleu ne suscitent plus qu’une émotion polie au lieu de la folie. Ça fait des années que chaque saison qui passe ne nous fait pas progresser. En tant que club. En tant qu’équipe. En tant qu’institution.

Quand Liverpool ou City procèdent par petites touches comme le peintre qui termine son chef-d’œuvre, quand on voit leur jeu d’une rare intelligence où chaque élément du collectif bénéficie à l’autre, du titulaire au remplaçant, et qu’on fait le parallèle avec ce que nous avons vu cette saison, c’est déprimant.

Il n’y a plus de collectif au PSG, il n’y a plus de jeu, il y a des joueurs sur un terrain qui tentent de passer la balle à d’autres joueurs sur le terrain en espérant d’eux un exploit individuel. Ce n’est pas du foot. Ce n’est pas une équipe. Ce n’est pas la bonne direction et il est parfaitement logique qu’en ne développant rien collectivement depuis des années, on se retrouve dans cette situation. C’est normal que le Real nous ait mis une branlée au retour. C’est normal qu’on soit éliminés sans honneur. On ne peut pas mentir dans le football. On ne peut pas dévoyer le jeu. On ne peut pas se cacher derrière des trophées à deux jambes. Deux jambes qui, parfois, ne font que marcher sur le terrain.

Pourtant, soyons-en assurés, rien ne changera à moins d’une révolution de palais. Non, je ne demande pas à destituer l’Emir dans un coup d’état. Celui qui prendrait sa place aurait les mêmes idées sur le football. Des idées de nouveau riche qui préfère le clinquant au discret, le flamboyant à l’utile, l’individuel au collectif.

En respectant cette ville, son club

Rien ne va au PSG. De la mentalité et la vision du foot de l’actionnaire au président Je Gombrends pas qui ne se remet pas en question, qui est dépassé de toutes parts, à l’institution qui part en vrille du centre de formation jusqu’à l’équipe fanion, au merchandising tout puissant, à la vision à plus long terme que la ligne de chiffres des ventes de maillots et de goodies dans le monde.

Paris ne Mergitur pas encore mais on n’est pas loin de la ligne de flottaison et ce n’est pas en rajoutant la lourdeur de nouveaux noms ronflants qu’on va Fluctuat plus longtemps. Ce club a perdu son âme, son esprit, ses couleurs et aucun signe ne semble démontrer qu’il va y avoir un changement de cap radical.

Mais on a une dixième titre. Joie. Pochettino va partir. Ça va forcément tout résoudre. Comme après Tuchel. Comme après Emery. Ah, non. Rien n’a changé. Alors bien sûr, Allez Paris, allez Paris, où tu es, nous sommes là, tu ne seras jamais seul car nous deux, c’est pour la vie. Comme toujours. Mais si on pouvait récupérer une âme, un état d’esprit, un collectif et des joueurs impliqués, volontaires, hargneux et altruistes, ça pourrait aider aussi à entrevoir l’avenir en rouge et bleu. Pas en rose fuchsia, ni en lie-de-vin, ni en noir, ni en blanc, ni en orange fluo, ni en rose layette ni en Jordan. En respectant cette ville, son club, son histoire et ses seules couleurs.


Safet Sous X
2

Ce qui ne te tue pas te rend plus triste

La douleur, la putain de douleur. Pour rien. Pour ça. Encore une fois.
Encore et encore et encore et encore. Le PSG n’est pas maudit, non, il est lourd, paresseux, décevant, frustrant, peureux, branleur, suicidaire, cannibale, médiocre, jamais au rendez-vous, il fait pleurer les enfants et serrer les poings aux adultes. 

Il ne mérite ni son peuple fidèle ni les louanges qui ont pu, ici ou là, exister les soirs de victoires flamboyantes. Le PSG est une banque que Nantes, Madrid ou Gueugnon peuvent braquer sans rien risquer. Le PSG, n’en déplaise à Zlatan, a cessé d’exister avec l’arrivée du Qatar. Le fric a tout écrasé, le fric a tout galvaudé. Nous pensions mériter le Graal continental simplement parce que nous étions riches. Immensément et éternellement riches. Les ânes, l’arrogance des ânes. Depuis deux ans, j’entends certains Parisiens presque revendiquer la Ligue des Champions. Nous pouvons tout acheter alors, pourquoi pas la victoire finale ? Connards. Tous. Les vannes qui déchirent nos âmes après ce nouvel échec sont méritées. Nous sommes pathétiques, nous n’avons aucune circonstance atténuante. Zéro. 

La talonnade molle de Marquinhos dans la surface, un gardien puceau qui louche et tremble à l’heure de la grande bataille et un autre gardien qu’on a préféré insulter publiquement, des passes dans l’axe, aucun mouvement, des marcheurs, des escargots, des dilettantes qui pensent que le calendrier démarre en février. Ah, la ligue 1, c’est pour les ploucs, ceux d’avant. Pareil pour nos couleurs, notre logo, nos maillots, notre jeunesse, ils ne servent à rien, ils sont des freins à notre expansion inéluctable. J’en rirais si je n’avais pas encore la haine à 13h39 un jeudi d’apocalypse. J’écris “nous” mais aujourd’hui, je mesure à quel point ma passion parisienne n’est plus qu’un souvenir sépia, rangé dans une boîte à chaussures oublié dans un grenier qu’aucun GPS ne saurait situer. À Madrid, c’était une confirmation. Un aboutissement. Une décennie de chèques en blanc, de n’importe quoi, de recrutements plombés. Ça empile, ça empile du nom ronflant, de la réputation qui se conjugue au passé simple ou au conditionnel, jamais au présent, ça affiche chaque année un peu plus son incompétence, cette morgue de nouveaux riches qui s’effondre au premier coup de vent. 

La réalité nous a rattrapés. Impitoyable. Quand j’entends Mauricio se plaindre de l’arbitrage, quand je vois nos onze pirates couler sans relever la tête, je me dis que toute cette mascarade en mondovision n’est que l’expression totale de la justice. Benzemada. Ahahahahahahahah. Paris était en respiration artificielle depuis des années, avec comme seule perfusion, Mbappé. Mbappé qui devrait nous quitter sans attendre. Il aime le foot le Golgoth de Bondy. Et il sait très bien que le foot, il se joue ailleurs, loin de ce carré VIP qui pue la clope froide et la vodka frelatée. Ce match, c’est un crime contre notre humanité. L’ultime affront. On peut bien changer d’entraîneur, brûler des cierges dans toutes les églises de la planète mais c’est le Qatar notre problème. Nous sommes donc baisés. Foutus. Condamnés à nous inventer des légendes, des malédictions qui n’en sont pas. 

À Bernabéu, nous nous faisons seppuku en direct. Un Real moyen aura suffi à nous tordre, à nous annihiler. Car il s’agit bien de ça. Nous n’avons pas perdu qu’une qualification. Nous avons tout piétiné. Des cendres, des ruines oui, un gâchis intersidéral. Tout ça pour ça. Minable(s). Le PSG a confirmé tout le mal qu’on pensait de lui. Un yacht à la dérive. La croisière s’amuse avant de sombrer. Titanic échoué dans le désert qatari. Capitulation. Combien de fois ai-je écrit un texte un lendemain de déroute ? Trop souvent. Je n’attends plus rien de ce club qui est un club riche mais qui ne sera jamais un grand club. Pour respecter l’institution, il faut que cette institution existe. Où est-elle ? Que peut-elle revendiquer cette institution fantoche ? Rien. Ah, si, on va me parler de cette finale et de cette demie ? Sans Navas, elles n’existent pas. Point barre. Il y a un numéro non surtaxé pour arrêter de fumer. Et celui pour décrocher du PSG, quelqu’un le connait ? Certains me traiteront d’ignoble défaitiste. Rien à battre. Souffrir ainsi dans le vide, c’est ridicule. Absolument abject. 

Il va se passer quoi maintenant ? On va insulter la ligue 1 jusqu’au bout, perdre contre Bordeaux dimanche avant d’offrir à l’OM le titre de champion ? Au point où on en est hein… Notre chantier est un bourbier. Nous sommes Aguirre qui s’enfonce avec sa folie dans la forêt pour ne jamais revenir. Nous sommes des clowns tristes. Dans un cirque aux gradins désertés. Parce que nous avions 13 points d’avance en championnat, parce que nous étions qualifiés en huitièmes, personne n’a voulu voir l’évidence : notre jeu n’en était pas un. Jamais. Combien de matches références cette année ? Aucun. Et pas de descentes au Camp des Loges, pas de tifos menaçants, pas de chants ironiques, pas de révolte. Ou alors à la marge. Comme si on craignait de froisser nos starlettes et qu’elles partent prendre du poids ailleurs. Les supporters parisiens sont devenus ces statisticiens aveuglés, ces groupies embourgeoisées. On gagne ? Alors ça va. C’est suffisant. C’est notre style, notre façon de faire. 

Je tangue entre la rage et la honte. La nostalgie et l’envie folle d’effacer mon disque dur interne. Big reset. Depuis mon réveil, j’écoute en boucles les pionniers du punk hardcore : Black Flag, Bad Brains, Negative Approach, Cro-Mags. Les seuls capables d’atténuer, un peu, cette douleur qui n’a pas lieu d’être. La violence par procuration. J’en suis là. On en est tous là. Rejouer ce putain de match. Si je pouvais remonter le temps et prévenir nos joueurs… Ça ne servirait à rien. Nous n’avons pas d’ennemis à Paris. Nous n’avons besoin de personne. ADN sabordage. Nos fondations sont en sable. Nos coeurs en carton. Nos âmes en solde. J’exagère ? Très certainement. C’est la voix de la déception qui s’exprime ici. Probablement. Mais comment ne pas aussi voir dans cette tragédie comique l’exact portrait de notre perdition ? De toutes nos errances coupables. L’image qui me restera de cette soirée cauchemardesque, c’est celle de l’entrée de Draxler. Ultime calembour. Dernier soubresaut avant le néant. J’ai dit à mon fils au moment d’aller le border qu’il pouvait choisir d’arrêter le massacre. Que je l’aimerai évidement toujours autant s’il décidait de se détacher du PSG. “C’est trop tard papa” m’a-t-il répondu. Haine. 

PSG4LIFE


Jérôme Reijasse

C’est pas ma faute à moi
(Le syndrôme Aytekin)

Non, fort heureusement, nous n’allons pas parler de l’interprète
pas vraiment inoubliable du tube « Lolita », la sympathique Alizée,
bien que des vents contraires nous aient menés au naufrage d’hier soir.

Nous allons parler de contrition (et là, je vois les plus jeunes pâlir : merde, va falloir qu’on aille sur Wikipedia). Nous allons parler de la capacité du PSG à se regarder dans les yeux. Nous allons parler de tous ceux et celles qui crient depuis des années que la Remontada d’il y a quatre ans était la faute d’Aytekin. Nous allons parler de ce qui fait mal : le PSG est encore un petit club, sans cap, sans but, sans boussole, sans logique, mené par des gens qui ne connaissent pas le football.

Reprenons. Au départ était le PSG, une équipe qui progressait jusqu’en 2016. Puis est arrivé Neymar, 222 millions, le plus gros transfert de l’histoire. Depuis, nous vivons dans un monde d’illusions. Illusion que le seul talent d’un, deux ou trois joueurs peut être plus fort que le talent d’un collectif rôdé. Illusion de se dire qu’en accumulant les talents, ça fait une équipe. Illusion de croire qu’en arrachant le meilleur joueur du monde du club de son cœur, ça va marcher. Illusion de penser que l’abnégation, la volonté, le courage peuvent s’acheter.

Le premier coupable de cet échec s’appelle l’Émir Tamim Ben Hamad Al-Thani. Cher moustachu, tu es persuadé qu’une Lamborghini roule mieux qu’une Clio. Ben non. Et la Clio peut te mener plus loin car elle consomme moins. Cher moustachu, tu n’es pas là pour le football, j’espère que tout le monde l’a compris désormais. Tu es là pour faire passer ton pays de tortionnaires, de nouveaux riches imbus d’eux-même, d’esclavagistes modernes pour des gens biens. Tu es là pour faire croire à une démocratie là où il n’y a que dictature. Remarque, Videla faisait déjà ça en 78 avec sa Coupe du Monde, t’es pas le premier. Tu ne seras pas le dernier.

Le deuxième coupable s’appelle l’Émir Tamim Ben Hamad Al-Thani aussi. Cher moustachu (bis), tu es tellement habitué à ce que tout le monde te lèche les babouches que tu ne t’entoures que de gens aux langues longues. Comme Nasser El-Khelaifi qui, jamais, ne te dira non. Tant que le président de ton club ne pourra pas te dire non, non à Messi pour 80 millions plutôt que des jeunes, rien ne changera.

Elle est là, maintenant, la cata

Le troisième coupable s’appelle Neymar mais ce n’est pas de sa faute. Il représente pourtant le début du naufrage, celui qui, le premier, a fait un trou dans la coque. Attention, Neymar, le joueur est exceptionnel même si ses meilleures années ne sont plus devant lui. Par contre, la gestion du joueur Neymar a été désastreuse de la part d’un club qui se dit professionnel.

Je suis fidèle au PSG depuis 41 ans. Les meilleurs PSG que j’ai eu la chance de voir étaient des machines collectives. 86, 94, 96, ce ne sont pas seulement les individus talentueux qui ont fait notre histoire, c’est une volonté collective de se mettre minable pour celui à côté. Pour ça, il faut que tout le monde soit à la même enseigne et quand j’ai vu Neymar snober Cavani pendant un an et demi, aller au détriment du jeu lui-même en servant Mbappé, Mbappé, Mbappé, ça commençait déjà à sentir mauvais. Quand il essaye de résoudre les problèmes collectifs tout seul, comme en finale l’année dernière, au point d’en devenir ridicule et inutile sur le terrain, ça pue très fort. Quand, en plus, ce même joueur peut faire exactement ce qu’il veut hors du terrain, se barrer à Milan voir un défilé la veille d’un match, jouer au poker jusqu’à 5 heures du, vivre à 30 dans sa maison de Bougival, là, ça commence à sentir vraiment mauvais. Quand enfin, ce même joueur, exceptionnel, refuse de changer son jeu dans un nouveau championnat, moins porter le ballon, simplifier son dribble etc… et que la cause de ce refus est d’être blessé… à plus de 50 % des matchs depuis son arrivée, là, on sent que la cata n’est pas loin.

Elle est là, maintenant, la cata. On est en plein dedans et ça sent mauvais de partout. Alors que faire ? Comme d’habitude, trouver un bouc émissaire. Pour les incompétents que sont Leonardo et Nasser Al-Je Gombrends Bas, ce n’est toujours pas de notre faute mais celle de ce méchant arbitre qui a osé ne pas siffler sur Donnarumma. Comme c’était la faute d’Aytekin. Comme c’était la faute à pas de chance. Comme toujours au PSG, rien n’avance. Ce club s’est perdu. Perdu dans le soft-power, le merchandising inutile (le fonds souverain du Qatar est de… 320 Milliards !), perdu dans les strass, le bling bling, perdu collectivement car la vérité se rappelle toujours à nous à un moment : quand on ne respecte pas le football, le football n’a aucune raison de te respecter.


Safet Sous X

C’est parti mon Kyky ?

Mon p’tit Kylian. Mon grand Kylian. Mon immense Kylian

Faut qu’on parle tous les deux. Franchement. Non, parce que ça commence à être pesant et puis tu enchaines masterclass sur masterclass alors comment veux-tu qu’on ne pense pas à toi ?

C’est un choix. Cornélien évidemment, puisque nous sommes français. Mais pour toi, ça peut être Cervantesien ou Shakespearien ou Dantesque. Tout le monde t’aime, tout le monde te veux.

Plus qu’un choix de vie, c’est un choix d’amour.

Veux-tu le Grand Amour, l’Amour de toute une vie, l’Amour Infini ou veux-tu l’aventure, les rencontres, l’exotisme ? Les deux sont légitimes. Les deux sont possible. Il y a toujours eu des Roméo & Juliette et des Rocco & Svetlana & Tatiana & Linda & Monica & Frida etc…

Parce que, tu vois, mon Kyky, je ne crois pas qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaise situations. Si on devait résumer notre vie à tous les deux, je dirais que c’est d‘abord une rencontre entre un petit gars de Bondy et Paris. Des gens qui t’ont tendu la main, peut-être à un moment où tu ne pouvais pas, où tu étais seul chez toi, à part Leonardo Jardim mais comme on ne comprend rien à ce qu’il dit, ça ne compte pas.

Et c’est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée… Parce que quand on a le goût de la chose, quand on a le goût de la chose bien faite, le beau geste comme toi, le dribble qui tue, l’accélération qui fait quitter des slips, les frappes lumineuses, parfois on ne trouve pas l’interlocuteur en face je dirais, le miroir qui t’aide à avancer. Mais parfois, si. Et c’est Paris. Et Paris est éternel. Comme toi.

Alors tu peux dire merci à la vie, merci, tu chantes la vie, tu danses la vie… tu n’es qu’amour et du coup, tu resignes pour 15 ans. Le Totti d’ici. Et finalement, quand des gens te diront « Mais comment fais-tu pour avoir cette humanité ? », tu leur répondras très simplement que c’est ce goût de l’amour, ce goût donc qui t’a poussé aujourd’hui à entreprendre une révolution footballistique… mais demain qui sait ? Peut-être simplement te mettre au service de la communauté, à faire le don, le don de toi. À nous, peuple Parisien à tes pieds.


Safet Sous X

Questions pour un champion

Xavi Simons s’avance pour frapper le septième tir au but parisien.
Prêté par le PSG au Gym (une ironie du sort qui n’est que trop familière aux supporters du club de la capitale), Marcin Bulka plonge sur sa droite et sort la frappe du minot, tireur malheureux parce qu’il en fallait bien un, au terme d’un match
d’un ennui mortel qui ne pouvait que se terminer ainsi.

Paris perd sa coupe. Paris prend la lourde. Paris sort la tête basse. Il n’y aura pas de clasico en quart. Et tout de suite, en bon masochiste, ce réflexe débile d’aller zoner sur les sites de foot, histoire d’alimenter un peu plus la douleur, de donner du grain à moudre à sa colère. Les commentaires haineux affluent et les rageux s’en donnent à cœur joie, lâchant la bonde de leur anti-parisianisme primaire. Le nouveau riche a fait des envieux et son élimination réjouit dans les chaumières de province. Planqués derrière leur écran et l’anonymat confortable d’un pseudo, les jaloux déversent leur haine bileuse d’un Paris trop friqué, trop clinquant, trop bling-bling, trop tout. Pocchetino est une brêle. Messi joue en marchant. Icardi traîne son spleen. Paredes et Herrera n’apportent rien. Draxler ne sort pas du néant. Mbappé a des envies d’ailleurs. Avec délice, les vengeurs masqués de la toile se projettent vers la double confrontation contre le Real, censée tourner à la corrida. Ils réclament le massacre, l’humiliation, le sang. Se réjouissent d’avance du spectacle. Plus que jamais, Paris apparaît comme un frêle torero livré aux cornes acérées d’un taureau madrilène lancé à tout berzingue, bave aux lèvres et museau fumant. Engoncé dans son costume étroit, les jambes tremblantes, seul au milieu de l’arène, seul face à ses incertitudes et ses doutes, le PSG attend la sortie de la bête.

Les questions abondent à quelques jours d’affronter le leader de la Liga. L’étudiant qatari n’a rien branlé du semestre et voilà que se profile l’examen décisif. Peut-il réviser en vitesse sur un coin de table et passer ras des fesses ? Qu’il soit permis d’en douter. Force est de constater que le PSG ne progresse pas dans son expression collective et qu’il ne trouve pas de réponses dans le jeu. Au milieu de terrain, le chantier reste immense et, faute de Ndombele ou autre recrue, il faudra faire avec les moyens du bord. Mais quel désert ! Danilo Pereira est lourd, lent, emprunté et d’une faiblesse technique abyssale. Presque meilleur en défense centrale que dans l’entrejeu. Herrera se contente d’expédier les affaires courantes et multiplie les passes latérales, sans jamais apporter la moindre verticalité. Le fantôme Paredes ne doit sa place qu’à son pote Leo. Verratti doit se charger de tout : bosser à la récupération, orienter le jeu, trouver la passe qui créera le déséquilibre, inventer sans cesse, marquer même. Il en faudrait trois comme lui. Où sont les tauliers ? Il manque l’assurance et le calme d’un Thiago Motta, l’abattage et la rage de vaincre d’un Matuidi, le génie intermittent d’un Pastore (tu nous manques Javier). Oui nous sommes nostalgiques de l’époque Laurent Blanc. Mais qui pourrait nous en blâmer quand on voit la bouillie de football qui nous est proposée ?

Que dire de l’animation offensive ? C’est bien simple : il ne se passe strictement rien si Kyky n’endosse pas le costard du sauveur. Contre Nice, il a débuté sur le banc, comme si le PSG devait déjà apprendre à se passer de lui. S’il signe au Real, il va laisser un vide considérable que seule l’arrivée d’un baron de type Haaland pourrait combler. Sans lui, il n’y a pas de mouvement, pas de profondeur, pas d’appels dans le dos de la défense, pas de combinaisons, pas de solutions. Véritable machine à marquer dans ses premiers mois parisiens, Icardi est devenu une ombre et affiche un manque de confiance qui fait peine à voir. En bon attaquant de surface, il n’existe que s’il est servi dans de bonnes conditions dans la zone de vérité. Or sa complicité avec Messi et Mbappé est inexistante et seul le petit génie Marco parvient trop rarement à le trouver. Et Pocchetino n’a rien trouvé de mieux que de nous ressortir un Draxler du placard, lui l’ancien grand espoir du football allemand qui n’a rien prouvé à Paris et n’a pas allumé la moindre mèche face aux Niçois.

L’arrivée de Messi dans la capitale avait suscité les plus fols espoirs. C’étaient des centaines de buts, d’hallucinants slaloms YouTube, des pelletées de dribbles, des montagnes de gestes décisifs, quatre sacres européens et six Ballons d’Or qui débarquaient. Plus qu’une vedette, un joueur immense, une icône, un fantasme de supporter. Avec lui, le PSG allait pouvoir regarder la Champions League dans les yeux et s’asseoir à la table des grands. Composé à grands coups de chèques, le trio rêvé Messi-Neymar-Mbappé devait marcher sur la France et faire trembler l’Europe. Quelques mois après l’atterrissage en fanfare de la star argentine au Bourget, la déception est à la mesure des attentes. Messi n’a marqué qu’un seul but en Ligue 1, terrible constat statistique. Il traverse les matches de manière anonyme et semble écrasé par le poids des attentes, lui qui a laissé derrière lui une vie entière pour venir à Paris. Le coup de rein fatal n’est plus là et il peine à créer les différences. Il décroche beaucoup, déserte les trente mètres comme pour chercher l’inspiration mais la magie n’opère plus. Pourtant on se plaît à y croire. On espère retrouver le grand Leo de Barcelone. On guette le moindre contrôle, le moindre geste, le plus infime frémissement qui reconnecterait ce trentenaire inefficace au génie qui a fait rêver la planète, au divin créateur, au digne héritier de Maradona. Plus longue que prévue, la phase d’adaptation s’éternise en même temps que les rêves disparaissent, laissant place à une amère réalité : le gamin hirsute de Rosario a trente-quatre berges et sa carrière est derrière lui. Match après match, il donne raison à ceux qui avaient dit qu’il était venu toucher un gros salaire et couler une pré-retraite tranquille sur les bords de Seine. Et pendant que le cas Messi fait couler beaucoup d’encre, Neymar soigne sa cheville blessée et prie pour être prêt pour le grand rendez-vous. 

Le PSG un poulet sans tête ? © Manu Wino (Virage)

Objet de toutes les critiques, Pocchetino fait face tant bien que mal et affiche un optimisme qui laisse songeur. Son discours lisse et diplomate apaise les tensions mais ne masque pas la vérité du terrain. Quand un Tuchel mettait les pieds dans le plat, l’ancien défenseur parisien arrondit les angles et s’accroche à quelques motifs de satisfaction. Ses jours sont comptés et il le sait. L’ombre de Zidane plane sur le Parc. Mais Zizou ferait-il mieux ? Relancerait-il Messi ? Ressusciterait-il Icardi ? Convaincrait-il Mbappé que son avenir s’écrit à Paris ? Demanderait-il à la triplette MMN de faire les efforts défensifs ? Trouverait-il des solutions au milieu de terrain pour soulager Verratti ? Une chose est sûre : comme il l’a démontré à Madrid, Zidane sait composer avec un vestiaire de stars, et c’est peut-être ce qu’il manque à Paris : un manager plutôt qu’un tacticien, un meneur d’hommes plutôt qu’un entraîneur. Il faut un ancien grand joueur pour gérer les grands joueurs, exiger d’eux du dévouement, du courage, de la sueur. Demander le respect du collectif et l’amour du maillot. Pochettino n’a pas assez de charisme, pas assez d’autorité sur le groupe. Il n’est pas un grand nom, et c’est bien là son principal défaut.

Dans le grand flou artistique qui règne, sur quoi peut bien s’appuyer le technicien argentin à l’heure de se frotter à Benzema et consorts ? Réponse : sur une indispensable colonne vertébrale Donnarumma/Navas-Marquinhos-Verratti-Mbappé. Autour de ce socle, il faudra bricoler et prier que ça marche. S’il est rétabli, un Sergio Ramos peut faire beaucoup de bien par son expérience, son leadership naturel, sa qualité de relance et sa présence intimidante sur coups de pied arrêtés. Kimpembe se montre trop friable et n’a pas pris ses responsabilités de capitaine lors de la série de tirs aux buts contre Nice, préférant envoyer le jeunot Simons au casse-pipe. Sur les flancs de la défense, Nuno Mendes donne satisfaction, l’expérimenté Bernat postule à nouveau et Hakimi bosse ses coups francs à la CAN. Au milieu, Gueye apparaît comme la meilleure option aux côtés de Verratti. Il faudra ensuite choisir entre Paredes, Herrera et Danilo Pereira. Autant jeter une pièce en l’air. Et devant, viva la MMN et croisons les doigts.

Voilà le PSG à la croisée des chemins. Sorti de la Coupe, il sait qu’il ne gagnera pas tout cette saison, alors que tout gagner était précisément son objectif affiché. Le championnat est un minimum vital pour un groupe aussi pléthorique et de cette qualité, qui n’a pas de rival digne de ce nom sur la scène domestique, et une élimination précoce en Champions League pourrait avoir des conséquences désastreuses. Elle fragiliserait encore un peu plus Pochettino, si besoin était, remettrait en cause les investissements sur Messi et Ramos, conforterait Mbappé dans ses velléités de départ, en bref questionnerait la stratégie et le fonctionnement entiers du club. Elle serait un coup terrible à ses ambitions démesurées et ne ferait que donner raison aux persifleurs qui répètent à l’envi que le pognon n’achète pas les titres, sauf en Ligue 1, où les moyens colossaux du PSG écrasent la concurrence. Taillé pour les joutes européennes, façonné pour tutoyer les sommets, bâti pour les grands rendez-vous, l’effectif parisien ne saurait se contenter du morne quotidien de la Ligue 1. On ne fait pas venir un Messi ou un Sergio Ramos pour battre Reims ou Brest. On ne paye pas un Mbappé vingt barres par an pour planter contre Angers. On ne va pas chercher un Neymar pour s’offrir Troyes. Le PSG est une équipe de stars, parfois jusqu’à la caricature, et les stars ont besoin de gros matches. Son aventure doit s’écrire en grand, rythmée par l’hymne entêtant de la Champions League et des soirées qui comptent. C’est la menace inquiétante du vide qui guette. Et le vide a une sale tronche. S’il ne passe pas l’obstacle madrilène, la fin de saison pourrait s’avérer longue. Très longue.


Denis Ritter