Humeur

Questions pour un champion

Xavi Simons s’avance pour frapper le septième tir au but parisien.
Prêté par le PSG au Gym (une ironie du sort qui n’est que trop familière aux supporters du club de la capitale), Marcin Bulka plonge sur sa droite et sort la frappe du minot, tireur malheureux parce qu’il en fallait bien un, au terme d’un match
d’un ennui mortel qui ne pouvait que se terminer ainsi.

Paris perd sa coupe. Paris prend la lourde. Paris sort la tête basse. Il n’y aura pas de clasico en quart. Et tout de suite, en bon masochiste, ce réflexe débile d’aller zoner sur les sites de foot, histoire d’alimenter un peu plus la douleur, de donner du grain à moudre à sa colère. Les commentaires haineux affluent et les rageux s’en donnent à cœur joie, lâchant la bonde de leur anti-parisianisme primaire. Le nouveau riche a fait des envieux et son élimination réjouit dans les chaumières de province. Planqués derrière leur écran et l’anonymat confortable d’un pseudo, les jaloux déversent leur haine bileuse d’un Paris trop friqué, trop clinquant, trop bling-bling, trop tout. Pocchetino est une brêle. Messi joue en marchant. Icardi traîne son spleen. Paredes et Herrera n’apportent rien. Draxler ne sort pas du néant. Mbappé a des envies d’ailleurs. Avec délice, les vengeurs masqués de la toile se projettent vers la double confrontation contre le Real, censée tourner à la corrida. Ils réclament le massacre, l’humiliation, le sang. Se réjouissent d’avance du spectacle. Plus que jamais, Paris apparaît comme un frêle torero livré aux cornes acérées d’un taureau madrilène lancé à tout berzingue, bave aux lèvres et museau fumant. Engoncé dans son costume étroit, les jambes tremblantes, seul au milieu de l’arène, seul face à ses incertitudes et ses doutes, le PSG attend la sortie de la bête.

Les questions abondent à quelques jours d’affronter le leader de la Liga. L’étudiant qatari n’a rien branlé du semestre et voilà que se profile l’examen décisif. Peut-il réviser en vitesse sur un coin de table et passer ras des fesses ? Qu’il soit permis d’en douter. Force est de constater que le PSG ne progresse pas dans son expression collective et qu’il ne trouve pas de réponses dans le jeu. Au milieu de terrain, le chantier reste immense et, faute de Ndombele ou autre recrue, il faudra faire avec les moyens du bord. Mais quel désert ! Danilo Pereira est lourd, lent, emprunté et d’une faiblesse technique abyssale. Presque meilleur en défense centrale que dans l’entrejeu. Herrera se contente d’expédier les affaires courantes et multiplie les passes latérales, sans jamais apporter la moindre verticalité. Le fantôme Paredes ne doit sa place qu’à son pote Leo. Verratti doit se charger de tout : bosser à la récupération, orienter le jeu, trouver la passe qui créera le déséquilibre, inventer sans cesse, marquer même. Il en faudrait trois comme lui. Où sont les tauliers ? Il manque l’assurance et le calme d’un Thiago Motta, l’abattage et la rage de vaincre d’un Matuidi, le génie intermittent d’un Pastore (tu nous manques Javier). Oui nous sommes nostalgiques de l’époque Laurent Blanc. Mais qui pourrait nous en blâmer quand on voit la bouillie de football qui nous est proposée ?

Que dire de l’animation offensive ? C’est bien simple : il ne se passe strictement rien si Kyky n’endosse pas le costard du sauveur. Contre Nice, il a débuté sur le banc, comme si le PSG devait déjà apprendre à se passer de lui. S’il signe au Real, il va laisser un vide considérable que seule l’arrivée d’un baron de type Haaland pourrait combler. Sans lui, il n’y a pas de mouvement, pas de profondeur, pas d’appels dans le dos de la défense, pas de combinaisons, pas de solutions. Véritable machine à marquer dans ses premiers mois parisiens, Icardi est devenu une ombre et affiche un manque de confiance qui fait peine à voir. En bon attaquant de surface, il n’existe que s’il est servi dans de bonnes conditions dans la zone de vérité. Or sa complicité avec Messi et Mbappé est inexistante et seul le petit génie Marco parvient trop rarement à le trouver. Et Pocchetino n’a rien trouvé de mieux que de nous ressortir un Draxler du placard, lui l’ancien grand espoir du football allemand qui n’a rien prouvé à Paris et n’a pas allumé la moindre mèche face aux Niçois.

L’arrivée de Messi dans la capitale avait suscité les plus fols espoirs. C’étaient des centaines de buts, d’hallucinants slaloms YouTube, des pelletées de dribbles, des montagnes de gestes décisifs, quatre sacres européens et six Ballons d’Or qui débarquaient. Plus qu’une vedette, un joueur immense, une icône, un fantasme de supporter. Avec lui, le PSG allait pouvoir regarder la Champions League dans les yeux et s’asseoir à la table des grands. Composé à grands coups de chèques, le trio rêvé Messi-Neymar-Mbappé devait marcher sur la France et faire trembler l’Europe. Quelques mois après l’atterrissage en fanfare de la star argentine au Bourget, la déception est à la mesure des attentes. Messi n’a marqué qu’un seul but en Ligue 1, terrible constat statistique. Il traverse les matches de manière anonyme et semble écrasé par le poids des attentes, lui qui a laissé derrière lui une vie entière pour venir à Paris. Le coup de rein fatal n’est plus là et il peine à créer les différences. Il décroche beaucoup, déserte les trente mètres comme pour chercher l’inspiration mais la magie n’opère plus. Pourtant on se plaît à y croire. On espère retrouver le grand Leo de Barcelone. On guette le moindre contrôle, le moindre geste, le plus infime frémissement qui reconnecterait ce trentenaire inefficace au génie qui a fait rêver la planète, au divin créateur, au digne héritier de Maradona. Plus longue que prévue, la phase d’adaptation s’éternise en même temps que les rêves disparaissent, laissant place à une amère réalité : le gamin hirsute de Rosario a trente-quatre berges et sa carrière est derrière lui. Match après match, il donne raison à ceux qui avaient dit qu’il était venu toucher un gros salaire et couler une pré-retraite tranquille sur les bords de Seine. Et pendant que le cas Messi fait couler beaucoup d’encre, Neymar soigne sa cheville blessée et prie pour être prêt pour le grand rendez-vous. 

Le PSG un poulet sans tête ? © Manu Wino (Virage)

Objet de toutes les critiques, Pocchetino fait face tant bien que mal et affiche un optimisme qui laisse songeur. Son discours lisse et diplomate apaise les tensions mais ne masque pas la vérité du terrain. Quand un Tuchel mettait les pieds dans le plat, l’ancien défenseur parisien arrondit les angles et s’accroche à quelques motifs de satisfaction. Ses jours sont comptés et il le sait. L’ombre de Zidane plane sur le Parc. Mais Zizou ferait-il mieux ? Relancerait-il Messi ? Ressusciterait-il Icardi ? Convaincrait-il Mbappé que son avenir s’écrit à Paris ? Demanderait-il à la triplette MMN de faire les efforts défensifs ? Trouverait-il des solutions au milieu de terrain pour soulager Verratti ? Une chose est sûre : comme il l’a démontré à Madrid, Zidane sait composer avec un vestiaire de stars, et c’est peut-être ce qu’il manque à Paris : un manager plutôt qu’un tacticien, un meneur d’hommes plutôt qu’un entraîneur. Il faut un ancien grand joueur pour gérer les grands joueurs, exiger d’eux du dévouement, du courage, de la sueur. Demander le respect du collectif et l’amour du maillot. Pochettino n’a pas assez de charisme, pas assez d’autorité sur le groupe. Il n’est pas un grand nom, et c’est bien là son principal défaut.

Dans le grand flou artistique qui règne, sur quoi peut bien s’appuyer le technicien argentin à l’heure de se frotter à Benzema et consorts ? Réponse : sur une indispensable colonne vertébrale Donnarumma/Navas-Marquinhos-Verratti-Mbappé. Autour de ce socle, il faudra bricoler et prier que ça marche. S’il est rétabli, un Sergio Ramos peut faire beaucoup de bien par son expérience, son leadership naturel, sa qualité de relance et sa présence intimidante sur coups de pied arrêtés. Kimpembe se montre trop friable et n’a pas pris ses responsabilités de capitaine lors de la série de tirs aux buts contre Nice, préférant envoyer le jeunot Simons au casse-pipe. Sur les flancs de la défense, Nuno Mendes donne satisfaction, l’expérimenté Bernat postule à nouveau et Hakimi bosse ses coups francs à la CAN. Au milieu, Gueye apparaît comme la meilleure option aux côtés de Verratti. Il faudra ensuite choisir entre Paredes, Herrera et Danilo Pereira. Autant jeter une pièce en l’air. Et devant, viva la MMN et croisons les doigts.

Voilà le PSG à la croisée des chemins. Sorti de la Coupe, il sait qu’il ne gagnera pas tout cette saison, alors que tout gagner était précisément son objectif affiché. Le championnat est un minimum vital pour un groupe aussi pléthorique et de cette qualité, qui n’a pas de rival digne de ce nom sur la scène domestique, et une élimination précoce en Champions League pourrait avoir des conséquences désastreuses. Elle fragiliserait encore un peu plus Pochettino, si besoin était, remettrait en cause les investissements sur Messi et Ramos, conforterait Mbappé dans ses velléités de départ, en bref questionnerait la stratégie et le fonctionnement entiers du club. Elle serait un coup terrible à ses ambitions démesurées et ne ferait que donner raison aux persifleurs qui répètent à l’envi que le pognon n’achète pas les titres, sauf en Ligue 1, où les moyens colossaux du PSG écrasent la concurrence. Taillé pour les joutes européennes, façonné pour tutoyer les sommets, bâti pour les grands rendez-vous, l’effectif parisien ne saurait se contenter du morne quotidien de la Ligue 1. On ne fait pas venir un Messi ou un Sergio Ramos pour battre Reims ou Brest. On ne paye pas un Mbappé vingt barres par an pour planter contre Angers. On ne va pas chercher un Neymar pour s’offrir Troyes. Le PSG est une équipe de stars, parfois jusqu’à la caricature, et les stars ont besoin de gros matches. Son aventure doit s’écrire en grand, rythmée par l’hymne entêtant de la Champions League et des soirées qui comptent. C’est la menace inquiétante du vide qui guette. Et le vide a une sale tronche. S’il ne passe pas l’obstacle madrilène, la fin de saison pourrait s’avérer longue. Très longue.


Denis Ritter

Il était une fois la révolution

Voilà un petit plus d’un an que Mauricio Pochettino est entraineur du PSG.
Certains aveuglés par leur haine de Thomas Tuchel se réjouissaient de ce cadeau
de Noël. L’allemand était devenu l’homme à abattre, celui qui faisait mal jouer son équipe, celui qui ne gagnerait jamais la Ligue des Champions.
Des mois que médias et supporters veulent sa tête.

Au sein même du club on ne supporte plus ses sorties médiatiques sur ce que l’on pourrait résumer poliment « le manque d’organisation du club ». Bref son bordel permanent avec tous les rapaces et autres nuisibles qui gravitent autour du club ou qui en font même partie. Les luttes d’influence, les amis qui vous veulent du bien, les donneurs de leçons et autres parasites.

Il y a quinze jours j’écrivais les lignes suivantes :

En un an l’ancien capitaine est passé de l’affectueux « Pokette » au familier Momo, pour finir par l’insultant « gros nul ». Le PSG joue mal. C’est un constat. Personne ne peut dire l’inverse. Certainement le niveau de jeu le plus faible de l’ère qatari. Avec pourtant « sur le papier » l’effectif le plus brillant. Au niveau des résultats, « pour l’instant tout va bien ». Revenez dans un mois et cela ne sera peut-être déjà plus le cas. En championnat on devrait être à l’abris d’un nouveau Lille (ou Monaco ou Montpellier…) qui nous a pris notre titre l’année dernière. Cette année l’om ou le nouveau riche niçois me semblent encore un peu loin. Oui je sais tout est possible. Tout est d’autant plus possible sur un match de coupe, et la venue des aiglons de Galtier fin janvier pourrait bien être l’occasion de perdre un deuxième trophée sur les quatre à gagner dans la saison. Après le titre de champion pris par les dogues la saison dernière, ils ont récidivé avec le trophée des champions début aout. Alors bien sur ce n’était plus Galtier l’entraineur, mais il faut reconnaitre que ce coach sait particulièrement bien préparer ses équipes face à nous. Donc méfiance.

Visiblement on ne s’est pas assez méfié… Certes j’ai écrit ce texte au lendemain de cette gifle niçoise, mais les gifles ça réveille. Le match contre Nice est pour moi le non-match de trop. L’olive qui fait déborder la salade. Le cauchemar qui fait rêver moins grand. Beaucoup moins.

Comment après cinq mois de compétition peut-on toujours être aussi insipide, indigent, ennuyeux… Et prévisible. Mais tellement prévisible dans notre jeu. Soit nos joueurs ne savent pas jouer au foot, et ne savent faire que des passes latérales, soit ils ont des consignes pour jouer de cette façon, soit ils n’ont que peu d’envie et de motivation. Dans tous les cas le coupable principal, même s’il n’est pas le seul, est celui qui doit être le guide, celui qui décide, celui qui gère, c’est-à-dire l’entraîneur.

Comme disait un aviateur qui aimait bien dessiner des moutons : « Le chef est celui qui prend tout en charge. Il dit : « J’ai été battu ». Il ne dit pas : « Mes soldats ont été battus ». »

Mon réquisitoire contre Momo comprend de lourdes charges. Lourdes et nombreuses.

Commençons par l’extra sportif. Depuis un an il vit toujours à l’hôtel et sa famille vit toujours à Londres. Il ne parle toujours pas français face aux médias. Les rumeurs de départ sont nombreuses depuis des mois. Et n’ont été que très mollement démentis après des semaines de rumeurs. Certes depuis quelques jours il a enfin emménagé avec son fils (préparateur physique, nous y reviendrons) dans le 8ème arrondissement parait-il, mais n’est-ce pas trop tard ?

Il est vrai qu’au PSG le phénomène n’est pas nouveau, mais que de blessés encore cette saison ! Difficile cependant de critiquer le préparateur physique quand il s’agit de son fils. Vous me trouvez perfide ? Peut-être, nous allons bien voir ces prochains mois si nous allons monter en puissance au printemps puis pour le money-time. Parce qu’aujourd’hui physiquement on n’impressionne pas grand monde.

Lorsque notre coach nous explique il y a 6 mois qu’« On ne peut pas juger un coach qui arrive au milieu de saison » j’ai compris que l’on était pas bien embarqué. Soit il ouvre le parapluie, soit il a un projet de jeu très clair et il faut un peu de temps pour le mettre en place. On sait aujourd’hui que nous n’avons aucun projet de jeu.

Le jeu, parlons-en. Le PSG n’a plus aligné un 11 type consécutivement depuis décembre 2019 ! Difficile d’avoir des automatismes, mais d’un autre côté pour pallier ce manque il faudrait pouvoir s’appuyer sur un système de jeu bien défini qui permettrait à chaque joueur de se fondre dans un collectif et de jouer avec plus d’assurance et de confiance.

Problème, comme dit plus haut, nous n’avons pas de jeu. J’aimerai vraiment connaitre les consignes que reçoivent les joueurs. Pourquoi autant de passes latérales ? Pourquoi aussi peu de prises de risque ? Consciemment ou inconsciemment notre plan de jeu ressemble à donnons le ballon à Messi ou à Mbappé et sur un malentendu… On se croirait revenu plus de 10 ans en arrière, quand la tactique c’était on balance sur Hoarau et on verra bien…Si c’est pour en arriver là on pouvait garder Kombouaré ou rappeler Le Guen. Le problème c’est que les effectifs ne sont pas comparables, nos ex-joueurs des années 90 devaient respectivement faire avec les rats de Colony et/ou sauver le club de la descente.

Notre effectif en début de saison faisait peur à l’Europe entière, nous étions « sur le papier » LE favori de la Ligue des Champions. Même pas si six mois plus tard, c’est nous qui avons peur…

Venons-en au cas Messi qui divise au sein même de Virage. Oui Messi est un mariage de raison et non un mariage d’amour. Est-ce pour cela que cela ne fonctionne pas ? Pas uniquement, même si la vie ne vaut d’être vécue sans amour comme dit la chanson, cela n’est pas la seule explication. Messi est seul, isolé dans le jeu. A part avec Verratti (quand il est là) et Mbappé il n’y a personne pour combiner avec lui. A chaque fois il est obligé de tenter l’exploit. Quand t’a joué pendant des années avec Xavi et Iniesta c’est compliqué de passer à Herrera, Paredes ou Danilo… Certes ce ne sont pas de mauvais joueurs dans l’absolu, mais nous on veut un écrasé parmentier moelleux des trésors de la terre avec sa parisienne farandole rosée et pas du jambon purée. Or notre milieu n’est pas au niveau requis pour espérer réaliser nos rêves.

Soyons clairs, sans Mbappé nous ne serions surement pas premiers et nous serions surement en très grosse difficulté. Kyky une lumière dans la grisaille ? Il est notre phare et pourtant il va partir…

Tout comme le jeune Simons, pourtant notre seul milieu qui sait jouer vers l’avant, combiner avec Messi, casser des lignes comme on dit de nos jours, bref un vrai joueur de foot avec la fougue de sa jeunesse. A Paris on aime les titis et personne ne lui en veut pour son tir aux buts contre Nice. Pourtant il ira surement sur le banc ou en tribune dans les semaines qui arrivent. Quelle gestion catastrophique de nos jeunes.

Mais de manière générale ce club est-il géré par quelqu’un ? La gouvernance. Voilà le gros problème de ce club. Un entraineur dépassé, un directeur sportif qui enchaîne les erreurs, un président absent, un propriétaire invisible.

J’appelle à la barre l’accusé suivant. Notre directeur sportif qui perd de plus en plus de sa superbe au fur et à mesure de ses choix douteux. Qui n’a pas su garder Cavani, Thiago Silva et bientôt Mbappé et Simons… Mais surtout, qui a offert une incompréhensible prolongation au boulet d’or Kurzawa. Pareil pour le beau mais trop peu efficace Draxler. Que dire des huit gardiens sous contrat… Bulka en tant qu’ancien (mais toujours sous contrat jusqu’en 2025) nous passe le bonjour. Manquerait plus qu’on paye son salaire…

Bref Leonardo qui a tant souhaité le départ de Tuchel, Léo qui devait remettre de l’ordre dans la maison. Où en est la politique sportive ? Cela fait longtemps qu’on ne l’a pas entendu.

Nouvel accusé le président. Est-ce que quelqu’un a des nouvelles ? Où en est le projet de former le nouveau Messi ? Quel est le projet sportif du club ? Empiler des stars sans savoir les gérer ? Qui tape du poing sur la table ?

Pour finir le propriétaire. Ah ! Dieu l’émir je t’aimais bien. Merci pour tous ces beaux cadeaux, mais nous ce qu’on veut c’est de l’amour. On voudrait un peu plus de présence. Sentir qu’on est important aussi et pas seulement pour te divertir un coup vite fait de temps en temps.

Je ne voudrai pas non plus dans ce papier aux allures de réquisitoire oublier et exonérer les joueurs de leurs responsabilités. Contre Nice il semblerait que la perspective de jouer un quart de finale de coupe de France contre l’OM dans un Parc des Princes plein ne les a pas beaucoup transcendés. Si une telle carotte ne leur donne pas envie de s’arracher, à quoi bon… Nous voulons des joueurs qui ont faim, pas des joueurs repus. 

Le PSG est malade. Dans ses coulisses, dans son vestiaire, sur le terrain, dans son public. Comme le commun des nouveaux riches, nous nous sommes gavés. Pendant 10 ans nous avons fait ripaille, des joueurs fantastiques, du jeu, des grands matchs européens, dix ans d’humiliation pour les gueux marseillais qui crèvent d’envie et de jalousie, des trophées à en devenir la plus belle vitrine du foot français, et même si nous nous sommes invités au banquet final de la Ligue des Champions, et que nous n’avons pu que sentir de près l’enivrant fumet de l’ambroisie sans pouvoir y gouter, nous savions qu’un jour on y aurait droit, nous aussi. 

Ce jour, s’il doit arriver, ne sera visiblement pas encore pour cette année.

Nasser ne « gomprend bas », c’est pourtant simple, Il serait temps de chasser tous les marchands du temple, de faire la révolution, de faire venir au club des gens qui aiment le PSG autant qu’ils aiment l’argent, des gens qui viennent pour servir le PSG et non s’en servir. Et ceci à tous les niveaux.

Un détail qui n’en est pas un. Va-t-ton encore continuer longtemps avec cet affreux maillot noir ? On dirait que nous portons le deuil de notre fond de jeu. Nous avons le plus beau maillot du monde et les apprentis sorciers de chez Nike ne trouvent rien de mieux que de se concurrencer pour le maillot le plus ignoble. Un grand club c’est d’abord respecter ses couleurs. On ne se respecte déjà pas nous mêmes…

Moi je m’en fous de vendre des maillots roses en chine, je veux une équipe sur le terrain, je veux du jeu, je veux du Hechter, je veux des virages qui soutiennent leur équipe au Parc, je veux de la souffrance et de l’amour, je veux du foot… Pas un défilé de mode ou de « l’Entertainment ».

Pour moi le PSG c’est mon club, pour eux c’est leur Entreprise. On parle petit pont, ils parlent rendement, on parle émotion, ils parlent profits, on parle amour du maillot, ils parlent marketing… Quel est l’objectif premier du propriétaire ? Gagner des trophées ou la rentabilité ?

Bien sûr, je ne suis pas qu’un amoureux romantique, j’ai bien conscience des réalités économiques. Mais ne pourrait-on pas trouver un juste milieu ? Un maillot Hechter en chine se vendra aussi bien si ce n’est mieux. Et au moins le club gagnera en notoriété sur la durée et non juste pour un vulgaire coup de com. 

Demain ce sera le choc tant attendu face au « plus grand club du monde » la maison blanche du roi. La future maison de notre Kyky, avec un milieu de terrain Casimero, Kroos, Modric (Ca fait peur un peu non ?). Si les choses venaient à mal tourner, la fin de saison ne serait alors plus qu’une lente et interminable agonie vers la saison prochaine…

Jean Jaurès disait : « Il ne peut y avoir de révolution que là où il y a conscience. »

Il serait bien temps à Doha de prendre conscience de la situation et il sera alors plus que temps de faire la révolution au PSG !


J.J. Buteau

Mon cher Emir

Mon cher Émir. Puis-je me permettre de rappeler à votre altesse sérénissime quelques points importants bien que je suppose que vous ayez
d‘autres humains à fouetter dans la vie.

Rappelez-vous, il y a dix ans votre rachetiez un club, le Paris Saint-Germain, pour à peu près vingt secondes d’éjaculation d’un de vos pipe-lines. Ce club, plus communément appelé le PSG, est un club de football. Je vous dis ça car je pense que vous l’avez confondu avec une agence de Relations Publiques. Ça peut se ressembler, ça peut arriver.

Je sais bien qu’au fond, le foot, vous vous en foutez. Quand on a un fond souverain de plusieurs milliards d’euros, le coût du PSG, c’est peanuts pour vous. Il vous fallait de la belle image pour votre pays. Et c’est réussi. Eut-ce été du curling ou de la GRS avec la même exposition médiatique et vous auriez aussi signé. Mais contrairement aux relations publiques, il ne suffit pas d’inviter des grands noms, de mettre de la lumière et des paillettes pour que ça marche au football. Et c’est ce que vous croyez. Et il n’y a personne autour de vous pour vous dire que c’est faux.

Le Nasser, il est sympa mais il est aux bottes. Il ne vous dira jamais que le clinquant, l’ostentatoire, l’accumulation, c’est pas le football. Peut-être pense-t-il que ça marche. Les Golden Galactiques avec finition platine et diamants, non, ça ne marche pas. Le football se construit peu à peu, c’est un arbre qui pousse, qui se renforce, qui a besoin d’un tronc pour que ses branches aillent chercher les étoiles. Vous, vous arrivez avec un sapin coupé, un beau sapin, un énorme sapin, vous rajoutez des boules, des guirlandes, des décorations. Mais au fur et à mesure, votre sapin, coupé, dépérit. Il perd ses aiguilles, il se dénude, il s’assèche.n

Voilà où on est actuellement au PSG, le club de football que vous avez acheté. Celui où vous pensez qu’en accumulant les grosses boules, les décorations, le sapin ne va pas mourir. Ben si. On n’est pas loin de l’agonie et vous devez encore en être à croire qu’on ne peut pas perdre avec Mbappé, Neymar et Messi. Mais si.

Pendant que Liverpool ajoute bijou sur bijou à un collectif un million de fois plus rôdé que nous, pendant que d’autres clubs construisent patiemment leur effectif, vous pensez qu’il suffit de donner les clés du camion à un joueur génial acheté 222 millions pour que tout se mette en marche. Mais non. C’était il y a quatre ans, quatre ans de lent développement du jeu, d’expression collective perdus. D’entraîneurs de talent hachés menus par tout l’extra-sportif, les Relations Publiques. Vous vous accrochez encore à vos convictions, et dépensez 80 millions pour un joueur qui repartira dans deux ans et qui a laissé la flamme qui l’animait en Catalogne. C’est une bonne idée. Non. Le foot est une science inexacte où 7+4 ou 8+3 ne font pas forcément 11. Où Paris ne sera jamais le Barça. Où les illusions se perdent tellement souvent. Dont celles de Kylian Mbappé qui a compris que ce PSG là n’allait nulle part.

Dans le vrai foot, si un joueur sur onze décide de marcher plutôt que de courir, Messi, pas Messi, il sort immédiatement. Même Sušić courait plus que lui. Quand des joueurs de talent décident de ne pas soutenir leurs partenaires en défendant avec eux, pour eux, c’est dehors. Le plus grand football vient de la plus grande dévotion pour ses partenaires. L’effort supplémentaire. L’espace recherché. La création de solution. L’offrande constante à l’autre.

Cher Émir, cher ami, il n’y a plus rien de tout ça au PSG. Et d’ailleurs, il n’y a même plus de couleurs. Nous jouons chez nous en noir. Un beau noir pétrole. Plus d’idées, plus d’identité, plus de jeu. Comme on dit chez nous : « On est mal, patron, on est mal » mais ça, Nasser ne vous le dira probablement pas. C’est pourquoi j’ai sorti ma plus belle plume pour cette missive désespérée que je vous adresse en guise d’épitaphe : cher Émir, il est temps d’arrêter les conneries.

P.S : Si vous essayez une fois de plus de virer Phil Collins, je viendrai personnellement boucher tous vos pipe-lines avec des housses de couette DJ Snake. Tenez-vous le pour dit.


Safet Sous X

Les démons de l’ennui

Ce matin, les supporters parisiens se réveillent sans gueule de bois.
Perdre en Coupe de France, rien à battre. Ce qui compte, c’est l’Europe.
Notre ADN, ce sont les grandes oreilles. Rien d’autre. Tous nos matches jusqu’au 15 février ne sont là que pour parfaire cette machine de guerre qui va terrasser le Real
et foncer jusqu’à la victoire finale. Cette arrogance de nouveau riche,
ce mépris assumé…

PARIS rêve plus grand en anglais et uniquement les mardis et mercredis soirs. Le championnat, la coupe, ce sont ces voitures de luxe que l’on abandonne en plein désert, sans regret ni remord. Parce qu’on a les poches pleines. Parce qu’on ne respecte rien. Parce que, depuis longtemps, on a piétiné le réel.

Hier soir, notre match a une nouvelle fois étalé à la face du monde toute notre indigence. Équipe de handball qui peut jouer en marchant sans jamais craindre le bras levé de l’arbitre, le PSG a insulté tous les fondamentaux, fait semblant d’être un collectif. 99% de nos centres et de nos coups de pieds arrêtés n’ont trouvé personne, Messi a rendu hommage aux rues de Marseille en multipliant les passes poubelles, les crochets déchets, les inspirations à peine recyclables. À part Verratti, peut-être aussi Donnarumma et Mendès (étrangement sorti par Mauricio), qui sauver ? Même le soldat Ryan a préféré déserter.

Il n’y avait rien, le néant, la honte. Et ce n’est pas comme si c’était la première fois cette année. Depuis août 2021, le PSG (dé)joue à se faire peur. Pas un match référence, aucune montée en puissance, oui, le néant, chaque semaine confirmé. Sans le Golgoth de Bondy, nous serions dans le ventre mou et qualifiés en Europa League. Voilà le constat. Le terrible et risible constat de notre politique sportive. On peut gagner la LDC en ne jouant pas, on peut atteindre les sommets continentaux en méprisant le football chaque week-end. OK. D’accord. Faisons comme ça. Mi autruche mi pachyderme. Aucune finesse, zéro lucidité.

Cette cour de récré chaotique et sauvage

On a du fric, on a des stars. Suffisant pour dominer, pour aller au bout. Le mercato de l’été dernier, qui avait de la gueule, que dit-il aujourd’hui ? Ramos s’apprête à plomber définitivement la sécurité sociale, Wijnaldum est en dépression carabinée (un soldat ne peut pas briller dans une bande de pirates), Messi a le blues éternel catalan. Donnarumma, à la rigueur. Mais on avait déjà Navas. Mbappé va partir. Neymar est ce fantôme qui hante nos espoirs les plus brûlants. Mauricio n’a jamais été vraiment notre coach. Erreur de casting. Mais quel entraîneur pourrait réussir ici ? Comment imposer un rythme, une stratégie, un avenir à cette cour de récré chaotique et sauvage, nombriliste et trop gâtée ?

Zidane ? Peut-être notre ultime péché. De croire que Zizou est le seul capable de remettre de l’ordre dans ce merdier relève de la pensée magique. De l’aveuglement coupable. C’est une naïveté qui n’est pas émouvante. Ridicule plus certainement. Hier, dans ce stade vide, avec ces maillots noirs immondes et qui nous rappellent à chaque nouvelle sortie l’acharnement de nos dirigeants à vouloir effacer notre passé (ne devraient-ils pas plutôt tout faire pour écrire notre avenir ?), j’avais l’impression de voir un autre club, une autre histoire. Je n’étais pas déconnecté mais pas loin non plus. La seule continuité, c’était moi, moi et mon envie de qualification en quarts pour affronter l’om, moi et mon amour de la coupe de France, ce trophée qui a lancé notre aventure, qui m’a fait aimer pour toujours Paris.

Mais dans ma télé, était-ce le PSG ? Cette chose molle et arrogante, ce jeu sans profondeur ni envie, ce onze qui n’est jamais le même, était-ce le club que j’ai choisi de suivre jusqu’à la mort ? J’en suis de moins en moins persuadé. Je m’accroche, bien sûr, je suis du genre opiniâtre. Comme je l’avait écrit il y a longtemps déjà dans mon bouquin, on ne quitte pas sa femme parce qu’on vient de lui diagnostiquer un cancer. C’est inconcevable. J’en suis là. Mon équipe semble en phase terminale. Sans aucun traitement capable de la sauver. À force de tout faire à l’envers, à force de croire que l’argent peut résoudre tous les problèmes, on galvaude une passion, on écrase une foi, on se condamne au pire. À l’oubli ?

Le fric n’est rien sans effort ni vision

Dans cette mascarade qui dure, il y a une certaine morale qui se dégage. Une évidence. Le fric n’est rien sans effort ni vision. L’émir pourra bien encore dégainer le chéquier, acheter Ronaldo, Haaland, Salah et Iron Man, Paris ne décollera pas. Jet privé sans moteur, sans carburant. Coincé sur le tarmac du gâchis et de la suffisance. Tout ça est finalement assez écoeurant. On va tomber sur Pochettino, bien sûr, moi le premier. Fusible. On va lui reprocher ses tactiques qui n’en sont pas, ce refus d’une défense à trois, son entêtement à ne pas donner sa chance à notre jeunesse. Hier, Paredes a encore la marque de l’oreiller de la business class et il joue. Mbappé est préservé. Herrera est là, Danilo aussi. Les gosses, on les envoie au front à la fin, quand ça pue déjà la déroute. Simons rate son péno et s’offre un petit traumatisme. C’est ainsi que l’on grandit, certes mais le timing est plus que douteux. Malheureux.

“J’en ai plein le cul des ces matches qui me font perdre dix ans de vie” me dit mon ami Paco par texto, avant même notre élimination pitoyable. Il n’a pas tort. Perdre, pour un supporter, c’est acceptable. Quand Paris insultait le football comme en 2008 par exemple, pas de problème. Nos cadors se nommaient alors Armand, Rothen. Mais là… Le PSG ressemble de plus en plus à une ex qui aurait pris 30 kilos. Il n’est ni séduisant, ni excitant. Il est lourd, terriblement lourd. Il est à la fois agaçant et frustrant, prévisible dans son illisibilité. Gageure. Et il marche, et il joue la tête baissée, et il trébuche. Parce qu’il se moque de la Coupe de France. Comme il se fout de la Ligue 1. Il est ailleurs, pas là. Il vaut mieux que ça ! Pas de temps à perdre avec ces obligations du quotidien ! Vite, le Real.
Je préfèrerais qu’on se concentre sur le Réel. Pas gagné…


Jérôme Reijasse

Marco Verratti, l’indispensable

Dans un milieu qui peine à se trouver depuis le début de saison, force est de constater, surtout depuis hier soir, que Marco Verratti n’a jamais été aussi indispensable dans l’effectif du Paris Saint-Germain.

Malgré des résultats dans l’ensemble satisfaisants, le jeu du PSG a rarement été aussi critiqué qu’en cette saison 2021-2022. Arrivé il y a plus d’un an sur le banc parisien, Mauricio Pochettino tâtonne et peine à améliorer l’expression collective de son équipe ainsi qu’à trouver un équilibre cohérent face à la quasi-obligation d’aligner le trio offensif Neymar-Messi-Mbappé, ce qui a souvent pour effet de couper l’équipe en deux et de se voir trop facilement mis en danger à la récupération adverse. Défensivement, l’équipe peut compter sur deux gardiens de classe mondiale et un Marquinhos toujours irréprochable, même si Kimpembe affiche parfois quelques limites difficilement pardonnables pour un joueur international (en attendant peut-être de voir émerger une défense à trois avec Sergio Ramos et les deux latéraux en mode piston) . En attaque, Mbappé, tranchant dans ses appels et clinique devant le but, porte littéralement le PSG et offre une force de percussion et une profondeur indispensables au bon fonctionnement de l’ensemble. S’il y a un niveau où le bât blesse, il se situe clairement au milieu de terrain, secteur dans lequel Herrera, Paredes, Danilo Pereira, Wijnaldum et dans une moindre mesure Gueye n’ont pas répondu aux attentes. Si l’on peut tirer une conclusion de cette moitié de saison, c’est que Marco Verratti n’a jamais été aussi indispensable.

Lors de la victoire du PSG sur City en septembre, Pep Guardiola avait publiquement déclaré sa flamme au milieu de terrain italien, auteur d’une prestation XXL qui avait enchanté le Parc et prouvé une fois de plus que le public parisien avait les yeux de Chimène pour son chouchou. On comprend aisément le technicien espagnol, tant la palette dont peut faire étalage le petit hibou s’avère aussi impressionnante que variée. S’il lui reste des scories à gommer dans son jeu (un engagement parfois à la limite, une propension agaçante à prendre un carton par match, une tendance à aller pleurer constamment auprès de l’arbitre), il est capable d’abattre un gros boulot à la récupération, de conserver le ballon face au pressing adverse, de temporiser quand il le faut ou au contraire d’apporter une essentielle verticalité par sa qualité de passe vers l’avant. Il possède un profil unique parmi les milieux de terrain de l’effectif, incroyablement complet, à la fois gratteur de chique, premier relanceur et meneur de jeu. Son aisance technique et sa vista lui permettent de briller aux quatre coins du terrain et, en son absence, le jeu de l’équipe perd grandement en qualité et en fluidité. Il est aussi important qu’un Mbappé, dont on a régulièrement entendu dire qu’il était l’arbre qui cache la forêt  d’un PSG souvent fragile et sans imagination.

Les armes fatales face au Real ? © Icon Sport

Recruté en 2012 par les nouveaux propriétaires qataris contre une dizaine de millions d’euros alors qu’il évoluait dans l’anonymat de la Serie B avec Pescara, Marco Verratti s’est progressivement imposé comme l’un des hommes phare du projet QSI. Il s’est forgé une réputation qui fait saliver tous les directeurs sportifs de la planète et un palmarès qui force l’admiration : joueur le plus titré de l’histoire du PSG (24 titres, dont sept championnats, à égalité avec des barons comme Larqué, Revelli, Coupet, Juninho et Thiago Silva) et le plus capé en Coupe d’Europe avec 67 apparitions, ce qui est tout sauf anecdotique quand on connaît le passé européen du club. Tous les entraîneurs qui se sont succédé aux manettes du PSG ont compris l’importance de Verratti et salué le niveau et la régularité de ses performances, d’Ancelotti à Blanc en passant par Emery et Tuchel. Tous ont loué son attachement viscéral au club (il envisage de terminer sa carrière à Paris alors qu’il a le niveau pour évoluer dans n’importe quel top club européen), son professionnalisme souvent entaché d’une image de dilettante à l’hygiène de vie discutable, sa capacité à bonifier le collectif, son intelligence balle au pied, son sens du tempo et son envie de jouer constamment pour les autres. Alors que le président de Rennes Frédéric de Saint-Sernin s’était interrogé à l’époque sur l’opportunité de son transfert et le voyait évoluer avec la réserve, Verratti a mis tout le monde d’accord et fait aujourd’hui l’unanimité.

Blessé au genou puis à la hanche, l’Italien a manqué quelques matches à l’automne et son retour a fait un bien fou. Face à Brest, à l’occasion d’un match globalement maîtrisé et séduisant, il a fait étalage de toute sa classe et a été au four et au moulin (crédité d’un 6 dans L’Equipe, on se demande ce qu’il doit faire pour obtenir mieux). Contre les Bretons, il a démontré sa faculté à combiner dans les petits espaces, à relancer proprement, à aérer le jeu tout en ne laissant pas sa part au chien sur le plan défensif. Il a même failli marquer, fait rarissime pour lui, trouvant le montant du pointu au terme d’une action lumineuse. Pour Pocchetino, c’est une excellente nouvelle de retrouver un Verratti aussi au point physiquement que juste techniquement. L’entraîneur argentin a eu trop souvent tendance à balader son joyau d’une position à l’autre, n’hésitant parfois à le faire jouer sur un côté. Il semble avoir enfin compris que Verratti devait évoluer comme la pointe basse d’un trident de l’entrejeu, position idéale qui lui fait jouer les numéro 6 en défense tout en lui permettant de faire le lien entre la défense et l’attaque, à l’image d’un Pirlo, jamais aussi à l’aise qu’en meneur de jeu reculé. C’est à ce poste de milieu axial qu’il donne sa pleine mesure et permet à l’équipe de respirer par sa première transmission toujours inspirée et sa faculté à briller au cœur du jeu. Espérons que les expérimentations tactiques de Pochettino l’épargneront et qu’il continuera de s’épanouir dans ce rôle de sentinelle-premier relanceur qui lui sied à merveille et donne de l’oxygène à toute l’équipe.

A un petit mois du match aller contre le Real Madrid, les interrogations ne manquent pas. Neymar sera-t-il opérationnel et compétitif ? Messi se montrera-t-il à la hauteur de l’événement ? Ramos aura-t-il droit à une place de titulaire ? Faut-il laisser tomber le 4-3-3 au profit d’un 3-5-2 ? Quels milieux faut-il aligner pour contrer le redoutable trio Casemiro-Kroos-Modric, véritable machine à conserver le cuir ? Comment contrer le duo Vinicius-Benzema alors que le PSG concède trop de tirs cadrés et ce même à des adversaires modestes ? Alors que Pochettino prépare le grand rendez-vous et cherche des réponses, la présence de Verratti constitue une garantie on ne peut plus précieuse. De retour à son meilleur niveau, l’Italien sera un caillou dans le jardin d’Ancelotti et, alors que tous les regards seront braqués vers le peut-être futur Madrilène Mbappé, un des atouts maîtres du PSG. Jamais aussi à l’aise que lors des grandes rencontres et imperméable à la pression, Verratti saura faire parler son expérience et sa science du jeu face aux merengue. Quand le bateau tanguera, il sera celui qui saura rassurer son monde et jouer les capitaines de bord, même si Marquinhos fait souvent office de dernier rempart face aux vagues adverses. Face à une équipe éminemment joueuse, on peut compter sur lui pour contrôler le rythme, apporter de l’agressivité, trouver une passe que seul lui a vu, batailler dans le rond central et alimenter ses attaquants en bons ballons. Pour passer l’obstacle Real, le PSG aura besoin d’un grand Verratti. Si on ne doute pas une seconde qu’il répondra présent, il faut juste espérer qu’il ne se blesse pas. S’il le faut, nous irons mettre un cierge à l’église.


Denis Ritter

Tutoyer les étoiles

Peuple parisien, il est temps.
Il est temps de se dire les choses les yeux dans les yeux.
Il est temps de regarder la réalité en face.

Il est temps de se dire qu’en 10 ans, malgré demi-finale et finale, le PSG n’a pas progressé en tant que club. Il est temps de se dire qu’avoir Neymar, Messi, di Maria et Mbappé ne fait pas une grande équipe. Il est temps de se rappeler que les Galactiques n’ont jamais rien gagné.

Il est temps de se dire que Cisco Llacer connaît mieux le foot que Nasser. Il est temps de se dire que si on avait besoin d’un tennisman, on rappellerait Yannick Noah. Il est temps de se dire que tant que personne n’expliquera à l’Émir que Messi, c’est super pour l’image, pour vendre des maillots mais que mettre 80 millions sur deux ans pour un joueur qui partira ensuite à Miami ou ailleurs, ce n’est pas sportivement ce qu’il faut. Qu’avec cette somme, on aurait pu recruter pour l’avenir les meilleurs jeunes en Europe (ou ailleurs).

Il est temps de se dire que le sportif arrive en troisième position dans la stratégie de QSI (après le soft-power et le merchandising) et que tant que ce sera le cas, on n’avancera pas. On ne progressera pas en tant qu’institution, en tant que club.

Il est temps de se dire que Neymar est un échec. Un énorme échec. Pas seulement pour ses performances en dents de scie, pour ses blessures récurrentes ou ses envies d’ailleurs les premières années. Il est temps de se dire qu’au lieu de s’intégrer et d’améliorer un collectif, on a donné les clés du camion à Neymar et que Neymar, aussi talentueux soit ou fut-il, n’est ni Pelé ni Maradona et qu’il ne peut pas faire la différence tout seul. Il est temps de se rappeler que le football est un sport collectif. Qu’on joue à 11. Qu’un jeu, ça se construit lentement, match après match, patiemment et que Neymar à lui seul ne peut être notre plan de jeu.

Il est temps de se dire qu’en quatre ans, Neymar a tué le jeu collectif des Rouge et Bleu. Pas de sa faute, parce qu’on ne lui a pas demandé d’y participer. Parce qu’on a pensé que son seul talent pouvait faire la différence. Parce qu’on a cru que le football pouvait exister sans complémentarité, que les étincelles peuvent devenir incendie et que l’Europe s’embraserait devant nous. Mais non.

Il est temps de se dire qu’on a fait tellement d’erreurs que c’est normal que nous en soyons là, actuellement. Dans ce grand vide que nous vivons. Dans ce rien auquel nous sommes arrivés.

Il est temps de se dire que si les problèmes perdurent depuis Ancelotti, Blanc, Emery, depuis Tuchel et sous Pochettino, c’est que le problème se trouve ailleurs. Il est temps de se dire que si ces entraîneurs talentueux réussissent ailleurs, c’est que vraiment, le problème ne venait pas d’eux.

Il est temps de se dire qu’il faut tout remettre à plat. La stratégie, le jeu, la vision à long terme, l’effectif, le directeur sportif, l’entraîneur, le projet.

Il est temps de se dire que les Qataris comprennent autant le football que les Américains. Il est temps de se dire qu’une Swatch marche aussi bien qu’une Patek Philippe, que les deux donnent l’heure. Il est temps de se dire qu’en plus de joueurs de talent, de joueurs complémentaires, il faut acheter des caractères. Des Sorin, des Heinze, des Fernandez qui n’ont pas seulement envie de prendre un gros chèque mais de devenir un meilleur groupe, une meilleure équipe jour après jour. Il est temps de se dire que personne ne déteste la défaite au PSG. Il est temps de se dire que Messi est triste d’être au PSG et que jamais, malgré son immense talent, il ne peut représenter l’avenir du PSG. Sauf à considérer que l’avenir, c’est vendre des maillots en Asie.

Il est temps de se dire qu’il est encore temps. temps de changer de stratégie, temps de penser collectif et complémentarité plutôt que paillettes (pas Dimitri, hein) et individualités.

Il est temps de se dire que quand on a le meilleur joueur du monde sous nos couleurs (encore pour quelques jours et souhaitons-le, quelques années), il faut tout faire pour qu’il veuille tout gagner avec nous. Que chaque future recrue doit être là pour servir ses qualités, que chaque composition de match doit le servir pour qu’il nous rende autant.

Il est temps de se dire tout ça car comme le disait si bien Francis Borelli : « Qu’importe, on pourra même me traiter de fou, il n’y a rien que ces couleurs parisiennes qui illuminent mon cœur. »


Safet Sous X

Du viagra et vite !

Qui dit fin d’année, dit heure du bilan de mi-saison.
Et avouons-le, ce dernier n’est pas présentable aux supporters que nous sommes
et ce n’est pas Jérôme Reijasse qui nous contredira. 

C’est peut-être cette époque merdique, de France divisée, de peur entretenue. Où Zemmour , délinquances urbaines et Covid semblent être les seules réalités. C’est peut-être ces nouveaux maillots juste bons à déguiser les touristes, tous hideux, tous symboles de la perte de notre identité, de ce désir écœurant et stupide de vouloir effacer le passé pour mieux rentabiliser le futur. C’est peut-être de devoir depuis quelques temps regarder les matchs du PSG en streaming, avec le décalage temporel qui fait que tes potes abonnés à Prime deviennent tous des prophètes et te spoilent involontairement le film à coups de textos, avec les spams porno ou d’assurance-vie ou de paris sportifs qui te pourrissent la diffusion. C’est peut-être le fait de ne plus aller au Parc et d’être convaincu très intimement que le Parc ne peut plus être pour toi qu’un monument aux morts.

C’est peut-être la lassitude après ces 27 premières rencontres toutes compétitions confondues où, malgré notre première place en championnat, cette qualification en huitièmes de ligue des champions, je n’ai quasiment jamais bandé. C’est peut-être Messi qui n’a pas envie d’être là et qui ne fait même rien pour le cacher et qui a plus raté en trois mois chez nous qu’en mille ans au Barça. C’est peut-être le fait que le PSG qatari est condamné à répéter les mêmes erreurs éternellement parce qu’il ne sait construire que sur du sable, sur ce fantasme débile que le football, c’est forcément 11 stars. C’est peut-être tous ces bons joueurs que Paris transforme en fantômes, Wijnaldum comme dernier exemple assez frappant.  C’est peut-être Mauricio et sa tête de déserteur résigné. C’est peut-être l’absence de Neymar, seul vrai créateur, seul capable d’y aller, même à 4 contre 1.

C’est peut-être ces rumeurs plus qu’insistantes d’une coupe du monde tous les deux ans, de ce pot-de-vin officiel de la FIFA avec ces 17 millions promis aux fédérations qui valideraient ce projet mortifère. C’est peut-être que le football comme pas mal d’autres pratiques trop anciennes pour être honnêtes, risque d’être avalé et digéré et chié dans la grande fosse par ce fléau que les Américains appellent « G.R.E.E.D ». C’est peut-être de voir chaque matin tous ces mômes avec ce masque sur leurs tronches. C’est peut-être de nous voir marcher et jouer au handball sans idée pendant 90 minutes. C’est peut-être tous ces supporters parisiens qui ne jurent que par la LDC. C’est peut-être parce que plus un jeune du centre de formation ne monte en équipe première. C’est peut-être parce que quand Auteuil a fêté son anniv, il n’a pas salué Boulogne.

C’est peut-être parce que le PSG vient de s’offrir un record effrayant avec plus de 115 matchs sans aligner jamais le même onze. C’est peut-être parce que Javier me manquera pour toujours. C’est peut-être parce que je sais que ce qu’il manque au PSG, aucun billet vert, aucun gaz, ne peut l’acheter.  C’est peut-être parce que Jules n’est déjà plus dupe de nos errances coupables. C’est peut-être parce que Verratti joue un match sur douze. C’est peut-être parce que Degorre a encore trempé sa plume dans la merde pour vendre du papier. C’est peut-être parce que certains des nôtres ont déjà condamné Navas. C’est peut-être parce que pour pour la première fois en trente ans, le PSG ne va pas me manquer pendant la trêve hivernale.

Que retiendrons nous de cette équipe ? Éventuellement des trophées. Pas si mal? Oui. Mais quand je repense à Sušić, Raí, Ronnie, Pauleta, Javier pour ne citer qu’eux, ce n’est jamais avec une coupe brandie vers le ciel. Même le soir de la finale contre Saint-Étienne, LE MATCH qui depuis ma province me confirma que ce serait Paris, c’est une passe, un but, un geste pour rien et indélébile qui remonte à la surface. La gloire… c’est bien la gloire. Ça brille. C’est cool. Je prends. Pas de problème.   Mais aux médailles, je préférerai, toujours, l’appartenance. Mon vieux mantra. Et c’est peut-être pour ça SURTOUT que je suis encore là à maudire nos joueurs et à insulter nos ennemis avec la même rage et le même humour plombé qu’autrefois. Parce que sinon, le spectacle est atterrant, souvent. Pas un match référence depuis août. Rien. Des randonneurs. Le néant en tongues.

Alors, si le père Noël pouvait déposer sous notre sapin un soupçon d’esprit collectif, sur le terrain comme en dehors…  joyeuses fêtes peuple parisien. Vaccinés et non vaccinés. PSG4LIFE


Jérôme Reijasse

De l’indigestion de saumon en environnement footballistique

Ces derniers temps, nous sommes peu enclin à l’introspection : les pétro-dollars qataris nous font tourner la tête. Pour la génération de supporters qui n’a connu que Zlatan et Neymar ou pour celle, antérieure, qui a volontairement oublié ce qu’il s’est passé, il semble utile de rappeler un épisode que je considère pertinent et structurant pour comprendre le parcours du PSG, aujourd’hui encore.

Et pour ça, il faut descendre dans le métro. C’est une sorte de cave dans laquelle habite un grand serpent mécanique (cet article a aussi été écrit pour un public d’enfants de 3 ans dans l’objectif de massifier la cible de Virage Paris). J’y ai retrouvé le souvenir d’une soirée magnifique qui explique, très partiellement certes, l’errance du PSG – errance dont il n’est pas sorti depuis, du moins pas encore, malgré les centaines de millions d’euros investis – et apporte un éclairage rétrospectif, quoique lointain, sur ces défaites lamentables contre Barcelone, Madrid et Manchester United, qui finalement explique aussi l’échec des dirigeants actuels, plutôt tennismen que footballeurs.

Ligne 13, compressé entre plusieurs viandes humaines. Heures de pointe. Élue « pire ligne du monde ». Suis nez à nez avec un contribuable lambda, membre manifeste des classes macron-compatibles, qui procédait, ce fasciste (la suite explique ce qualificatif désagréable), à une prise d’air buccale, non par le nez donc, mais par la bouche, pour assurer un des besoins fondamentaux de l’homme : respirer. Mais pourquoi donc ai-je insulté ce chaland médian ? La réponse revêt la nudité de l’évidence : parce qu’il puait de la gueule. Attention, pas comme un picolo ou une bouche mal lavée, plutôt comme quelqu’un qui a des restes de chair humaine en décomposition coincés entre les dents depuis plusieurs semaines. Réexpérimenter, même en souvenir, le miasme exhalé par son four inamical heurte mon odorat en pensée. Et là, va savoir, j’ai lié dans mon esprit cette haleine fétide, la même que celle de Jabbah le Forestier, à un repas très arrosé : une grosse tablée de bouffe qu’il aurait ingurgité, avec ses doigts, baigné de jaja râpeux, une espèce de banquet du Moyen-Age, avec des faisans rôtis, des sangliers à la broche, du saucisson d’âne et beaucoup de saumon fumé LIDL.

Suivant le fil de mes souvenirs dans des instants d’apnée obligatoires, la réduction drastique d’air m’a provoqué une hallucination : tout à coup, est apparu Emile Zola qui me tendait L’Assomoir, ouvert en deux sur les pages de description du repas gargantuesque que Nana organise chez elle, au milieu du livre. Tu ne te souviens pas, Lecteur, c’est un souvenir très enfoui, mais tu as été au collège… ou pas, il est vrai que tu es supporter de football. Ce souvenir planté, Emile a disparu et le monsieur est descendu. Seul face à ce bouquin épais, flottant dans l’espace au-dessus des passagers du métro, là, j’ai compris…

Avant d’aller plus loin, je voudrais dire que j’ai bien conscience, à ce stade, de vous avoir complètement perdu, et que plus personne ne lit ce papier… C’est pourquoi, je pourrais glisser ici, à l’aise, un lien vers un site Tor zoophile ou des insultes à la mémoire de l’Abbé Pierre, sans qu’absolument personne ne s’en aperçoive.

Nico face aux Vikings © Icon Sport

Ce dont je voudrais parler, j’y viens, c’est du PSG-Rosenborg, le 7-2. Et te dire à toi, unique lecteur survivant, insomniaque et dépressif, pourquoi ce long détour. Ma thèse est la suivante : ce soir-là, les ennuis du PSG ont commencé, des ennuis sportifs mais aussi éthiques, en suite de ce premier carton en Ligue des Champions. Et ces ennuis, si j’essaie de leur donner un début, j’espérais du même coup au fil des années leur donner une fin : la défaite magistrale contre le FC Barcelone, 6-1… le coup de grâce fatal au PSG que l’on a vu naître la nuit du 7-2. La secousse parfaite qui vient conclure le parcours ! Puis, il y a eu le 7-1 face aux Celtics ! Une victoire ! Le même nombre de buts que face à Rosenborg. Un jalon complémentaire au renouveau ou une nouvelle chute ? Les Celtics sont-ils le nouveau Rosenborg ? A-t-on troqué des Suédois pour des Écossais ? De l’aquavit pour du whisky ? Bref, est-ce à nouveau le début de la fin ? Peut-être, car il y a eu cette défaite contre Madrid… cette pathétique défaite l’année suivante, qui ne nous a pas préparé à celle contre Manchester United, où le ridicule a côtoyé le nul.

Je me rappelle Courbis, notre grand ami, dire un jour, en substance : un match c’est comme un film, si les spectateurs trouvent que les acteurs ont été bons, ils se diront que le réalisateur n’est pas trop con. Que penser des deux années Unai Emery alors que le PSG n’a jamais eu jusqu’à elles les moyens qu’il a eu ? Pour trouver une quelconque qualité à Emery, il faut être un croque-mort alsacien, ascète protestant chiant comme un dimanche pluvieux à Colmar, qui vit depuis trente ans sur une réputation éculée et rabotée comme les dents d’une octogénaire, il faut être Arsène Wenger et proposer la Coupe du monde tous les deux ans. Quant à Tuchel, tout le monde semble en être satisfait, mais je ne sais pas pourquoi. Qu’est-ce qu’il a fait Tuchel ? Rien de plus que ses prédécesseurs, voire moins avec plus. Ah si, une finale de Ligue des Champions l’année précisément où elle ne valait pas un clou car jouée sur un tour, sans public, dans le contexte d’incertitude puissant qui pèse sur la première pandemie planétaire post-mondialisation. Quant à la Pochette, il fera un petit tour puis il circulera, comme les autres avant lui. En dehors de Laurent Blanc, quel entraîneur nous a marqué, réellement, avec lequel nous avons vu une différence dans le jeu ? Qui nous a surpris ? Avec qui on s’est dit qu’il y avait quelque chose qui se passait ? Si j’avais su un jour que je défendrais Laurent Blanc…

Ce 7-2 contre Rosenborg est un des piliers sur lesquels le PSG que nous avons tous connu s’est construit. Je parle du PSG tel qu’il vit aujourd’hui, à travers ses supporters historiques, dans leur diversité, et ce peu importe ses propriétaires. Ces derniers vont et viennent, ils achètent, vendent. Le PSG est une marque, une entreprise, c’est comme ça, c’est le monde dans lequel nous vivons et que nous acceptons plus ou moins en fonction du portefeuille réel de l’actionnaire. Ces derniers temps, nous ne nous en plaignons pas. Les Qataris sont blindés et ils n’hésitent pas à sortir le « cheikhier » à feuilles d’or pour écrire plein de zéros. Oui, ce 7-2 est un des piliers sur lesquels repose aujourd’hui notre perception du PSG : un club qui n’avance pas parce que tout le monde s’y sent très à l’aise…

Laurent de Gala © Icon Sport

Ce soir-là, rappelle-toi, on a vu un Laurent Robert de gala, un Frédéric Déhu à son meilleur, un Anelka-champagne, bref, une constellation de talents organisée pour flinguer du Suédois, ces géants blonds qui nous narguent parce qu’ils ont 4% de chômage et une dette réduite. On les a pulvérisés les Vikings et ils sont rentrés chez eux la corne entre les jambes, sur leurs drakkars bouffer du saumon et faire du ski de fond. Dieu, ce que je me sens étranger au nord du monde ! Et ce soir-là rappelle toi aussi cette latence morbide, cette satisfaction d’être les meilleurs, cette absence d’humilité de joueurs qui se sont vus trop beaux. Le 7-2 nous a laissé de magnifiques souvenirs et beaucoup d’espoir. Nous étions heureux au sortir de ce match, confiants dans les capacités de notre équipe à bâtir sur les fondations de cette soirée. 7 buts ! Incroyable, non ?

Ce 7-2 était un sommet de gloire. Mais pas le genre de sommet qui entre dans la légende du PSG. Peu de gens se rappellent de ce match somme toute anecdotique, le genre de sommet qu’on pourrait plutôt assimiler à un pic sur un encéphalogramme plat. C’était un festin de but et comme lorsque l’on a trop mangé on s’endort. Le PSG s’est senti ce soir-là un potentiel pour faire mieux que d’éclater Rosenborg, il s’est imaginé un destin européen, peut-être pérenne. On connait la suite et la suite n’a pas encore pris fin. Depuis, ils dorment, repus, ils ont fait bombance. Et le recrutement de Neymar a été le jalon complémentaire et spectaculaire à cette dépense qui dure et qui dure depuis quinze ans, sans parler de l’arrivée de Messi, le radin assis sur des centaines de millions incapables de retourner à 33 ans la faveur que le Barca lui a faite de lui signer 5 ans avant le plus gros contrat de l’histoire du sport. Il terminera comme Beckham, dans le ventre des convives de Nana.


Mehdi C.

Kylian, je t’aime

Pardonne-moi d’avoir recours à ce stratagème : une lettre, laissée sur un coin de table, cela manque sans doute d’élégance, ou de courage.
Mais j’avais besoin de te parler en restant calme, d’organiser mes idées.
Besoin de conserver un semblant de dignité, aussi, pour te demander :
Kylian, mon amour, reste.


Je te revois, le jour où nous avions officialisé notre relation. Ton costume, ta jeunesse, ton sourire. Ton sourire surtout, à la réflexion. Tu sais comme il me faisait craquer… Évidemment c’est facile, mais je veux croire que tu étais heureux d’être à mes côtés, ce jour-là, pendant la conférence de presse au Parc. Non, je dois regarder la vérité en face, je le sais : tu étais heureux, et rayonnant alors qu’aujourd’hui, tu ne l’es plus. Ou plus de la même façon. Et moi je n’ai pas su voir à quel moment cette lumière s’était éteinte.

Bien sûr, on change plus vite à 20 ans qu’à mon âge, et je ne peux m’empêcher de me dire que j’aurais dû me douter, et t’écouter mieux. Me dire que cela aurait changé quelque chose. Que si j’avais été plus attentive tu ne l’aurais pas vue, ou pas de cette façon-là.

Madrid est séduisante, évidemment. Et même si bien sûr nous n’en avions jamais parlé ouvertement, je sentais qu’elle te plaisait, avant même que l’on vive ensemble. Si tu savais comme ça me fait mal d’écrire ça… Mais tu vois, je me suis promis d’être honnête, et aussi de ne te faire aucun reproche. Alors oui, Madrid est une capitale magnifique, et elle te faisait rêver, comme j’ai moi-même pu cesser de le faire, au fil des jours. Pourtant, je refuse de croire que tout est fini entre toi et moi.

Bien sûr qu’après quatre années de vie commune, on ne se voit plus de la même façon. Et bien sûr que je ne t’ai pas donné tout ce que tu voulais, lorsque nous avons débuté notre relation. Cette Ligue des Champions que l’on voulait tant. Notre ligue des Champions. On en a tellement parlé. Pourquoi est-ce qu’on n’en parle plus aujourd’hui, tous les deux ? Je ne saurais même pas dire comment le tabou s’est installé. Comme si tu avais cessé d’y croire, ou comme si ça n’était plus une raison assez forte pour te donner l’envie de rester.

Alors qu’elle, je sais, des coupes, elle en a déjà offert à ses amants, tu n’as pas besoin de me jeter ça au visage. Est-ce rassurant pour toi ? Ou excitant, au contraire ? Mais moi, au-delà de l’humiliation, j’y crois encore, à cette histoire qu’on s’était promise, pour nous deux, et tellement fort. Je crois juste que nous n’étions pas encore prêts, je crois qu’en un sens c’était trop tôt, je crois que l’an passé, et l’année d’avant, pendant le confinement, nous sommes passés si proche, toi et moi, d’accomplir ce rêve, que ça ne peut que marcher demain.

Mais surtout, j’ai tellement envie de partager ça avec toi. J’ai tellement envie que ce soit toi qui m’offres ça.

Là-bas, tu serais un après d’autres. Alors, oui, elle te traitera en star, elle te sourira, comme elle sait le faire, je ne m’inquiète pas pour toi. Mais si un jour elle t’offrait ce qui te manque tant, tu crois vraiment que ça aurait la même force qu’avec moi ? Le combientième serais-tu à partager ça avec elle ? La rejoindre, ce serait n’être qu’un de plus, et ça elle ne te le dit pas. Je refuse de croire que tu accepteras d’être le nouveau Zidane : ça c’est un destin à la Marvin Martin. Je ne peux pas imaginer que récupérer le flambeau d’un Benzema te fasse triper. Lui, tout le monde l’aura oublié dans dix ans. Ici, tu pourrais les dépasser tous. Moi je te propose d’être le premier. L’unique.

Moi je brûle encore. Moi j’ai encore envie de toi, et je sais qu’on peut toujours construire ce qui n’a jamais été construit nulle part, tous les deux. Quelque chose de plus grand, de plus beau. Quelque chose qui donne envie à des gamins de devenir le nouveau Kylian, et pas une autre meringue sur le plateau de la vieille confiserie de Castille.

On va écrire cette histoire, toi et moi, il suffit que tu le veuilles encore. Moi, je ne te demande rien d’autre. Parce que cette future joie d’accueillir dans notre foyer une première coupe, c’est avec toi que j’ai envie de la partager, plus que jamais. Nous en sommes si proches !

Je comprends que j’ai pu te donner l’impression de vouloir te contrôler, et au final de t’étouffer. Je comprends que tu n’es plus le même que lorsque nous nous sommes connus. Je comprends que tu as besoin d’être ce nouveau toi-même, un Kylian plus adulte. Je n’ai aucun problème avec ça, au contraire : je sais que je t’aimerai tout autant et même sans doute davantage une fois débarrassé de cette image de gendre idéal. Alors vas-y ! Chante, crie, hurle, sois toi-même Kylian ! Et laisse-moi chanter, crier, hurler à tes côtés. Grandis, cours, vole. Mais laisse-moi voler avec toi.

Jamais je ne t’empêcherai d’être celui que tu as envie de devenir : un champion, un leader. J’ai tellement envie de ça pour toi, pour nous. Kylian, je t’aime. Je ne te supplierai pas. Reste.

Carrément méchant, jamais content

« Ah vous les supporters du PSG vous n’êtes jamais contents » me lança un jour dans un sourire Denis Chaumier alors directeur de la rédaction de France Football.
Un peu plus de 10 ans plus tard cette phrase est plus vraie que jamais.

Pourtant en 10 ans, que n’avons nous vécu comme grands moments ! Et complètement inimaginables à ce moment là !
A l’époque nos gardiens s’appelaient Coupet et Edel, nos stars Giuly, Makélélé et Nenê. Quelques mois plus tôt, l’OM venait d’être champion et s’était imposé logiquement au Parc, un dramatique soir de 28 février. La mort venait de frapper devant la tribune Auteuil. Rien ne serait plus jamais pareil. Les abonnements supprimés, le Parc karcherisé, certes les résultats sportifs n’étaient pas trop mal (4ème du championnat), mais difficile pourtant d’être « content »…

Dix ans plus tard le PSG est pour certains LE favori de la ligue de champions. Le meilleur joueur du siècle est chez nous et il vient de signer un doublé contre Leipzig en phase de poule de LDC, bien aidé en cela par, à mon sens, le meilleur joueur du monde actuellement et cela pour au moins 10 ans. Nos gardiens s’appellent Navas et Donnarumma. Premier de notre groupe à mi-parcours. Premier en championnat avec 9 victoires en 10 matchs. Et pourtant…

Pourtant qu’est ce que j’entends ? « on n’a pas de fond de jeu », certes je suis assez d’accord, « il faut virer l’entraîneur », là je ne suis plus d’accord. Ce sont les mêmes que ceux qui voulaient virer Tuchel il y a un an, comme il fallait virer Emery, Blanc, Ancelotti…Et qui voulaient garder Kombouaré… Je ne fais pas partie de la Team Poche comme l’ami Arno-P-E (mais pourquoi P-E ? Le saurons-nous un jour ?) mais le virer n’aurait aucun sens. Même si je ne comprends pas tous ses choix, laissons le finir la saison. A minima. Bien sûr on peut me parler de Chelsea qui a changé d’entraîneur en cours de route les 2 fois où il gagne la LDC… Il y a des exceptions à toutes les règles. Mais la stabilité pour gagner en foot reste quand même la norme. Oui il faut du temps pour construire un collectif, espérons que nos dirigeants finissent par le comprendre et arrêtent de tout chambouler au gré du vent mauvais, de leurs humeurs pas vraiment monotones. Ah les réseaux asociaux, nouveau fléau à qui l’on donne bien trop d’importance.

Il y en aura toujours pour critiquer

Voilà qui nous amène à l’affaire du poison nommé Wanda. Étalage sentimental sur la voie publique, résultat, le PSG se retrouve sans avant-centre avant un match capital de LDC. Faut il en rire ou en pleurer ? Si l’on en croit les nombreuses langues de vipères cela n’est pas grave puisque le gominé serait complètement nul. Encore une fois ce sont les mêmes je pense qui crachaient sur Cavani… Icardi est un 9, un vrai. Celui qui dans la surface peut se rater une fois, voire deux. Mais jamais trois. Icardi cette saison c’est 5 titularisation pour 3 buts. Bien sur ce n est pas lui qui va revenir défendre comme Cavani. Tiens, c’est drôle on reprochait à Cavani de revenir défendre, aujourd’hui on reproche à Icardi de ne pas le faire… Vous avez dit jamais contents ?

Depuis mardi Mbappé et Messi ont fait taire tous les commentaires imbéciles les concernant, au moins jusqu’à aujourd’hui. Par contre le troisième larron lui n’échappe pas à la crucifixion de ces « supporters ». On parle ici du numéro 10 du Brésil, born to be a star. Il faut reconnaître que son début de saison est dans la lignée de la fin de la précédente. C’est à dire décevante et insuffisante. Oui c’est vrai il a perdu son instinct de tueur, il a plus de mal à effacer ses adversaires et à faire la différence, oui c’est vrai. Mais Neymar reste le Ney. Un joueur parfois agaçant mais qui peut vous faire gagner un match à tout moment. Comme Ronaldinho en son temps. Espérons que cette semaine entre deux bouteilles au Pachacha club Ronnie ait pu lui glisser deux mots sur comment humilier les marseillais au vélodrome.

Concernant la LDC certains s’amusent par rage, dépit, désespoir, et jalousie à dire que le PSG ne l’a pas gagnée en 10 ans, que le projet du Qatar serait donc un échec. Il est intéressant de voir que sur les 10 dernières années, seuls 5 clubs ont gagné la LDC… Selon leur logique tous les autres clubs sont donc des nuls. Bref, il y a eu, il y a et il y en aura toujours pour critiquer, que ce soit par bêtise, envie, ou juste par habitude, arrêtons de leur donner trop d’importance, ils ne le méritent vraiment pas. L’indifférence sera toujours plus forte que la bêtise et la haine.

L’indifférence voilà un autre symptôme dont certains supporters parisiens sont atteints. Là c’est plus grave. Certains éprouvent une lassitude devant nos matches. N’arrivent plus à s’enflammer comme avant. « La fauve passion va sonnant l’oliphant » écrit Paulo. Non pas Le Guen, Verlaine. Cela peut s’expliquer à priori par le fait que gavés de titres (mais jamais rassasiés pour ma part) ces supporters ne s’intéressent plus qu’à la LDC. A partir des quarts. Bien sur il est vrai que les poules n’ont pas grand intérêt, bien sûr le championnat peut paraître fade par moment. Mais ce qui rend les grands moments si mémorables c’est leur rareté. Voir le temps de l’attente. A ceux là je dis, si dimanche soir vers 20H55, le cœur ne bat pas plus vite, si la bave aux lèvres ne vient pas, si l’envie de vomir votre haine de l’OM n’est plus là, alors il sera temps effectivement de vous inquiéter. Et comme écrivait Paulo (non pas César, mais encore Verlaine) à peu de choses près : « Comme les bons époux d’il n’y a pas longtemps, 
Quand l’un et l’autre d’être heureux étaient contents, 
Qui vivaient, sans le trop chanter, allez le PSG ! »


J.J. Buteau