Portrait

Luis Fernandez Virage PSG

Luis, Luis, Luis !

« Alors après Ginola et Simone, c’est qui ton prochain bellâtre ? Raì ? Rocheteau ? Niederbacher ? Vampeta ? » me lança d’un air mi-moqueur, mi-goguenard
notre vénéré rédac’ chef.
Non trop facile, trop évident. Et le sujet n’est pas la beauté physique, mais l’amour que l’on a ressenti à un moment envers un joueur sous notre maillot parisien. Un instantané sur l’amour platonique mais néanmoins pur et enflammé ressenti pour un amorti et un dribble de Ginola
ou une frappe de Simone un soir de PSG-OM en 1999… 

Aujourd’hui je m’attaque au petit bonhomme comme l’appela Thierry Roland pour la postérité, un soir de juin 1986, où il fit pleurer le Brésil tout entier.  Déjà en quart de coupe du monde, 20 ans avant Zidane. Les plus vieux l’auront déjà reconnu, je vais vous parler « du fils » comme l’appelait le président Borelli. Aujourd’hui, je m’attaque à « Luis » et j’en jubile d’avance !  Parler de Luis Fernandez, c’est raconter l’histoire du PSG. Parler de Luis c’est parler de passion, de trahison, de ferveur, de haine, de gloire, de rage, de victoires historiques, de douleurs, de Légendes, de sueurs, de blessures et bien sûr d’amour. L’amour d’un joueur envers Le président, d’un joueur envers son club, de supporters pour un joueur, de supporters pour leur capitaine, de supporters pour leur entraineur, de supporters pour une Légende.

Raconter Luis et le PSG, s’approche plus de la Saga que du court-métrage. Alors je vais essayer de faire court, mais il y a tant à dire… Mon premier souvenir de Luis c’est un poster de l’effectif du PSG dans la chambre de mon frère. Le foot n’est pas encore une de mes préoccupations premières, mais je suis déjà allé au Parc et je connais quelques joueurs. L’époque se veut chevelue et au milieu de toutes ces pilosités débridées, deux joueurs que je ne connais pas attirent mon œil d’enfant. D’abord les sourcils épais et la grosse moustache de Domenech, puis le visage d’un garçon cheveux courts, l’œil malicieux du plaisantin qui sourit déjà à la blague qu’il va sortir. Je regarde alors les posters à côté des 2 saisons précédentes. Il y est déjà.

Bien-sûr à l’époque je ne savais pas que ce Luis Fernandez avait débuté au Parc 4 ans plus tôt, avec le PSG face au Nancy de Platini et de Moutier. D’ailleurs, je ne connais pas encore Moutier et encore moins l’histoire de ce match et du penalty obtenu par Luis à la 89ème minute pour une faute du portier Nancéen, pas encore obus certifié de la porte de Saint-Cloud. Pas mal pour un premier match. Vous l’aurez compris je suis né au PSG durant ces années-là, les premières victoires en coupe, les premières stars personnelles, les Bathenay, Rocheteau, Dahleb, Pilorget, Sušić… et même Jean-Claude Lemoult que je préfère à son camarade du milieu Luis Fernandez. Trop violent, trop râleur. Je suis bien le seul. Luis est déjà le chouchou du Parc.

Luis Fernandez Virage PSG
La dégaine du capitaine © Panoramic

Luis, c’est une dégaine. Inimitable. Reconnaissable entre toutes. Légèrement courbée, short monté haut, chaussettes baissées.  A cette période Luis a beau être de tous les combats et se montrer un très grand joueur qui n’arrête pas de progresser, il reste aussi ce joueur capable de péter les plombs et capable de les faire péter aussi à l’adversaire. Petits coups, grosses fautes, intimidation, chambrage, Luis qui, je crois me souvenir a été élu le joueur le plus détesté du championnat par ses adversaires. A mon sens un mélange de crainte et d’admiration. Il faut dire qu’à son poste de milieu récupérateur il est parmi les meilleurs et devient logiquement international. Malheureusement, niveau protestations vis-à-vis des arbitres il ferait passer Marco Verratti pour un enfant de cœur.

Nous sommes à l’aube de la saison 1985-1986, le nouvel entraîneur du PSG a une idée géniale mais prend un énorme risque. Il passe un deal avec Luis. Il le nomme capitaine du PSG, mais en échange il demande un comportement irréprochable sur le terrain. La chenille se débarrasse définitivement de sa chrysalide, Luis épure son jeu. Plus de contestation, plus de carton, seulement la hargne au service du jeu pour récupérer les ballons et les donner proprement autour du lui. Il sera un acteur majeur du premier titre de champion du club. Grâce à lui Sušić régale, Rocheteau finira meilleur buteur, le PSG établira un nouveau record de matchs sans défaite. Le capitaine parfait qui sera élu meilleur joueur de la saison et recevra l’étoile d’or de France Football (le joueur le mieux noté sur toute la saison). Une saison de pur bonheur avec au bout notre premier titre de champion de France.

Dernier match de la saison au Parc, juste pour le plaisir. Paris est déjà champion, la victime désignée s’appelle Bastia, déjà relégué en deuxième division. Soirée de gala pour fêter le titre. Le club décide de ne pas faire payer les places ! Le Parc est plein. Le virage Auteuil est condamné, une scène y a été installée pour un spectacle de variété ! Sur le terrain Paris s’amuse et mène déjà 2 à 1 quand Paris obtient un deuxième penalty. Rocheteau le tireur attitré vient d’en rater un quelques minutes plus tôt (il en a raté un autre contre Bordeaux la semaine passée en demi-finale de coupe). Grand seigneur, le meilleur buteur du championnat laisse à son capitaine le soin de marquer le dernier but de la saison. Sous les « Luis ! Luis ! Luis ! Luis ! »  le chouchou du Parc exécute le gardien du Sporting. Paris l’importera 3 à 1, le coup de sifflet final et la clameur du Parc restera à jamais dans ma mémoire comme un des plus grands moments de ma vie de supporter. Le champagne coule à flot, un feu d’artifice est lancé (le premier au Parc je crois ?).

Luis Fernandez Virage PSG
L’amour flou. Michel et Luis en 86 © Panoramic

A ce moment l’amour entre Luis et nous est à son summum, un instantané pour un moment d’éternité. L’été arrive, avec la coupe du monde au Mexique. La bande à Platoche fait rêver tous les français. Deux ans plus tôt la France a remporté le championnat d’Europe avec un Platini stratosphérique. Luis y a grandement participé. J’ai ce souvenir particulier que même aligné en tant qu’arrière droit en poule contre la très crainte Belgique du jeune prodige Enzo Scifo et autres stars belges comme Ceulemans, Pfaff ou encore Vercauteren, il déroulera comme toute l’équipe. Pour ce qui est peut-être encore aujourd’hui l’un des matchs de l’équipe de France les plus aboutis. 5 buts à 0. Luis ira même de son but personnel. Pour les matchs suivants, Luis réintégrera le milieu pour instaurer le fameux carré magique que le monde entier nous enviera. Platini, Giresse, Tigana, Fernandez. A-t-on vu mieux ?

C’est donc plein d’espoir que nous voyons les français partir au Mexique. Un premier tour un peu difficile, avec notamment un grand match en poule contre l’impressionnante URSS. Match nul 1- 1 grâce à un but de Luis qui égalise. Passe lobée de Giresse pour Platini qui dévie pour Luis, contrôle en pleine course et plat du pied face au meilleur gardien du monde Rinat Dasaev. Ouf on respire, la France sauve l’essentiel. En huitième, l’Italie championne du monde en titre s’inclinera devant la supériorité des français. En quart ce sera donc ce match rentré dans la légende de la coupe du monde face au Brésil. Le match idéal pour ce gamin qui rêvait devant les exploits de Pelé en coupe du monde seize ans plus tôt. L’histoire retiendra que c’est lui qui sauvera Platini de l’opprobre populaire que n’auraient pas manqués de jeter sur lui tous les jaloux, rageux et abrutis de toutes sortes à cause de son tir au but manqué. L’histoire retiendra aussi que c’est lui qui avec son allure si particulière prendra tout son temps pour aller tromper le gardien auriverde, pour éliminer le grand Brésil des Zico, Socrates, Junior ou autres Careca. Comme quatre ans plus tôt en demi-finale, la RFA mettra fin aux espoirs français. Retour en France.

Et puis la nouvelle est tombée. Brutale. Les rumeurs disaient vraies. A l’époque pas d’internet, pas d’émission radio ou TV quotidienne. Non. Juste les journaux. Comment je l’ai appris ? Je ne sais plus mais je me souviens de cette couverture du magazine ONZE ou l’on voit Luis présenter le calendrier de la saison avec le maillot ciel et blanc du Racing club de Paris. Tout juste promu en première division. Luis nous a trahis. Il nous quitte. Et en plus pour aller chez l’ennemi. Double trahison. Il devient le joueur le mieux payé du championnat. Il a choisi l’argent du puissant Matra Racing qui va investir massivement pour monter une grosse équipe, à la fidélité et l’amour de son club de toujours. Le PSG qui pourtant va disputer pour la première fois la coupe des clubs champions, qui vient de recruter le messin Bocandé et le Nantais Halilhodžić qui rejoignent Dominique Rocheteau en attaque. Les trois meilleurs buteurs du dernier championnat réunis sous le même maillot !

Luis Fernandez Virage PSG
Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi. © Panoramic

Il faut bien comprendre qu’à l’époque la rivalité avec l’om n’existe pas. L’ennemi c’est ce nouveau riche, ce Racing qui décide de quitter Colombes pour jouer ses matchs à domicile au Parc des Princes. Ce Racing qui ouvertement déclare vouloir être le seul grand club à Paris. Ce Racing qui avec son argent nous a volé notre fils chéri. Les deux derbys se joueront donc au Parc. Luis devient LE renégat. Pour son retour au Parc, Luis sera conspué. Normal. Au match retour le coquin de sort fait que Le PSG s’impose 1 à 0. But de Luis Fernandez contre son camp. Au final, tout le monde sera perdant. Le PSG se fera sortir dès le premier tour de la coupe d’Europe par le terrible Vítkovice…. En championnat, ce sera une anonyme et décevante septième place. Saison décevante. Pour le Racing, ce sera pire. Malgré l’argent et ses stars, les ciel et blanc termineront 13ème. Loin. Tellement loin des ambitions européennes. La saison suivante sera tout aussi décevante pour les deux équipes. Respectivement 15ème et 7ème. La saison d’après sera la dernière de Luis dans un Matra Racing en perdition qui finira 17ème. Lagardère se retire. Fin de l’aventure.

Puis vint le pire pour un footballeur. La blessure au genou. Grave. Je ne me rappelle plus combien de mois Luis sera absent, mais dans le milieu on le dit perdu pour le football. Beaucoup lui tourne le dos. Dans cette intersaison 1989, une rumeur folle circule, libre de tout contrat Luis s’entraîne avec le PSG ! On se prend à rêver à un retour, le président Borelli aimerait tellement, mais l’entraîneur parisien Tomislav Ivić en décidera autrement. Luis rebondira finalement à l’AS Cannes ! Là-bas il retrouvera son niveau et lors de la saison suivante il finira même à la quatrième place, synonyme de première qualification historique en coupe d’Europe pour le club de la Croisette. Luis retrouvera même l’Equipe de France du sélectionneur Platini qui fera un sans faute en éliminatoire de l’Euro 92. Ah, ce but contre l’Espagne ! le copié/collé de celui qu’il avait déjà mis contre l’Espagne en amical en mars 1988. Un geste rarement vu. Une volé ciseaux de face en pleine course ! On pourrait appeler ce geste une Luis Fernandez ©.

C’est à Cannes, où il a retrouvé le président Borelli, que Luis mettra un terme à sa carrière de joueur pour commencer celle d’entraineur ! Il conduira de nouveau le club en coupe d’Europe avec un jeu offensif et chatoyant. De son côté le PSG est devenu la propriété de Canal+ et le PSG vient de remporter son deuxième titre de champion de France. Mais une campagne de dénigrement a lieu pour dire que le style de jeu du PSG est trop défensif et n’est pas assez spectaculaire. Le club décide alors de se séparer d’Artur Jorge et de faire revenir Luis Fernandez. Les objectifs fixés par le club sont « conjuguer plaisir et efficacité ». Luis est encore jeune et encore joueur dans sa tête, des tensions naissent, les joueurs ne comprennent pas toujours leur entraîneur. Pourtant on doit à Luis le replacement de Daniel Bravo au poste de libéro devant la défense et également le renouveau de Raì, jusqu’ici décevant à Paris. On lui doit également un grand parcours en Ligue des Champions avec un grand chelem en poule, et un grand George Weah qui remportera le ballon d’or en décembre. Même si le libérien sera lors au Milan AC, c’est aussi en partie pour ses exploits parisiens, auquel Luis n’est pas étranger, qu’il le doit.

Luis Fernandez Virage PSG
La Samba des Minguettes © Panoramic

Le PSG ne terminera que troisième en championnat mais une coupe de la ligue et une coupe de France viendront s’ajouter à notre palmarès. Pourtant le point d’orgue de cette saison 94-95 restera cet exploit en quart de finale de la Ligue des Champions face au grand Barça du Maître Johan Cruyff. Luis qui a prénommé un de ses fils Johan en hommage au hollandais. Les deux matchs seront de très haut niveau. Dans ce duel des entraineurs à sucette, c’est l’élève qui dépassera le maître. Le retour et la frappe de Vincent Guérin resteront dans la Légende. La saison suivante rentrera aussi dans l’histoire du foot français avec un H majuscule. Pas pour le championnat où, malgré un football champagne et une première place jusqu’à la 31ème journée, le club va s’effondrer et donner le titre à Auxerre…

Non l’exploit c’est en Europe que Paris va le réaliser en remportant Le coupe des vainqueurs de coupe. A ce jour Luis est toujours Le seul entraineur français à avoir gagné une coupe d’Europe avec un club français. Il est aussi l’entraîneur qui y a entrainé le plus de matchs.Oui car après ce triomphe, comme il était prévu depuis longtemps, nos chemins se sépareront. « Je reviendrai, le PSG c’est mon club, je suis un fils du PSG ». Pour l’heure c’est Bilbao. Et sa particularité de ne recruter que des joueurs basques. Luis y fera des merveilles, il fera même vivre des soirées de Ligue des Champions à San Mamés après avoir terminé deuxième du championnat. Sa côte est au plus haut, on parle même de lui pour entrainer Barcelone.

C’est le cœur qui parlera en 2000 quand il revient au PSG en cours de saison. Le PSG est douzième, son projet « banlieue » est un projet « fiasco ». Anelka n’a pas l’âme d’un leader et les Dalmat ou autres Luccin n’ont pas les épaules pour jouer au PSG. Avec Luis, Paris fera illusion en Ligue des Champions face aux Milan AC mais vivra un vrai calvaire en Espagne. Paris mène 0-3 à La Corogne, mais s’inclinera 4-3… Irréel… Comment est-ce possible ? La gestion du match bien trop défensive de Luis, sera montrée du doigt. Une saison à oublier. La suivante verra Luis nous faire un recrutement hispanique de qualité. Arteta, Heinze, Pochettino, Cristobal et l’arrivée de celui qu’on annonce comme la future pépite brésilienne, j’ai nommé Ronaldinho. Paris finira seulement quatrième. Luis et le staff ont tout fait pour que le prodige brésilien soit au top de sa forme pour la coupe du monde. Il y sera champion du monde. Les deux saisons suivantes resteront des déceptions, Ronnie n’assumera jamais vraiment son statut. On retiendra les victoires contre L’om et la danse de Luis au Parc devant son banc, rendant fous de rage les marseillais. Pour le retour au vélodrome Luis rejoindra son banc sous la protection du… GIGN !!! 

Mais aussi ce 4 décembre 2002 et ce PSG-Lyon où Luis a mis son poste d’entraineur dans la balance. Le mois de novembre a été cauchemardesque, quatre défaites en cinq matchs. Le PSG est 7ème et toute la presse réclame la démission de Luis. Laurent Perpère le président « mais qu’est-ce que je fais là je n’aime pas le foot » lui mettra aussi la pression. Luis demandera alors aux supporters de choisir. Si le Parc réclame son départ il partira. Le jour du match la tension est là. En face il y a le grand Lyon, le champion, les Coupet, Anderson, Juninho et cie,  mais peu importe ce soir il faut gagner. Comme à l’époque où il était joueur, des « Luis ! Luis ! Luis » descendront des tribunes. Avant, pendant et après le match.  Le peuple a choisi. Luis est des nôtres, c’est le fils. Ces « Luis ! Luis ! Luis » sont ceux d’une lionne protégeant ses enfants, un mélange d’amour sans retenu, de colère face à la presse, face à ce président qui ne comprend rien au foot, face à tous ceux qui nous souhaitent le pire. Pour la petite histoire Paris gagnera 2-0 avec une ouverture du score pleine de rage de Heinze, celui qui sur le terrain nous rappelait tellement la grinta qu’avait Luis joueur.

Le dernier match sera cette finale de coupe de France perdue face à Auxerre, avec un arbitrage scandaleux de Layec, la sordide canaille. Pour Luis, suivront différentes expériences, Le sauvetage de l’Espanyol Barcelone, le Qatar, Jérusalem, etc… Les plus jeunes le connaitront uniquement comme animateur sur RMC. Quel dommage… Certains imbéciles vous diront, c’est celui qui ne faisait pas jouer Ronaldinho. Oui c’est vrai, mais comment ne pas sanctionner un joueur qui faisait rejaillir son manque de sérieux plutôt que son talent sur le groupe ? Les coupables sont le joueur lui-même et l’incompétence d’un président. Le Luis entraineur pour moi c’est celui qui est porté en triomphe par ses joueurs, coupe d’Europe dans les mains un soir de mai 1996.

Quant au Luis joueur… En même temps que j’écris ces quelques pages je regarde la finale PSG-Nantes de 1983 diffusée sur l’equipe 21, en une action tout Luis est résumé. Il récupère le ballon à l’entrée de sa propre surface, remonte la ballon, accélère, donne le ballon à Dahleb au milieu de terrain, Luis continue sa course, Dahleb transmet  à Toko qui lance Luis qui n’avait pas stoppé sa course et était disponible, Luis récupère le ballon devant la surface de réparation et son contrôle élimine Bossis qui part aux fraises. Mais Luis glisse, Tusseau s’approche pour prendre le ballon mais Luis à terre met son corps et sa tête en opposition empêchant le nantais de prendre le ballon. L’arbitre siffle, Luis reste à terre réclamant un coup-Franc imaginaire. Et là, stupeur des canaris, Monsieur Vautrot siffle en faveur de Paris. Tusseau en relevant Luis explique de bonne foi à l’arbitre qu’il n’y a rien. Luis se relève et fait alors un bisou sur la joue du défenseur nantais qui reste complètement interloqué.

Cette action résume tellement ce qu’étais Luis, un formidable joueur, une mentalité de vainqueur, un zeste de chambrage, cette dégaine unique et éternelle. Il y en aurait tellement à dire sur Luis… Pour terminer, une dernière anecdote datant du 11 mars dernier. Qui d’autre que Luis pour venir craquer un fumigène devant le Parc des Princes avec les supporters avant le match contre Dortmund en Ligue des Champions ? Puis aller ensuite tranquillement manger un sandwich au kebab ? Luis c’est Luis, il est comme il est, mais surtout, Luis c’est la famille.

Luis Fernandez Virage PSG
Claquette Chaussette  © Panoramic

J.J. Buteau

Thiago s'en va Virage PSG

Thiago s’en va

Après 8 ans de bons et loyaux services, THIAGO SILVA va quitter le PARIS SAINT-GERMAIN. Même les meilleures choses ont une fin. Personne n’est éternel. Il n’est de bonne compagnie qui ne se quitte. On peut dérouler les lieux communs à l’infini, mais ça risque d’être un peu léger pour compenser l’absence d’un tel MONUMENT.

Thiago s'en va virage psg
Capitaine © Panoramic

Arrivé du Milan AC à l’été 2012, auréolé du titre officieux de « meilleur défenseur du monde » et étiqueté à près de 50 Millions bonus inclus, Thiago Silva n’est pas instantanément tombé amoureux du PSG. Il répétait même régulièrement qu’il n’avait pas choisi de quitter la Lombardie et qu’il se verrait bien y retourner. Un petit coup de saudade bien compréhensible. Paris et la France faisaient alors la connaissance d’un personnage discret, sobre, souriant mais pas trop. Un mec simple, à l’opposé du cliché du Sud Américain fantasque et fêtard. Un petit pas de samba devant les caméras ? Très peu pour lui, ce n’est pas le genre de la maison.

Très rapidement, le Brésilien a montré pourquoi Leonardo avait tant insisté pour le faire venir. S’il ne fait que très peu parler de lui en dehors du terrain, c’est parce que ses performances sur la pelouse parlent d’elles-mêmes. Une fois le coup d’envoi donné, Thiago devient « O Monstro ». Sérénité, efficacité, assurance, anticipation, vision du jeu, qualité de relance exceptionnelle, il a toutes les qualités du défenseur moderne. Les regrets du divin Paolo Maldini lorsque Silva a quitté Milan étaient totalement fondés. Avec des performances de très haut niveau, une autorité naturelle sur sa défense, Carlo Ancelotti n’a pas hésité longtemps avant d’en faire son capitaine. Il en a été de même avec Laurent Blanc, Unaï Emery et Thomas Tuchel. Tous se sont appuyés sur le Brésilien et en ont fait un indispensable. Ou presque.

Thiago s'en va virage psg
Chef de meute © Panoramic

Il y a tout de même eu un épisode plus délicat avec Emery. Au moment d’affronter Barcelone au Parc des Princes, Thiago Silva est blessé au genou et ne peut disputer la rencontre. Le résultat, on le connait : un 4-0 mémorable et un Kimpembe en feu qui a fait rôtir Messi pendant 90 minutes. L’épisode aurait pu être rangé dans la boîte à (bons) souvenirs si le match retour n’avait pas été cette humiliation historique qui nous fait encore cauchemarder. Dans un match où toute l’équipe a sombré, Thiago Silva n’a pas su insuffler un vent de révolte à ses coéquipiers. A l’inverse, il a beaucoup reculé malgré les injonctions de Emery à faire monter le bloc. Alors Thiago Silva, un coupable tout trouvé ?

Pour Emery en tout cas, il semblerait que oui. Il n’hésite pas charger son ancien joueur dans des propos à peine voilés dès qu’on lui remémore cet échec qui a défié toutes les statistiques. Il faut bien expliquer l’inexplicable, surtout quand on s’est fait virer d’Arsenal et que l’on n’a plus de club. Alors c’est Silva qui prend, ainsi que l’arbitre. Concernant ce dernier, il est clair qu’il a des comptes à rendre. Mais Emery devrait peut-être se demander pourquoi Silva n’a pas fait remonter son bloc. On peut se dire qu’en capitaine expérimenté il a peut-être senti que son équipe n’était tout simplement plus capable de se ressaisir. L’autre explication, largement reprise depuis, est la suivante : Silva c’est une pleureuse, il se chie dessus dans les grands matchs. Pardonnez-moi cet écart de langage, j’essayais juste de rester fidèle aux propos.

Thiago s'en va virage psg
Chelsea Forever © Panoramic

Il n’aura fallu qu’un seul match, certes catastrophique, pour salir la réputation du Capitão. Oublié le but de la qualification contre Chelsea. Oubliées ses performances XXL contre Barcelone, Valence, Lyon etc… O Monstro était alors devenu ce petit être émotif et fragile, deux traits de caractère passibles des pires outrages dans le monde du football. Et depuis, on entend que le Brésilien n’est jamais présent dans les grands matchs. Les idées reçues ont la vie dure, car malgré des dizaines de matchs parfaits, cette réputation ne l’a plus quitté. J’y vois surtout un mauvais procès intenté par ceux pour qui le foot n’est qu’un combat, du sang et de la sueur. Mais ce sont aussi des larmes, de l’humanité, des failles. On peut être le meilleur défenseur vu en 50 ans au PSG et ne pas être parfait. Mais réduire le capitaine le plus capé de l’histoire du club à quelques rarissimes contre-performances est d’une malhonnêteté scandaleuse.

Thiago Silva appartient à la race des Seigneurs. Il a sa place aux côtés des Maldini, Nesta, Beckenbauer, Blanc… Des défenseurs terriblement efficaces et d’une élégance rare. De ces joueurs dont on dit qu’ils pourraient jouer en smoking sans même le froisser. Il est de ceux qui tutoient les Dieux du ballon et qui ont rendu le poste de défenseur à la fois beau et captivant, à des années lumières des soutiers et roublards à la Sergio Ramos. Thiago Silva n’est pas du genre à faire une clé de bras à un attaquant, lui. Face à son adversaire direct, quel qu’il soit, il n’y a généralement qu’une option : O Monstro prend la mesure de son client, le jauge puis le met dans la poche de son short. Kylian Mbappé, lorsqu’il était encore à Monaco, a payé pour voir. Il a vu.

Thiago s'en va virage psg
Légende XXL © Panoramic

Thiago Silva est de ces joueurs qu’on ne peut vraiment admirer que dans un stade, les 42 pouces d’un écran plat étant bien trop petits pour comprendre l’étendue de son travail. Ses yeux sont partout, sa voix sur chacun de ses équipiers, à tout instant, car le placement de son latéral en couverture à l’autre bout de l’action sur un corner offensif est défini au millimètre. Il est chiant Thiago. Un duel aérien défensif gagné n’a de sens que si la balle, qu’il récupérera (à chaque fois) est immédiatement transformée en première passe pour la prochaine attaque.

Rien n’est laissé au hasard. Rien ne peut être laissé au hasard. Si le football n’était qu’un métier, sa photo d’employé du mois, jaunie par le temps n’aurait jamais été délogée du tableau devant la cafét’ depuis le premier jour où il arriva au Camp des Loges pour exercer sa profession. Sakho disait de lui qu’il était le meilleur footballeur avec lequel il ait jamais joué. Il est dans tous les cas le meilleur professionnel de ce métier. Les élèves Marquinhos et Kimpembe devront prendre la relève du maître. Une lourde charge à porter, mais ils ont eu le temps d’apprendre en le regardant.

Au crépuscule de ces magnifiques années que l’intéressé aurait voulu prolonger dans une nuit étoilée, Il reste un gout amer, injuste, d’un joueur dont on ne saura apprécier l’immensité que lorsque son absence se fera sentir. L’histoire du PSG s’écrivant à la vitesse folle d’une fusée obsédée par ce qui est devant elle et ne prenant jamais le temps de regarder en arrière le chemin parcouru, le piédestal de Thiago attendra. A moins qu’une dernière fois, un soir d’été, notre meilleur défenseur du monde ne décide de faire ce dont il a le plus pris l’habitude pendant son passage ici : soulever un trophée, et nous faire pleurer.

Thiago s'en va virage psg
Obrigado adeus © Panoramic

Ce texte a été écrit avec le concours de Nicolas Polly


Café Crème et Sombrero
bon voyage camarade virage PSG

Bon voyage camarade

Il ne sert à rien de pleurer. CAVANI est parti. CAVANI, c’est fini.
Ce sont quelques lignes sur la toile qui me l’apprennent.
Un communiqué anonyme, rapide, définitif.

Bien sûr, ce n’est pas la surprise du siècle. Tout le monde savait que cet été, l’attaquant uruguayen irait certainement défier les statistiques ailleurs, sous d’autres couleurs. On pourrait blâmer ici ce putain de virus, qui a gâché une saison qui s’annonçait belle et mouvementée. Qui a empêché des adieux vibrants au Parc. Qui a bâillonné notre Histoire. Notre meilleur buteur s’en va. Et c’est comme si cela n’avait pas la moindre importance. C’est le foot, c’est la vie, c’est comme ça.

À l’heure où des ignares revanchards souhaitent diviser et déboulonner certaines statues, j’aurais aimé voir celle d’Edison accueillir les supporters à l’entrée du Parc. Une statue où le Matador aurait, pour l’éternité, visé le ciel avec son fusil imaginaire. Il n’en sera rien. Ce départ anticipé, ce refus de participer à ce tournoi au Portugal, version light et américanisée de la Ligue des Champions, sans matchs aller/retour, sans public, en août, me laissent un goût amer. Un sentiment d’inachevé plutôt désagréable. Frustrant.
 
Edinson a préféré nous quitter avant un éventuel miracle. Pourtant, c’est bien lui que j’aurais aimé voir brandir le trophée aux Grandes Oreilles. Lui avant tous les autres, Marco, Thiago Silva, Marquinhos, Neymar, M’Bappé… Pas seulement parce qu’il a explosé les compteurs. Non. Cavani était un guerrier, un solitaire au service de l’équipe, un mec qui défendait comme il attaquait, avec bravoure et abnégation. Sans calcul. Une gueule d’Indien, des cheveux cascade, un regard qui ne fuyait jamais le vide, un cri, “Vamos”, capable d’enflammer le Parc.
 
Edinson Cavani Virage PSG
« Paris » © Panoramic
 
Je ne parlerai pas d’amour du maillot. Cette expression, que j’ai pourtant utilisée jusqu’à la nausée tout au long de mon existence de supporter, ne veut rien dire si on accepte de s’avouer les choses. Elle est facile et ridicule, elle est un gimmick, un raccourci pratique et sans âme. Cavani, comme TOUS les autres, aimait d’abord jouer au foot, son salaire vertigineux et les privilèges qui allaient avec, collectionner les médailles et les primes. Cela ne l’a pas empêché d’honorer son contrat et l’engagement moral passé avec le public parisien.
 
Cavani, oui, est irréprochable. Certains amis, prophètes de malheur, ont presque applaudi à l’annonce de ce départ. Cavani appartenait déjà au passé, il valsait déjà avec l’oubli. Suivant ! Je ne suis pas d’accord. J’ai beau chercher et je ne trouve pas. Je ne trouve pas dans l’histoire du football moderne un attaquant aussi méprisé par son Club, malgré les records arrachés, malgré les buts salvateurs. Quand je dégaine cet argument, voilà ce qu’on me rétorque : Cavani n’était pas à plaindre, il gagnait très bien sa vie, c’était un individualiste qui cachait bien son jeu, à part son coup-franc contre Marseille en fin de match, il n’aura servi à rien, bla-bla-bla…
 
Parler de Cavani au passé, déjà, c’est triste. Mais faire son procès sans mémoire, sans coeur, je trouve ça déplorable. Remontons le temps. Afin d’éteindre une bonne fois pour toutes ces voix ingrates et amnésiques. Cavani n’est ni un traître ni un cynique. Quand il est arrivé dans la Capitale, je m’en souviens, personne n’a sauté de joie. Moi le premier. Cavani, c’était ce mec de Naples, qui brillait avec Lavezzi dans les surfaces adverses. Mais c’était bien Lavezzi qui portait tous nos espoirs. C’était bien Lavezzi que les ultras napolitains pleuraient à chaudes larmes. Pas Edinson. Lui avait quitté le San Paolo sous les sifflets.
 
Edinson Cavani Virage PSG
« Marseille » © Panoramic
 
À peine arrivé, Cavani, c’était déjà un second choix, un remplaçant de luxe, un titulaire par défaut. Il allait devoir faire ses preuves. Il allait devoir s’effacer devant la girafe suédoise, jouer à droite, se taire et cravacher, en attendant son heure. Si elle se présentait même un jour. Je n’ai pas oublié ces reproches descendus des tribunes un soir de match contre Arsenal, cette infamie populaire parce qu’Edi avait raté plusieurs occasions soi-disant immanquables. Voilà l’amour de Paris pour son buteur. Pas le droit à l’erreur. Pas le droit de douter. Pas le droit de n’être qu’un homme. 
 
Cavani n’est pas un technicien génial. Certes. Et alors ? Paris est-il localisé au Brésil ? Paris n’adore-t-il que les artistes ? Paris peut-il s’offrir le luxe d’être aussi exigeant ? Rêver plus grand ! Hahahahaha, je me marre. Edinson a incarné l’esprit parisien plus que tout autre joueur depuis l’arrivée du Qatar. Il était des nôtres, il était comme nous, malgré les millions d’euros, malgré ces adieux sans fanfare ni écharpes tendues ni larmes de reconnaissance. Il aimait le Parc, c’était une évidence, il a consacré sept années de sa vie au PSG. Pas mal pour un mercenaire apatride et sardonique, non ? 
 
Je ne comprends pas cet acharnement, cette volonté de piétiner ce qu’il a été, simplement parce qu’il a fait le choix de poursuivre son aventure sportive ailleurs qu’à Paris. Ces supporters oublieux sont peut-être déçus, pauvres amoureux se sentant trahis, et ils préfèrent brûler tous leurs souvenirs, exorcisme de pacotille et carrément infantile. Si Edi devait demain nous crucifier en Europe, j’y verrais l’expression lumineuse d’une justice rétroactive. Et, une fois la déception digérée, je l’applaudirai encore et encore, notre Sud-Américain amateur de pêche et de moutons…
 
Edinson Cavani Virage PSG
« 200 » © Panoramic
 
Je repense soudain aux adieux de Pastore au Parc. Cette kermesse indigente, cet ultime salut au rabais. Le PSG ne sait pas honorer ses chevaliers. Il ignore l’art de la gratitude. Il pense qu’un Club, ça se conjugue d’abord au présent, voire au futur. Le passé peut bien aller chanter sa mélodie glorieuse et paradoxale ailleurs. Cavani va me manquer, que l’on gagne toutes les finales des dix prochaines années ou pas. Cavani va manquer à mon fils. Mon fils qui avait compris, sans que je le force, que le Matador était plus qu’un buteur, mais bel et bien l’incarnation d’un certain esprit de résistance. 
 
Cavani n’était pas une diva. Voilà peut-être la principale raison de cette drôle de relation entre lui et les siens. Il n’était pas glamour, pas branché, pas TikTok. Il n’était que lui-même, avec tous ses défauts et ses failles. Il était le seul à avoir sa chanson. C’est cela qui devrait vous mettre la puce à l’oreille, à vous, ses détracteurs, qui jubilez sans attendre. À tous ceux qui pensent que le PSG ne devrait être qu’une collection de stars indiscutables. 
 
Icardi va peut-être rendre cette séparation anecdotique mais à l’heure du grand bilan, il ne faudra pas l’oublier, l’Uruguayen. Jamais ! Et à défaut de l’aimer, ce sublime maillot, il l’a mouillé, il l’a déchiré, il l’a porté sans jamais baisser la tête, sans jamais abandonner. Que peut-on demander de plus à un joueur, sérieusement ? Cavani mérite notre respect et une place à part dans nos coeurs d’enfants trop gâtés. Longue vie à lui ! 
 

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Jérôme Reijasse

 

San Marco Virage PSG

San Marco

Et c’est parti pour un deuxième opus sur les joueurs qui m’ont marqués d’amour,
pour qui notre maillot allait si bien, des joueurs beaux à voir et qui nous ont procuré des émotions inoubliables, à vous filer la chaire de poule rien qu’en y repensant…

Je n’ai pas pris beaucoup de risque en choisissant David Ginola pour premier choix, j’étais sûr de faire l’unanimité, et c’était l’évidence même. Cette fois ci, cela sera peut-être moins le cas… Quoique. Après il ne s’agit pas d’un classement de valeur, car on sait bien que quand on aime… Et puis comment peut-on faire des podiums et autres classements quand vous avez connu dans votre histoire des Raì, Sušić ou Dahleb pour ne citer que ceux qui sont les plus souvent nommés, à juste titre. Non, il s’agit juste d’une envie de se remémorer des moments de bonheurs passés, de manière aléatoire, en fonction de mes humeurs. Aujourd’hui, je vais vous parler d’un petit magicien italien prénommé Marco. AH ah ah je vois déjà les plus jeunes penser à notre cher petit hiboux (suis-je taquin), et bien non je pense plutôt à une chauve-souris… J’ai nommé Marco Simone, la recrue phare de l’été 1997

Attaquant du Milan AC, le club qui domine le football mondial depuis presque 10 ans. Vainqueur de Ligue des Champions, quadruple champion d’Italie, élu meilleur joueur italien en 1995. Je vous fais grâce des différentes Super Coupes d’Europe et continentales glanées également avec les rossoneri. Grand ami de George Weah, c’est donc un géant de 170 centimètres qui débarque à Paris. Bien sûr, les premiers esprits grincheux feront remarquer qu’il est souvent remplaçant au Milan. En même temps être remplaçant dans le plus grand club du monde de l’époque, c’est déjà une belle performance… Pour rappel, juste au niveau offensif, on a quand même du George Weah, du Paulo Di Canio, du Roberto Baggio, Gianluigi Lentini (Enorme espoir italien), du Paulo Futre, du Zvonimir Boban, du Locatelli,  de l’Eranio, du Donadoni  ou du Dejan Savićević … Arrêtez n’en jetez plus… Alors bienvenue à Paris Marco et en voiture Simone !

À son arrivée Marco séduit tout le monde sur et hors du terrain. A l’inverse de la majorité des autres joueurs du club, il décide de vivre en plein cœur de Paris. Sur le terrain la saison commence plutôt bien. Une victoire au Parc contre Châteauroux pour la première journée, puis pour la deuxième journée, un difficile déplacement à Auxerre. Le math est diffusé sur Canal+, on attend beaucoup de ce PSG, comme à chaque début de saison, on attend de voir à l’œuvre les Gava, Maurice, Rabésandratana et autre Revault appelé à être le digne successeur de Bernard Lama. Mais surtout on attend de voir LA star Marco Simone, et voir son entente avec Maurice (grand espoir français qui devait être le successeur de Papin ou autre Bernard Lacombe.) Raì et Léonardo.

Début du match, Gava néo-parisien se fait descendre par Lamouchi dans la surface, l’arbitre étrangement ne bronche pas. Et c’est l’AJA qui ouvrira le score. A la mi-temps les bourguignons mènent 2 à 0. Déception. Puis en début de deuxième mi-temps, ouverture de Le guen pour Marco qui dans un pur « style Simone »  trompe le gardien. 2 – 1 l’espoir revient. Marco récupère le ballon dans les filets et se dépêche de l’emmener au centre du terrain. Marco veut gagner. Paris veut gagner. Maurice pour le 2-2 puis Raì de la tête sur corner, le PSG s’impose 2-3 à Auxerre. Dans le vestiaire Marco confie au journaliste de Canal sa joie de gagner à l’Abbé Deschamps, car comme lui on dit ses coéquipiers « ma c’est toujoul très dour dé gagner içi ».

Marco Simone Virage PSG
Catch Me If You Can Léonardo – PSG-STEAUA

La lune de miel se continue avec un nouveau but contre l’AS Cannes la journée suivante, Paris est parti pour une grande saison, et puis et puis… match préliminaire de la Ligue des Champions, courte défaite 3 – 2 à Bucarest… Rien d’insurmontable. Mais…. On apprend quelques jours plus tard que Laurent Fournier était suspendu, il n’aurait pas dû jouer ce match. Paris a match perdu 3-0 sur tapis vert. Adieu les millions de la Ligue des Champions. Coup terrible pour les finances du club. Et puis, et puis… Ce match retour de dingue, cette ambiance de folie ce troisième but encore une fois tellement marqué du sceau Simone. Paris crée l’exploit pour un des plus grands exploits du foot français.

Ce début de saison si prometteur, comme souvent tournera au vinaigre avec l’arrivée de l’automne… Marco va participer au jubilé de la légende italienne Marco Baresi et se blesse. Pendant son absence de plusieurs semaines Paris va souffrir. Paris arrive 4ème à la trêve et est éliminé de la Ligue des Champions… à la différence de but, en faveur de la Juve (sans être dans le même groupe…Le règlement changera la saison suivante je crois). La deuxième partie de saison, alternera les bons moments et les désillusions… Mais comme toujours les coupes seront là pour donner un côté historique à cette saison. Cette saison qui sera la dernière du Président Denisot, du duo Ricardo/Bats et du Capitaine Raì… Cette saison qui verra donc la fin du chapitre des formidables années 90.

Finale de la coupe de la Ligue. La première au Stade de France. PSG–Bordeaux. Probablement la plus belle de cette épreuve en attendant peut-être le PSG-Lyon prévue post-covid…. Micoud ouvre le score en première mi-temps. Puis à dix minutes de la fin Paris obtient un penalty par Ducrocq. Raì n’en a jamais raté. Il ne rate jamais. Et pourtant…son tir est repoussé par Ramé, Loko a suivi et talonne intelligemment en retrait sur Simone qui égalise ! Dernière minute. Corner tiré par Gava, Ramé repousse des deux poings et à 30 mètres reprise de volée du gauche de Marco qui va foudroyer la barre transversale ! Cela aurait pu être le but de l’année ! Ce sera finalement prolongation et tir au but, la coupe ira à Paris !

Marco Simone Virage PSG
Raì félicité par toute l’équipe face à Bordeaux

Un mois plus tard, même endroit pour la première finale de Coupe de France au SDF. Cette fois les adversaires seront les chômeurs, consanguins et péd… ah oui non, les Lensois, champions de France ! Encore un but de Marco avec sa célébration christique, les bras en croix, pour crucifier les sang et or. Encore une coupe à Paris, la vitrine restera fermée pendant cinq longues saison… Saison 1998-1999, ou Le menhir breton est enfin calife à la place du calife. Mais fera n’importe quoi et boira le calice jusqu’à la lie. Et Pierre Lescure-Pilate s’en lavera les mains. Et oui, pour notre plus grand malheur, le rêve de Charles Biétry s’est enfin réalisé, il est devenu président du PSG à la place de son ancien ami de 30 ans, devenu son pire ennemi par jalousie. Donc par bêtise. Pendant sept ans, dès qu’il le pourra, le commentateur de Canal a passé son temps à critiquer le PSG, à tout faire pour donner une mauvaise image du PSG de Denisot. Il arrivera même à avoir la peau d’Artur Jorge, pourtant champion de France. L’imbus bedonnant et grisonnant distillera son venin dès qu’il le pourra. Et il finira donc par obtenir son Graal ! A peine arrivé, sa priorité sera de virer tous les joueurs trop « marqués Denisot ». Il rêve d’un PSG breton et voudrait avoir comme entraineur Joel Muller (Metz) ou Christian Gourcuff (Lorient)… Heureusement certaines personnes lui rappelleront qu’ici c’est Paris.

Bref malgré un budget transfert de 300 millions, le donneur de leçon breton initiera la pire saison que le PSG n’avait connu depuis bien longtemps. Jay-Jay Okocha, sa recrue phare pour 100 millions (record de l’époque) sera une déception par rapport à l’investissement, et que dire des fiascos que seront Casagrande, Laspalles, Carotti, Lachuer, Ouedec…Dès son arrivée il se brouille avec Marco, dernière star du club version Denisot, leader du vestiaire et chouchou du public. Les supporters se rangent derrière Simone dans le conflit qui oppose le président à l’Italien. Dès l’ouverture du championnat le Parc, et moi le premier, chantera des « Biétry démissions ». Marco est « des nôtres », pas Biétry. Pierre Lescure, patron de Canal avouera s’être amusé de la situation. Voir Biétry qui pendant des années aura tout fait pour avoir une place qui sera au final le plus gros échec de sa vie. Ultime affront, l’entraineur Alain Giresse, qu’il va rapidement virer, sera remplacé par… Artur Jorge. Choix imposé par la direction de Canal… Diminué, l’entraineur portugais ne pourra rien pour éviter la descente aux enfers…. Biétry partira en décembre. Le PSG est onzième et on parle relégation. La coupe d’Europe est déjà finie, humilié et sorti par le terrible Maccabi Haïfa…

Marco Simone Virage PSG
Artistes associés

17 ans plus tard dans une interview Marco déclarera « Biétry a brisé mon rêve de finir à Paris. Je n’ai pas un bon souvenir de cette personne ». Nous non plus. En moins de six mois Charles Biétry aura détruit ce qu’avait construit en sept ans Michel Denisot. Cette saison-là, nous aurons eu deux présidents et trois entraineurs. Record à battre il me semble ? C’est Philippe Bergeroo qui finira la saison comme entraineur et nous sauvera de la descente en terminant neuvième mais seulement à 4 points du premier relégable ! Mais revenons à trois journées de la fin. L’om vient en leader au Parc, les marseillais sont persuadés de nous envoyer en deuxième division et de prendre un avantage décisif pour le titre sur son adversaire direct Bordeaux qui a un déplacement compliqué à Lens. L’avant match est plus que tendu. Des marseillais descendent sur la pelouse pour provoquer les parisiens, certains parisiens descendront également du Virage pour répondre physiquement et violemment aux marseillais. Les CRS prendront le relais. « CRS avec nous » « CRS avec nous ». A l’époque les visiteurs sont dans le quart de virage à côté d’Auteuil. La haine est palpable, les insultes sont incessantes. Place au combat. Mort aux vaincus.

Côté terrain, le traitre Florian Maurice ouvre le score pour les visiteurs dès la 20 ème minute.  PSG 0 – 1 OM. Le scénario cauchemardesque se déroule devant nos yeux pendant tout le match. A Lens, Bordeaux est mené au score… Il ne reste plus que cinq minutes à jouer… Paris brûle-t-il ? Avec casque d’or nous avions eu un héros non prévu six ans plus tôt qui avait fait exploser le Parc, et voilà qu’à son tour, Simone se transforme en vengeur diabolique, avec cette frappe soudaine, imprévue, qui ira se loger dans le petit filet de Porato. A cet instant, le temps s’est arrêté. Le Parc n’a pas exulté non, le mot n’est pas assez fort, nous étions plus proche d’un état d’épectase. Je n’oublierai jamais la folie dans la tribune après ce but, des mois que l’on souffrait d’une saison pourrie, en subissant en parallèle un om qui faisait la course en tête…  Et puis surtout. Surtout, à part un match de Coupe de France alors que l’om était en deuxième division en 1995, nous n’avions plus battu l’om au Parc depuis 9 ans, et ce petit coup de tête de Zlatko Vujović qui avait fait chavirer le Parc en son temps… Sušić, Bats, Calderón, Reynaud, Charbonnier, Bosser… Un autre temps…

Imaginez-vous 9 ans de haine, de souffrance, de rage, d’humiliation, de frustration, d’injustice… tout cela a explosé de 40000 poitrines, ce fut une véritable déflagration. Marco qui enlève son maillot pour aller chambrer les marseillais et montrer son tatouage de Batman, oui, à ce moment-là Marco tu étais bien notre super-héros, et tu venais d’écrire un nouveau chapitre dans notre histoire, tu rentrais dans la légende. La plupart des supporters autour de moi n’étaient pas encore revenus du nuage de bonheur dans lequel tu nous avais envoyé, que l’improbable Bruno Rodriguez dribblait Porato et glissait le ballon au fond, pour achever la bête olympienne et la priver du titre, Bordeaux s’imposant de son côté à Lens dans les derniers instants. Oui car c’est bien ce soir-là que l’om a perdu le titre de 1999 et non pas 15 jours plus tard et ce PSG-Bordeaux de la dernière journée, qui fait toujours baver de rage Courbis et cela pas plus tard qu’hier sur RMC !

Marco Simone Virage PSG
La chauve-souris prend son envol face à l’om

La saison avait été dantesque, mais venait d’être sauvée en une soirée grâce à ce but de Marco qui fait encore pleurer aujourd’hui sur la Canebière et qui me file encore des frissons quand j’y repense. Peu importe ce qui s’est passé avant ou ce qui se passera après, cet instantané, ou après avoir insulté la tribune des marseillais, tu retournes te placer dans ton camp, les bras tendus qui battent comme une chauve-souris, le regard noir plein de rage, avec ces cheveux longs mouillés et cette barbichette faisant penser à un héros, mélange de petits animaux canidés indomptables, entre le chat Potté et Errol Flynn. Le site du PSG pour nos 50 ans vient de proposer un vote pour le plus grand match de l’histoire. Ce PSG-om fait partie des 5 nominés, avec celui de Bucarest. Présent dans deux des cinq matchs les plus grands de l’histoire. What else ?

Alors bien sûr, après, après… Il y a cette déclaration « En France, je ne pourrais jamais jouer ailleurs qu’à Paris ». C’est le cœur qui parlait. Mais Monaco est-il vraiment en France ? Et puis soyons honnêtes, regardons juste quelques noms de l’effectif offensif de Monaco cette saison-là : Lamouchi, Giuly, Gallardo, Pršo ou encore David Trezeguet… Qui n’aurait pas eu envie d’y jouer ? Monaco sera champion, Paris sera son dauphin. Heureusement la vie a fait que j’étais à l’autre bout du monde quand tu reviendras au Parc avec le maillot rouge et blanc la saison suivante. Je ne verrai donc jamais ce match ou parait-il certains supporters te siffleront à chaque ballon touché. « L’amour supporte mieux l’absence ou la mort que le doute ou la trahison », disait Pierre Maurois. Pour moi, tes vraies couleurs seront toujours rouges et bleus, et ton image sera pour l’éternité celle de Batman planant sur le Parc, comme ces soirs de glorieuses victoires contre Marseille ou Bucarest.

Grazie mille San Marco.


J.J. Buteau

Docteur Marqui & Mister Luan Virage PSG

Docteur Marqui & Mister Luan

Qui dit déconfinement ne dit pas reprise des compétitions.
Et dans toutes les conférences de rédaction, sur tous les sites de foot, ça rame dans son coin pour trouver du contenu : pas de match, pas de marché des transferts, certains vont finir en mode torticolis à force de pondre des « Retour sur… ».

Mais pas Virage. Pourquoi ? Parce que même si l’actu des joueurs du PSG est à l’arrêt, on n’a aucun remords à leur en inventer une. Et même si on sait pertinemment qu’on s’éloigne de toute trace de vérité, on se dit qu’au fond,
peut-être bien que d’une certaine manière on tombera juste.

Marquinhos redresse encore une fois l’écran de son Mac pour recadrer son image. Il l’avait un peu baissé tout à l’heure, pour que la lumière soit plus forte, mais quand il se rapproche de la caméra, on ne lui voit plus le haut du crâne.

Ou alors il reste adossé à son fauteuil ?
Il se dit que s’il reste adossé à son fauteuil,
c’est bon, la docteur elle le verra bien.

Marquinhos rabaisse l’écran de son Mac, pour que la lumière soit plus forte, juste un peu, et se recule dans son fauteuil. Comme ça oui, c’est mieux, voilà. À y regarder de plus près, il n’est pas tout à fait adossé d’ailleurs. En a-t-il conscience ? Il reste tendu, le dos à quelques centimètres à peine du dossier. 14h03 à l’horloge de l’ordinateur. Déjà trois minutes de retard sur le début de la séance, la psy n’est pas à l’heure. Marqui n’aime pas trop qu’elle soit en retard. Pas trop du tout. Elle lui a déjà expliqué que c’était à cause des autres patients, qu’il n’est pas toujours possible d’interrompre pile à l’instant prévu…

Lui, il a dit pas de problème,
il peut payer deux séances la suite,
pour être sûr qu’elle soit bien de l’horaire pile,
et que ça ne lui dérange rien…
Mais elle, elle veut pas.

« Vous êtes un patient comme les autres M. Aoás Corrêa, et vous avez besoin de moi comme les autres. Pas deux fois plus. Donc vous payez pareil que les autres et vous me verrez autant. Vous n’aurez qu’un créneau. » Bon… Le dos de Marquinhos est droit. Ses épaules contractées. Les minutes tournent. Il fixe l’écran avant de se rendre compte qu’il tapotait le tapis de souris de l’index.

Allons allons,
il ne devrait pas s’énerver autant comme ça,
ça ne sert de rien.

Il repose ses mains à plat sur le bureau de la chambre d’amis. Du coin l’œil il cherche une nouvelle fois s’il a bien tout réglé. Oui, la porte est fermée. Oui, la lumière bien dirigée. Oui, le cadrage vidéo. La fenêtre. Les mains. Et le silence. Ses yeux scrutent.  14h07, l’écran s’anime. La bouche de Marquinhos sourit. Ses dents lui ont coûté assez cher, il peut se permettre cette politesse. Avant il n’osait pas, mais sa mère lui disait qu’un garçon bien élevé devait sourire, alors quand la psychiatre apparait, la bouche de Marquinhos sourit.

« De quoi voulez-vous me parler aujourd’hui ? » Marquinhos hésite. Il ne sait pas. Il se rend compte qu’en fait, il n’a pas trop réfléchi à ça.  « Le déconfinement, une possible contamination au Camp des Loges, cela vous fait peur ? » Marquinhos réfléchit.

Peur, non. Il a lu les feuilles des textes de l’équipe médicale.
Les rotations entre les groupes c’est prévu.
Il comprend le système de flèches sur le sol, pour circulation.
Les zones de la lavement des mains qu’il a repérées sont rationnellisées,
et la désinfectation du matériel (ballon, chaussures, chasubles),
c’est très bien.
Tout ça paraisse sous contrôle.
Donc non Docteur, il n’a pas peur avec ça.
Le déconfinement, oui, un peu d’angoisse, la décontamination, non.

« Intéressant. Mais alors quel est l’aspect du déconfinement qui vous… angoisse ? » Marquinhos fait face à la caméra. Sans même baisser les yeux, il sent la surface du bureau sous ses paumes. La légère crispation de ses doigts. La sudation, infime. Il raconte qu’il sait, qu’il sent que dès qu’il quittera sa maison pour retrouver le groupe, il sera tenté. De nouveau. « Oui, c’est bien… Qu’est-ce qui vous tentera, M. Aoás Corrêa ? »

Il dit il va retrouver le groupe,
ils vont s’entraîner sur du physique pour reprendre le rythme.
Comme il a demandé les plannings des séances donc il le sait.
Aucun problème, le physique c’est du contrôlé.
Mais très vite, il y aura les ateliers, les jeux de ballons.
Et ils vont compter les points, oui.
Alors là…

« Continuez… ». Son dos le tire un peu. Il sent le souffle léger de la clim sur sa nuque. Il l’avait programmée, évidemment. Pour éviter le stress.

Il n’y avait plus de compétition.
Plus de classement depuis 52 jours.
Mais maintenant il va devoir retourner, recommencer de faire les duels.
Et de se retenir.

Mon Dieu, sa bouteille n’est pas là. La main gauche de Marquinhos la cherchait machinalement, mais la bouteille d’eau n’est pas là. Il aurait dû la poser à sa place. Il a oublié de la poser à sa place ! « Vous retenir de quoi ? Dites-le ! ».

C’est de compétiter.
Il appréhende la reprise de compétiter.
Il sait qu’il faut se battre pour gagner.
L’autre, il le lui répète TOUT LE TEMPS.
De battre, d’être le meilleur, c’est tout ce que l’autre sait lui dire !
Mais Marquinhos connait qu’il faut accepter aussi la défaite.
Accepter d’être battu, parfois. Sans s’énerver.
Garder le contrôle. Le garder sous contrôle.
Marquinhos devra recommencer à le gérer.

Il ne quitte pas la caméra des yeux. Voit-elle qu’il transpire ? Qu’est-ce qu’il a soif… « De qui parlez-vous ? Qui vous dit d’être le meilleur ? Qui devez-vous gérer ? »

Lui, l’autre là ! Comme toujours !
Elle le sait très bien qui c’est.

« Dites-le M. Aoás Corrêa ! Vous devez le dire. » Le hurlement lui échappe alors que ses poings frappent le bureau.

LUAN !
Lui !
Luan !

« Luan ? Votre frère ? Vous êtes sûr ? D’accord… Alors parlez-moi de ce frère. »

Il lui dit qu’il en a marre. Marre de ses tweets, de ses publications Insta.
Que au départ oui c’était drôle, de le voir délirer et se chambrer des équipes adverses,
parce que Marquinhos il n’ose pas dire ces choses-là.
Alors ça le soulageait.
Et puis c’est son frère, il doit respecter. Mais maintenant il en a marre.
Lui il fait attention, il pose toutes les limitations,
toujours à faire gaffe et Luan au lieu de montrer les exemples du grand frère,
il passe après derrière et il fait de la provocation n’importe comment ?
Ça suffit.

Ses mains brassent l’air. Le fauteuil s’est décalé et l’écran a bougé. Quand il se voit, Marqui se reconnait à peine. Les veines gonflées, prêtes à éclater, les joues déformées par la rage. Il sent qu’il parle moins bien, que la colère modifie déjà sa voix. Ce visage dans l’écran lui est insupportable. Il faut que ça sorte. Que tout sorte. « Avez-vous remarqué que finalement, ce que Luan fait, c’était ce que vous vous interdisez de faire ? »

Le fauteuil tombe, alors que Marquinhos bondit et se dresse, le poing face à la caméra. Non ! Il entend les bruits derrière la porte. Elle les a prévenus. Elle veut le faire parler pendant qu’ils arrivent… Évidement. Sauf qu’ils ne savaient pas qu’il avait une autre clef… C’est fermé, eh oui. Il s’est enfermé ! Alors il hurle, si il veut. Et ça fait du bien !

Comment peut-elle lui dire ça ? Elle ne comprend rien.
Oui il aimerait aller au Virage Auteuil, comme l’autre, mais lui il ne peut pas.
Marquinhos il doit toujours contrôler l’image, et pas de risque. Pas de vague, jamais.
Toujours poli. Toujours sous contrôle.
C’est Luan qui peut crier, Luan qui peut insulter, Luan qui peut se défouler.
Lui, jamais. Et c’est pas juste !
Elle ne voit pas qu’il ne le supporte plus ?
Assez que Luan lui il a le droit de tout faire.
Toujours là, toujours là, à le provoquer, le narguer.
Il ne peut s’en débarrasser que lorsqu’il va s’entraîner, ou jouer…
Et encore, de plus en plus souvent Luan le rejoint maintenant.
Juste tranquille pendant les matches.
Juste là.
Mais elle comprend pas que dès le demain, au réveil,
Marquinhos devra rattraper toutes les conneries que Luan il aura faites pendant la soirée.
Toujours pareil.
Il le hait.
Maintenant il le hait !

« M. Aoás Corrêa, je croyais que nous avions dépassé ce stade d’extériorisation de la colère. Je pense que nous devons réajuster votre traitement… ». Le souffle manque à Marquinhos qui cherche des yeux l’ordinateur… Bon sang, il a lancé le bureau contre le mur ? Il a l’impression de peser cent kilos. L’énergie qui traverse ses muscles le consume. Comme si son corps ne lui appartenait plus. Comme s’il changeait, se transformait. Ils sont en train de défoncer la porte. Cette imbécile ne voit rien ? Son traitement… Elle n’entend pas que c’est Luan qui ne veut plus qu’il le prenne son traitement ?

Il dit que ça nous gêne les réflexes !
Il refuse le traitement pour nous.
Ça nous ralentit nos actions en match.

Alors qu’il se retourne vers la porte, pour attendre le personnel envoyé par le club, Marquinhos entend sa femme tenter de rassurer leurs enfants. Il les entend pleurer. Et Luan qui lui chuchote qu’on s’en fiche. Qu’ils en retrouveront une autre. Son frère lui murmure qu’il faut se préparer maintenant. Avant que les infirmiers ne franchissent l’ouverture.  Derrière eux, l’ordinateur gît, l’écran défoncé. Seuls les haut-parleurs crachouillent encore vaguement…

« M. Aoás Corrêa, je ne vous vois plus ! Nous en avons déjà parlé et il faut que vous l’acceptiez, sinon vous ne progresserez pas. Vous n’avez pas à être parfait. Vous n’avez pas à tout contrôler. Vous aussi, vous pouvez lâcher la pression de temps en temps. C’est en vous. Et ce n’est pas la faute de Luan. C’est dans votre tête. M. Aoás, vous devez affronter la réalité : vous n’avez jamais eu de frère… C’est vous ! M. Corrêa ? ».


Arno P-E

The New Hibou Virage PSG

The New Hibou

Confinement oblige, plus de match, donc plus d’interview d’avant-match « l’important c’est les trois points », plus de réaction d’après match « le PSG c’est avant tout un collectif ». Ne demeurent que des interviews creuses, des promesses faciles parce que lancées à des kilomètres de toute réalité footballistique.

Mais sur Virage, c’est la liberté de mouvement. Alors autant inventer. Autant caler notre vérité par-dessus les mots du Hibou. Il a raconté son quotidien sur PSGtv, déclaré qu’il bossait plus que jamais… Qui peut vérifier ça ? Tant pis :
imaginons-la nous-même, la vraie fausse journée de Marco Verratti.
Et qui sait : peut-être qu’on tombera juste ?

Marco ne fait pas de bruit. La lumière du soleil dessine sur les murs de la chambre des lignes de feu qui rampent vers le lit. Marco attend, et regarde. Il ne veut pas la réveiller. Les enfants dorment encore, la rue dort encore et elle dort encore, ses épaules nues découvertes par la couette blanche. Ses cheveux emmêlés sur l’oreiller. Incroyable. Elle, elle ne veut pas qu’il la regarde comme ça, avant qu’elle se soit apprêtée un peu. Lui sourit. Ces images volées avant son éveil brillent. Pures, vraies, Marco les range en mémoire comme autant de diamants, chaque matin. Il ne lui en parle pas. Ce sont ses trésors à lui. Il l’admire comme elle est vraiment, alors que les rais de lumière viennent l’illuminer.

« Tu ne veux vraiment pas tirer les rideaux Marco ? Chaque matin ça me réveille ! »

Il l’embrasse. Non, il ne veut vraiment pas tirer les rideaux, vraiment pas. Il se lève enfin, et vole un dernier coup d’œil, comme elle se traine vers la salle de bains. Les pieds lourds, une main enfouie dans sa tignasse. Une petite culotte blanche, un débardeur ramolli par trop de lavages, elle dit que c’est son préféré parce qu’il est trop confortable, et lui ne croit pas avoir jamais imaginé de scène aussi érotique.

« Marco, stronzo, va nous faire du café au lieu de me reluquer les fesses ! Je suis moche là, c’est le matin. »

Il sourit. Oui c’est le matin, et il va préparer le café. Marco ne sait pas depuis quand il aime le matin. C’était horrible le matin, avant. La machine à expresso va réveiller les petits, mais c’est pour la bonne cause. Et puis lui, il est déjà réveillé depuis une bonne heure alors ça va. Tant que le torréfacteur livre encore son mélange spécial, on devrait pouvoir survivre ! C’est fou comme ça a été difficile de trouver un torréfacteur correct. On pourrait croire les Parisiens civilisés, mais non. Il en a vécu des petits déjeuners en mode gueule de bois, où il lui aurait fallu un vrai ristretto pour lui décoller la langue du palais. Bon… Plutôt deux ristretti, soyons honnête !

Marco repose le verre de jus d’orange… Ça fait combien de temps qu’il n’a plus subi de mâtinée post fiesta ? Il y a eu l’élimination de Dortmund. Là, ça a été une vraie grosse soirée. Mais bon, il savait déjà que l’épidémie débarquait en France. Comme il avait vu comment ça se passait au pays, il s’était un peu confiné avant et était resté raisonnable cette nuit. À moitié raisonnable on va dire, mais le lendemain ça allait. L’anniversaire de Neymar ? Ah oui ! Toujours un sacré moment cet anniversaire. Sauf que cette année, avec la Ligue des Champions, il n’était pas rentré trop tard.

Impossible de trouver la dernière mine intersidérale qu’il s’était mise. Et pourtant, la Madone en soit témoin, il en a connu des nuits glorieuses, suivies de réveils un peu compliqués. C’était le bon temps, le temps d’avant que les bambini débarquent. D’ailleurs les voilà : des oursons attirés par l’odeur du miel. Marco se prépare aux câlins-grognons. C’est le rituel, et les enfants s’y prêtent avec une mauvaise humeur assez peu crédible : pas de petit déjeuner si on n’a pas fait de câlin-grognon.

Les grains sont moulus, mais il attend pour lancer les cafés : la douche coule encore, il l’entend. Les enfants se disputent un fond de paquet de céréales (il y a deux autres paquets d’avance dans le placard, hein), et lui il imagine l’eau qui ruisselle sur ses seins à elle. Deux questions : comment peut-on s’insulter à coup de monosyllabes, et pourquoi a-t-il un sourire niais sur le visage ? Définitivement pas assez de caféine dans le sang pour pouvoir apporter une réponse valable à ça.

Il récupère les bols vides alors que la smala part mettre le bazar dans une chambre. Elle arrive enfin, pas encore tout à fait sèche. Les tasses sont brûlantes. Elle lui adresse une grimace de remerciement et pose ses lèvres contre sa joue. « Grazie Marco ». Elle s’assied et s’empare d’une tartine. On parlera plus tard. Lui réfléchit. Depuis quand vit-il ces matins ? Dans un film, il y aurait eu un flashback sur l’événement charnière. Ce moment clef où tout change. LA prise de décision, avec un grand « LA ».

Marco repense à cette nuit où les flics l’ont arrêté sur l’autoroute. Aux discussions avec le coach le lendemain. On aurait dit qu’il se faisait sermonner par son père… Ça ne l’avait pas dérangé. Il savait qu’il avait déconné, et il respecte les coaches. Sa mamma lui a au moins appris ça. Oui, il se souvient des promesses faites cette fois-là. La honte, et la tristesse d’avoir déçu, encore. Alors il avait promis. Dernière fois. Vraiment. Juré. Et il se souvient avoir recommencé, après. Encore… Comme à chaque fois, jusqu’à… Mais jusqu’à quoi ?

Il la regarde. Comment peut-elle ingurgiter autant de beurre et avoir un ventre aussi plat ? Mystère de la création… Il goute le nectar brûlant et se souvient aussi de toutes les autres fois qui avaient précédé. Les journées à Marbella, quand il se réveillait vers quinze ou seize heures du matin. Une dinguerie ! Il se souvient des entraînements avec Gasset. Qu’est-ce qu’ils ont pu se marrer dans les vestiaires, alors qu’ils rentraient direct de boîte de nuit, et qu’ils ne se couchaient qu’après ! Il se souvient de ce réveil où son partenaire lui avait vomi dessus pendant la nuit, sans qu’il s’en rende compte. Dio mio, ça puait tellement qu’il avait fallu jeter le matelas. Comment il s’appelait déjà ce mec ? Merde, c’était énorme ça. Et un peu inconscient. Mais il n’a jamais eu peur. Il s’est blessé, oui, il a eu des accidents de voiture, aussi, mais jamais rien de grave. Même si parfois c’est pas passé loin, faut bien le dire. Marco se gratte derrière la tête. Une bonne étoile. Ou alors les hiboux ont neuf vies, comme les chats.

« Toi, tu prépares encore une bêtise ! Allez, file, je range, va la faire ailleurs ta petite idiozia. »

Il enlace sa taille alors qu’elle lui adresse un clin d’œil. Il sent les muscles de son dos sous ses doigts. Elle fait semblant de le repousser et l’embrasse, et c’est doux, ce baiser au café. C’est doux ce ventre contre le sien. Il ne s’y fera jamais. Et pourtant, c’est pas faute d’avoir mené des enquêtes approfondies et des tests comparatifs. Même il dottore Raoult il serait jaloux du protocole. Il y en a eu des soirées en double aveugle, tiens ! Allez… Comme elle le chasse, Marco quitte la cuisine. Mieux vaut aller se préparer, c’est bientôt l’heure du tapis de course.

Un tapis de course. Encore un truc dingue. Si on lui avait dit qu’il achèterait un tapis, franchement, oui, il l’aurait cru. Il en a acheté des conneries faut dire, alors une de plus, pourquoi pas. Qu’il l’utilise, ça déjà, il aurait moins été affirmatif. Mais alors qu’en plus il aime ça… Marco se marre en se brossant les dents. À quel moment de sa vie on commence à aimer faire du tapis de course ?

Non, il n’y a pas eu de déclic. Mais aujourd’hui, alors que les jours filent uniformément, Marco regarde ses propres abdos. Ils sont sculptés comme jamais. Il sait quelles sont ses statistiques, sur son tapis de vieux. La V.M.A., le seuil, et l’endurance. Il est plus haut. Il court plus vite, et plus longtemps. Quand sur le réseau, les potes racontent les kilos pris en blaguant, lui il ne dit rien. Alors bien sûr il faudra retrouver le ballon, les sensations du jeu. N’empêche que ce matin, Marco est prêt. Tous les matins, il est prêt. Il attend. Pas d’impatience. Il sait. La compétition, il peut la reprendre demain s’il le faut. Jamais il ne s’est senti comme ça. Même à 18 ans quand rien n’importait, quand il pouvait tenter n’importe quoi. Là, c’est nouveau. Il a le contrôle.

« Non mais c’est pas possible ça… Marco ! Viens voir ce que TES ragazzi ont encore fait ! »

Ouille, jamais bon quand tout à coup ce sont SES enfants à lui. On laissera les grandes réflexions à plus tard. « Arrivo amore ».

Amore… Pas de jour où tout bascule, non. N’empêche que tout a changé. « Arrivo ! ». Amore


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Arno P-E

Le magnifique Ginola Virage PSG

Le magnifique

Au commencement était Xavier, notre rédac’ chef adoré et vénéré,
c’est donc lui qui eut la brillante idée de faire un papier sur d’anciens joueurs
qui resteront à jamais dans notre histoire, dans notre vie, et qui sous notre maillot resteront éternellement jeunes dans nos esprits d’amoureux transis.

Bref, faire un papier sur un joueur qui nous a marqué
pas seulement par ses statistiques mais qui nous aura marqué d’amour.


Oui je sais on en revient toujours à l’amour, mais y a-t-il d’autre mot pour qualifier ce qui, par exemple, nous pousse à aller au stade par des températures de cryogénisation ? Alors que n’importe quelle personne raisonnable resterait tranquillement dans son canapé, bien au chaud, avec une bonne verveine, une bonne pipe, de bonnes charentaises chauffantes au pied, et devant un écran plasma géant dernier cri pour pouvoir apprécier, gros plans et ralentis, et se délecter des commentaires avisés de Stéphane Guy… Ça ne peut être que l’amour donc… Ou alors peut-être pour réfréner des envies de meurtre qui peuvent nous envahir en écoutant les commentaires du même Stéphane Guy ? De l’amour à la haine c’est bien connu, il n’y a qu’un pas.

C’est alors que notre estimé rédac’ chef, gloire à lui, eu la lumineuse réflexion suivante «  Qui pourrait représenter à lui seul le PSG, à la fois le côté show-biz, la beauté, l’élégance, le talent, susciter l’amour et la haine ? » Mais  « le beau David » bien-sur ! Criais-je tel Archimède son eurêka !!  Devant l’œil pétillant et néanmoins interrogatif de Xavier, paix et prospérité sur lui et sa nombreuse descendance, j’ai cru utile de rajouter, « Non je ne parle pas là du chef-d’œuvre du Maître florentin, mais de notre David à nous ! ». Ce à quoi notre divin rédac’ chef aimé me rétorqua : « je le sais puisque c’est mon idée. » Il est fort le chef.

Mes premiers souvenirs sur le petit gars de Gassin c’est une vignette Panini de la saison 1987. Un tout jeune gamin qui m’est inconnu et qui fait partie de l’équipe du Sporting Club de Toulon. Oui pour les plus jeunes Toulon a bien joué en première division (ancêtre de la ligue 1 Conforama…). Toulon, pour moi c’est… comment vous dire… un club d’artistes et de poètes… Les Luigi Alfano, les Bérenguier, Pardo, Mendy ou autre Casoni… Si on ne fait pas attention en regardant les têtes de ces joueurs sur les vignettes, on pourrait croire que l’on parle de l’équipe du Rugby Club Toulonnais…. Combien de dents, morceaux d’os ou autres bouts de cuir chevelu arrachés doivent encore être sur le bourbier qui servait de pelouse au Stade Mayol.

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Casoni le toulonnais face au Matra (c) Panoramic

Bref, si je vous dis que le Paga (oui le passe-partout multilingue de Canal +) y a fini sa carrière sous les ordres d’un Rolland Courbis fraichement entraineur, vous commencez un peu à voir l’estime que j’avais pour ce club du sud. Club que ce même Rolland Courbis dût quitter pour aller en prison, pour une sombre histoire de caisses noires et de transferts plus ou moins louches en relation avec un autre club du sud qui joue en bleu et blanc…mais je n’en parlerai pas, ce serait trop facile, surtout qu’il était forcement innocent, comme un autre joueur accusé de dopage à la même époque. Bref, à la manière d’un Galabru dans « Bienvenue chez les chômeurs, consangu… ch’tis » : C’est le sud. Le seul point commun avec eux, était notre haine de l’om. Ça fait peu…

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C’est dans ce cadre que David fait ses premières armes au haut niveau. Honnêtement, très peu de souvenir de lui sous ce maillot. Eté 1988, David signe à Paris. Oui, mais pas dans le bon club. Il signe au Matra Racing. Encore une fois pour les plus jeunes le Matra Racing à l’époque c’était… Comment dire… C’était le club de Lagardère, premier à faire du foot business, achat massif de stars, Enzo Francescoli, Pierre Littbarski, Maxime Bossis, Thierry Tusseau et bien-sur Luis… Notre Luis qui nous a trahi pour ce club sans âme et aux fonds semble-t-il illimités…  Ce club qui décida de venir jouer au Parc des Princes en déclarant qu’ils souhaitait devenir le seul vrai club de foot de la capitale…en rêvant de coupe d’Europe…

Pour faire simple : La rivalité avec l’om n’était pas encore née. L’ennemi c’était le Matra. Les deux dates à cocher sur le calendrier c’était celles des derbys. Un derby parisien. Un vrai. Même si le Matra devait faire dans les 3000 spectateurs de moyenne… La passion ne s’achète pas. Tiens ? Ça ne vous rappelle pas quelque chose tout ça ? Eté 1989 malgré toutes ses stars, le Matra détesté par la France entière n’aura jamais les résultats espérés. Lagardère fermera le robinet et jettera l’éponge. Le beau carrosse redevient citrouille et le Matra redevient le Racing club de Paris et joue le maintien. Les stars se sont envolées, il ne reste plus que les jeunes et certains fidèles du club… Le Racing sauvera ce qui pouvait l’être par un extraordinaire parcours en coupe de France. Bordeaux deuxième du championnat sera éliminé en quart. Puis, en demi-finale le Racing relégable va jouer au vélodrome face à un om champion et qui s’apprête à disputer sa première finale de coupe d’Europe. Tout le monde prévoit un massacre. Mais…

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Flying Olmeta en finale de Coupe face à Montpellier (c) Panoramic

Mais Pascal Olmeta le gardien du Racing, ancien toulonnais et futur gardien de l’om fait le match de sa vie. Le Racing revient deux fois au score et finit par l’emporter 2-3 au vélodrome. Sensation ! Gros bonheur personnel de voir le petit battre le gros. Surtout quand le gros est l’om de Tapie, l’om de la corruption, du dopage et de tout ce que je déteste. Bref, je m’égare… Le Racing, donc, se qualifie pour la finale, face au Montpellier d’Eric Cantona ou autre Vincent Guérin. Malgré un but de David, victoire 2-1 des montpelliérains durant la prolongation sur un coup franc de Laurent Blanc… Eté 1990, le Racing sera relégué sportivement et financièrement…le club plonge dans les profondeurs du football français pour ne plus jamais en revenir…

Résumé de la finale Matra Racing vs. Montpellier, cliquez ICI

David, lui, choisit comme nouveau club Brest. Brest, club plus habitué à la deuxième division qu’à la première, mais qui a fait parler de lui ses premières années pour avoir fait signer simultanément José Luis Brown champion du monde 1986 (et auteur du premier but en finale) auprès de Diego Maradona, et Julio César international brésilien. Sans parler du rocambolesque transfert du buteur paraguayen Roberto Cabanas. En ce début de saison 1991-1992 David a comme coéquipiers offensifs Corentin Martins, ou encore le futur champion du monde Stéphane Guivarc’h, David flambe. Le club Brestois fait face à de gros soucis financiers et au mercato hivernal l’om et le PSG font les yeux doux à la nouvelle pépite bretonne.

Dans mon souvenir (peut-être enjolivé) David le gars du sud, choisit le PSG, déclarant que l’om c’est le passé et que l’avenir du foot français c’est bien le PSG ! Jusqu’ici il faut bien reconnaitre que David a quand même un certain don pour choisir ses clubs… Toulon est rétrogradé administrativement en deuxième division suite aux affaires mentionnées plus haut. Le Matra Racing relégué la même année sportivement et administrativement. Quant au Stade Brestois, le déficit important du club entraînera sa relégation administrative en deuxième division…

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Catch me if you can (c) Panoramic

Décembre 1991 l’histoire d’amour entre les supporters du PSG et David Ginola peut commencer. Elle ne prendra jamais fin, car pour nous deux ce sera pour la vie. Il s’agit de la première saison de l’ère Canal, l’effectif est encore hybride entre la dernière de joueurs « époque  Borelli » : les Joël Bats, Christian Perez ou encore Omar Sène. Des joueurs qui feront la transition plus longtemps entre les deux époques : les Antoine Kombouaré, Daniel Bravo ou autres Amara Simba. Et puis les nouveaux. Les joueurs de niveau international Valdo ou Ricardo ou en devenir comme Paul Le guen ou autre Laurent Fournier. C’est dans ce contexte que David démarre sa carrière parisienne. Très vite il fera l’unanimité chez les supporters. Nous gonflant d’espoir pour les années à venir. Nous ne serons jamais déçus.

Un de ses premiers matchs parisiens se déroulera à Toulon ! Retour aux sources comme pour mieux prendre définitivement un nouveau départ. Le match est diffusé sur Canal +, le stade Mayol donne historiquement lieu à des matchs serrés et j’ai peu de bon souvenir de nos déplacements là-bas. Sauf celui-là. Un vrai bonheur dont je me souviens presque 30 ans plus tard. David ouvre le score de l’intérieur du pied, comme pour tuer définitivement le père diront les psychiatres du dimanche, puis un match maitrisé, un festival de buts pour Paris pour un record à l’époque de la plus grande victoire du PSG à l’extérieur en championnat. Toulon 2 – 5 PSG. Le PSG terminera 3ème du championnat et remplira l’objectif du club, à savoir se qualifier pour une coupe d’Europe. Ce sera la coupe de l’UEFA.

Résumé de SC Toulon vs. PSG, cliquez ICI

Saison 92-93, saison historique à plus d’un titre… Ce titre que l’om nous volera une deuxième fois après celui de 1989, ce sera la dernière fois. Jacques Glassman (joueur de Valenciennes) a osé parler, il a osé briser l’omerta, grâce à lui l’om sera déchu du titre de 1993 et sera rétrogradé en 2ème division un an plus tard. Pour une fois David a fait le bon choix en venant à Paris plutôt qu’à l’om et brise sa malédiction personnelle. Historique personnellement car pour la première fois, je suis majeur, je peux m’abonner au PSG pour ne rater aucun match au Parc. Ce sera Auteuil Rouge. Historique enfin, de part son parcours exceptionnel en coupe d’Europe. Ou chaque tour nous procurera des émotions inoubliables.

David a comme nouveaux coéquipiers Vincent Guérin, l’infatigable milieu de terrain, l’étonnant Bernard Lama, ce gardien que je me souviens avoir vu jouer sans gant quelques années plus tôt du côté de Lille ou de Metz. C’est un bon gardien, qui vient de faire une bonne saison à Lens. Je me demande s’il aura les épaules pour succéder à un monument comme Joël Bats ? Cela va faire bizarre de ne plus voir « Batsman » garder nos cages. Alain Roche jeune grand espoir bordelais qui s’est perdu un an à Marseille avant de revenir au top niveau à Auxerre. Le très bon et solide Jean-Luc Sassus en arrière droit, l’un des meilleurs et plus spectaculaires buteurs du championnat, le messin François Calderaro et enfin le Libérien de Monaco, Mister Geoge Weah. Ginola/Weah ce sera le tandem offensif des plus belles années de ce PSG.

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Control de la poitrine, marque déposée (c) Panoramic

L’un des premiers matchs de la saison qui m’a marqué cette saison-là est l’éclatante victoire à Strasbourg (0-4). Je me souviens d’un festival Weah (2 buts) et d’un Ginola insaisissable (2 passes décisives). Deuxième souvenir marquant, ce 32ème de finale de coupe de l’UEFA contre les grecs du PAOK Salonique. Paris est devenu une des meilleures équipes françaises, mais que valons-nous au niveau européen ? Deux coups de boules de Mister George sur Corner, l’affaire est bien partie. Le rocambolesque match retour n’ira pas à son terme à cause des supporters grecs. En 16ème ce sera le Napoli qui pleure encore son Pibe de Oro. Mais avant cela en championnat Paris fait plaisir à voir, et David assure le spectacle avec ses dribbles et amortis de poitrine qui deviendront un style, presque une marque déposée. Je n’ai pas le souvenir d’avoir vu un autre joueur aussi doué dans cet exercice. C’est beau et efficace. Le tandem Weah/Ginola fait souffrir les défenses françaises et Naples ni résistera pas non plus. On peut dire que c’est toute une équipe et tout un club qui sont alors guidés par les mêmes objectifs.

En championnat Paris continue son chemin et en coupe d’Europe c’est le plus grand club Belge, Anderlecht, qui passera aussi à la trappe. A mi-saison, le PSG est encore en course dans toutes les compétitions. Des groupes de supporters commencent à s’organiser côté Auteuil. J’hésite à prendre ma carte, mais se carter ce serait aussi peut-être avoir à cautionner des choses avec lesquelles je ne suis pas d’accord. Je préfère garder mon indépendance mais j’aimerais aussi  marquer mon attachement au club et à ses joueurs qui défendent nos couleurs. C’est alors que dans un coin de la tribune Auteuil se tient le Fan Club David Ginola. Une jolie bâche, à chaque match est déployée. Pour la première fois (et la dernière) j’adhère à un fan club. Bon OK, quand j’étais petit ma mère m’avait inscrit au fan club de Mickey Mouse, mais ça ne compte pas…

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La course folle du Gino face au Real (c) Panoramic

La saison repart de plus belle, Paris reprend bien, même si un nul au Parc contre Toulouse et une défaite à Metz puis à Madrid commencent déjà à énerver certains « supporters »…Mais revenons rapidement sur ce match à Madrid. David, unique buteur parisien ce soir là, y fera un récital et éclaboussera de toute sa classe et de son talent l’Espagne et l’Europe qui découvrent alors un magnifique joueur, malgré la défaite de Paris. Quinze jours ont passé, vous connaissez l’histoire de ce match retour face au Real de Madrid en quart de finale, rentré lui aussi dans l’Histoire du foot français, mais comment ne pas parler de cette demi-volée entrée dans la légende. Ce but du 2 -0 qui nous qualifie, pensons-nous à ce moment-là, David qui court les bras en l’air poursuivi par ses coéquipiers qui viennent s’agglutiner, pour un moment de pur bonheur qui me donne encore la chair de poule presque trois décennies plus tard…

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En championnat et en Coupe de France, Le PSG enchaîne les succès de prestige ! Victoire à Auxerre, à Monaco, au Parc ce sont Bordeaux, Monaco, Nantes et Saint-Etienne en clôture du championnat qui s’inclinent. Pas suffisant, Paris terminera deuxième. Marseille finit premier. Oui mais Marseille a triché. Dans tous les pays du monde dans un cas similaire, le titre revient au second. Mais pour une sombre histoire de conflits d’intérêts, Canal+ refusera de récupérer le titre qui nous était du.

En coupe d’Europe, la demi-finale nous offre des retrouvailles avec la Juventus. C’est la troisième fois que nous croisons les noir et blanc en Europe après 1983 et 1989. À Turin, l’inévitable Mister George ouvre le score grâce à une ouverture de génie de notre David. Les italiens égaliseront à la 89ème minute, Antoine Kombouaré commet une faute stupide à l’entrée de la surface de réparation. Un coup-franc cadeau pour le spécialiste Roberto Baggio. Sanction immédiate. Paris s’incline 2 – 1 . Mais impossible d’en vouloir à casque d’or qui nous aura qualifié au Parc Astrid et au tour précédent contre le Real. Remonter un but au Parc pour aller en finale. Le retour s’annonce sulfureux.

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Air Gino face à la Juventus (c) Panoramic

Ce jour-là, c’était le parfum des grands matchs européens, cette odeur de souffre, cette tension, cette excitation que seule l’Europe procure, avec malheureusement les débordements qui vont parfois avec. Les propriétaires de voitures d’une grande marque italienne qui avaient eu la mauvaise idée de se garer autour du Parc ont retrouvé leur voiture sur le toit… Dans le stade, on en était au début des tifos et avec des potes on avait récupéré un vieux drap sur lequel on avait inscrit en rouge et bleu un grand « MERCI PARIS » en rouge et bleu. La tribune visiteur est à côté du Virage Auteuil, les italiens nous lancent des Lires taillées en pointe, le Parc est plein. Le match peut commencer. Malheureusement, la France qui rêvait d’une finale franco-française en sera privée par deux décisions arbitrales injustes. Côté parisien c’est un penalty évident oublié sur Weah qui mettra fin à ce qui sera à ce moment-là notre plus beau parcours européen. Dans l’autre demi, Auxerre se verra refuser l’accès à la finale à cause d’un but valable refusé.

Reste la coupe de France pour couronner cette magnifique saison d’un trophée. La finale nous oppose au club de Nantes. La revanche dix ans plus tard, de ce qui avait été « la plus belle finale de coupe de France » selon les spécialistes. Cette fois, le spectacle sera différent et les nantais vont complètement péter les plombs et finir à huit ! Peu importe, Paris ramène la coupe à la maison 10 ans plus tard, sur un succès net 3 – 0, et avec en plus un magnifique « maillot Hechter ». Le deuxième but sera marqué par David sur un coup-franc « platinien ». Après un an et demi, David est déjà rentré dans tous les cœurs des parisiens.

Résumé PSG vs. FC Nantes, finale de Coupe, cliquez ICI

Saison 93-94, l’année du titre. Enfin. 8 ans après, le PSG est sacré champion le 30 avril 1994. Je me souviens de la fête après cette victoire contre Toulouse, Valdo et David seront les premiers à venir nous saluer à Auteuil, comment oublier le sourire de notre numéro 11 brandissant une immense cocarde tricolore, les chants, l’envahissement du terrain, la joie partagée. Mais avant d’en arriver là, il a fallu batailler ferme, en France et en Europe. Le début de saison est plutôt bon en dépit de deux défaites à Bordeaux et Marseille. Je me souviens d’un festival offensif au Parc contre Auxerre, avec un but sublime de David. Paris prendra la tête du championnat dès la douzième journée pour ne plus la lâcher. La 38ème et dernière journée sera l’occasion d’un ultime plaisir pour fêter le titre et communiquer entre joueurs et supporters. Festival contre Bordeaux et victoire 4 – 1, David aura comme toujours le bon goût d’y aller de son but.

Côté européen, le sort propose au Real une revanche. Il n’en sera rien. Dans le mythique Santiago Bernabeu, Paris va réaliser un énorme match et l’emporter grâce à un but de Mister George, sur une passe de ….David Ginola bien sur. Une passe… Que dis-je, une offrande, un modèle de débordement où David s’arrache pour centrer du gauche. Encore une fois, David met à terre le plus grand club du monde et impressionne l’Espagne. Il y gagnera pour l’éternité son surnom « d’el Magnifico ». Au retour Paris assure la qualification, puis ce sera Arsenal en demi-finale. Encore une fois Le Parc sera plein à craquer pour le match aller, les anglais ouvrent le score, mais David égalisera (de la tête s’il-vous –plait), provoquant une déflagration sonore et une poussée d’adrénaline qui m’emmènera au bord du malaise… 1-1 La bonne affaire est anglaise. Le retour le confirmera avec une nouvelle élimination aux portes de la finale.

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Gino crucifié face à la Bulgarie (c) Panoramic

Côté palmarès individuel, David sera élu meilleur joueur français de l’année 1993, il recevra aussi le premier Trophée UNFP du meilleur joueur de la saison en 1994. Mais comment parler de cette saison-là sans évoquer l’équipe de France et ce match contre la Bulgarie, où un petit professeur le livrera aux chiens. Comment une personne n’assumant pas son échec, préférera « tuer » un de ses joueurs publiquement, et sans aucune raison valable ? Il ne faut donc avoir aucune fierté pour agir de la sorte ? Je n’ai jamais compris cette injuste exécution publique. Evidement la France profonde, ou profondément bête, crachera toute son imbécilité et sa jalousie, tous les 15 jours. Il est beau, il est bon, il joue au PSG, la victime idéale. Rejeté par tous ces idiots, David devenait encore plus que jamais l’un des nôtres.

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Saison 94-95, à cause d’un commentaire imbécile, d’un commentateur aigri et jaloux, Canal+ décide de se séparer d’Arthur Jorge. Bienvenue Luis. Tout avait pourtant bien débuté. David hérite du brassard de capitaine. Mais pourtant les relations entre les deux légendes parisiennes va se dégrader tout au long de la saison et va forcer le départ du joueur en fin de saison. Mais revenons au début de la saison, le temps des espoirs et de tous les rêves. Paris débute en douceur le championnat, et ma mémoire n’étant pas infaillible, je ne me souviens pas d’un match mémorable, en revanche en Ligue des Champions, Paris établit un nouveau record. Six matchs, six victoires. Balayés le Bayern, le Spartak Moscou et le Dynamo Kiev. Vivement le printemps et le quart de finale contre le Barça de Maître Johan.

En championnat Paris joue bien et Raì montre enfin tout son potentiel. Associé au talent du tandem Weah/Ginola on assiste encore à du grand spectacle, grâce à ce trio magique. Mais il ne faut pas oublier le milieu composé du merveilleux Valdo entouré des fidèles soldats que sont Le Guen, Guérin ou Fournier, complétés par un Daniel Bravo qui vit une seconde jeunesse à son nouveau poste. Si on y ajoute une charnière centrale Ricardo/Roche devant, peut-être, le meilleur gardien du monde à ce moment-là, on peut regretter que le titre de champion nous échappe. Même si ce sera au profit d’un FC Nantes qui ne connaitra qu’une seule défaite cette saison-là. Record en cours.

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David et Sergi, face à Barcelone (c) Panoramic

Alors comme souvent au PSG, il reste les coupes. Quart de finale aller de Ligue des Champions au Camp Nou et retour d’el Magnifico en terre ibérique. Encore une fois David et Paris sortent un gros match et ramènent un très bon 1-1 de Catalogne. Le retour face à ce qui est à ce moment-là (avec l’AC Milan je pense) la meilleure équipe du monde, s’annonce grandiose. Ce le sera. Le grand Barcelone de Johan Cruijff est tombé au Parc des princes. David sera la priorité de recrutement de la légende hollandaise pour son Barça à l’intersaison suivante. Sachant son départ inéluctable, il faut avouer que voir David dans cette équipe, qui pratiquait alors le football offensif le plus attractif de la planète, cela faisait envie et apparaissait comme une évidence. Mais à l’époque les règlements du football n’autorisent qu’un nombre limité d’étrangers par équipe. Le Barça n’arrivant pas à se séparer de Gheorghe Hagi ou Hristo Stoitchkov, Ginola ne sera jamais Blaugrana.

En demi-finale, c’est donc l’autre géant du moment, l’AC Milan qui vient défier le PSG. Nouveau match de gala. Paris sera supérieur pendant 89 minutes, avec un Ginola qui sera l’homme du match côté parisien. Avec un tir sur la transversale et un penalty évident non sifflé sur lui, cela aurait pu être encore plus grandiose. Que de regrets… A la 89ème minute, les italiens partent en contre, 0-1. Le retour, lui, ne nous donnera jamais l’occasion d’espérer. Pour la troisième année consécutive Paris et David s’arrêtent en demi-finale. Heureusement cette année-là, Paris grave son nom sur la première Coupe de la Ligue. Et remporte une nouvelle Coupe de France.

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Les adieux du Magnifique en 1995 (c) Panoramic

Ce sera donc l’heure du départ. Le moment de dire merci à David pour toutes ces émotions, tout cet amour partagé, ces titres, et ces merveilleux souvenirs. Je sais qu’ils sont des milliers à être devenus supporters grâce à cette époque et aux exploits de David, j’ai du bien-sur passer trop rapidement sur cette période et occulter d’innombrables autres grands moment, car l’objectif est d’écrire un papier et non un livre. Puisque ce ne sera, à regret, pas en Catalogne, ce sera l’Angleterre et Newcastle. Nous sommes devenus nombreux à attendre la cultissime émission de Canal+ « L’Equipe Du Dimanche » tous les dimanches soir, pour voir les exploits britanniques de David. Pour les plus jeunes (encore), il s’agissait de la seule émission où il était possible de voir tous les buts européens du week-end. Saint-James Park, plus de 50000 fans, des buts, des dribbles dont j’ai encore le souvenir, puis ce sera Tottenham et un titre de meilleur joueur anglais de la saison en 1999 ! Aston Villa puis Everton pour un clap de fin.

Personnellement, je n’oublierai jamais cette visite amicale au sein du Virage Auteuil lors de je ne sais plus quel match, je n’oublierai pas non plus que tu as été le seul dans les média à dénoncer la cruauté et l’inhumanité de la mise en place en 2010 du scandaleux et injuste « plan Leproux » qui priva 13000 fidèles de leur passion. Oui après tout ça je pense qu’on peut se tutoyer. Pour terminer avec les souvenirs personnels, je me souviendrai aussi de ce jour de mai 2016 où nous nous sommes salués très amicalement à la sortie de ce petit restaurant italien près de la place de la Madeleine. Deux ou trois jours après tu faisais ton malaise cardiaque, j’ai compris à ce moment-là que David Ginola n’était pas seulement un ancien joueur, mais quelqu’un qui faisait partie de ma vie tout court. La République a son buste de Marianne, si le PSG devait avoir un buste pour le représenter, qui d’autre que David ? Sans bonnet Phrygien mais avec ses cheveux longs, et un maillot rouge et bleu. Beau et jeune pour l’éternité, comme le David de Michel-Ange.

Le magnifique Ginola Virage PSG
David de Paname (c) Panoramic


J.J. Buteau

Tanguy Kouassi Virage PSG

Un coup non, un Kouassi

Confinement oblige, plus de match, donc plus d’interview d’avant-match
« l’important c’est les trois points », plus de réaction d’après match
« je remercie mes coéquipiers car le PSG c’est avant tout un collectif », plus de paroles de joueurs. Mais sur Virage, c’est la liberté de mouvement. Alors autant inventer. Autant le faire parler le petit jeune qui explose. De toutes façons il ne s’exprimait jamais dans la presse, alors autant l’imaginer nous-même, la véritable fausse vie de Tanguy Kouassi. Et qui sait : peut-être qu’on tombera juste ?


Tanguy repose ses haltères et les range dans leur étui. Il fait beau aujourd’hui, c’était agréable de travailler dans le jardin. Comme la transpiration lui dégouline dans les yeux, il passe la main sur son visage, le front, le nez, la bouche, comme il l’a vu faire, et consulte de nouveau son planning d’entraînement. Le club lui a prêté du matériel, pour s’entraîner chez lui. Ça c’est bien. Le préparateur physique lui a fourni un dossier avec toutes les séances de la semaine. Comme ça Tanguy sait exactement quels exercices il doit réaliser, et c’est clair. Le coach ou un de ses adjoints l’appelle tous les jours, en fin d’après-midi. Ils font un bilan. Souvent, on le félicite, parce que Tanguy a fait ce qu’il fallait faire. Il savait alors il l’a fait. Voilà. Comme ça tout le monde est content.

C’est que Tanguy veut travailler correctement. Alors il écoute les conseils et il suit les consignes. Tanguy est un garçon sérieux et travailleur. Sa maman elle dit que même quand il était tout petit, il était déjà sérieux et travailleur. Alors c’est bien. Tanguy repose le dossier en essayant de ne pas l’abimer avec ses doigts trempés de sueur. Il se redresse, il est chaud, le soleil lui fait du bien. Il aimerait réaliser quelques minutes supplémentaires de gainage. Il regarde son planning. Le tapis de sol est dans l’herbe. Dans le jardin de la nouvelle maison de ses parents. Un peu de gainage juste histoire de se sculpter encore, oui, ce serait chouette. Mais le coach dit pas de surentraînement, alors non. Tant pis. Tanguy va à la douche, et il dit à sa mère que ça y est il a fini de travailler. Elle est contente, alors lui aussi.

La salle de bains est très lumineuse, il y a une petite fenêtre avec une vitre toute floue, on ne peut pas voir dehors mais c’est très lumineux. Tanguy s’est déshabillé, a mis ses affaires dans le sac parce que quand c’est mouillé sa mère préfère. Il passe devant le miroir et il sourit et il se dit que même sans gainage ça va quand-même. Par contre c’est un peu pénible d’être tout seul. Les massages après la douche au Camp des Loges, c’était sympa. Il y a les autres joueurs, ils discutent, ils sont drôles. Surtout Presko. Tanguy ne parlait pas trop, il préfère écouter. Presko lui il raconte des tas de choses, il rigole avec les Brésiliens et tout. Ca faisait bizarre de voir ça. Alors pendant les massages, quand il était au Camp, Tanguy le regardait et il écoutait. Il se disait que Kimpembe était du centre de formation aussi, qu’il a commencé comme lui. Alors Tanguy faisait attention, il notait des choses dans sa tête. Comme ça il saura faire. Plus tard.

Tanguy Kouassi Virage PSG

L’eau coule et fait du bien aux muscles. Bien chaude, mais pas trop, il paraît que c’est mauvais pour le cœur. Le médecin lui a dit ça. Donc attention. Tanguy aime les douches bien chaudes. Il laisse l’eau ruisseler sur son crâne, longtemps. Il réfléchit. Il veut savoir quoi faire. Plus tard. C’est ce contrat. Quand tu es apprenti, tu veux signer pro. C’est normal. Il est apprenti au PSG, il joue au PSG maintenant. Il a même été titulaire, et en Ligue des Champions, avec le PSG. Alors il veut signer pro au PSG. Ça c’est normal quand-même. Mais son agent lui dit qu’il faut attendre. Qu’on peut faire mieux. L’eau coule sur ses épaules, Tanguy ne l’arrête pas.

Tanguy Kouassi & Presko Virage PSG
Tanguy & Presko (c) Panoramic

Son agent, monsieur J, c’est quelqu’un de bien. Il lui a toujours donné des bons conseils. Quand Tanguy jouait à Fontainebleau, il lui a trouvé une place au centre de formation du PSG. Voilà. Quand il a été sélectionné en équipe de France des moins de 17, il lui a beaucoup téléphoné pour l’aider. Tanguy n’est pas toujours à l’aise quand il est avec des gens qu’il ne connaît pas, alors sa maman lui a conseillé d’appeler monsieur J, et monsieur J il lui expliquait et Tanguy après il a même été capitaine. C’est vrai. Alors quand monsieur J lui dit de pas s’inquiéter, d’attendre, sa mère elle lui dit la même chose. Elle aime bien monsieur J parce qu’avant il était comme eux. Et l’eau continue de couler. Monsieur J lui dit ce qu’il doit faire… Tanguy lui il repense aux massages, un peu. Au contrat aussi.

Il repense à Presnel Kimpembe. Presnel il rigole, il met la musique et il danse et tout le monde rit avec lui et Tanguy aussi. Presnel il était apprenti, il voulait signer pro, c’est normal, il jouait au PSG, et lui il a signé au PSG. Quand même.

Le bruit de l’eau n’est pas très agréable maintenant. L’autre jour, Presko, il lui a demandé, en rigolant : « Alors, ce contrat avec nous, tu le signes quand ? ». Et Tanguy n’a pas répondu. « Sauf si t’as déjà signé ailleurs, bien sûr ! ». Clin d’œil. Monsieur J il lui dit « quand on te demande, tu dis que toi c’est le football, et que le reste on verra ». Mais ça, c’était pour les journalistes, et pour dehors, les supporters. Là c’était Presnel… Tanguy sent la buée qui monte et l’étouffe un peu. Il a bien fait de ne pas faire de gainage. Il n’a rien répondu à Kimpembe. Lui c’est le football, hein.

Tanguy Kouassi Virage PSG

Ses mains, posées à plat contre les carreaux, glissent. L’eau coule. Sa tête oscille légèrement. En vrai, Tanguy n’a pas su quoi répondre. Il faut attendre, et si on lui demande, le reste on verra. Mais ce contrat… Il y a le PSG et il y a Leipzig. C’est en Allemagne Leipzig en vrai.

Ces contrats, c’est un peu compliqué. Pour les publicités et pour les équipements et pour la nouvelle maison, on lui a tout dit, mais c’est quand même compliqué. Monsieur J il explique à sa mère et après ils doivent signer. Mais c’est beaucoup de papiers. Quand on lui explique et qu’il sait, pour Tanguy, ça va. Sauf que là, avec le prochain contrat on lui dit il faut attendre, et Tanguy ne sait pas quoi. C’est qu’il y a déjà beaucoup de signatures dans ses souvenirs, les papiers se balancent, et les signatures aussi elles oscillent. Il y en a trop en fait. Tanguy est allé en Allemagne, ça c’est sûr, et on l’a balloté dans un avion et il y avait une Mercedes et le roulis sur le chemin quand il a visité les installations, pourtant le chemin était plat, mais les images flottent un peu parce qu’il hésitait et monsieur J et sa maman lui expliquaient et quand on est poli on ne demande pas alors voilà, c’est qu’il faut respecter les aînés, et il n’a pas répondu à Presnel.

Tanguy coupe la douche. Il se dit qu’il est comme étourdi. Il se dit qu’il faut attendre. Il se dit que lui c’est le football. Il se dit que le reste, on verra. Si Tanguy a hésité ce jour-là, sur la table de massage, c’est qu’il ne savait pas quoi répondre. Il aurait peut-être dû lui dire à Presko, qu’il ne savait pas quoi répondre. Maintenant la tête lui tourne, dans la salle de bains. C’est trop tard. Il ne peut plus lui avouer qu’il ne comprend pas. Ni ce qu’il va faire, ni ce qu’il a fait. Qu’en fait, il n’ose pas demander. Qu’il ne sait pas, pour ce contrat. La serviette tombe. Il ne la ramasse pas.

Tanguy ne sait plus ce qu’il a signé là-bas. Il a signé. Mais il ne sait plus quoi. Aujourd’hui il voudrait rester au PSG. Mais il n’est pas certain que ce soit possible encore. Il voudrait jouer au Parc, encore. Parce que lui, c’est le football.
Et aujourd’hui, du football, il n’y en a plus. Ça, c’est sûr.


Arno P-E

Le Roi NEYMAR Virage PSG

Le Roi Ney

Les stars du Paris Saint-Germain contrôlent tout de leur image. Discours préparés la veille, publications léchées par des communicants… Et les journalistes de se débrouiller ensuite avec ça. Un tweet artificiel égal une brève inutile.

Mais sur Virage, pas de contrainte. Alors autant inventer. Autant commencer par le plus célèbre des Parisiens, le plus suivi sur les réseaux. Autant l’imaginer, la véritable fausse vie de Neymar. Et qui sait : peut-être qu’on tombera juste ?


Neymar repose son téléphone. La photo qu’il a prise est sympa : ses jambes dans le pantalon de pressothérapie, ça rend bien. #EnModeRécup, le CM sera content. Nahnni vient de lui déposer sa mangue sur la table de nuit, à portée de main. Découpée en dés bien nets, comme il la préfère. Du coup Neymar est content aussi. Enfin il croit. Parce que tout va bien, non ?

Un coup de zappe sur Movistar et El Dia Después. Neymar sourit. Il n’aura finalement jamais arrêté de regarder ces émissions de football espagnoles. Bizarre quand il y pense, d’ailleurs : autant apprendre l’espagnol aura été facile, autant le français… C’est pas vraiment que c’est plus dur, puisqu’il le comprend. Non, juste ça fait une langue de plus, alors voilà… Autant continuer à suivre El Chiringuito et compagnie, où il y a du fun. Comme la Liga en général d’ailleurs. Davantage qu’en Ligue 1, en tous cas, faut bien avouer.

En revanche le truc qui manque total de fun, c’est ce pantalon de drainage : Neymar se penche pour attraper un dé de fruit mais avec ce truc gonflable autour des cuisses, il a l’impression d’être scotché au matelas, c’est très désagréable. Combien de temps faut la garder cette baudruche déjà ? Neymar ne sait plus trop. Nahnni lui a dit qu’elle reviendrait quand il serait prêt de toutes manières…

Prêt… Elle va le surveiller comme une volaille au four. Comme s’il avait pas toujours été prêt ! Neymar se cale tant bien que mal contre les oreillers. Les images de la Liga défilent à l’écran. Mais lui se revoit débarquant à Barcelone, conquistador de 21ans. Bien sûr qu’il était prêt en 2013 ! Il fallait juste le montrer aux anciens. Mais lui savait.

Le Roi Ney Virage PSG

Le premier jour, dans le vestiaire, il a vu les regards des vieux généraux blaugrana posés sur lui, leurs doutes affichés. Il connaissait le nom de leurs glorieuses batailles. Le pourquoi de leurs cicatrices. Alors il a montré que lui aussi pouvait se battre. Neymar a pris les coups à la Ciutat Joan Gamper, il les a rendus. Ils lui ont fait mal. Il était attendu, alors il a montré aux vétérans. En silence.

Et quand il a fallu aller au feu, à Séville, ou en Ligue des Champions à Glasgow, ce match que Messi ne jouait pas, il ne s’est pas caché… Le petit soldat a pris les commandes du vaisseau et les vieux grognards l’ont soutenu. La première fois qu’il s’est retrouvé projeté au sol par un tacle pourri, Piqué et Mascherano sont venus. Pas pour lui : il s’est relevé seul, mais pour l’Ecossais. Il les a rejoints. Les vétérans, ils ne t’assistaient pas. Ils se battaient à tes côtés, pas à ta place.

Aujourd’hui, à Paris, ils n’osent pas. Neymar remue ses orteils… enfin il remue cette idiotie de pantalon. Ça le gratte. Il ne peut pas bouger, et Nahnni qui ne revient pas non plus… Lui qui aime que ça avance, ce soir il est servi. Pas de mouvement, pas de vitesse, pas de vie. Alors que ce qui est bon, c’est de courir le long de la ligne de touche. Allez, prendre la balle et ne plus réfléchir. Le Camp Nou qui hurle, la lumière qui s’en échappe, et la peur dans les yeux de ton adversaire.

Tu regardes la balle, il regarde tes pieds. Tu pars vers le but, il recule et talonne. Tu dribbles et lui bouffe la pelouse. Neymar est né pour ça. Il l’a toujours su. Dieu lui a offert ce don : éliminer le défenseur. Merci mon Dieu ! Qu’est-ce qu’il y a de meilleur que ça ? Dépasser ton ennemi à terre, le voir au sol, goûter sa détresse et boire ses larmes sous les cris des Culés.

Le Roi Ney Virage PSG

Bordel, pourquoi ça ne fait pas pareil au Parc ? Neymar appelle son assistante. Nahnni ne vient pas. On ne peut même plus dire servante, putain. « Assistante ». Neymar éteint la télé. Où est passée la joie sauvage de la frappe de loin ? Il fallait prendre le pouvoir. Il était trop doué. Il en avait trop envie. Il lui fallait la couronne et pour ça, un seul moyen : partir chercher les meilleures stats. Le Ballon d’Or. Merde… À quel moment les stats sont-elles passées avant les courses au bord de la ligne ?

Ils lui avaient promis un trône ici. Une équipe jouant pour lui. Une cour de coéquipiers à son service. Et il l’a eu. Il a tout eu. Ça a compté, Neymar le sait. Une joie incontrôlable. Enfin, c’était lui ! Les banderoles, pour lui. L’arrivée dans Paris en pavois. Le tapis rouge avait compté, les fans avaient compté, et leurs chants, et leur joie. Là, il était le Roi. Neymar Ier, Roi du PSG. Longue vie !

Ce tapis rouge, ils le remettent avant chaque match. Chaque match ! Et voilà… Tout a perdu son éclat. L’or il l’avait déjà. Il ne sait même pas dire combien. Il empile les procès. Pas pour le fric, juste pour que ses crétins d’avocats le lâchent. Neymar voudrait courir. Oui. Retrouver son dribble. Mais même ce don s’est estompé. Il a perdu son don ! Mon Dieu, pourquoi ? Alors qu’il en a le plus besoin !

Maintenant il faut l’exploit. Et l’exploit, de nouveau. Neymar veut être le roi, encore. Alors il faut éliminer toute l’équipe. Faire des millions de vue. Neymar rejoue la scène, il s’imagine : redescendre chercher le ballon bas, se retourner, lever la tête, en avant… Tous les passer, pour marquer. Tous les dribbler, et se cogner dans un mur jaune. Dortmund.

Le Roi Ney Virage PSG

Ses défenseurs lui donnent la balle. Normal, il commande, il ordonne qu’on lui passe la balle, ils exécutent. Alors il lève la tête, devant… personne. Ils attendent. Ils le regardent. Il va y aller, au milieu d’eux, mais seul, de nouveau. Il se dit qu’il est là pour ça. Il va dribbler et… Le mur jaune. Il recommence. Le mur. Encore. Il est par terre. Il a mal. Il ne peut plus bouger. Il sait que Kimpembe et Marquinhos ne viendront pas. Ni l’aider, ni le défendre. Neymar le leur a interdit. Ses jambes ne veulent plus. Il faudrait se relever. Mais il ne sait pas. Comment fait-on, quand on est devenu roi, pour se maintenir debout ? Et comment fait-on pour diriger les siens, quand on est roi, et qu’on n’aime pas son royaume ?

Ici, rien n’a de goût. Ni la mangue, ni le foot. Rien n’existe. Neymar ne connaît pas le nom du gars qui l’a mis par terre, l’autre soir. Ni de son club. Les clubs n’ont aucun nom ici. Et pourtant il a essayé de le balayer, ce connard. Lui ou un autre, d’ailleurs. Tant pis. Il s’en foutait. Pourtant le PSG gagnait. Il s’en foutait. Lui ou un autre. Qu’importe. C’est quoi ce maillot ? Bon sang, la télé ne s’allume plus.

Neymar hurle de rage dans son lit. Qu’on le sorte de là ! Il emploie du monde 24 heures sur 24 et personne ne vient le sortir de ce pantalon. Stupide pantalon de merde qui ne sert à rien. Encore une idée à la con de ce puceau de Silva, ça. Tous ces visages tournés vers lui, sur le terrain et dans sa maison, qui lui demandent ce qu’il veut. Toujours ces gens autour de lui… Alors pourquoi est-il continuellement seul ? Neymar ne sait plus. Plus rien. Ni jouer. Ni bouger. Ni ce qu’il veut. Pitié !

Nahnni a appelé de l’aide. Enfin on s’agite autour de sa majesté. Il crie, demande qu’on le mette à genoux. Là, au pied du lit, Neymar implore son Dieu. Neymar lui demande pitié. Pardon. Il gémit, prostré.

Neymar, l’homme qui voulut devenir roi, mais qui ne savait pas comment on régnait, Neymar est en pleurs.

Photo (c) Luc Braquet / Virage


Arno P-E
La part de l'ange virage psg

La part de l’Ange

Entre les anniversaires, les états d’âme, les déclarations calculées, les coupes de cheveux, les coups de pub et bien sûr aussi des exploits retentissants sur le terrain, Neymar et Mbappé occupent tout l’espace médiatique parisien.
Tout juste accorde-t-on un peu d’attention à Mauro Icardi et Angel Di Maria parce que parler des « 4 Fantastiques », ça fait classe. Mais il est plus que temps de rendre sa part de gloire à Angel. Le Fideo n’est l’acolyte de personne. Il n’est le Robin d’aucun Batman, l’apôtre d’aucun Messi(e). Angel est un héros à part entière.

Un héros terriblement ordinaire en dehors du terrain. Il est quasiment absent des médias, à moins qu’on ne lui tende un micro en zone mixte. Auquel cas il se limitera à des réponses bateaux, comme s’il voulait expédier au plus vite cet exercice. Il n’a pas de temps à perdre avec ça. Angel est un mec banal. Vous auriez plus de chances de le croiser chez Décathlon qu’à la Fashion Week. Il est plus barbecue que restaurant gastronomique. Plus binouze que Dom Pérignon. Angel, c’est un mec de vestiaire. Jamais le dernier pour déconner. Angel, c’est aussi ce mec qui persiste à faire le fameux « coeur-avec-les-mains » avec l’enthousiasme d’un gamin. Autant de caractéristiques qui n’ont jamais conduit quiconque à la célébrité. Mais Angel pourrait bien être fan de Christophe Maé et sortir en claquettes-chaussettes, on lui pardonnerait. Car pour ce Clark Kent en claquettes, il y a un Superman en Bleu et Rouge. Un numéro 11 dans le dos vaut largement un S sur la poitrine.

Le Fideo incarne comme personne le chaînon manquant entre le haut niveau et le foot de notre enfance, celui qui s’improvisait sur toute surface pouvant de près ou de loin ressembler à un terrain. Di Maria, le professionnel irréprochable à l’efficacité clinique est indissociable d’Angel, le gamin surdoué qui continue à s’amuser sur tous les terrains qu’il foule. L’Argentin est un affectif. Sa carrière a été faite de hauts et de bas, comme beaucoup d’autres. Et à chaque fois qu’il ne se sent pas bien dans son équipe, son niveau chute drastiquement. Nous avons déjà pu le constater à Paris, sous les ordres d’Unaï Emery. Le technicien espagnol n’arrivait pas à tirer le meilleur de son ailier. Il a fallu l’arrivée de Draxler pour qu’il se sente un peu menacé et qu’il se remette à jouer à son niveau. Puis ce sont Neymar et Mbappé qui sont arrivés, et Angel est retourné sur le banc. Il n’arrivait pas à cacher son mal-être et on pensait alors qu’un départ était inéluctable, ne serait-ce que pour qu’il retrouve le plaisir de jouer au foot.

Quand Di Maria rigole,
les adversaires pleurent.

Mais l’arrivée de Tuchel a tout changé. Le jovial teuton a immédiatement accordé sa confiance à Di Maria. Sans surprise, ses performances sont redevenues bonnes. Puis très bonnes. Puis excellentes. Et enfin, totalement indispensables à la bonne forme du PSG. Lorsque Neymar et Cavani sont blessés, Angel prend ses responsabilités, s’impose comme le créateur indiscutable de l’équipe et tire tout le monde vers le haut. A coups de crochets vengeurs, de petits ponts assassins, de coups francs chirurgicaux et de passes millimétrées, Di Maria est redevenu ce joueur génial que l’on avait presque oublié. Mieux, il est le joueur le plus fiable de l’effectif. Jamais blessé, toujours efficace. Quand Di Maria rigole, les adversaires pleurent.

Des exemples ? Pour ses retrouvailles avec le public d’Old Trafford après un passage très mitigé chez les Red Devils, Angel sort un match énorme et donne des regrets à ce club qui n’a pas su l’apprécier à sa juste valeur. Virevoltant, inarrêtable, il se permet même une petite facétie. Un supporteur anglais excédé par tant d’insolence balle au pied lui balance une bouteille de bière au poteau de corner. Angel la ramasse et fait semblant de la boire. La photo a fait le tour du monde. Autre exemple, PSG – Marseille au Parc le 17 mars 2019. Le talent et la vista de Di Maria viennent de pousser Mandanda à la faute en dehors de sa surface. Le temps que la VAR confirme le carton rouge pour le portier marseillais, Angel a déjà placé le ballon pour le coup-franc à suivre et s’est assis dessus. Il attend tranquillement, sûr de lui. Le pauvre Yoann Pelé remplace Steve Mandanda et prend place dans la cage. Quelques secondes plus tard, il va chercher le ballon au fond du filet sans l’avoir encore touché. Angel exulte. Coeur avec les mains.

Angel Di Maria continue de nous éblouir à chaque match. Sa place au Panthéon Bleu et Rouge ne souffre pas l’ombre d’une contestation. Pourtant, il reste un goût d’inachevé. Après le récital à Manchester, il y a eu l’élimination au Parc. Après la masterclass contre Marseille, une fin de saison honteuse et pénible. Il manque encore un dernier chapitre. L’histoire est trop belle pour ne pas soigner la fin. On attend le prochain épisode avec impatience. Normalement, le super héros triomphe toujours à la fin de la saga.

Angel Di Maria Virage PSG
Flying Angel (c) Virage / Manu Wino


Café Crème et Sombrero